Fragments historiques sur l’Inde/Édition Garnier/Article 27

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ARTICLE XXVII.

DU BAPTÊME INDIEN.

Il n’est pas surprenant qu’un fleuve aussi bienfaisant que le Gange ait été regardé comme un don de Dieu, qu’il ait été réputé comme sacré, et qu’enfin on ait imaginé que ses eaux, qui lavaient et rafraîchissaient le corps, en pussent faire autant à l’âme[1]. Car tous les peuples de l’antiquité, sans exception, faisaient de l’âme une figure légère enfermée dans son logis ; et qui nettoyait l’un nettoyait l’autre.

Le bain expiatoire et sacré du Gange passa bientôt vers le fleuve Indus, ensuite vers le Nil, et enfin vers le Jourdain. Les prêtres juifs, imitateurs en tout des prêtres d’Égypte, leurs maîtres et leurs ennemis, eurent des jours de bain comme eux. Les isiaques ne pouvaient se baptiser, se plonger toujours dans le Nil, à cause des crocodiles ; et les lévites d’Hershalaïm, que nous nommons Jérusalem, étant éloignés dans leur petit pays d’une cinquantaine de milles du Jourdain, se plongeaient comme les prêtres isiaques dans de grandes cuves. Les prêtres de Babylone, de Syrie, de Phénicie, en faisaient autant.

Nous avons remarqué ailleurs[2] que les Juifs avaient chez eux deux baptêmes : l’un était le baptême de justice pour ceux qui voulaient ajouter cette cérémonie à celle de la circoncision ; l’autre était le baptême des prosélytes pour les étrangers, pour leurs esclaves, quand ils n’étaient pas esclaves eux-mêmes, et qu’ils en avaient quelques-uns qui voulaient embrasser la religion juive. On les circoncisait, et ensuite on les plongeait, nus, ou dans le Jourdain ou dans des cuves. On plongeait aussi des femmes nues, et trois prêtres étaient chargés de les baptiser. Enfin l’on sait comment notre religion sanctifia cet antique usage, et apposa le sceau de la vérité à ces ombres.


  1. Voyez tome XVII, page 539 ; XIX, 49 ; XXVII, 337.
  2. Tome XVII, page 540 ; XXVIII, 194.