Génie du christianisme/Partie 4/Livre 4/Chapitre IX

Garnier Frères (p. 469-470).

Chapitre IX - Fin des Missions

Ainsi, nous avons indiqué les voies que suivaient les différentes missions : voies de simplicité, voies de science, voies de législation, voies d’héroïsme. Il nous semble que c’était un juste sujet d’orgueil pour l’Europe, et surtout pour la France, qui fournissait le plus grand nombre de missionnaires, de voir tous les ans sortir de son sein des hommes qui allaient faire éclater les miracles des arts, des lois, de l’humanité et du courage, dans les quatre parties de la terre. De là provenait la haute idée que les étrangers se formaient de notre nation et du Dieu qu’on y adorait. Les peuples les plus éloignés voulaient entrer en liaison avec nous ; l’ambassadeur du sauvage de l’Occident rencontrait à notre cour l’ambassadeur des nations de l’Aurore. Nous ne nous piquons pas du don de prophétie, mais on se peut tenir assuré, et l’expérience le prouvera, que jamais des savants dépêchés aux pays lointains avec les instruments et les plans d’une académie ne feront ce qu’un pauvre moine parti à pied de son couvent exécutait seul avec son chapelet et son bréviaire.