Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales (trad. Daremberg)/Tome II/XI/2

Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales (1856)
Traduction par Charles Victor Daremberg.
Baillière (IIp. 745-784).
LIVRE DEUXIÈME.


Chapitre premier. — De l’inflammation et de ses différentes espèces. (Pour toutes les définitions données dans ce chapitre, voyez la Dissertation sur les termes de pathologie.)


Maintenant, Glaucon, je vais exposer les affections de chaque partie du corps en commençant par l’inflammation. C’est, en effet, l’affection la plus fréquente et qui présente le plus grand nombre de variétés. Toutes ces inflammations sont de nature à être accompagnées de fièvres. Une chaleur excessive et comme une ardeur brûlante est donc chose commune à toutes, d’où l’habitude des anciens de se servir du mot inflammation (φλεγμονή). Vous trouverez dans chacune d’elles une différence propre et par là vous reconnaîtrez la forme de l’inflammation et vous trouverez le traitement qui lui convient. En effet vous traiterez autrement les herpès, autrement les érysipèles, autrement les phygéthlons, et toutes les formes de l’inflammation. Ainsi donc il faut préalablement pouvoir ici encore diagnostiquer avec justesse les affections. C’est ce que je tâcherai d’exposer d’abord en dissertant dès le principe sur les variétés de toutes les inflammations.

La première division dans les inflammations, c’est qu’il y en a une humide et une sèche. L’humide est celle qui provient d’un flux chaud envahissant la partie. La sèche se produit lorsque, sans aucun flux, la chaleur naturelle s’allume. C’est, jusqu’à un certain point, une sorte de fièvre de la partie, laquelle, arrivée à un excès de chaleur et de sécheresse, devient une destruction et une mortification complète de cette partie. Aussi cette variété ne peut se subdiviser davantage comme l’autre variété où, disions-nous, certaines humeurs affluent dans la partie. Celle-ci en effet offre plusieurs formes. L’une présente un flux de sang, l’autre un flux de bile jaune, une troisième les deux flux réunis. Dans chacune de ces formes l’humeur qui afflue est déjà putréfiée, ou bien elle ne se putréfie qu’une fois fixée dans la partie. Cette humeur présente une consistance épaisse ou ténue, douce ou âcre. Si donc un sang utile et d’une épaisseur médiocre afflue brusquement dans une partie et y est enclavé à cause de sa trop grande quantité, une douleur vive saisit l’individu, si la partie n’a pas une sensibilité tout à fait émoussée. Un battement pénible se manifeste dans la profondeur de la partie et le malade croit y sentir une tension dans tous les sens, une compression et une chaleur plus vive, au point qu’il pense être en feu et désire être rafraîchi. Il se présente des rougeurs, sorte d’efflorescences telles qu’on en voit chez les individus sortant du bain ou qui se sont chauffés, soit au feu, soit d’une autre façon quelconque. Cette affection a reçu la dénomination du genre entier et s’appelle inflammation, de même que beaucoup d’autres variétés prennent le nom attribué au genre.

L’inflammation se produit fréquemment et presque par toute espèce de cause. En effet, les déchirures, les contusions, les ruptures, les lassitudes qui résultent des exercices du gymnase, les luxations, les fractures, les ulcères nés spontanément, engendrent l’inflammation. Indépendamment de toutes ces causes, l’inflammation est produite lorsque les veines arrivant à être remplies démesurément d’humeurs, épanchent le superflu dans la région qui est dans ce moment la plus apte à le recevoir. Nécessairement cette partie est plus faible que les autres, ou plus spongieuse, ou plus propre à attirer, ou plus immobile ; quelle que soit la cause qui l’ait amenée à ces divers états, notre but n’est pas d’en parler maintenant.

Lorsque la bile jaune, conservant sa nature, se répand avec le sang dans toutes les parties du corps, l’affection se nomme ictère. — Lorsqu’elle est excrétée seule et se fixe dans une partie, l’affection prend le nom d’herpès. — Si elle est d’une consistance épaisse, elle ulcère tout le derme jusqu’à la chair sous-jacente. Hippocrate (cf. par ex. Aph. V, 22) appelle ces herpès, herpès esthiomènes. — Si la bile est plus ténue, elle ne brûle pour ainsi dire que la surface seule du derme, et cette espèce a pris la dénomination du genre, étant appelée herpès, simplement et sans épithète. En effet, des deux autres espèces, l’une, citée plus haut, est appelée herpès esthiomène, la seconde herpès miliaire, parce que celle-ci engendre à la surface de la peau de petites et nombreuses phlyctènes semblables à des grains de millet. Un tel herpès est également engendré par la bile, mais par une bile moins âcre et moins chaude que celle qui produit les précédents herpès. — Si le flux est composé de sang et de bile plus chauds qu’il ne faut, ou d’un sang bouillonnant et d’une consistance très-ténue, l’affection se nomme érysipèle, affection beaucoup plus chaude que l’inflammation et d’un aspect plus jaune. Si vous appuyez le doigt, le sang se retire aisément et revient bientôt ténu et rouge ; cependant l’érysipèle ne fait pas souffrir autant que l’inflammation. Il ne produit non plus ni battement, ni compression, ni tension qui soient comparables à celles d’aucune des espèces d’inflammations : parfois même il incommode très-légèrement, surtout lorsqu’il s’étend sur le derme seul sans attaquer la chair sous-jacente. Le plus souvent c’est ainsi qu’il se manifeste et c’est là l’érysipèle pur. Quand il pénètre dans la chair sous-jacente et n’est pas produit par un flux purement ténu, ce n’est plus seulement un érysipèle mais une diathèse composée d’érysipèle et d’inflammation. Dans cette diathèse dominent tantôt les symptômes propres à l’érysipèle, et une telle affection est appelée par les médecins modernes érysipèle inflammatoire, et tantôt les symptômes propres à une inflammation et ils l’appellent alors inflammation érysipélateuse. Si les symptômes de l’une ou de l’autre ne prévalent pas clairement, mais apparaissent égaux, on dit qu’il y a un mélange d’inflammation et d’érysipèle. Ainsi l’érysipèle pur est uniquement une affection du derme même, tandis que l’inflammation n’est pas une affection seulement des parties sous-jacentes du derme, mais principalement de celles-ci et parfois aussi du derme. Cette inflammation d’ailleurs n’est en rien moins douloureuse que l’autre, mais le battement ne s’y fait pas sentir. — Quand le flux de sang est très-chaud et très-épais, dans quelque partie qu’il afflue brusquement, il la brûle et y produit un ulcère avec eschare. Il en soulève tous les bords par une inflammation bouillonnante et excessivement douloureuse. Une telle affection se nomme anthrax. Quand le sang affluant est noir, épais, bourbeux et bouillonnant comme celui dont nous venons de parler, et qu’en même temps il renferme un mélange de sanie ténue, il fait lever à la surface du derme des phlyctènes semblables à celles que produit le feu et dont la rupture découvre un ulcère encroûté. C’est encore là un anthrax. C’est en de telles espèces que se subdivise l’inflammation d’après la nature même de l’affection.

Quelqu’un pensera peut-être que beaucoup d’espèces sont omises, étant trompé par la multitude des noms, par exemple, bubons, phymes, phygéthlons, ophthalmies, péripneumonies, pleurésies et autres nombreuses affections dénommées de cette façon. En effet, toutes ces affections sont des inflammations comprises dans les espèces indiquées plus haut, et dont chacune a reçu une dénomination différente, ceux qui les dénommèrent primitivement ayant voulu par une seule appellation désigner à la fois et l’affection même et la partie atteinte de l’affection. En effet, le bubon, le phyme et le phygéthlon sont des affections de glandes. Le bubon est une inflammation. Le phyme est une affection qui croît et aboutit rapidement à une suppuration ; le phygéthlon est l’affection dite érysipéle phlegmoneux ou inflammation érysipélateuse. De même encore l’ophthalmie est l’inflammation de la membrane adhérente à la cornée (conjonctive) ; la pleurésie celle de la membrane qui tapisse les côtes (plèvre) ; l’angine celle du pharynx ; la péripneumonie celle du poumon et de même pour chacune des autres dénominations.

Il est facile de reconnaître les inflammations des parties visibles du corps ; il n’est pas également aisé de reconnaître celles des parties cachées qui entraînent nécessairement la fièvre. Un tel diagnostic me paraît exiger de la finesse dans le jugement, et la connaissance de la nature des parties que nous fournissent à la fois les dissections et la science exacte des fonctions et des utilités. Nous avons parlé de ces matières dans d’autres traités. Maintenant il n’est pas possible de revenir ici sur ces questions, puisque une nécessité soudaine te force, Glaucon, à t’absenter. Je vais indiquer le meilleur traitement contre les inflammations qui naissent dans les parties apparentes, en commençant par l’affection si fréquente, qu’elle en a pris le nom du genre entier. Je prétends d’abord qu’il faut mettre en pratique un précepte de la plus haute importance dans toutes les affections, je veux dire qu’il faut trouver la cause de la maladie.


Chapitre ii. — Traitement des inflammations superficielles avec flux et suivies de suppuration.


Ainsi, il existe une cause des inflammations apparentes, qui n’a rien d’obscur et qu’on appelle flux (ῥεῦμα), à moins que ce flux ne concoure avec d’autres causes également manifestes. Quand, aucune de ces causes n’ayant précédé, la partie s’est enflammée soudain, la cause productive de l’affection se nomme flux, et l’affection même diathèse fluxionnaire. Un point essentiel dans de pareilles inflammations, c’est que le traitement soit bien dirigé dès le commencement. En effet, les fautes commises d’abord rendent les diathèses difficiles à résoudre ou complétement incurables. Ces deux fautes très-graves consistent à ne prendre aucune précaution pour le corps et à échauffer et humecter encore la partie. La plupart des médecins commettent ces deux fautes, car il est dans la secte méthodique des médecins qui sont convaincus que toutes les inflammations sont des affections resserrantes et qui, par conséquent, sont persuadés qu’il faut les relâcher[1] ; il en est qui, sans réflexion et sans examen, adoptent cette opinion, n’ayant d’autre excuse de mal faire que de se tromper avec beaucoup d’autres. Mais, parmi les dogmatiques et les empiriques, il n’est aucun médecin qui professe cette opinion. Ils conseillent, ainsi que le suggèrent la raison et l’expérience, de purger le corps entier par des évacuations convenables ; d’humecter la partie enflammée et d’y appliquer des cataplasmes capables de repousser l’afflux d’humeurs, d’évacuer celles qui sont déjà renfermées dans le lieu affecté, et de rendre du ton et de la vigueur aux parties qui ont déjà souffert. Nous avons déjà fait connaître précédemment (cf. particul. I, xv) les considérations auxquelles il faut avoir égard quand on évacue ; je vais ici encore les rappeler brièvement, afin que, les conservant désormais dans votre mémoire, vous n’ayez plus besoin, pour chaque affection, d’apprendre les raisons qui indiquent les évacuations. Nous disions donc qu’il faut considérer l’âge du malade, la saison, le pays, la constitution actuelle de l’air, la force du malade, sa complexion, ses habitudes et la condition même de la maladie. En effet, vous trouverez par là quand il faut ou non évacuer, et par où et comment on doit le faire, par exemple dans la diathèse en question. Ainsi, admettons que le flux se porte au genou : ce genou s’enflant soudain considérablement, supposez tout le corps rempli de sang, un malade vigoureux, le printemps pour saison, un pays bien tempéré et le sujet adolescent ou jeune homme ; il aura besoin d’une évacuation de sang par les régions supérieures, et il faut, parmi les veines de l’avant-bras, lui ouvrir la veine interne ou la médiane. Si quelqu’une des parties supérieures était affectée, il faudrait tirer du sang par la région inférieure ; en effet, il importe toujours de révulser la fluxion dans le sens opposé au cours des humeurs ; on appliquera un cataplasme de joubarbe et d’écorce de grenades bouillies dans du vin, de sumac et de farine d’orge grillée. Parmi les médicaments semblables, celui-ci est le meilleur, et il est capable de produire tous les effets dont nous avons besoin : il écarte le flux d’humeurs, dessèche celles qui sont renfermées, et fortifie les parties environnantes. Vous pouvez composer mille autres médicaments de la même façon ; la manière de les composer a été enseignée par les ouvrages Sur les médicaments. C’est pourquoi, dans chaque cas, je ne vous en transcrirai qu’un, qui sera pour vous un souvenir et un exemple de l’efficacité des autres. Employez de tels médicaments, si les malades n’éprouvent pas de violentes douleurs ; si la souffrance causée par le flux est assez vive, n’employez alors ni eau chaude, ni huile, et n’appliquez pas de cataplasmes de farine de froment. En effet, toutes ces substances sont contraires aux diathèses fluxionnaires, quand bien même elles paraîtraient avoir apporté instantanément du soulagement. II suffit de calmer la violence de la douleur avec quelqu’un de ces médicaments composés de vin d’un goût sucré et d’huile de roses, et d’un peu de cire dissoute dans les deux liquides. Il faut les incorporer dans une laine grasse ayant tout son suint. Ces médicaments doivent être appliqués froids l’été et tièdes l’hiver. J’en dis autant des cataplasmes de plantain, de lentilles, de pain et d’huile rosat. Un peu au-dessus des régions affectées, placez une éponge imbibée d’un vin astringent ou d’eau froide ; il serait encore préférable d’y mettre un peu de vinaigre. S’il en résulte une amélioration notable, et que le pus n’apparaisse nulle part, on doit employer les emplâtres émollients contre les fluxions. Les meilleurs de ces emplâtres sont ceux qui peuvent à la fois sécher et écarter le flux sanguin sans douleur. Les emplâtres qui tendent fortement la peau, et qui, par cela même, causent de la douleur, sont plus nuisibles par les souffrances qu’ils produisent qu’utiles en desséchant. Le médicament doit donc ressembler à celui que nous employons ordinairement, et qui se compose de cuivre pyriteux dissous dans de l’huile rosat. Si vous appliquez encore extérieurement sur ce médicament un morceau de laine pure imbibée de vin astringent, vous obtiendrez un meilleur résultat. — Quand le pus se montre dans la partie, il est nécessaire d’y appliquer un ou deux cataplasmes. Le meilleur, dans cette circonstance, est celui de farine d’orge ; mêlez-y semblablement un peu de vinaigre ou de vin. La partie incisée et le pus évacué, gardez-vous désormais d’employer l’huile ou l’eau ; et, s’il faut laver la blessure, mettez en usage l’hydromel, l’oxycrat, le vin et le vin miellé. S’il y a encore de l’inflammation, appliquez un cataplasme de lentilles. S’il n’y a plus d’inflammation, appliquez quelqu’un des autres médicaments dits emplâtres, que nous employons après de pareilles incisions, et particulièrement celui au cuivre pyriteux. Posez sur la partie externe de ces emplâtres une éponge ou un morceau de laine imbibée de vin astringent. Si vous n’en avez pas de cette espèce, imbibez-la d’un mélange d’eau et de vinaigre tel qu’on le puisse boire. Les vins qui contiennent de l’eau de mer sont très-bons à cet usage. Vous-même, au besoin, pouvez en préparer de semblables, en ajoutant du sel à celui que vous avez. N’appliquez sur la blessure aucun des médicaments gras, tels que le macédonique et celui qu’on appelle le tétrapharmaque ; car il est nécessaire de sécher avec soin. C’est ainsi qu’il faut traiter les inflammations résultant de flux.


Chapitre iii. — Traitement de l’inflammation non fluxionnaire, de l’érysipèle, de l’herpès et de l’anthrax, considérés seulement eu égard au genre de l’affection.


Rien n’empêche d’humecter et d’échauffer les inflammations provenant de quelque autre cause ; et, si vous voulez les amener à suppuration, mettez un cataplasme de farine de froment bouillie dans de l’huile et de l’eau, et, s’il en est besoin, ne craignez pas de scarifier. Mais si vous scarifiez dans les cas d’inflammations qui résultent de flux, vous causerez un grand mal, surtout si c’est au début de l’inflammation que vous scarifiez. Dans les cas où, persistant davantage après l’évacuation de tout le corps et l’emploi des autres moyens curatifs convenables, elles laissent dans les parties certaines duretés ou taches noires, il n’est en rien absurde de tirer du sang, car il ne faut plus les considérer dans cet état comme des inflammations. L’erysipèle aussi n’existe plus quand il est déjà livide. Cet érysipèle, il faut dans le principe le refroidir, surtout lorsqu’il est né sans cause apparente ; mais lorsque déjà le bouillonnement a disparu, il est utile de scarifier, de mettre un cataplasme de farine d’orge chaud et d’appliquer du cérat et quelque autre médicament résolutif. Néanmoins, il n’est pas nécessaire, dans de pareils cas, d’évacuer du sang par une veine, les purgations intestinales suffisent ; donnez un médicament qui chasse la bile jaune. Cela n’est pas même nécessaire quand l’affection est médiocre ; un clystère âcre suffit. Pour les érysipèles provenant d’ulcères, et pour tous ceux dont les causes sont aussi manifestes, il n’y a pas d’inconvénient à appliquer de suite un cataplasme de farine d’orge, surtout si on a préalablement scarifié. Pour guérir les inflammations érysipélateuses et les érysipèles phlegmoneux, employez, autant que possible, un traitement mixte, en luttant toujours contre le mal prédominant. — Les bubons, les phymes, les phygéthlons doivent être traités de la même façon, à cette exception près qu’ils supportent des médicaments plus âcres, si la maladie reste la même ou s’il s’agit de glandes. — Pour les herpès, il convient de les traiter, quant à l’évacuation du corps entier, de la même façon que les érysipèles ; mais le traitement, quant à la partie affectée elle-même, doit être différent. En effet, tous les herpès esthiomènes veulent être refroidis de la même façon que les autres herpès et les érysipèles ; cependant ils ne supportent plus les médicaments qui, avec la faculté de refroidir, ont encore celle d’humecter ; mais ils admettent seulement les médicaments réfrigérants, surtout ceux qui sont le plus capables de dessécher. N’y introduisez donc ni laitue, ni renouée, ni lentilles des marais, ni lotus des marécages (nénufar ?), ni anthyllion ou pulicaire, ni pourpier, ni chicorée, ni joubarbe, ni quelqu’un des autres médicaments capables aussi d’humecter et de refroidir, et qui sont usités pour les érysipèles. Ne vous fiez ni à une éponge imbibée d’eau froide, ni à la morelle ; cette plante a bien la propriété de sécher et de refroidir, mais à un degré médiocre. Or, les herpès réclament un desséchement plus puissant que ne le peut opérer la morelle. 11 faut donc, dans le principe, appliquer sur eux des cataplasmes composés de vrilles de vignes, de pousses de ronces ou d’églantier et de plantain. Après cela on y mêlera des lentilles, parfois du miel, de la farine d’orge grillée ; on emploiera le cataplasme décrit plus haut (chap. ii), contre les inflammations par suite de flux, en excluant la joubarbe. Quant aux parties même ulcérées, vous les frotterez avec les médicaments qui, dans les livres sur cette matière, ont pour étiquette : Contre les herpès. On en trouve un grand nombre dans tous les ouvrages ; la plupart sont sous forme de pastilles, et ont besoin, pour l’usage, d’être délayés dans du vin d’un goût sucré. A défaut de vin semblable, prenez un vin ténu, blanc et légèrement astringent, par exemple ceux de Falerne, de Marseille, de la Sabine, de l’Adriatique et le vin ariusien (vin de l’île de Chio), s’ils n’ont encore contracté par l’ancienneté aucune âcreté. Au lieu de ces vins, employez parfois l’oxycrat étendu d’eau, et le résultat ne sera pas moindre. Si les ulcères sont déjà invétérés, ne dissolvez pas les pastilles dans du vin d’un goût sucré, et n’ajoutez pas d’eau à l’oxycrat. Dans ce cas, les vins fortement astringents sont bons, surtout les noirs ; à défaut de ceux-ci, prenez les blancs. Les médicaments les mieux appropriés dans ces circonstances, sont ceux de Polyïdès, de Pasion, de Musa et d’Andron, et tous autres semblables. Ne frottez avec aucun de ces médicaments les herpès qui attaquent seulement les parties superficielles, à moins qu’ils ne soient très-invétérés, car ces médicaments brûlent fortement et sèchent énergiquement ; à de tels herpès suffisent les médicaments qui ont une force égale à celle du glaucium, principalement s’ils sont dissous dans l’eau. Si on ne produisait aucun effet, on ajouterait du vinaigre. Vous obtiendriez encore un résultat meilleur en humectant avec le suc de la morelle ou du plantain. — D’une façon générale, il faut savoir, à l’égard de tout ulcère, qu’il soit né spontanément ou qu’il résulte soit d’un accident, soit d’une blessure, que cet ulcère veut être desséché par un médicament qui ne soit pas âpre (περισκελής), comme dit Hippocrate (Des plaies, § 1), c’est-à-dire qui ne mordille pas et qui n’irrite pas fortement, à moins que l’ulcère ne soit malin et avec putréfaction. De pareils ulcères exigent les médicaments les plus âcres et semblables au feu pour la propriété, tels que le sulfate de cuivre déliquescent, le cuivre pyriteux, l’orpiment, la chaux vive et le réalgar. En effet, de tels médicaments brûlent comme le feu. Souvent même, ceux-ci étant vaincus par le mal, nous employons le feu. Ces médicaments sont donc utiles quand on les applique sur l’escharre dans les tumeurs appelées anthrax, là où existe surtout la putréfaction ; mais ne les posez pas sur la région environnante, car, à votre insu, elle serait ulcérée sans aucune nécessité ; employez les pastilles citées tout à l’heure, par exemple celles d’Andron. Si la rougeur et une phlogose considérable prédominent, il faut dissoudre le médicament dans du vin d’un goût sucré ou dans du suc de plantain. S’il existe une forte tumeur, dissolvez-le d’abord dans du vin astringent, puis dans du vinaigre. Appliquez un cataplasme de farine d’ers délayée dans du miel et du vinaigre. Avant d’employer tous ces moyens, on doit, dès le principe, tirer la quantité de sang suffisante, si rien ne s’y oppose.


Chapitre iv. — Du traitement des inflammations eu égard aux parties. — Galien veut qu’on prenne en considération le tempérament, la configuration, la position, les facultés des organes.


Tels sont, dune manière générale, les traitements des affections semblables ; ils varient selon la nature des organes affectés. Les organes présentent quatre indications d’après leur tempérament, leur conformation, leur position, leurs facultés : d après leur tempérament, car les uns sont naturellement plus secs, les autres plus humides, ceux-ci plus froids, ceux-là plus chauds, et en combinant les qualités, ils sont ou plus humides et plus chauds, ou plus humides et plus froids, ou plus secs et plus chauds, ou plus secs et plus froids, ou bien tempérés sous toute espèce de rapport. Dans les traitements, il faut envisager la nature de la partie : c’est elle qui vous enseigne jusqu’à quel point il faut refroidir ou sécher : les parties charnues enflammées ont besoin d’être desséchées légèrement ; toutes les parties veineuses, bien que plus sèches que les parties charnues, n’ont pas besoin non plus de l’être beaucoup ; toutes les parties d’une nature artérieuse doivent l’être plus que les veineuses ; les parties nerveuses plus que ces dernières, et toutes les parties cartilagineuses et osseuses beaucoup plus que les nerveuses. En effet, avant que la partie soit revenue à sa nature propre, il ne faut pas considérer le traitement comme terminé ; or, elle est ramenée à une crase plus sèche par les médicaments naturellement les plus secs, et à une crase plus froide par les plus froids. Il en est de même pour les deux autres qualités. La moyenne, dans chaque qualité, est rétablie par les médicaments doués de propriétés moyennes. C’est ainsi que les tempéraments des parties diversifient les traitements des affections.

Voici les indications fournies par la conformation des parties : les unes présentent des espaces (εὐρύτητας) internes, d’autres des espaces externes[2], d’autres en présentent des deux côtés, d’autres n’en présentent d’aucun côté, telles sont parmi les parties simples, les artères, les veines et les nerfs. Les veines et les artères, dans les membres, présentent des espaces internes ; dans le péritoine, elles en présentent des deux côtés ; les nerfs des membres n’en présentent d’aucun côté ; dans le péritoine, ils en présentent d’un côté[3]. Dans presque tous les grands viscères, il existe de vastes espaces internes et externes ; de plus encore, la chair même du poumon est rare ; à l’inverse, celle des reins est très-dense ; la plus dense, après cette dernière, est celle du foie. La chair de la rate est plus dense que celle du poumon, dans la même proportion qu’elle est plus rare que celle du foie. Donc, tous les organes qui ne présentent d’aucun côté des cavités pour recevoir le superflu de l’humeur qui afflue, ont besoin d’être fort desséchés, bien qu’ils ne soient pas très-secs naturellement, comme les nerfs, surtout ceux des membres. Ceux qui peuvent, en dehors et en dedans, laisser échapper quelque partie des humeurs qui causent l’inflammation, n’ont aucun besoin de médicaments qui dessèchent beaucoup, surtout s’ils ont une chair spongieuse comme le poumon.

L’indication fournie par la position n’est pas non plus à dédaigner. C’est elle, en effet, principalement qui enseigne par quels moyens il faut évacuer, de quelle façon et par où. Ainsi, le remède contre les humeurs encore en mouvement, c’est la révulsion (ἀντίσπασις), nom donné par Hippocrate (Des humeurs, § 1 ; voy. Oribase, t. II, p. 817), et contre celles qui ont déjà envahi la partie, c’est la dérivation (παροχέτευσις). Il prescrit de pratiquer par les veines communes ces deux modes d’évacuation. Ainsi, pour l’utérus, vous opérerez la révulsion en ouvrant la veine du coude, ou en appliquant des ventouses aux mamelles, ou en réchauffant les bras, en les frottant et en les liant. Vous dériverez les humeurs en ouvrant les veines du jarret ou de la cheville, en appliquant des ventouses aux cuisses, en réchauffant, en frottant et en liant les jambes. Si c’est la matrice droite (cf. Util. des parties, XIV, iii) qui est affectée, tirez du sang du bras ou de la jambe droite ; si c’est la gauche, tirez-en des membres situés directement de ce côté. En effet, l’expression καθ᾽ ἵξιν employée par Hippocrate (voy. Foës, voce, et Oribase, l. l., p. 819-20) signifie cela même, c’est-à-dire dans la même direction. Il recommande d’ouvrir les veines internes ; car celles-ci sont plus voisines des parties affectées et dans un rapport plus direct avec elles. Par exemple, si, la rate étant enflammée, vous voulez évacuer du sang, vous ouvrirez les veines internes du bras gauche, et si c’est le foie, vous ouvrirez celles du bras droit. Si c’est une des parties supérieures qui est enflammée, comme dans les angines, les ophthalmies, et dans toutes les affections de la tête, vous ouvrirez les veines externes et situées dans un rapport direct. Si les membres eux-mêmes sont affectés, évacuez par les veines du membre opposé, soit que vous vouliez opérer une révulsion ou une dérivation, à moins que l’affection ne soit invétérée. Dans ce cas, agissez sur le membre affecté lui-même. C’est ainsi encore que, dans les angines, nous ouvrons les veines ranines, quand déjà le corps entier est évacué et que l’affection persiste. De même aussi nous appliquons des ventouses à la rate et au foie ; de même encore nous scarifions telle et telle autre partie affectée, non pas quand les humeurs coulent encore, autrement nous les irriterions davantage, et nous rendrions le mal deux fois plus grand, mais quand déjà le corps entier est libre de superfluités, qu’aucun nouvel afflux n’a lieu, et qu’il reste quelque chose de l’ancien flux. On poussera dans le sens des urines les matières contenues à la surface convexe du foie, et dans le sens des évacuations alvines celles que renferme la surface concave du foie ; ainsi l’indique la position du viscère. La position des divers organes indique encore qu’il faut purger le thorax et le poumon par l’expectoration, l’estomac et l’œsophage par des vomissements, les intestins par les évacuations d’en bas, de même que la rate et les reins par les urines, la matrice par les menstrues ; l’encéphale et les méninges par le palais, la luette, les narines et les oreilles, et, de plus, qu’il faut appliquer sur les parties superficielles des médicaments d’une nature telle que les réclame l’affection. Pour les parties situées profondément et ne devant être en contact avec les propriétés du médicament qu’après beaucoup d’intermédiaires, on doit administrer ce médicament non pas tel qu’il est maintenant, mais tel qu’il sera plus tard, circonstance qu’on apprend par la position des parties. Si donc le médicament est de ceux qui s’appliquent extérieurement ou qui se prennent sous forme solide ou liquide, il faut considérer, non pas sa propriété actuelle, mais celle qu’il aura en parvenant au lieu affecté. Ainsi, dans les inflammations du poumon, les cataplasmes appliqués extérieurement doivent être, quand on les pose sur le thorax, d’une nature beaucoup plus énergique et plus âcre que s’ils étaient placés sur le viscère même. En effet, le médicament ne devant rencontrer le lieu affecté qu’en traversant beaucoup de corps intermédiaires, aurait, dans son trajet, complétement dissipé et émoussé sa propriété, si dès le principe il eût été sans force. Il convient donc de donner aux médicaments l’excès de force que le trajet leur enlève. Il faut proportionner ce qui doit en rester à ce qu’il pourra produire par le contact. Ainsi, pour les inflammations superficielles du thorax même, il suffit de médicaments cap ables de relâcher ; pour les inflammations des parties internes, par exemple de la membrane qui tapisse les côtes, il en faut de plus stimulants. Le même raisonnement s’applique à la rate, au foie et à toutes les parties situées au dedans du péritoine. Souvent le derme est ulcéré par les médicaments qu’on y applique, bien qu’il soit beaucoup plus dur et plus résistant que les viscères. S’il était possible d’appliquer sur les viscères eux-mêmes les médicaments dont ils ont besoin dans chaque cas en particulier, il faudrait des médicaments d’autant plus doux que ces viscères sont naturellement plus sensibles. Tous les médicaments solides et liquides, bons dans les affections des viscères, doivent aussi posséder des propriétés beaucoup plus stimulantes et énergiques que ne le réclament les parties affectées, excepté ceux qui conviennent à l’estomac et à l’œsophage, car ceux-là seuls s’administrent tels que les exigent les affections. Tous les autres sont doués de propriétés plus stimulantes et plus énergiques, principalement ceux qui sont donnés en vue des reins ou du poumon. Il faut considérer le nombre de parties que traverse le médicament qui doit arriver au poumon : d’abord la bouche, le pharynx et l’œsophage, puis l’estomac même et certains intestins grêles, puis les veines du mésentère, puis celles de la concavité du foie ; de ces veines, il passe dans celles de la convexité du foie ; de là, il pénètre dans la veine cave, puis dans le cœur, et ensuite il se rend au poumon. On ne peut nier que dans chacune de ces parties il ne s’unisse à certaines humeurs, et n’éprouve un changement et une altération propres à la nature du viscère. Ainsi, ce qui reste de sa propriété est excessivement peu de chose, et trop émoussé pour soulager la partie affectée. C’est de cette façon que l’indication fournie par la position des parties modifie le traitement.

La faculté des parties le modifie ainsi que je vais l’exposer maintenant. Comme des parties les unes sont régies par des facultés qui y arrivent, les autres par des facultés innées ; que de ces dernières parties, celles-ci sont des principes de facultés pour elles seules, et celles-là pour d’autres encore, et comme aussi la fonction est spéciale chez les unes et commune chez les autres, il est nécessaire de modifier la forme du traitement dans chacune des variétés énoncées. En effet, un grand nombre des médicaments cités plus haut guérissent les affections, mais lèsent les facultés innées des parties, dont la lésion importe à tout le corps, et cela de deux façons, en tant que le viscère est un principe de facultés commun à toutes les parties, ou que sa fonction est utile à tout le corps. En effet, le foie, le cœur, l’encéphale et les testicules sont des principes de facultés communs au corps entier. L’estomac et la matrice sont doués de facultés innées qui ne sont communes à aucune autre partie. La fonction de l’estomac est utile à tout le corps, celle des matrices ne l’est pas. Souvent la guérison de l’affection lèse la faculté de la partie. En effet, les médicaments qui relâchent outre mesure émoussent la vigueur, et par conséquent la faculté de la partie ; ceux qui refroidissent excessivement éteignent la chaleur innée, cette chaleur qui, selon quelques-uns des meilleurs d’entre les médecins et les philosophes, est, peut-être, la substance des facultés, ou du moins leur premier et plus nécessaire instrument. De plus, certaines qualités étranges (ἄτοποι) peuvent énerver les facultés. Il ne faut donc négliger aucune de ces indications dans le traitement, de peur que nous ne venions à dire, sans le savoir : L’affection est guérie, mais le malade est mort. C’est ce que vous voyez arriver journellement à la plupart des médecins, qui mettent avant tout l’expérience irrationnelle et la secte méthodique si nuisible à tous les grands principes de l’art, secte qui recherche certains raisonnements dogmatiques, mais remplis d’erreurs nombreuses.

L’indication que fournit la faculté des parties peut comprendre l’insensibilité ou la sensibilité de ces parties. En effet, les parties sensibles ne supportent pas les médicaments âcres, non plus que les humeurs de même nature. Lors donc qu’une humeur âcre est renfermée dans l’orifice de l’estomac, les malades souvent sont pris de syncopes ; s’ils sont affectés très-modérément, ils éprouvent de l’anxiété, des nausées, parfois ils vomissent l’humeur qui les incommode, parfois ils s’épuisent pour vomir en efforts inutiles. Cela arrive surtout dans les diathèses où l’humeur pernicieuse est absorbée par l’orifice de l’estomac. L’afflux d’une semblable humeur dans les yeux est également très-douloureux, et produit des phlyctènes ulcéreuses et difficiles à guérir. Il en est de l’œil comme de l’estomac ; il ne supporte pas le contact des médicaments âcres à cause de sa sensibilité. Ces parties ne supportent pas non plus un objet qui pèse sur elles extérieurement ; l’œil moins encore que l’estomac, car il est fatigué parfois même par les médicaments dont on l’enduit. Les parties plus insensibles supportent même des cataplasmes pesants et des médicaments mordicants. Soit donc qu’il vous plaise de compter comme une cinquième indication ajoutée aux quatre énoncées, celle que fournit la sensibilité, ou de la comprendre dans celle que fournit la faculté, cela n’importe en rien pour la convenance du traitement.

Il faut, en conséquence, toujours se souvenir de ces indications dans toute affection de toute partie. En effet, le tempérament de cette partie, sa conformation, sa position et sa faculté modifieront leurs actions particulières, le but commun étant conservé. Ce but, nous l’avons dit, doit toujours être tiré de l’affection. Ainsi, les maladies qui résultent d’une dyscrasie simple et unique sont traitées par les qualités contraires : la dyscrasie chaude par les réfrigérants, soit que ceux-ci refroidissent primitivement ou accidentellement, et la dyscrasie froide par les réchauffants. De même la dyscrasie sèche est traitée par les humectants, et la dyscrasie humide par les desséchants. Nous avons examiné longuement, comme vous savez, dans le traité Sur les facultés des médicaments simples, le corps qui échauffe primitivement ou accidentellement, en démontrant que parfois le corps qui refroidit primitivement, échauffe accidentellement : par exemple, une affusion d’eau froide, lorsqu’elle rappelle la chaleur, tandis qu’une affusion d’eau chaude produit un refroidissement, lorsque, raréfiant le corps, elle dissipe au dehors la chaleur interne. Les altérations des corps produites par les seules qualités actives sont ramenées à leur état naturel par les seules facultés des substances échauffantes et refroidissantes, humectantes et desséchantes, sans exiger une évacuation sensible. Les altérations produites par un flux de matière, si cette matière est tempérée, réclament seulement une évacuation ; si la matière est intempérée, elles réclament, avec une évacuation, l’altération par les qualités contraires. L’évacuation, par exemple, est exigée par les affections dites rheumatiques (fluxionnaires), sur lesquelles nous avons écrit un livre, comme tu le sais (ouvrage perdu). Nous y avons démontré, dès le principe, que ces diathèses résultent de l’affaiblissement de la faculté nutritive du corps entier, le superflu accumulé s’écoulant dans les parties les plus débilitées. Lorsque, dans les diathèses rheumatiques, survient, vers de telles parties, un afflux d’un sang qui renferme une humeur pernicieuse, il en résulte une diathèse mixte ; mais ce cas est probablement rare. J’ai toujours vu un sang ténu couler sans phlegme ou sans bile, soit jaune, soit noire. Quand, par une autre cause, une partie présente une tuméfaction, il faut rechercher si la tumeur est un phlegmon, un squirrhe ou un œdème ; or, nous appelons œdème toute diathèse chaude, et pour ainsi dire brûlante. Nous en avons indiqué les variétés un peu plus haut ; il est temps maintenant de parler brièvement des œdèmes, afin que vous vous rappeliez ce que vous avez appris ailleurs par les explications que j’ai données plus longuement.


Chapitre v. — Du traitement de l’œdème en général. — Observation propre à Galien.


Nous nommons donc œdème la tumeur exempte de douleur et molle. II a été démontré que cette tumeur était formée d’une substance phlegmatique ou d’un pneuma vaporeux (voy. Dissert. sur la pathol.), comme il s’en produit souvent sur les cadavres, et, soit aux pieds, soit aux jambes, dans les diathèses hydropiques, dans les consomptions et les cachexies. Mais, dans ces diathèses, un tel œdème est un symptôme de diathèses dangereuses, et ne réclame pour lui-même aucun traitement spécial : une simple friction d’huile aux roses avec du vinaigre[4], parfois d’huile salée, ou d’un mélange d’huile aux roses et de vinaigre, dans lequel on a jeté du sel, et beaucoup d’autres médicaments de cette espèce arrêtent l’œdème. Si l’affection provient d’un flux d’humeur pituiteuse dans la partie, parfois une éponge imbibée d’eau et d’un peu de vinaigre fait disparaître l’affection. S’il n’en était pas ainsi, on ajouterait un peu plus de vinaigre, en mesurant le mélange de telle sorte qu’on puisse le boire. Le mélange où il entre le plus d’eau doit être appliqué principalement sur les corps délicats, le mélange plus énergique sur les corps résistants pourvus d’un derme dur et n’ayant éprouvé aucun soulagement des premières applications de l’éponge. L’éponge doit être tout à fait neuve ; si vous n’en avez pas de neuve, lavez-la soigneusement avec de l’aphronitron, de la soude brute, ou avec ce qu’on appelle de la lessive passée. Si l’œdème ne cède pas à ces remèdes, ajoutez un peu d’alun et appliquez une éponge entièrement neuve. Si un pareil œdème survient dans un membre, on attachera l’éponge en commençant par les parties inférieures et finissant par le haut, et on se conduira, pour l’application, la compression et toute la distribution du bandage, comme pour les fractures. En effet, le but du traitement, dans de semblables affections, est mixte ; il consiste en partie à dissiper la substance qui forme la tumeur, en partie à réunir et à presser. — Si les remèdes indiqués ne réussissent pas, employez alors parmi les médicaments plus énergiques ceux qui, d’après les qualités énoncées, ont un tempérament mixte. Pour moi, dans un cas de tumeur œdémateuse invétérée, j’enduisis d’abord d’huile la partie, puis j’y appliquai une éponge imbibée de lessive, je serrai assez fortement, et je vis l’affection complètement guérie, un tel traitement n’ayant plus pour but le mélange des qualités, mais tendant à dissiper et à diviser la substance, ce qui réussit, nous le savons, dans presque toutes les affections chroniques. Après ces détails suffisants sur les œdèmes, je passe Immédiatement aux tumeurs squirrheuses.


Chapitre vi. — Traitement du squirrhe en général.


Le squirrhe[5] pur est une tumeur contre nature, insensible et dure. Le squirrhe qui n’est pas pur n’est pas complétement insensible, néanmoins la sensation y est excessivement obtuse. Le squirrhe insensible est incurable. Le squirrhe peu sensible n’est pas incurable, mais il ne guérit pas facilement. Il provient d’une humeur visqueuse et épaisse qui s’attache sur les parties squirrheuses de façon qu’elle ne peut pas être facilement dissoute. Parfois même, dès le principe, elle s’y fixe petit à petit et augmente ; souvent elle naît par la faute des médecins, qui ont resserré et refroidi fortement des érysipèles et des inflammations. Si donc quelqu’un qui applique sur les corps squirrheux des diaphorétiques énergiques et obtient par là une diminution manifeste du squirrhe, espère sous peu de temps une guérison complète, il se flatte en vain, ignorant que par un tel mode de traitement ce qui reste de l’affection devient incurable. En effet, la partie la plus ténue de l’humeur qui est renfermée dans la tumeur, étant dissipée, ce qui en reste acquiert en se desséchant la dureté de la pierre. Il ne faut donc pas appliquer sur les parties squirrheuses un médicament qui dessèche excessivement, mais qui ait une chaleur tiède, et qui ne contienne ni trop, ni trop peu d’humidité. Un médicament excessivement humide n’évacue pas complétement ; celui qui renferme trop peu d’humidité dessèche plus fortement qu’il ne convient. Il faut donc, pour que le médicament soit utile, que le corps squirrheux éprouve quelque chose de semblable à ce qu’éprouvent au soleil les corps fondants. De tels médicaments sont dits émollients (μαλακτικά). Nous en avons parlé longuement dans le Ve livre Sur les médicaments simples [chap. v, ix et passim. — Voy. aussi Oribase, XIV, xxxviii]. Nous avons cité comme exemples de médicaments simples toutes les moelles et les graisses. De toutes les moelles, la première est celle de cerf, puis celle de veau. Parmi les graisses, la meilleure est celle d’oie, pour les oiseaux, et celle de lion pour les animaux terrestres. Après celle de l’oie vient celle du coq ; après celle du lion vient celle des panthères et des ours, puis celle des taureaux ; celle des chèvres est plus épaisse et plus sèche que celles-ci ; celle des boucs l’est plus encore que cette dernière. Or, nous avons dit que l’affection en question n’exige pas de médicaments qui dessèchent fortement.

Nous avons indiqué, mais pas assez clairement, quelle différence existe entre les médicaments à particules ténues et ceux à particules grossières (λεπτομέρεια et παχυμέρεια. — Voy. Oribase, XIV, xxxiii). Rappelle-toi donc nos entretiens quand je soignais le jeune esclave de Cercyllius, chez qui un érysipèle violemment resserré et refroidi avait engendré sur la cuisse entière une tumeur squirrheuse. Nous pensions que les médicaments propres à le guérir devaient être à particules ténues ; c’est pourquoi je lui faisais sur la cuisse des fomentations d’huile, en l’asseyant dans une cuve profonde pleine d’huile de la Sabine, car nous savons que de tous les médicaments l’huile est celui qui a les particules les plus ténues. Je ne permis les bains qu’à plusieurs jours d’intervalle et en vue des soins à donner à tout le corps. Après les fomentations dont j’ai parlé, j’appliquai des médicaments aux moelles et aux graisses mentionnées plus haut, moelles ou graisses auxquelles je mêlais parfois le bdellium de Scythie, le mastic d’Égypte, la gomme ammoniaque onctueuse et fraîche, ainsi que le galbanum. Quand la cuisse fut ainsi préparée par ces onguents, je fis dissoudre la gomme ammoniaque la plus onctueuse dans le vinaigre le plus mordant ; j’en oignis tout le tour du membre ; plusieurs jours après, j’y ajoutai le suc le plus onctueux de l’opoponax, dissous dans du vinaigre très-mordant : l’opoponax étant choisi frais, autrement il ne serait pas resté onctueux, non plus que le bdellium, la gomme ammoniaque ou le galbanum. Je fis sauter le jeune esclave appuyé sur son autre jambe, afin que la plus grande partie de la nourriture s’y portât. Plus tard, quand déjà la tumeur squirrheuse était affaissée, craignant qu’il n’en demeurât un reste, j’agis tout différemment, appliquant sur la cuisse un médicament résineux. Il était bien clair que les liniments de vinaigre affaissaient la tumeur squirrheuse d’une manière remarquable ; que les relâchants l’amollissaient, mais ne la diminuaient pas de volume. L’emploi alternatif de ces médicaments, avec la mesure convenable, guérit l’enfant. Si l’on n’avait employé dans le traitement qu’une seule espèce de médicaments, le squirrhe n’eût pas été guéri. Les tendons, j’appelle ainsi les prolongements nerveux des muscles, éprouvent un soulagement très-visible de l’emploi susdit des médicaments, si l’on fait convenablement usage de la pyrite (sulfure métallique natif). Faites-la rougir au feu, puis versez sur elle du vinaigre très-mordant, et agitez au-dessus la partie affectée, afin que le squirrhe soit dissous par la vapeur ascendante. Il est arrivé souvent que des parties déjà entièrement nouées et déformées ont été complétement guéries pendant le temps même où on les agitait au-dessus de la vapeur, en sorte que la guérison semblait tenir du prodige. Il faut préparer la partie squirrheuse en l’amollissant avec les médicaments que j’ai indiques. De plus, dans ce traitement dont la pyrite est la base, il faut faire souvent des fomentations avec de l’huile de Sabine très-chaude ou quelque autre substance à particules ténues. Il ne sera pas moins bon d’user d’une décoction de sommités d’aneth, surtout s’il est vert et frais. A défaut de pyrite, employez de la pierre meulière. On appelle ainsi la pierre dont on prépare les meules pour moudre le grain.


Chapitre vii. — Traitement des tumeurs de la rate et du foie.


Il convient de traiter le squirrhe de la rate non-seulement avec des médicaments externes énergiques, mais encore avec des potions très-énergiques, car elle les supporte aussi sans inconvénient. Les meilleures sont composées avec l’écorce de racine de câprier et avec les racines et les rameaux de scolopendre (espèce de fougère) et de tamarisc. Il est bon de faire bouillir toutes ces plantes dans du vinaigre et de l’oxymel. Souvent la rate paraît rénitente au toucher, cependant la tumeur n’est pas squirrheuse, mais plutôt flatulente. Après avoir arrosé d’absinthe la partie affectée, appliquez un emplâtre d’une propriété mixte, tel qu’est celui de soufre et d’alun. La plupart des médicaments de cette espèce sont décrits dans les livres Sur les médicaments composés (ἐν ταῖς φαρμακίτισι βιβλίοις). Ne vous inquiétez pas simplement de la propriété des médicaments mélangés, mais encore de la dose du mélange. En effet, dans le cas de tumeur flatulente, et mieux encore d’œdème de la rate, il n’y a aucun inconvénient à mettre beaucoup d’alun. Mais, dans les cas de squirrhe, les médicaments diaphorétiques doivent prédominer, et on mêlera en petite quantité les médicaments astringents. Il est un médicament simple et produit spontanément, l’écume de sel, doué de cette propriété, et qui guérit les squirrhes de la rate, quand on l’applique à l’extérieur, dans une vessie. Nous avons souvent guéri des squirrhes récents du foie ; mais ceux qui durent depuis quelque temps, je ne les ai jamais vus traités avec succès ni par nous ni par aucun autre. En effet, tous les individus ainsi affectés tombent nécessairement dans l’hydropisie. La plupart succombent après un temps assez long ; j’en ai vu quelques-uns mourir rapidement à la suite d’évacuations alvines abondantes. Il est évident que chez ceux-ci existait un resserrement excessif des orifices des vaisseaux qui transmettent la nourriture des parties concaves du foie aux parties convexes. Ceux d’entre eux qui furent guéris durent leur salut au traitement indiqué pour les squirrhes des parties musculeuses (voy. chap. vi). Car le foie ne supporte pas les médicaments énergiques comme la rate. Il faut donc, par le mélange d’émollients, rendre plus efficaces les médicaments appliqués sur le viscère en vue de son inflammation. Ces médicaments sont composés de sommités d’absinthe, de tourteaux de glands d’Égypte, des deux espèces de nard, celui de l’Inde et celui de la Celtique, de safran, de fleur de vigne sauvage, de mastic de Chio, d’huile parfumée préparée avec l’épi de nard, et de celle préparée avec le mastic, le lentisque, le coing et la fleur de vigne sauvage. La gomme ammoniaque, le bdellium, les moelles indiquées (chap. vi), les graisses, les fondants guériraient le squirrhe engendré dans le foie avec l’aide simultanée d’un régime convenable et des potions destinées à désobstruer et à nettoyer l’humeur du viscère. Tous ces médicaments sont encore capables de briser les calculs des reins. Beaucoup de médecins ont écrit sur cette partie de la matière médicale. Ajoutez aussi à ces médicaments quelques diurétiques. Ces médicaments sont très-nombreux ; ils ont été décrits par plusieurs médecins, et aussi par nous dans les traites Sur les médicaments. Aussi, qu’il te suffise de ce qui en a été dit.


Chapitre viii. — Traitement des tumeurs qui doivent leur origine à L’accumulation du pneuma flatulent.


Il convient maintenant de passer à une autre espèce de tumeur qui doit son origine à un pneuma flatulent. Un pareil pneuma, on l’appelle non-seulement flatulent (φυσῶδες), mais encore flatuosité (φῦσα), attendu qu’il est épais et vaporeux de substance, et non pas éthéré ni ténu. Comprenez sa nature en vous rappelant ce qu’est l’air ambiant dans les constitutions australes ou boréales. Le pneuma flatulent ressemble à l’air des constitutions australes ; le pneuma qui existe en nous naturellement ressemble à l’air des constitutions boréales. La densité même des corps contribue à prévenir l’exhalation d’un pareil pneuma. Ainsi, la guérison de l’affection qui nous occupe présente un but unique et commun à tous deux : la raréfaction des corps denses et l’atténuation des pneuma qui sont devenus épais. En les échauffant tous deux suffisamment avec une substance à particules ténues, vous raréfierez le corps dense, et vous atténuerez le corps épais. La nature des parties affectées vous indiquera la matière médicamenteuse appropriée, et le plus ou le moins qu’il en faut employer. En effet, ce pneuma épais et vaporeux est accumulé et retenu parfois sous les membranes qui environnent les os, parfois sous le péritoine, parfois dans l’intérieur des intestins ou de l’estomac ; parfois encore il est retenu intérieurement par les membranes qui enveloppent les muscles, comme aussi par les tendons membraneux, il est retenu aussi dans les espaces qu’on admet par le raisonnement dans les muscles et les autres corps, espaces dont vous avez appris la nature dans le Manuel des dissections (voy. aussi l’Art médical ou Petit art, chap. xvi et p. 755). C’est ainsi que le muscle même se remplit de pneuma flatulent, et que ce même pneuma se trouve encore enfermé dans le corps de l’estomac ou des intestins. Quand ce pneuma est très-froid, il excite une douleur considérable. Une substance à particules ténues est, comme nous l’avons dit, le traitement commun pour toutes les accumulations de pneuma. Quand l’affection est accompagnée de douleur, employez une substance capable par sa nature d’apaiser les souffrances. Selon la différence des parties affectées, la matière du traitement est modifiée et ses propriétés renforcées ou émoussées. Si ce pneuma provoque une douleur dans le ventre inférieur, en donnant un lavement d’huile, substance à particules ténues, dans laquelle auraient bouilli les médicaments, vous calmerez aussitôt cette douleur. Les médicaments échauffants et à particules ténues bouillis dans l’huile, doivent être le cumin de notre pays, ou mieux celui d’Éthiopie, la graine d’ache, de persil, de fenouil, de faux amome, d’anis, de laser sermontain, de séséli, de daucus de Crête et de berce. Si vous conjecturez que la diathèse des parties affectées est froide, faites bouillir de la rue, du fenouil, même des baies de laurier, et toutes les autres substances également échauffantes. Si vous supposez qu’une inflammation est mêlée à de semblables douleurs, vous exclurez les substances très-âcres et très-échauffantes, et vous vous adresserez à des médicaments d’une nature semblable, mais doués de propriétés moyennes et ayant une vertu relâchante. Vous ferez bouillir dans l’huile de l’aneth et non de la rue, et vous y mêlerez de la graisse d’oie ou de coq. Ces médicaments sont bons pour les grandes douleurs ; des douleurs médiocres sont soulagées par des fomentations externes, surtout avec du millet, graine si légère qu’elle ne cause aucune incommodité aux parties souffrantes. À défaut de millet, employez le sel chauffe, le lin cru ou quelque autre substance semblable. Souvent une grande ventouse avec flamme abondante, sans scarification du derme, a promptement calmé la douleur. Il faut l’appliquer sur l’ombilic même. Si après cela les douleurs persistent, employez sans crainte les médicaments opiacés, tels que celui de Philon de Tarse, connu de tous les médecins (voy. Médic. comp., IX, iv). Vous savez que de ces médicaments résultera nécessairement quelque lésion pour les parties affectées ; mais contre un mal imminent, vous préférerez, au prix d’une petite lésion, sauver le malade que la violence de la douleur fait tomber en défaillance ; car vous pourrez, les jours suivants, réparer la lésion causée par le médicament. De semblables médicaments sont appelés anodins (ἀνώδυνα), parce qu’ils calment les douleurs. Ce n’est pas en guérissant entièrement les diathèses qu’ils procurent cet apaisement des douleurs, mais en assoupissant la faculté sensitive. Il est bon d’employer le médicament de Philon et tous les médicaments opiacés, non pas aussitôt qu’ils sont préparés, mais un an ou six mois au moins après. Les douleurs des intestins grêles sont surtout et très-promptement calmées par les potions, de même que les affections des gros intestins sont promptement soulagées par les médicaments appliqués sur le siége ; mais il s’opère une distribution non médiocre de la propriété des potions dans les parties inférieures affectées, et de celle des médicaments appliqués sur le siége dans les parties supérieures affectées. Il est des cas où l’accumulation du pneuma flatulent dans les parties charnues est complétement exempte de douleur, et persiste pendant un temps assez long, surtout lorsqu’elle confine à une articulation. C’est là, en effet, que les muscles sont plus nerveux et plus denses ; à leur centre, ils sont plus charnus et plus rares. J’ai soigné, comme vous savez, de pareilles diathèses avec des médicaments composés à la poix, à la résine de térébenthinier ou à quelque autre résine, à la graisse de lion et de taureau. Contre ces diathèses convient encore le médicament composé de crasse de baignoires et de chaux, celui au sycomore, et, en un mot, tous les médicaments dont les particules sont extrêmement subtiles, s’ils sont mélangés d’émollients.


Chapitre ix. — Définition et traitement des apostèmes, c’est-à-dire d’après l’étymologie conservée dans le mot latin abscessus, des tumeurs qui résultent de la séparation des parties naturellement contiguës, sans que cela entraîne forcément l’idée de suppuration. Ce genre contient les tumeurs enkystées. — Moyen de résoudre les tumeurs et de les empêcher de venir à suppuration. — Précautions à prendre pour que ce traitement ne fasse pas dégénérer la tumeur en squirrhe. — Traitement des tumeurs suppurantes.


Ce sujet suffisamment traité, il convient de passer aux apostèmes. On appelle ainsi les diathèses où les parties primitivement en contact s’écartent les unes des autres (ἀφίστανται). Il existe donc nécessairement entre elles un espace vide qui contiendra une substance soit pneumatique, soit humide, soit douée des deux propriétés[6]. Certaines inflammations et un assez grand nombre de tumeurs érysipélateuses et phlegmoneuses se transforment en apostèmes. Indépendamment de ces cas, les apostèmes sont produits par le superflu de certaines humeurs ou pneuma vaporeux que ces substances soient engendrées au centre des corps affectés eux-mêmes, ou quelles dérivent d’autres parties, comme cela a lieu dans ce qu’on appelle des aposcemmes (changement subit du cours des humeurs — dépôts ?). On appelle ainsi les diathèses où certaines humeurs qui incommodaient d’abord une partie l’abandonnent pour passer dans une autre. De quelque façon que s’opère la diathèse apostème, l’espace qui sépare les corps écartés se remplit des humeurs qui l’ont produit. Ces humeurs, font-elles un long séjour, elles éprouvent parfois des altérations variées. En effet, on a souvent trouvé contenues dans les abcès (tumeurs enkystées) des concrétions semblables à des pierres, à du sable, à des coquilles (ὀστράκοις coquilles ou poteries), à du bois, à du charbon, à de la boue, à de la crasse, à du marc d’huile ou à la lie, et à beaucoup d’autres corps semblables. Quand les apostèmes se trouvent superficiellement sous le derme, le diagnostic en est très-aisé et la guérison n’est pas difficile. Ils sont distingués aisément par le toucher, et sont guéris par l’application de remèdes externes. Aussi ne réclament-ils pas de potions comme ceux qui sont situés profondément, et surtout dans les viscères. Les apostèmes suppurants cèdent sous la pression des doigts, sans offrir la rénitence des parties enflammées. Ils fournissent donc un diagnostic évident. La manière propre dont les apostèmes cèdent à la pression[7] (rénitence), est différente quand les humeurs sont ténues, différente quand elles sont épaisses comme est l’humeur visqueuse et muqueuse. Souvent s’offre à nous une partie écartée, avec une distension causée par le pneuma, et dont l’incision met à nu un caillot de sang, en sorte que quiconque a vu deux ou trois fois une semblable diathèse, s’il apporte de l’application et de la mémoire, est capable de reconnaître le caillot contenu dans de pareilles tumeurs, en rappelant à son souvenir la propriété de la tension et de la rénitence. Il vaut peut-être mieux ne pas dire propriété, mais degré de tension et de cession.

Dans les inflammations superficielles aboutissant à l’écartement des parties (abscessio ou abscessus dans le sens primitif), le traitement, quand l’écartement est au début, a lieu par des anodins et des relâchants. Il change quand déjà la diathèse marche vers ce qu’on nomme la coction et la suppuration. Nous en avons parlé, ainsi que des traitements semblables, dans le Ve livre Sur la propriété des médicaments simples. Il convient de faire d’abondantes fomentations d’eau après avoir versé de l’huile chaude sur la partie enflammée, et d’appliquer un cataplasme de farine de froment modérément bouillie dans de l’eau et de l’huile ; car ce cataplasme provoque plus vite la suppuration que celui de pain. En effet, ce dernier est un excellent diaphorétique, attendu qu’il renferme du sel et du levain, et qu’il est cuit convenablement. Or, aucune de ces propriétés n’existe dans le cataplasme de farine de froment. Lorsque, soignant une inflammation qui commence à suppurer, vous espérez arrêter la suppuration, cuisez excessivement le pain et délayez-le avec de l’huile et de l’eau ; mettez-y beaucoup plus d’eau que d’huile. Ce qui empêche encore plus la suppuration, c’est la farine d’orge préparée de la même façon. Dans ce traitement, faites bouillir avec l’eau employée en fomentations la racine de guimauve. S’il existe une forte tension du derme dans la partie enflammée, il faut scarifier souvent, mais les incisions doivent être superficielles. Ensuite, appliquez un cataplasme de farine d’orge bouillie comme nous l’avons dit. J’ai essayé souvent d’incisions superficielles et petites ; j’ai essayé, à l’inverse, d’incisions grandes et profondes, et d’une troisième espèce d’incisions d’une dimension moyenne, pour la longueur et la profondeur, eu égard aux précédentes. Les incisions superficielles ne procuraient qu’un faible soulagement ; les incisions profondes et longues évacuaient tant de sang, qu’elles causaient presque une lipothymie. Elles réclamaient à leur tour, comme des blessures, un traitement spécial. Quant aux incisions d’une dimension moyenne, je les trouvai toujours exemptes des inconvénients signales. C’est pourquoi je les employais de préférence aux autres. Dans les cas où soit la suppuration, soit la fonte de la tumeur sont difficiles, et où il faut croire que les humeurs fixées intérieurement, sont épaisses et visqueuses, dans de semblables diathèses seulement, l’usage d’incisions profondes est convenable, comme aussi le cataplasme de figues bouillies. Il ne faut pas prendre les figues elles-mêmes, mais l’eau où elles se sont fondues en cuisant. Il est bon que les figues soient douces, grasses et pleines d’un suc semblable au miel. Si, choisissant de telles figues, vous les faites bouillir considérablement, la décoction aura presque la consistance d’un miel ténu. C’est avec cette eau qu’il convient de pétrir la farine d’orge, et parfois le pain syncomiste. C’est ainsi qu’on nomme le pain qui tient le milieu entre le pain fait avec de la farine parfaitement pure, et celui qui est dit pain de son. Quelques personnes appellent aussi autopyre (fait avec le grain entier) le pain syncomiste (pain de ménage). En effet, pour la confection du pain pur, on n’apporte pas à la boulangerie la farine telle qu’elle est naturellement, mais passée au crible et séparée du son. Au contraire, pour le pain de son, on a enlevé la partie la plus pure, et pour le pain autopyre, on emploie la farine dans l’état même où la fournit le froment. Mais il faut que le froment même dont on prend cette farine soit de ceux qu’on appelle froments de première qualité (εὐγενεῖς) ; car dans certains froments le son domine, et on les appelle froments de mauvaise qualité (ἀγενεῖς), tandis que dans certains autres domine la sémidalis (fleur de farine) ; or, ce sont ceux qu’on nomme, ainsi que je le disais, froments de qualité supérieure. Il ne faut donc pas que le froment dont nous tirons une farine utile pour le cataplasme, soit riche en son, mais qu’il soit de ces froments qui donnent de la sémidalis en grande quantité. Si vous prenez la farine qui provient d’un froment de qualité inférieure, retirez-en une partie du son, et dans cette condition, confectionnez le pain moyen, De ce pain, vous emploierez en cataplasme la partie moyenne et tendre (la mie), lorsque, comme je le disais, vous voudrez faire un cataplasme qui tienne le milieu, pour la propriété, entre celui de farine d’orge et celui de farine de froment [supérieur]. En effet, la farine de froment est celle qui active le plus la suppuration et la coction, tandis que celle d’orge est la plus diaphorétique. Le pain en question possède une propriété moyenne, de même que sa farine tient le mileu entre les farines de froment que je viens de mentionner[8]. Prenant ces différences en considération, mêlez à la décoction de figues, la farine ou le pain qui vous paraîtra convenir le mieux. Si la tumeur se résout, mais moins qu’il ne convient, on fera bouillir avec les figues sèches de l’hyssope ou de l’origan. Si vous voulez dessécher plus fortement la tumeur, jetez du sel dans la décoction. Après cela, vous y délayerez la farine d’orge, en retranchant tout le son qu’elle renferme, et de cette farine bien bouillie préparez un cataplasme. On doit prendre garde que ce qui reste des tumeurs difficiles à résoudre ne dégénère en squirrhe. On fera donc bien attention, toutes les fois qu’on enlève un cataplasme, aux changements qu’éprouve chacune des tumeurs traitées. En effet, l’emploi de desséchants énergiques rend squirrheux le résidu de ces tumeurs. Vous reconnaîtrez ce fait à chaque fois que vous enlèverez le cataplasme, en touchant la partie affectée et en comparant l’aspect qu’elle offre actuellement à celui qu’elle avait précédemment. Si donc vous soupçonnez quelque chose de semblable, faites bouillir dans de l’eau la racine de concombre sauvage ou de couleuvrée ou de cabaret. Souvent il suffit de ces plantes ; quelquefois on doit y ajouter des figues sèches grasses. Ensuite, délayez de la farine dans l’eau, en y mêlant un peu de graisse d’oie principalement, ou de coq. Si ces graisses vous manquent, mettez-y de la graisse de porc. Les racines mêmes des plantes citées, et en outre de la guimauve, triturées après une coction convenable avec du pain et de la graisse, résolvent les tumeurs semblables. La racine de serpentaire est plus puissante que celles-ci. Si vous voulez employer cette racine, beaucoup plus subtile et plus résolutive que les précédentes, mêlez-y considérablement de graisse. En effet, si vous n’humectez et n’amollissez les tumeurs semblables, et si vous les résolvez seulement avec des médicaments plus énergiques, vous obtenez dans les premiers jours une diminution notable, mais en même temps survient l’induration du reste de la tumeur. Or, cette induration même se résoudra difficilement. Il est donc préférable, comme je le disais, de mêler les émollients aux résolutifs énergiques, quand on craint la transformation de ces tumeurs en squirrhe. Quant au mode de traitement des tumeurs squirrheuses elles-mêmes, vous l’avez déjà appris précédemment (chap. viii).

Venons donc maintenant aux tumeurs suppurées. Si vous désespérez de les résoudre, employez les cataplasmes de farine de froment, car ils contribuent beaucoup à la rapidité de la suppuration. L’ouverture faite, si les bords de la plaie sont parfaitement exempts d’inflammation, faites usage de médicaments emplastiques. Qu’ils aient une propriété desséchante, mais non point mordante ; qu’ils soient composés non pas de médicaments astringents, mais de substances résolutives, douces ou très-peu astringentes. J’ai employé souvent, dans ces cas, le médicament composé de levain et d’écailles brûlées. Si quelque partie des bords de la plaie est enflammée, dissolvez dans de l’huile le médicament au cuivre pyriteux, et quand il s’est lentement refroidi, versez dans un vase, malaxez avec les mains en y versant du vin, comme vous savez. Ce médicament n’est pas très-utile, comme je le déclare dans les ouvrages Sur la composition des médicaments. J’écrirai encore, si Dieu le permet, un traité Sur les affections (médicaments ? — cf. ch. xiii), eu égard aux parties. Dans ce traité, je m’efforcerai d’exposer nettement les facultés de tous les médicaments que j’emploie habituellement, et l’usage convenable qu’on doit en faire. Pour les médicaments que j’ai cités dans ce livre, tu as déjà appris de moi la manière de les doser et de les préparer. Lorsque, dans les suppurations, la peau se dessèche, comme un lambeau de vêtement usé, les parties sous-jacentes se réunissent difficilement, et l’ulcère se traite par la méthode dite suivant la largeur (κατὰ πλάτος ἀγωγῇ)[9].


Chapitre x. — Traitement chirurgical des abcès fistuleux.


Lorsque la réunion du derme aux parties sous-jacentes est impossible, l’affection de cette espèce se nomme ulcère sinueux (fistuleux). Je vais immédiatement t’en rappeler le traitement, que tu m’as vu souvent pratiquer chez beaucoup de personnes. Dans une semblable diathèse, le mieux est d’avoir sous la main une canule percée droit, en bronze ou en corne ; à défaut de canule, prenez, parmi les instruments qu’on nomme pyulques (qui sert à tirer le pus)[10], celui qui a l’ouverture la plus large. Souvent aussi vous m’avez vu employer mon médicament composé de papier brûlé, et introduire dans les sinus, avec un pyulque semblable, un fragment de ce papier imbibé d’huile aux roses, puis boucher l’orifice avec un tampon de charpie. Mais tous les médicaments emplastiques dissous dans l’huile de roses, qu’on veut introduire dans les sinus, ne traversent pas le pyulque. Dans ce cas, prenez une vessie de porc, et adaptez-y un tube percé droit. Les médicaments dissous doivent être plus mordants que ceux destinés à enduire des rouleaux de charpie (tentesἔμμοτα). Tels sont les médicaments de couleur verte, d’un usage général. Il convient, en effet, que ces derniers soient dissous dans une quantité d’huile aux roses assez grande pour pouvoir être introduits dans le sinus, tandis que, par cette dissolution, la propriété des rouleaux est détruite. Ainsi, tous les médicaments qui sont uniquement emplastiques, par exemple ceux de Machérion, d’Épigone, et celui qu’on appelle Isis, médicaments qu’on emploie sur des rouleaux de charpie, ont besoin d’un mélange de cérat ; alors ils conviennent aux sinus ; or, ils conviennent précisément parce qu’on y mêle du cérat, et l’on y mêle du cérat parce qu’ils auraient des qualités mordantes s’ils étaient dissous seuls, sans mélange de cérat. Mais si on employait une grande quantité d’huile aux roses, la petite portion de médicament qu’on y dissout ne conserverait plus ses qualités irritantes. Quand la chair commence à repousser au fond du sinus, vous appliquerez un des médicaments agglutinatifs, comme si vous traitiez une blessure fraîche et saignante. Il en existe beaucoup de cette espèce : ceux qu’on prépare avec du bitume de Judée, et qu’on appelle, je ne sais pourquoi, emplâtres barbares ; d’autres, qu’on nomme jaunes ou bruns, et qui sont composés de litharge et de vert-de-gris longtemps bouillis. En effet, ce vert-de-gris devient jaunâtre ; bouilli peu de temps, il fournit les emplâtres dits couleur de coing. Vous savez que tous les médicaments métalliques étant bouillis davantage, ont les particules plus subtiles, et deviennent plus desséchants. Les médicaments jaunes, à peine déposés et renfermés, se recouvrent d’une croûte brune, sous laquelle le fond du médicament paraît plus jaune qu’il n’était dans le principe. C’est pour cela que certaines personnes nomment de pareils médicaments dichromes (à deux couleurs), et d’autres, diprosopes (à deux visages). Plus leurs particules sont subtiles et plus ils sont desséchants, plus ils ont d’action sur l’ulcère fistuleux. Car il faut que leur propriété pénètre profondément, si l’on veut qu’ils atteignent le but qu’on se propose. Les agglutinatifs pour blessures récentes et saignantes, bien que moins desséchants que ces derniers, réunissent les lèvres des plaies. Si les plaies sont étroites et sans profondeur, les emplâtres remplissent plus aisément et plus vite leur but ; mais si la blessure récente pénètre profondément, c’est à l’aide de sutures et d’aiguilles que nous avons l’habitude de réunir les bords.

Tous les ulcères sinueux ne sont pas de simples divisions des chairs, souvent on y trouve des déchirements (décollements) dans telle et telle partie, ce que vous ne devez pas ignorer. Quand le fond du sinus se dirige vers la région supérieure, le pus coule aisément par l’orifice ; quand le sinus a une direction déclive, le pus séjournant intérieurement ronge les parties contiguës. Avec de semblables sinus, si d’abord vous n’avez pratiqué pour l’écoulement une contre-ouverture, vous ne réussirez ni à les incarner, ni à les agglutiner. Pour les autres sinus, il ne sera pas besoin d’incision, pourvu seulement que vous conserviez à la partie affectée la position convenable qui vous permettra de rendre descendant le sinus ascendant, et ascendant le sinus descendant. Tu m’as vu guérir un ulcère sinueux de l’avant-bras, dont l’orifice était proche du coude, à l’aide d’une position ascendante, sans pratiquer une contre-ouverture. Semblablement, pour un ulcère sinueux de la cuisse ayant son fond au genou et son orifice supérieur au-dessus de la région moyenne de la cuisse, vous m’avez vu le guérir sans contre-ouverture, en établissant au jarret un coussin moelleux, de sorte que l’aine avait une position plus déclive que le genou. Pour cet ulcère et pour d’autres plus considérables, le mélicrat injecté seul suffit pour prédisposer à l’agglutination tout le fond du sinus. Quelques-uns ajoutant au mélicrat de la lessive filtrée, montraient que, sans le savoir, ils avaient, par ignorance, injecté, au début, des médicaments qui avaient produit dans le sinus une chair luxuriante ; car une chair nouvelle ne saurait renaître sur l’ancienne quand elle est recouverte de saletés[11]. Comment donc, quand le sinus est suffisamment rempli de chair, emploient-ils les agglutinatifs, s’ils cherchent à nettoyer avec de la lessive, comme s’il était excessivement malpropre, tandis que la chair saine ne supporte pas même un mélicrat irritant ? Sur cette chair, il convient de verser un mélicrat tel qu’on le boirait avec plaisir. Immédiatement après le mélicrat, j’ai coutume, avant d’appliquer l’agglutinatif, de nettoyer le sinus, tantôt avec du vin seul, tantôt avec du vin miellé. Le mélicrat est préférable pour nettoyer et déterger le sinus de l’ichor qu’il renferme ; [on doit recourir à la lessive quand l’ulcère est très-sordide][12] ; le vin est meilleur pour l’agglutination qui va suivre. Que ce vin tienne le milieu entre un vin d’un goût sucré et un vin astringent. De plus, après l’application de l’agglutinatif, placez une seule éponge neuve imbibée de mélicrat, et molle autant que possible. Que le bandage commence sur le fond du sinus et aboutisse à l’orifice. Que les replis des bandes pressent, sans causer de douleur, le fond du sinus, et arrivent, en se relâchant peu à peu, jusqu’à l’orifice. Que lui-même soit maintenu à l’orifice par un tour de bandes lâche ; cet emplâtre, qui entoure extérieurement le sinus, doit être percé avec des ciseaux à l’orifice du sinus pour donner passage à l’ichor, s’il s’en écoulait à travers le sinus ; sur ce trou, vous appliquerez un autre petit emplâtre qui restera en place jusqu’à ce que vous détachiez le premier bandage ; or, vous le détacherez tous les trois jours (en réalité tous les deux jours)[13], et vous enlèverez cette sorte de bouchon, en laissant le médicament qui enveloppe entièrement le sinus.

Vous reconnaîtrez si le fond du sinus s’agglutine convenablement d’après le pus qui s’écoule, selon qu’il est abondant ou peu abondant, cuit ou non cuit ; vous reconnaîtrez encore ce fait par le sinus même, s’il n’éprouve ni douleur sensible, ni gonflement, et si au contraire toute la région est égale, sèche et exempte de douleur. Si vous voyez aussi un peu de pus bien cuit à l’orifice, vous concevrez encore de meilleures espérances sur l’agglutination du sinus. Après avoir replacé l’éponge, et réappliqué le bandage, vous le déferez le lendemain ou le deuxième jour, en changeant toujours la compresse enduite de l’emplâtre même qui enveloppe tout l’orifice, compresse placée sur l’orifice du sinus. Elle ne doit pas être très-serrée, mais appliquée de façon que tout l’ichor du sinus puisse être évacué en la traversant. Si donc, le premier et le deuxième jour, un ichor ténu est excrété par le sinus, ne désespérez pas entièrement de l’agglutination. Car souvent la faculté du médicament qui entoure la partie affectée, exprime violemment du derme même et de la chair sous-jacente une humeur ténue, lorsque le corps de l’individu traité est sujet à cette diathèse par un tempérament naturel ou un fort mauvais régime. Cette humeur exprimée, les parties devenues modérément sèches se réunissent. Au troisième ou au quatrième jour, à partir du traitement, si un ichor non cuit apparaît à l’orifice, sachez que le sinus n’est pas agglutiné. Avant tout, que le médicament dont on entoure la partie affectée soit fortement desséchant, mais ni mordant, ni resserrant[14]. Tel est notre médicament orange composé sans cérat, avec des substances métalliques bouillies, de l’huile de ricin et du vinaigre ; appliqué sur les blessures saignantes, il les agglutine sans causer de souffrance ; sur les plaies fistuleuses, il les dessèche. Vous m’avez vu guérir avec ce médicament une fistule dont le col étroit et long ne me paraissait pas renfermer encore de callosités, mais seulement des ordures. J’y injectai d’abord de la lessive, et la laissai séjourner dans la fistule un temps aussi long qu’il le fallait, selon moi, pour expulser toutes les ordures ; puis j’appliquai le médicament. De même, pour des ulcères sinueux situés sous le derme, n’ayant pas besoin d’être incarnés, mais maladroitement soignés par certains médecins, dès que j’entrepris le traitement, je réunis les parties avec ce médicament, après avoir injecté de la lessive, tandis qu’aucun des médicaments mondificatifs des ulcères n’avait été employé par ceux qui les avaient traités précédemment.

Lorsque l’incision des tumeurs qui aboutissent au décollement [par suppuration] est pratiquée tardivement, soit par ignorance des opérateurs, soit par timidité des opérés qui ne permettent pas l’incision, mais laissent trop longtemps le pus ronger la peau, il arrive souvent que toute la peau qui recouvre le pus amassé dans la cavité devient excessivement mince, comme une guenille. Cette circonstance, je crois, lui a fait donner par les médecins le nom de peau en guenille (δέρμα ῥακῶδες). Quand la peau se trouve dans cet état elle est difficile à réunir, surtout lorsqu’on applique sur elle un médicament d’une consistance sèche. En effet, avec de semblables médicaments, la peau devient encore plus mince, plus sèche et plus semblable à de la guenille. II m’a donc paru convenable d’employer pour la réunion de cette peau avec les parties sous-jacentes un médicament d’une consistance humide et d’une propriété desséchante. Nous avons dit dans les traités Sur les médicaments que les médecins ont l’habitude d’appeler médicaments à propriété desséchante ceux qui dessèchent naturellement. Le meilleur de tous les médicaments doués d’une consistance humide et d’une propriété desséchante est celui que j’ai composé avec de la litharge, de la graisse ancienne de pore et du cuivre pyriteux, renfermant une huile très-ancienne. J’ai éprouvé que son action était plus efficace dans de pareilles diathèses, quand il n’était pas très-dur, et qu’il salit un peu le doigt (ἀμόλυντον). Préparé de la même façon, il sera propre encore à réunir les blessures saignantes et à cicatriser tous les ulcères ; amolli dans l’huile, puis délayé dans du vin médiocrement vieux, puis appliqué circulairement dans de semblables diathèses, il a souvent procuré la réunion sans causer de dommage. Un médicament non moins convenable, ainsi que nous l’avons dit pour la peau en guenille, c’est le miel cuit jusqu’à consistance d’emplâtre. Quand on n’examine pas avec soin, la juste mesure dans la cuisson est difficile à obtenir. En effet, le miel ne doit pas être assez dur pour tomber difficilement, ni assez humide pour couler de tous côtés. Le miel dur présente les mêmes inconvénients que les emplâtres durs, le miel liquide étendu sur un corps chaud coule tout à l’entour et laisse la compresse sèche ; alors cette compresse non-seulement n’est plus utile, mais encore devient un obstacle à l’agglutination du derme. Modérément bouilli le miel est un excellent médicament contre de tels ulcères sinueux. Mais comme la juste mesure de la coction est difficile à déterminer, il m’a paru préférable de le saupoudrer avec de la poudre de myrrhe, ou de l’aloès, ou de l’encens ou quelque autre substance semblable, ou avec toutes à la fois, surtout lorsque étendu sur la bande il paraît un peu diffluent. Faites passer ces poudres à travers un crible placé au-dessus du miel. Il suffit de secouer le crible une ou deux fois pour l’en saupoudrer également. Parfois encore, pendant la cuisson même, je verse sur le miel quelqu’un de ces médicaments, surtout quand j’ai affaire à un ulcère considérable et assez profond. J’ai reconnu par expérience que la petite centaurée est un médicament admirable pour un tel usage. Après elle le meilleur est la consoude, puis la racine d’iris illyrien, et après celle-ci la farine d’ers. Il est évident que toutes les substances de cette espèce doivent être coupées en très-petits morceaux, passées par un crible fin, puis triturées. Mélangez-les dans le miel au moment où il va être retiré du feu, en leur donnant le temps de s’unir convenablement au miel déjà cuit. Il est préférable de retirer le vase du feu, d’y verser les substances dont je viens de parler, et d’agiter avec soin jusqu’à ce que le miel devienne assez tiède pour qu’on puisse l’appliquer sur la partie qui est en traitement.


Chapitre xi. — Du traitement des inflammations gangréneuses.


Il convient de parler maintenant des inflammations gangréneuses. On appelle gangrènes (γαγγραίναι) les mortifications provenant d’une inflammation considérable, mortifications qui n’existent pas encore, mais sont en train de se former. En effet, une partie entièrement mortifiée au point d’être piquée, ou coupée, ou brûlée sans qu’on éprouve aucune sensation, doit être immédiatement tranchée jusqu’à la partie voisine qui est saine. La partie affectée de cette diathèse devient noire, la partie intermédiaire qui marche vers la mortification se nomme gangrène. On la traite en évacuant tout ce qu’il peut y avoir de sang fixé dans la partie affectée et par lequel la mortification se produit, les artères ne pouvant se dilater à cause du rétrécissement, et en rendant ainsi le reste de l’organe perméable à l’air. Il faut donc [ou faire une saignée pour évacuer le sang corrompu, lorsque la maladie a son siége dans une partie pourvue d’une grosse veine qu’on peut ouvrir sans danger][15], ou diviser tout le derme par de nombreuses et profondes incisions, en coupant avec lui la substance sous-jacente, ou faire des scarifications nombreuses et profondes, en laissant couler le sang et en appliquant un des médicaments utiles contre les putréfactions. Ces médicaments se composent d’oxymel et de farine d’ers, ou d’ivraie, ou à défaut de ces farines, de farine de fèves. L’oxymel seul suffit. Si vous voulez ajouter à sa force, jetez-y du sel ou quelque pastille (κυκλίσκων τινάtrochisque) soigneusement broyée, par exemple, celles d’Andron, de Polyïdès et de Pasion. Le médicament de Musa est encore très-propre à cet usage. Il est décrit dans le livre d’Héras. Employez ces médicaments et ceux que j’ai cités précédemment après avoir examiné le corps du patient. En effet, s’il s’agit d’un paysan dont le corps est naturellement dur, il exige les médicaments les plus énergiques ; celui d’une femme dont la peau est molle en veut de faibles. De même ceux des hommes qui ont la peau blanche, molle, qui sont habitués aux bains et ne font pas d’exercices, ont besoin de médicaments bénins. Les enfants sont évidemment dans le même cas. Si, dans un but de sécurité, vous enlevez la partie putréfiée et mortifiée, servez-vous des médicaments que je viens d’énumérer, en considérant la nature des maladies, en même temps que vous examinez celle de la partie affectée elle-même ; car certaines parties se putréfient très-rapidement, et il est préférable dans un but de sécurité, quand vous coupez ou amputez la partie putréfiée, de cautériser l’espèce de racine adhérente aux parties non affectées, comme nous avons coutume de le faire souvent pour les parties sexuelles, parfois en appliquant directement le fer chaud sur les parties affectées, parfois en interposant des plumasseaux de charpie. Après la cautérisation, nous avons coutume, comme vous savez, d’employer le suc de poireau, ou, à défaut, les médicaments cités un peu plus haut.

Quand ces moyens paraissent avoir arrêté la putréfaction, pour que l’escharre tombe plus vite, employez avec du miel le médicament dit céphalique. Il est préférable d’appliquer extérieurement un cataplasme de pain bouilli dans un mélange d’huile et d’eau ou de farine d’orge ainsi préparée, ou avec addition de farine de froment. De plus le médicament dit tétrapharmaque et aussi le macédonique sont bons pour amener la suppuration et la chute des escharres ; il en est de même de tous les suppuratifs. Du pain trituré avec du céleri ou du basilic détache et sépare les escharres des parties saines. Parmi les médicaments simples, prenez l’iris avec du miel, ou la racine de l’opoponax, ou d’aristoloche ou de faux acores. Pour les corps délicats, la farine d’ers suffit avec du miel ou de l’encens. Le médicament de Maehérion détache également les escharres, ainsi que l’Isis étendue sur la charpie avec du miel. Les escharres tombées, des médicaments quelconques réparent les chairs dans les ulcères semblables.


Chapitre xii. — Causes et traitement du cancer et de l’éléphantiasis.


Après avoir parlé suffisamment de ces ulcères, nous allons traiter immédiatement des tumeurs carcinomateuses (cancéreuses) qui naissent dans toutes les parties et surtout dans les mamelles des femmes qui n’ont plus leurs règles. Quand la menstruation a lieu convenablement, la femme reste entièrement exempte de maladie. Toutes les tumeurs contre nature de cette espèce sont engendrées par la superfluité mélancholique dont nous avons parlé dans les Commentaires sur les facultés naturelles (cf. II, ix), et où nous avons démontré qu’elle naît dans le foie pendant l’hématose d’une façon analogue à la lie du vin, et qu’elle est attirée par la rate, car la rate se nourrit naturellement d’une pareille humeur. Quand donc la crase naturelle de l’animal engendre cette humeur en petite quantité, si le régime aide au traitement, et si la rate attire notablement à elle l’humeur mélancholique qui est engendrée, aucune superfluité pareille ne s’amasse dans les veines. Quand le contraire a lieu, il s’en accumule beaucoup et elle produit les maladies dont il va être parlé. Par le mot contraire j’entends un foie disposé à engendrer une semblable superfluité, un régime où dominent les aliments de cette espèce, propres à produire un sang épais et bourbeux ; une rate naturellement faible et incapable d’attirer à elle toute l’humeur mélancholique qui a pris naissance. Dans un pareil corps, le sang des veines se trouble et s’épaissit. Quelquefois il est excrété, au moyen des hémorrhoïdes, par les veines elles-mêmes, douées aussi comme toutes les autres parties d’une faculté excrétoire des qualités contraires. Souvent il se dépose dans des varices, et parfois il est chassé dans toute la peau. C’est ce qui produit l’affection qu’on nomme éléphantiasis. Parfois cependant cette humeur se porte dans d’autres parties du corps, les plus faibles de toutes, et l’on voit nettement les veines de ces parties remplies d’un sang noir et épais. Et plus ce sang est épais et noir, plus l’affection est grave. Maintes fois nous avons vu aux mamelles une tumeur exactement semblable à un crabe. En effet, de même que chez cet animal il existe des pattes des deux côtés du corps, de même, dans cette affection, les veines étendues sur cette tumeur contre nature présentent une forme semblable à celle d’un crabe.

Nous avons guéri souvent cette affection à son début. Quand elle a pris une étendue considérable, personne ne l’a guérie sans opération. Or, dans toute opération où l’on extirpe une tumeur contre nature, le but est d’enlever toute la tumeur circulairement dans les points où elle avoisine la partie saine. Mais à cause de la grandeur des vaisseaux, et surtout lorsqu’il existe des artères, on doit craindre une hémorrhagie et leur ligature (βρόχοις διαλαμβανόντων)[16] entraîne des affections par sympathie. Si nous préférons cautériser les racines de l’affection elle-même, cela ne présente pas un mince danger quand la cautérisation a lieu près des parties importantes. Mais, comme je le disais, nous avons souvent guéri cette affection à sa naissance, surtout quand l’humeur mélancholique paraît n’être pas très-épaisse. Celle-ci, en effet, cède promptement aux purgatifs et la guérison s’ensuit. II est évident que les médicaments administrés doivent être propres à évacuer les humeurs noires et il faut pratiquer cela constamment jusqu’à ce que la partie soit revenue exactement à son état naturel, et prescrire un régime qui engendre une humeur utile.

À Alexandrie beaucoup de gens sont atteints d’éléphantiasis à cause du régime et de la chaleur du pays. Au contraire, dans la Germanie et dans la Mysie cette affection se voit très-rarement. Elle n’apparaît presque jamais chez les Scythes qui boivent du lait ; mais à Alexandrie elle se produit très-fréquemment à cause du régime. On y mange, en effet, beaucoup de bouillie de gruau, de lentilles, beaucoup d’escargots et de poissons salés. Il en est même qui se nourrissent de chairs d’âne et autres semblables, lesquelles engendrent une humeur épaisse et mélancholique. L’air ambiant étant chaud, cette humeur tend à se porter à la peau. Les purgations indiquées [à propos des tumeurs carcinomateuses] sont avantageuses contre cette affection. Si l’âge et l’état des forces le permettent, commencez par saigner. Dans les carcinomes, il n’est pas non plus contraire à la règle de saigner, si rien ne s’y oppose. Purgez immédiatement après. S’il s’agit de femmes, provoquez le flux menstruel, si elles ne sont pas encore dans leur cinquantième année. Versez sur la partie affectée du suc de morelle, car c’est le meilleur médicament dans de tels cas. Si la personne en traitement se refuse à l’application d’un médicament aussi humide, surtout lorsqu’elle est forcée de sortir de chez elle et de vaquer à ses occupations habituelles, mettez le médicament à la tutie (oxyde de zinc impur), que j’emploie, vous le savez, contre les cancers ulcérés. À défaut de ce médicament, faites usage de notre médicament au cuivre pyriteux. Pour le régime prescrivez abondamment le suc de ptisane, le sérum du lait et des légumes, la mauve, l’arroche, la bette, et des courges dans leur saison. Parmi les poissons, donnez ceux de roche ; donnez tous les oiseaux, sauf ceux de marais. La chair des vipères est un médicament merveilleux contre l’éléphantiasis. Faites-les manger, préparées comme vous l’avez vu faire aux Marses, éleveurs de bêtes et de serpents, en leur coupant d’abord la queue et la tête sur une longueur de quatre doigts, puis en leur enlevant tous les viscères et la peau, ensuite en leur lavant le corps dans l’eau. Jusque-là la préparation est semblable à celle de la thériaque, mais le mode de cuisson diffère. Pour la thériaque, nous ajoutons dans l’eau de l’aneth et un peu de sel ; contre l’éléphantiasis, nous préparons les vipères à la sauce blanche comme des anguilles dans un plat. Voici le procédé : versez beaucoup d’eau, un peu d’huile et avec l’huile du poireau et de l’aneth. Il convient évidemment de faire bouillir la chair des vipères jusqu’à ce qu’elle devienne parfaitement molle. Le médicament même préparé avec des vipères, et que l’on nomme antidote thériaque, est pris avantageusement en potion par les individus ainsi affectés, et sert, si l’on veut, pour frotter la peau. Tous ces moyens arrivent parfois à détacher les écailles de la peau, comme se détache chez les serpents ce qu’on nomme la vieille peau.


Chapitre xiii. — Énumération des médicaments que Galien avait remis à Glaucon. — Annonce des ouvrages qu’il se propose d’écrire sur les médicaments.


Je ne crois pas utile de te décrire l’opération convenable pour aucune des autres tumeurs contre nature ; car tu as reçu de moi les plus célèbres de nos médicaments : contre les écrouelles les médicaments capables de resserrer, de dessécher et de faire suppurer ; contre les mélicéris tous ceux qui dissipent, et les médicaments qui évacuent le pus et l’eau contenue dans le scrotum et l’abdomen ; médicaments qu’on peut employer aussi contre les hydropisies. En effet le but de ces médicaments est double : il consiste à dissiper le squirrhe du viscère et à évacuer l’eau amassée. Nous avons décrit précédemment (chap. vii) le traitement des squirrhes des viscères. Ainsi le traitement des hydropisies se ramène à trois buts : guérir le squirrhe du viscère affecté, employer des épithèmes qui dissipent l’humeur, faire boire des diurétiques. Je pense qu’au moment où tu te prépares à un long voyage, ces détails te suffiront. Si, comme je l’ai dit précédemment ( chap. ix, in fine), j’achève le traité Sur les médicaments distribués d’après les genres, et celui d’après les lieux affectés, tu les recevras aussi à ton retour de voyage. J’écrirai encore, à la demande de mes amis, un grand traité Sur la méthode thérapeutique. Si tu es retenu au dehors plus longtemps, je t’enverrai sans tarder chacun de mes écrits.




FIN DU TOME DEUXIÈME.

  1. Voy. De la meilleure secte, à Thrasvbule, et particul. les chap. xlviii-xlix.
  2. Voy. Art médical ou Petit art, chap. xvi ; t. I, p. 346.
  3. Je n’ai pas besoin de montrer combien est ridicule cette anatomie théorique.
  4. Ὀξυῤῥόδινον. Le ῥόδινον était un mélange d’huile et de suc de roses obtenu par une macération d’huile d’olives et de roses. V oy. Galien, Des médic. simples, II, xxvii ; VI, v, 4.
  5. Voyez pour la définition de ce mot, qui comprend une foule de tumeurs de nature différente, mais non malignes, la Dissertation sur la pathologie.
  6. J’ai suivi la leçon du manuscrit.
  7. Les textes imprimés varient ici et plus bas entre ἕξις (manière d’être) et εἴξις. Je crois qu’il faut lire εἴξις. Mon manuscrit a εξεως avec l’esprit d’ειξεως.
  8. Farine de froments supérieurs et farine de froments inférieurs, telles qu’elles sortent de dessous la meule et sans séparation du son.
  9. Cette méthode est celle qu’on appelle maintenant par seconde intention. Voy. Des médicaments composés, suivant les genres (III, ii, t. XIII, p. 601). Dans Étienne (Commentaire sur le Pron., éd. de Dietz ; t. I, p. 124), on trouve déjà l’expression κατὰ δευτέρον πλοῦν (par seconde marche). Antyllus, dans Oribase, se sert de la formule : κατὰ συσσάρκωσιν. — Voy., du reste, Dissert. sur la chirurgie.
  10. Voy. Dissertation sur la chirurgie. — Le pyulque servait par exemple à tirer le pus dans les plaies pénétrantes de poitrine (cf. Meth. thérap., V, viii ; Méd. selon les genres, II, v).
  11. Il faut admettre, pour la suite du raisonnement, que ces saletés sont la chair luxuriante elle-même, laquelle rend l’ulcère sordide. Ainsi les médecins, sous prétexte de nettoyer l’ulcère, ne faisaient que le mettre dans de fâcheuses conditions.
  12. J’ai tiré ce membre de phrase du chapitre xv, du XLIVe livre d’Oribase, chapitre emprunté presque tout entier au xe chapitre du IIe livre de la Thérapeutique, à Glaucon.
  13. Voy. la Dissertation sur les jours critiques.
  14. Oribase a : liquéfiant. c’est-à-dire συντῆκον au lieu de συντεῖνον. Il serait difficile de décider quelle est la bonne leçon.
  15. Cette phrase omise dans les manuscrits de Galien par suite d’un ὁμοιοτέλευτον, m’est fournie par Oribase (XLIV, xxv). Elle est tout à fait nécessaire.
  16. Voy. Dissertation sur la chirurgie.