Fureurs utérines de Marie-Antoinette (Enfer-653)

FUREURS UTÉRINES
DE
MARIE-ANTOINETTE,
FEMME DE LOUIS XVI.

La mere en proſcrira la lecture à ſa fille.

AU MANÉGE,
Et dans tous les Bordels de Paris.
1791.

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FUREURS UTÉRINES
DE
MARIE-ANTOINETTE,
FEMME DE LOUIS XVI.

D’Artois, Coigny, Rohan, je chante vos exploits,
Pudeur défend d’oſer ; amour me dit que j’oſe ;
Au dernier j’obéis. Faire cocus les rois,
Les ſervir, n’eſt-ce pas joindre au laurier la roſe

Sus, je commence. Un ſoir, après ſouper, Louis
Ivre d’amour, & plein de royale ripaille,
Au lit de ſa moitié fut porter ſes ſoucis.
Mais pour les y laiſſer, ne faiſant rien qui vaille,
Las, il les remporta. Le ſire étoit ſi mou,
Que les yeux de Toinon, & tout l’art de ſa dextre,
N’y purent rien. Après avoir épuiſé tout,
De la Chapelle on fit venir l’orcheſtre ;

En vain on eut recours aux vins les plus laſcifs,
On mit en œuvre toute la plus belle muſique,
Mains, gorge, feſſes, con, les plus puiſſans, motifs,
Rien ne ravitailla le bijou monarchique,
Louis eſt mort. Toinon jure, ſacre après lui,
Envoie promener ces modernes orphées,
Diſant : „ Je ne ſerai point foutue aujourd’hui ;
„ Sur le débris du roi dreſſons mieux nos trophées :
„ Louis eſt impuiſſant, mais d’Artois ne l’eſt pas ;
„ D’Artois eſt auſſi beau que le fringuant Narciſſe ;
„ D’Hercule il a la force, il aura mes appas ;
„ Lui ſeul de mon affront va me faire juſtice.

Sitôt dit, elle volle à la couche du fat.
Et l’amour & la rage y vole avec elle ;
L’amour ſeul entre au lit, & livre le combat ;
L’amour a le deſſus, & le foutre ruiſſelle.

Le foutre de d’Artois, le foutre de Toinon ;
Sans ceſſe anéantis, régénérés ſans ceſſe,
Innondant de ſes flots, tettons, cul, couilles & con ;

Les portent du plaiſir au centre de l’ivreſſe.
On ſe pâme ; & Morphée à l’aide de l’amour,
Etend ſur leurs beaux yeux ſes pavots & ſes ſonges.
Tous deux entrelaſſés ſomeillent juſqu’au jour,
Egayés en dormant par les plus doux menſonges.

Amour les fit dormir, amour les réveilla.
A s’adorer toujours nos deux amans s’invitent,
Non ſans foutre. Le ſoir au parc on ſe rendra ;
Et c’eſt en ſe foutant que nos amans ſe quittent.

En vrai héros d’amour, d’Artois c’eſt comporté.
Qu’eût fait près de Toinette un fouteur petit-maître ?
Le fort dix fois repris, fut dix fois emporté ;
Et plus il fut vainqueur, plus il deſira l’être.

Le bruit de ſa valeur bientôt ſe répandit :
Toutes veulent l’avoir ; mais d’Artois eſt fidele.
On parla mal du roi ; d’Artois le défendit ;
Ne ſachant trop prouver ſon amour à ſa belle.

Toinette diſſimule & fête ſon cocu ;
Elle affecte en public les ſoins, la prévenance ;
Louis, hélas ! n’a pas plutôt tourné le cul,
Que l’amoureux Charlot fout la reine de France.

Sans que cela paroiſſe, on ne fout pas ainſi ;
La jupe de Toinette un beau jour devint courte :
Nature à ſes plaiſirs mêla certains ſoucis,
Trop avant de d’Artois avoit été la courte :
Enfin Toinette eſt groſſe & mon Charlot papa.

Que faire ! Au ſot monarque on fait croire merveille ;
Bientôt par députés on le félicita.
Le job ſourit, & veut retoucher une oreille.
Sur ce, court chez la reine. Elle de tout ſon cœur
Y conſent ; & l’engage, à force de careſſes,
A retoucher au tout, ſi c’eſt la ſon bonheur.
En la foutimaſſant, il croit faire proueſſes,
Toinon ripoſte à ſec, & le ſire eſt content.

Toinon voyant Louis avaler la pillulle,
Fait voir pour ſon Charlot plus de tempéramment ;
On ſe baiſe en ſautoir, en levrette, en Hercule,
Certains que plus on fout, plus le bonheur eſt grand.

Louis étoit aveugle ; & la cour ſur Toinette,
Dès le premier inſtant que Charlot la grimpa,
Avoit jetté les yeux. Pluſieurs ſur ſa toilette

Gliſſoient billets d’amour, chanſons, & cœtera ;
Toinon faiſoit la ſourde, & jouoit la coquette.

Pour un des plus ardens, un jour ſon cœur parla.
Il étoit queſtion déjà d’une amourette
Avec le beau Coigny, lorſque d’Artois entra.
Au lendemain ſans doute on remit la partie.
D’Artois ſur ce beau fils s’expliqua vertement ;
La reine s’excuſa, jura deſſus ſa vie,
Qu’elle n’auroit jamais que lui pour ſon amant.
A ce tendre diſcours elle joignit la preuve,
En couvrant de baiſers le joujou de Charlot.
„ Fouts-moi, mon bel ami ; fais ſur moi toute épreuve.
Amour de la folie emprunta le grelot ;
Et voilà mon Charlot qui la fout de plus belle ;
Il épuiſe le vieux, le moderne Arétin ;
Il va du con au cul, de la bouche à l’aiſſelle,
De l’aiſſelle il retombe & part ſur un tetin.
Il crut avoir par-là le cœur de ſa Toinette.

Vainement on échappe à ſon funeſte ſort.
Bientôt ce beau vainqueur va ſavoir ſa défaite ;
Il la dut au caprice. Un jour ſouffrant trop fort
Pour accoucher, Toinon promit, jura qu’un homme

N’auroit, tant beau fût-il, près d’elle aucun accès.
Elle maudit Adam, le diable, Eve & la pomme,
Et donne à Polignac ſon cœur & ſes attraits.

De ſes dames d’honneur, Jule étoit la plus belle,
Jule de ſes talens vîte inſtruiſit Toinon.
Toinon ſuivit de près ſon lubrique modele,
Et mieux que lui bientôt ſçut feuilleter un con.

La cour ne tarda pas à ſe mettre à la mode ;
Chaque femme à la fois fut tribade & catin :
On ne fit plus d’enfant ; cela parut commode,
Le vit fut remplacé par un doigt libertin.

De-là tous ces cadeaux qui ruinent la France,
La moindre camariſte, un minois chiffonné,
Dès qu’il branloit Toinon, devenir d’importance.
On avoit cet honneur pour peu qu’on fut bien né.

D’Artois fit un voyage. A ſon retour il vole
Dans les bras de Toinette. Il lui fait compliment,
L’embraſſe, veut la foutre, & dans ſon ardeur folie,
Déjà lui montre un vit auſſi ferme qu’ardent ;
Déja ſur un ſopha le poliſſon la pouſſe ;

Il eſt déjà deſſus, quand d’un coup ſec de reins,
La reine vivement lui donne une ſecouſſe,
Qui ſoudain le fait cheoir au milieu d’un chemin.
Sans le déconcerter, cette chûte l’étonne ;
Il remonte. Auſſi tôt un vous me fatiguez,
Fait que ſans le vouloir ſon pauvre vit déconne ;
Il tombe de ſon haut, „ mais vous extravaguez,
„ Je ne mérite pas de vous voir auſſi froide.
„ — Retirez-vous, monſieur. — Je bande, vous voyez.
Le courroux de Toinon croit, plus d’Artois eſt roide,
Envain ce beau fouteur tombe en pleurs à ſes pieds ;
Hélas ! il bande envain. Toinette, inexorable,
Abandonne la place & le laiſſe à genoux.
D’Artois, le beau d’Artois, lui paroît exécrable.
Elle rit aux éclats, trouvant les homme foux.

Il adoroit Toinon. De ce choc ſon cœur ſaigne ;
Il réfléchit, il cherche, & ne ſait pas d’où part
Le trait. Il examine, & voit un interrègne ;
Il fut bientôt au fait, & ſe tint à l’écart.

Le roi ſe plaint à lui des froideurs de la reine.
La capitale jaſe & lance des brocards :

Charlot pour oublier ſon amoureuſe peine,
A Gibraltar s’en va courir d’autres haſards.

Toinon parut ſenſible à cette prompte fuite,
En Tribade avec Jule elle s’en conſola.
Elle changea de ton ſans changer de conduite :
Louis s’en apperçut, & la complimenta.
La reine, par égard, eut une complaiſance,
Ce qui la mena loin. Le roi cette fois-là.
Fut tellement épris, entra ſi bien en danſe,
Qu’il ne put la rater. On s’en étonnera :
Mais par miracle ou non, Louis fit bien les choſes :
Pour un moment Toinette oublia Polignac,
Et le ſerpent lui plût enveloppé de roſes.

Alors parut Coigny, ſous le plus joli frac ;
Poliſſon du matin, dont les femmes ſont folles :
Il paroît en chantant au lever de Toinon,
Parle chevaux, plaiſirs, toilettes, fariboles,
Et ſait plaire ſi bien, qu’il lui prend un têton,
Après l’avoir ſucé, plus bas il veut deſcendre.
Toinon feint de dormir, Coigny ſe permet tout ;
Se rend maître du lieu qu’on n’oſe pas défendre,
Baiſe le cul, la motte, & pour tout dire, fout.

La reine à chaque coup légerement ripoſte ;
Entr’ouvre une paupière humide de plaiſir,
La referme auſſi-tôt qu’Amour ſe rend au poſte

Mars & Vénus mieux qu’eux jamais n’ont ſçu jouir.
En fouteur vigoureux Cogny décharge l’ame,
Toinon rend coup pour coup & ne peut réſiſter,
Par les plus chauds baiſers elle prouve sa flamme ;
Et l’inondant de foutre, elle oſe l’imiter.

Par les noms les plus doux elle le récompenſe.
C’eſt ſon dieu, c’eſt ſon tout, c’eſt tout ce qui lui plaît.
Elle voudroit donner un dauphin à la France,
Elle l’en prie en grace, & Coigny le lui fait.
Par mille jeux laſcifs ce cher dragon prélude,
Il n’avait fait que foutre avec précaution.
Cette fois d’être honnête, il perdit l’habitude :
Il prépare la voie, & la fout tout de bon.
Quel triomphe pour lui ! quels doux momens pour elle.
Quel bonheur pour tous deux ! Complaiſante Toinon,
Voluptueux Cogny, l’amour vous enſorcelle :
Vous déchargez enſemble à perdre la raiſon,
Vous êtes ſeuls au monde & foutez pour la France,
Adieu le jeu du doigt, tribade Jule, adieu.

Il ne faut plus penſer à cette jouiſſance,
Se branler eſt d’un homme, enconner eſt d’un dieu.

Notre couple amoureux trois fois décharge enſemble,
Trois fois en fait autant avant de ſe quitter ;
A peine ſéparés, même objet les raſſemble.

Polignac les ſurprend, murmure, oſe éclater
Menace même au point que le duc ſe retire,

Toinon veut ſe fâcher ; mais Jule adroitement,
Fait tomber le diſcours ſur l’amour, ſon délire,
Et parle avec le doigt à ſon tempéramment.
La reine avec le plaiſir en ſent tout le mérite,
Renonce à tout mortel pour la ſeconde fois ;
Trouſſe, patine, enfin branle ſa favorite,
Avouant que les vits ne valent pas les doigts.

De Coigny cependant rien ne défit l’ouvrage,
Les careſſes de Jule & ſa laſcive main,
Envain de la nature inſulte net l’ouvrage,
Au compte de Louis arrive un gros Dauphin,
Juſte au bout de neuf mois, à dater de l’époque
Où Coigny le jetta dans le moule royal.

Le roi ſe félicite & la reine s’en moque,

La France le nourrit ; tout n’en va que plus mal,
Toinon pendant ce tems pour enrichir ſa bonne,
Pour fournir au beſoin de caprices divers,
Met à prix ſes faveurs, courtiſe le Calonne,
Et dans tous ſes plaiſirs fait entrer l’univers.

Polignac épuiſée eut une maladie,
La reine ſur l’inſtant, répandit quelques pleurs.

La Mothe avoit été maîtreſſe en tribadie ;
Elle ſe préſenta, fit preuves ; les douleurs
Se changent en plaiſirs & Toinette décharge.

Elle ſe trouva bien de l’infidélité :
Polignac eſt plus belle, & la Mothe eſt moins large,
En pareil cas l’étroit vaut mieux que la beauté.

Partageant ſes chaleurs entre l’homme & la femme,
Pour certain cardinal elle entre en paſſion.

Rohan tout glorieux d’une auſſi belle flamme,
Fait avec ſes catins bientôt diverſion ;
Ne quitte plus la cour, a le bonheur de plaire ;
Obtient une entrevue, a chez la reine accès ;

Couche enfin avec elle & la rend bientôt mere,
Ce pauvre cardinal n’eut pas un long ſuccès.

Toinon s’étoit donnée ; elle voulut ſe vendre.
Le cardinal rougit d’acheter ſes bienfaits :
La reine le vola ſans qu’il pût s’en défendre,
Et mit ſur lui le vol : de-là ce grand procès.

Tout le monde vit clair. Le parlement vit trouble :
Le cardinal perdit. Louis eſt éclairé ?
Il voit que la reine eſt auſſi catin que double.
Rohan eſt à la cour par Louis attiré ;
Au tribunal commun il appelle ſa cauſe,
La reine qui gagna va perdre juſtement ;
La juſtice des lois différemment diſpoſe ;
Et ſi l’on eſt coupable, on l’eſt malgré l’argent.

Toinette des Bourbons augmente la famille,
Ce commerce à Louis eſt approchant égal :
Mais nous qui nourriſſons & pere & fils & fille,
Pouvons-nous écrier avec le cardinal,
Que les reines catins ont toujours fait du mal.


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