Génie du christianisme/Partie 4/Livre 5/Chapitre II

Chapitre II - Ordre Teutonique

A l’autre extrémité de l’Europe la chevalerie religieuse jetait les fondements de ces États qui sont devenus de puissants royaumes.

L’Ordre Teutonique avait pris naissance pendant le premier siège d’Acre par les chrétiens, vers l’an 1190. Dans la suite, le duc de Massovie et de Pologne l’appela à la défense de ses États contre les incursions des Prussiens. Ceux-ci étaient des peuples barbares, qui sortaient de temps en temps de leurs forêts pour ravager les contrées voisines. Ils avaient réduit la province de Culm en une affreuse solitude et n’avaient laissé debout sur la Vistule que le seul château de Plotzko. Les chevaliers teutoniques, pénétrant peu à peu dans les bois de la Prusse, y bâtirent des forteresses. Les Warmiens, les Barthes, les Natangues subirent tour à tour le joug, et la navigation des mers du Nord fut assurée.

Les chevaliers de Porte-glaive, qui de leur côté avaient travaillé à la conquête des pays septentrionaux, en se réunissant aux chevaliers teutoniques leur donnèrent une puissance vraiment royale. Les progrès de l’ordre furent cependant retardés par la division qui régna longtemps entre les chevaliers et les évêques de Livonie ; mais enfin tout le nord de l’Europe s’étant soumis, Albert, marquis de Brandebourg, embrassa la doctrine de Luther, chassa les chevaliers de leurs gouvernements, et se rendit seul maître de la Prusse, qui prit alors le nom de Prusse ducale. Ce nouveau duché fut érigé en royaume en 1701, sous l’aïeul du grand Frédéric.

Les restes de l’ordre teutonique subsistent encore en Allemagne, et c’est le prince Charles qui en est grand-maître aujourd’hui[1].

  1. Shoonbeck, Ord. milit. ; Giustiniani, Ist. cronol. dell or. degli Ord. milit. ; Hélyot, Hist. des Ord. relig., t. III ; Fleury, Hist. eccl. (N.d.A.)