Livre I
Gaspard de la nuitMercure de France (p. 58-60).


VII

LA VIOLE DE GAMBA


Il reconnut, à n’en pouvoir douter, la figure blême de son ami intime Jean-Gaspard Debureau, le grand paillasse des Funambules, qui le regardait avec une expression indéfinissable de malice et de bonhomie.
Théophile Gautier. — Onuphrius.


Au clair de la lune,
Mon ami Pierrot,
Prête-moi ta plume
Que j’écrive un mot.
Ma chandelle est morte,
Je n’ai plus de feu ;
Ouvre-moi la porte
Pour l’amour de Dieu.

Chanson populaire.


Le maître de chapelle eut à peine interrogé de l’archet la viole bourdonnante, qu’elle lui répondit par un gargouillement burlesque de lazzi et de roulades, comme si elle eût eu au ventre une indigestion de comédie italienne.


*


C’était d’abord la duègne Barbara qui grondait cet imbécile de Pierrot d’avoir, le maladroit, laissé tomber la boîte à perruque de M. Cassandre et répandu toute la poudre sur le plancher.

Et M. Cassandre de ramasser piteusement sa perruque, et Arlequin de détacher au viédase un coup de pied dans le derrière, et Colombine d’essuyer une larme de fou rire, et Pierrot d’élargir jusqu’aux oreilles une grimace enfarinée.

Mais bientôt, au clair de lune, Arlequin dont la chandelle était morte suppliait son ami Pierrot de tirer les verrous pour la lui rallumer, si bien que le traître enlevait la jeune fille avec la cassette du vieux.


*


— « Au diable Job Hans le luthier qui m’a vendu cette corde ! s’écria le maître de chapelle recouchant la poudreuse viole dans son poudreux étui. » — La corde s’était cassée.