Imprimerie officielle (p. 66-69).

L’ANCIEN HÔPITAL MILITAIRE


Situé sur la rive gauche de la rivière Levassor, entre la route nationale et le « vieux chemin », l’ancien hôpital militaire réservé aux militaires et aux marins a été installé sur un terrain donné aux Religieux de la Charité en 1698 par un sieur Villamont, habitant le quartier de Fort-Royal. Cette cession a été enregistrée par le Conseil Souverain le 8 janvier 1698. La construction faite aux frais du roi était terminée en 1722[1].

Mais Cornilliac dit que l’hôpital a été fondé en 1694 et que le ministre écrivit à Blénac que « Sa Majesté ne voulant pas tolérer plus longtemps le mal que les matelots et les soldats ont à souffrir lorsqu’ils tombent malades dans le transport du bourg du Fort Royal au bourg de Saint-Pierre a fait ordonner aux frères de la charité de travailler sans retardement à achever la construction de l’hôpital qu’ils ont commencé audit bourg de Fort Royal[2] ».

Par lettres patentes du 22 juillet 1722, enregistrées le 3 mai 1723, le Roi lit don aux Religieux de tous les bâtiments et dépendances, ainsi que de la Chapelle qu’il voulut être sous l’invocation de Saint-Louis[3].

À ce don il ajouta le 9 mai 1725 celui d’un terrain situé entre le lit et le nouveau canal de la Rivière[3].

L’établissement prit une telle importance qu’il pût recevoir, pendant une de nos guerres, près de 5.000 malades, et le Conseil Souverain rendit hommage au zèle des Religieux et reconnut les bons soins qu’ils prodiguaient aux soldats et matelots[3].

Les fonctionnaires civils y étaient aussi soignés.

Un violent tremblement de terre qui eut lieu en 1770 obligea d’en rebâtir une grande partie.

Déjà, en 1785, le maréchal de Castries le trouvait très mal placé et l’idée était émise d’en construire un autre ailleurs (lettre du 14 janvier 1785[4]). Le vicomte de Damas exprimait le même avis dans une lettre du 1er  mars 1785[5].

Depuis l’occupation de la Martinique par les Anglais en 1809, l’hôpital fut entièrement abandonné et un rapport du 15 décembre 1814 concluait à son installation au Fort Bourbon[6].

Mais trois mois après, en mars 1815, le Commandant de Génie dit, dans un autre rapport au Ministre de la marine et des colonies, que… l’hôpital n’est pas malsain[7].

En 1824 et en 1825, le nombre des morts de l’armée de terre à l’hôpital est de 114 et de 146[8]. Ce renseignement qui n’a pu servir d’élément d’appréciation faute d’autres termes de comparaison a été néanmoins relaté à toutes fins utiles.

Les choses en restèrent là jusqu’en 1826. On projeta alors de construire un autre hôpital « dans l’enceinte et un peu au nord de l’ancien hôpital[9] » sur l’habitation « Journe », rive droite de la rivière Levassor. Ce projet n’eut pas de suite.

L’établissement avait droit à l’eau du canal de l’habitation la Trenelle, parce que c’est la Métropole qui, en 1831, a fait en grande partie, les frais de reconstruction de l’aqueduc (10.000 fr. environ)[10].

L’hôpital a été desservi par les Sœurs de Saint-Paul de Chartres dès leur arrivée dans la colonie en 1818 jusqu’en 1904.

La chapelle qui existe encore et dont le Syndicat d’initiative a fait repeindre l’extérieur du clocher pour en préserver le bois, a été construite à partir de 1843[11]. Les travaux continuèrent en 1846. Ils devaient coûter 72.500 fr.

En face de la chapelle, l’on voyait récemment encore la petite fontaine qu’un arrêté du 6 novembre 1866 avait autorisé M. Roy Camille à construire[12] non loin d’un bassin latéral de la rivière Levassor qui, ainsi que le débarcadère qui servait jadis à l’hôpital, avait été concédé aux enfants de M. Camouilly par arrêté du 14 janvier 1856[13].

L’hôpital a été désaffecté en 1935.

Cependant l’immeuble connut encore quelques jours d’activité pendant les fêtes du Tricentenaire du rattachement de la Martinique à la France. Ces fêtes y furent en grande partie célébrées et mirent en évidence la beauté et l’étendue de cet emplacement et la nécessité pour la colonie ou la commune d’en faire l’acquisition. On pourrait y installer un grand groupe scolaire à la place des établissements de la rue Perrinon qui sont au centre de la Ville ou l’employer à tout autre usage utile au pays.

  1. Annales du Conseil Souverain, Tome I, pages 485 et 486.
  2. Moniteur de la Martinique, 26 août 1866
  3. a, b et c Annales du Conseil Souverain, tome 1er , pages 485 et 486
  4. Arch. min. col. n° 425.
  5. Arch. min. col. n° 437.
  6. Arch. min. col. n° 499.
  7. Arch. min. col. n° 505.
  8. Arch. min. col. n. 634 et 635.
  9. Arch. min. col. projet du 1er mai 1826, n° 671 et 672.
  10. Archives ministère colonies n° 986 (document du 3 juin 1843)
  11. Archives ministère colonies n° 1119, 1126, 1164, 1165.
  12. B. O. M. 1866, page 669.
  13. B. O. M. 1856, page 35.