Français, reprenez le pouvoir !/Partie 2/Chapitre 3

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Le passage à la VIe République est même devenu la tarte à la crème de notre vie publique. Prenons garde à ne pas nous tromper sur les causes du délitement d’aujourd’hui et sur les remèdes à y apporter. Oui, la Ve République a besoin d’être réformée. Non, il ne faut pas l’enterrer pour revenir, derrière la formule clinquante de VIe République, aux faiblesses de la IVe. Le démon parlementariste ne doit pas succéder à l’excès monarchiste. La faillite de certains dirigeants ne doit pas mettre en péril un outil institutionnel qui garantit aux Français le pouvoir suprême de désigner leur premier représentant. Ce serait, comme on dit parfois familièrement, « jeter le bébé avec l’eau du bain ».

Aussi, les propositions visant à retirer quantité de pouvoirs au Président, voire à supprimer son élection au suffrage universel direct, sont dangereuses. Elles priveraient en effet l’exécutif de la légitimité politique nécessaire à la stabilité, à l’unité d’action et à la continuité dont notre pays a besoin. Un bouleversement aussi hasardeux le priverait de la capacité de rebondir. En fait, la classe politique française, notamment à gauche et au centre, n’a jamais vraiment digéré l’élection du président de la République au suffrage universel direct, imposée par de Gaulle contre le régime des partis et l’emprise des corps intermédiaires de tout poil. Revenir au seul parlementarisme, celui-là même qui s’est empressé de ratifier le Traité constitutionnel européen, serait commettre un contresens total sur l’attente des Français. Cela reviendrait à conforter le régime des partis, à accentuer le divorce entre les Français et leur représentation nationale et, in fine, à condamner un peu plus notre pays à l’impuissance.

Entre l’immobilisme d’une Ve République dévoyée et l’aventurisme d’une VIe République démagogique, il y a une voie de juste milieu et de bon sens, consistant à corriger les dérives institutionnelles pour revitaliser enfin la démocratie.