Fragments (Empédocle)


Fragments
De la Nature ― Purifications
in L’Aurore de la philosophie grecque, John Burnet
texte grec de l’édition Diels
traduction française par Auguste Reymond, 1919

1. Et toi, prête l’oreille, Pausanias, fils d’Anchitos, le Sage !

2. Car étroitement limitées sont les forces qui sont répandues sur les parties de leurs corps, et nombreux sont les maux qui fondent sur eux et émoussent le tranchant de leurs soucieuses pensées ! Ils ne voient qu’une faible mesure d’une vie qui n’est pas une vie[1], et, condamnés à une prompte mort, ils sont enlevés et se dissipent comme une fumée. Chacun d’eux est instruit de cela seulement qu’il a rencontré par hasard au gré de ses errements, et il ne se vante pas moins dans sa frivolité de connaître le tout. Tant il est difficile que ces choses soient vues par les yeux ou entendues par les oreilles des hommes, ou saisies par leur esprit. Toi donc[2], puisque tu as trouvé ton chemin jusqu’ici, tu apprendras, mais non plus que l’esprit mortel ne possède de force. — R. P. 163.

3. …à garder dans ton cœur muet.

4. Mais, ô dieux, détournez de ma langue la folie de ces hommes[3]. Sanctifiez mes lèvres et faites couler d’elles un fleuve pur ! Et toi, très courtisée Muse, vierge aux bras blancs, je te supplie de me faire entendre ce qui convient aux enfants d’un jour ! Fais-moi avancer dans ma voie dès la demeure de la Sainteté et pousse mon char docile ! Des couronnes de gloire et d’honneur de la main des mortels ne te forceront pas à les soulever du sol, afin que, dans ta fierté, tu parles au-delà de ce qui est équitable et droit et que tu gagnes ainsi un siège sur les hauteurs de la sagesse.

Commence maintenant, considère de toutes tes forces de quelle manière chaque chose est claire. N’accorde pas à ta vue un trop grand crédit en comparaison de ton oreille, et n’estime pas ton oreille qui résonne au-dessus des claires instructions de ta langue[4] ; et ne refuse ta confiance à aucune des autres parties de ton corps par lesquelles il y a un accès à l’intelligence[5] ; mais considère toute chose de la manière qu’elle est claire. — R. P. 163.

5. Mais c’est toujours le fait des esprits bas de ne pas croire ceux qui valent mieux qu’eux. Apprends, toi, comme te l’ordonnent les sûrs témoignages de ma Muse, en divisant[6] l’argument dans ton cœur.

6. Apprends d’abord les quatre racines de toutes choses : Zeus qui brille, Héra qui donne la vie, Aidoneus et Nestis, dont les larmes sont une fontaine de vie pour les mortels[7]. — R. P. 164.

7. …incréé.

8. Et je te dirai autre chose. Il n’est pas d’entrée à l’existence ni de fin dans la mort funeste, pour ce qui est périssable ; mais seulement un mélange et un changement de ce qui a été mélangé. Naissance n’est qu’un nom donné à ce fait par les hommes. — R. P. 165.

9. Mais quand les éléments ont été mélangés sous la figure d’un homme, et viennent à la lumière du jour, ou sous la figure d’une espèce de bêtes sauvages ou de plantes ou d’oiseaux, alors les hommes disent que ceux-ci naissent ; et quand ils sont séparés, ils donnent à cela le nom de mort douloureuse. Ils ne le nomment pas d’un nom juste ; mais, moi aussi, je suis la coutume et je l’appelle ainsi moi-même.

10. Mort vengeresse.

11. 12. Fous — car ils n’ont pas de pensées étendues — qui s’imaginent que ce qui n’était pas auparavant vient à l’existence, ou que quelque chose peut périr et être entièrement détruit. Car il ne se peut pas que rien puisse naître de ce qui n’existe en aucune manière, et il est impossible et inouï que ce qui est doive périr ; car il sera toujours, en quelque lieu qu’on le place. R. P. 165 a.

13. Et dans le Tout, il n’y a rien de vide et rien de trop plein.

14. Dans le Tout, il n’y a rien de vide. D’où, par conséquent, pourrait venir quelque chose qui l’augmentât ?

15. Un homme sage en ces matières ne supposerait jamais dans son cœur que les mortels ne sont et ne souffrent bien et mal qu’aussi longtemps qu’ils vivent ce qu’ils appellent leur vie, tandis qu’ils ne sont absolument rien avant d’avoir été formés et une fois dissous.— R. P. 165 a.

16. Car vraiment ils (l’Amour et la Haine) étaient avant les temps, et ils seront ; et jamais, à ce que je crois, le temps infini ne sera vide de ce couple. — R. P. 166 c.

17. Je vais t’annoncer un double discours. A un moment donné, l’Un se forma du Multiple ; en un autre moment, il se divisa et de l’Un sortit le Multiple. Il y a une double naissance des choses périssables et une double destruction. La réunion de toutes choses amène une génération à l’existence et la détruit ; l’autre croît et se dissipe quand les choses se séparent. Et ces choses ne cessent de changer continuellement de place, se réunissant toutes en une à un moment donné par l’effet de l’Amour, et portées à un autre moment en des directions diverses par la répulsion de la Haine. Ainsi, pour autant qu’il est dans leur nature de passer du Plusieurs à l’Un, et de devenir une fois encore Plusieurs quand l’Un est morcelé, elles entrent à l’existence, et leur vie ne dure pas. Mais, pour autant qu’elles ne cessent jamais d’échanger leurs places, dans cette mesure, elles sont toujours immobiles quand elles parcourent le cercle de l’existence.

Mais allons, écoute mes paroles, car c’est l’étude qui augmente la sagesse. Comme je le disais déjà auparavant, quand j’exposais le but de mon enseignement, je vais t’exposer un double discours. A un moment donné, l’Un se forma du Multiple, à un autre moment, il se divisa, et de l’Un sortit le Multiple — Feu, Eau et Terre et la hauteur puissante de l’Air ; la Haine redoutée aussi, à part de ceux-ci, de poids égal à chacun, et l’Amour parmi eux, égal en longueur et en largeur; Contemple-le avec ton esprit, et ne reste pas assis, les yeux éblouis. C’est lui que nous savons implanté dans les membres des mortels ; c’est lui qui leur inspire des idées d’amour, et qui leur fait accomplir les travaux de la paix. Ils s’appellent des noms de Joie et d’Aphrodite. Aucun mortel ne l’a encore vu se mouvoir en cercle parmi eux, mais toi prête l’oreille à l’ordre de mon discours, qui ne trompe point.

Car tous ceux-ci sont égaux et de même âge ; cependant chacun a une prérogative différente et sa nature particulière. Et rien ne vient à l’existence à part eux, et ils ne périssent point ;


> Je lis ριτά Totstv. Je pense encore cependant que la conjecture, paléographiquement admirable, de Knatz : jittà 6eoîaiv (c’est-à-dire parmi les éléments) mérite considération. car s’ils avaient péri continuellement, ils n’existeraient pas maintenant, et ce qui accroîtrait ce Tout, que serait-ce et d’où pourrait-il venir ? Comment, d’ailleurs, pourrait-il périr, puisqu’il n’y a aucun lieu vide de ces choses ? Ils sont ce qu’ils sont ; mais, courant les uns à travers les autres, ils deviennent tantôt ceci, tantôt cela, et toujours des choses analogues. — R. P. 166.

18. Amour,

19. Amour enlaçant.

20. Celui-ci (le conflit de l’Amour et de la Haine) est manifeste dans la masse des membres mortels. A un moment donné, tous les membres qui font partie du corps sont réunis par l’Amour au point culminant de la vie florissante ; à un autre moment, séparés pur la Haine cruelle, ils errent chacun pour soi sur les écueils de la mer de la vie. Il en est de même des plantes et des poissons qui ont leur demeure dans les eaux, des bêtes qui ont leurs repaires sur les collines, et des oiseaux de ruer, qui cinglent avec leurs ailes. — R. P. 173 d.

21. Allons maintenant, contemple les choses qui portent témoignage pour mes discours précédents, s’il était vrai qu’il y eût quelque insuffisance quant à la forme dans ma première énumération. Considère le soleil, partout clair et chaud, et toutes les choses immortelles qui sont baignées dans la chaleur et dans l’éclat rayonnant. Considère la pluie, partout sombre et froide, et de la terre sortent des choses compactes et solides. Quand elles sont en lutte, elles sont toutes diverses de formes et séparées ; mais elles se réunissent dans l’amour, et se désirent mutuellement. Car de celles-ci sont sorties toutes les choses qui furent, qui sont et qui seront — arbres, hommes et femmes, bêtes et oiseaux, et les poissons qui habitent dans l’eau, oui vraiment, et les dieux qui vivent de longues vies et sont grandement honorés. — R. P. 166 i. Car ces choses sont ce qu’elles sont ; mais passant les unes à travers les autres, elles prennent des formes différentes — tellement le mélange les modifie. — R. P. 166 g.

22. Car tous ceux-ci — soleil, terre, ciel et mer — sont un avec toutes leurs parties, qui sont dispersées loin d’eux dans

1 Je garde άλλοτ* avec Diels.

’ Je lis αρβροτα Β’δσσ* avec Diels. Sur le mot Uoç. cf. frgs 62 et 73. Ce passage fait allusion à la lune et aux choses qui sont faites d’air solidifié, et reçoivent leur lumière de l’hémisphère de feu. Voir plus loin, J 113. . les choses mortelles. Et pareillement toutes les choses qui sont plus portées au mélange sont semblables les unes aux autres et unies dans l’amour par Aphrodite. Mais les choses qui diffèrent le plus quant à l’origine, au mélange, et aux formes qui leur sont imprimées, sont hostiles au plus haut point les unes aux autres, étant entièrement inaccoutumées à s’unir, et très tristes de l’ordre de la Haine, qui a donné lieu à leur naissance.

23. Quand les peintres peignent des tableaux pour être offerts dans les temples, les peintres que la sagesse a bien instruits de leur art — et qu’ils ont pris dans leurs mains des matières de couleurs variées, ils les mélangent dans la proportion due, plus de quelques-unes et moins des autres, et produisent par leur moyen des formes semblables à toutes choses, faisant des arbres et des hommes et des femmes, des bêtes et des oiseaux et des poissons qui demeurent dans les eaux, oui vraiment, et des dieux qui vivent de longues vies et sont grandement honorés — de même, ne laisse pas cette erreur prévaloir sur ton esprit : qu’il y ait quelque autre origine pour toutes les créatures périssables qui apparaissent en nombre infini. Sache cela, de source certaine, car tu en as entendu le récit d’une déesse.

24. Marchant de sommet en sommet, ne pas parcourir un sentier seulement jusqu’à la fin...

25. Ce qui est juste peut bien être dit même deux fois.

26. Car ils prévalent alternativement dans la révolution du cercle, et passent les uns dans les autres, et deviennent grands selon le tour qui leur a été assigné. — R. P. 166 c. Ils sont ce qu’ils sont, mais, passant les Uns à travers les autres, ils deviennent des hommes et des races d’animaux. A un moment, ils sont tous réunis en un seul ordre par l’Amour ; à un autre, ils sont poussés dans des directions différentes par la répulsion de la Haine, jusqu’à ce qu’ils se réunissent de nouveau en un, et soient complètement soumis. Mais, en tant qu’ils ont l’habitude de passer du Plusieurs en l’Un, et, de nouveau divisés, de devenir plus d’Un, ils viennent au jour, et leur vie n’est pas durable ; mais en tant qu’ils ne cessent jamais de se transformer continuellement, ils existent toujours, immuables dans le cercle.

27. On ne distingue ni les membres rapides du Soleil, ni la

1 Je lis avec Blass (Jahrb. ftîr klass. Phil., 1683, p. 19) : . ’ ούτω ρή 9 απάτη φρένα χαινύτω χ. τ. λ. ’ / Cf. Hésychtus : xatvûtu)’ ν<χάτ«>. C’est, en fait, ce que donnent les mss * de Simplicius, et Hésychius a nombre de gloses empédocléennes. . ■ 1 La «déesse» est naturellement la Muse. Cf. frg. 5. λ force velue de la Terre, ni la Mer, si fort le Dieu était lié dans l’étroite enveloppe de l’Harmonie, sphérique et rond, joyeux dans sa solitude circulaire. — R. P. 167.

27 a. Il n’y a ni discorde ni lutte inconvenante dans ses membres.

28. Mais il était égal en tous sens, et tout à fait infini, sphérique et rond, joyeux dans sa solitude circulaire.

29. Deux branches ne naissent pas de son dos ; il n’a pas de pieds, pas de genoux rapides, pas de parties génitales ; mais il était sphérique et égal en tous sens.

30. 31. Mais quand la Haine fut devenue grande dans les membres du dieu et se déchaîna pour réclamer ses prérogatives dans l’accomplissement du temps alterné, qui leur était assigné par le puissant serment... car tous les membres du dieu furent ébranlés les uns après les autres. — R. P. 167.

32. La jointure lie deux choses.

33. De même que lorsque la sève du figuier fait cailler et lie le blanc lait...

34. Agglutinant = la farine avec de l’eau.

35, 36. Mais je vais maintenant reporter mes pas sur les sentiers du chant, que j’ai parcourus auparavant, tirant de mon discours un nouveau discours. Quand la Haine fut tombée au plus profond abîme du tourbillon, et que l’Amour en eut atteint le centre, toutes les choses se réunirent en lui, pour n’être qu’Une seulement ; non pas toutes à la fois, mais en se réunissant selon leur volonté, l’une venant d’une direction, l’autre de l’autre ; et quand elles se furent mélangées, d’innombrables tribus de créatures mortelles furent ça et là répandues. Bien des choses, cependant, restèrent non mélangées, alternant avec celles qui se mélangeaient, à savoir toutes les choses que la Haine tenait en suspens ; car elle ne s’était pas encore entièrement retirée d’elles jusqu’aux limites extrême du cercle. Pour une part, elle restait encore à l’intérieur ; pour une autre, elle était sortie des membres du Tout. Mais, dans la mesure où elle continuait à se répandre au dehors, un doux et immortel courant


1 Iæ mot s’il est exact, ne peut pas signifier «repos», mais f seulement solitude. Il n’y a pas de raison de changer πιριηγΰ, quoique Simplicius ait κιριγηΙΗι.

» Le masculin χολλήβα ; montre que le sujet ne peut avoir été Φιλότης, et Karsten avait sans doute raison de croire qu’Empédocle faisait Inter-Z venir un boulanger dans sa comparaison. C’est dans sa manière d’eniprunter des exemples aux arts humains. d’irréprochable Amour continuait à affluer au dedans, et aussitôt devenaient mortelles ces choses qui auparavant avaient été immortelles ; et ces choses étaient mélangées, qui avaient été non mélangées, chacune changeant de sentier. Et à mesure; qu’elles se mélangeaient, des tribus innombrables de créatures mortelles étaient ça et là répandues, douées de toutes espèces de formes, merveilleux spectacle à contempler. — R. P. 169.

37. La Terre accroît sa propre masse, et l’Air enfle le volume de l’Air.

38. Allons, je vais maintenant te dire en tout premier lieu le commencement du Soleil, et les sources d’où ont jailli toutes les choses que nous voyons maintenant, la Terre et la Mer aux flots nombreux, la Vapeur humide, et l’Air, ce Titan qui lié fortement son cercle autour de toutes choses. — R. P. 170 a.

39. Si les profondeurs de la Terre et le vaste Air étaient infinis, parole vaine qui s’est échappée des lèvres de beaucoup de mortels, quoiqu’ils n’aient vu qu’une faible partie du Tout… R. P. 103 b.

40. Le Soleil, aux traits acérés, et la douce Lune.

41. Mais (la lumière du soleil) est rassemblée et circule autour du vaste ciel.

42. Et elle lui coupe ses rayons quand il passe au-dessus d’elle, et elle projette son ombre sur une aussi grande partie de la Terre que le comporte la largeur de la Lune au pâle visage.

43. Le rayon de soleil, lui aussi, ayant frappé le large et puissant cercle de la Lune, se retourne aussitôt et repart pour atteindre le firmament.

44. Il repart en arrière vers l’Olympe, d’un visage exempt de crainte. — R. P. 170 c.

45. 46. Une lumière ronde et empruntée circule autour de la Terre, comme le moyeu de la roue autour du (but) le plus éloigné.

1 Les mss de Clément ont ήλιον αργήν, et la leçon ήλιον αρχήν est un simple expédient. Diels lit ηλιχά τ αρχήν. < les premiers (éléments) égaux en âge ».

• Ces vers visent Xénophane suivant Aristote, qui les cite dans de Mo B, 13, 294 a 21. Voir plus haut, chap. II, p. 138. %

• J’ai traduit la conjecture de Diels : απιοτιγαββν ot αύγάςίίοτ’αν tvj xa3u*xcp9iv. Les mss ont άχιαχιόααιν et αίαν.

47. Car elle regarde à l’opposé le cercle sacré du Soleil-roi.

48. C’est la Terre qui fait la nuit en passant devant la lumière.

49. De la nuit solitaire, aux yeux aveugles.

50. Et Iris apporte de la mer le vent ou une pluie abondante.

51. (Le feu) qui se précipite en haut...

52. Et beaucoup de feux brûlent au-dessous de la Terre. — R. P. 171 a.

53. Car, comme elle courait, elle les rencontra à cette époque, quoique souvent autrement. — R. P. 171 a.

54. Mais l’air s’affaissa sur la terre avec ses longues racines. - R. P. 171.

55. La Mer, sueur de la Terre. — R. P. 170 b.

56. Le sel fut solidifié par le choc des rayons du soleil.

57. Sur elle (la Terre) naquirent beaucoup de têtes sans cous, et des bras erraient nus et privés d’épaules. Des yeux vaguaient dépourvus de fronts. — R. P. 173.

58. Des membres solitaires erraient, cherchant à s’unir.

59. Mais quand, au Dieu, le Dieu se fut mélangé dans une plus forte proportion, ces choses se réunirent au hasard de leurs rencontres, et beaucoup d’autres choses naquirent continuellement à part elles.

60. Des créatures à la démarche traînante, avec des mains innombrables.

61. Beaucoup de créatures naquirent avec des faces et des poitrines regardant en différentes directions ; quelques-unes, progéniture de bœufs à face d’hommes, tandis que d’autres, au contraire, venaient au monde, progéniture d’hommes à têtes de bœufs, et des créatures en qui la nature des hommes et des femmes était mélangée, et pourvues de parties stériles. — R. P. 173 b.

62. Allons, écoute maintenant comment le Feu quand il fut séparé, fit surgir les rejetons des hommes nés de la nuit et les femmes aux larmes abondantes ; car mon discours ne s’écarte pas du but et n’est point dépourvu de sagesse. Des types entièrement formés naquirent d’abord de la terre, ayant une portion à la fois d’eau et de feu. Ces types, ce fut le Feu qui les fit

• Je lis οτιίροις avec Diels, lltrmes, XV, loc ; cit. ’ Je garde tftcoç (L e., tîtoî), qui est la le^on des mss de SitnpHcîus. Cf. plus haut, p. 244, n. 2. . surgir, désireux d’atteindre son semblable ; mais ils ne montraient encore ni la forme charmante des membres féminins ni la voix et les parties qui sont propres aux hommes, - R. P. 173 c.

63. ...Mais la substance des membres (de l’enfant) est entre eux, en partie dans (le corps) de l’homme, en partie celui de la femme.

64. Et sur lui vint le désir, qui l’excitait par la vue.

65. ...Et il fut répandu dans les parties pures, et quand il se rencontra avec le froid, des femmes en naquirent.

66. ...Dans les pelouses fendues d’Aphrodite.

67. Car dans sa partie la plus chaude, le sein de la femme produit des mâles, et c’est pourquoi les hommes ont le teint foncé sont plus virils et plus velus.

68. Au dixième jour du huitième mois, se produit la putréfaction blanche.

69. Qui porte doublement.

70. Peau de brebis.

71. Mais si ta certitude touchant ces choses était encore en quelque mesure imparfaite sur la question de savoir comment, de l’eau et de la terre, de l’air et du feu mélangés ensemble, sortirent les formes et les couleurs de toutes ces choses mortelles qui ont été agencées par Aphrodite, et viennent ainsi au jour...

72. Comment les grands arbres et les poissons dans la mer.

73. Et de même qu’en ce temps Cypris, préparant la chaleur, après avoir humecté la terre dans l’eau, la donna au feu rapide pour la durcir... — R. P. 171.

74. Conduisant le peuple sans voix des poissons féconds.

75. Tous, parmi ceux qui sont denses à l’intérieur et rares à l’extérieur, ayant reçu des mains de Cypris une humidité de cette espèce...

> Empédocle tenait le lait* pour du sang putréfié, comme l’atteste Aristote, de Gen. An, A, 8, 777 a 7. Le mot πύον signifie pus. Il peut y avoir ici un jeu de mots avec πυός (= colostrum), mais πυός *i le υ long.

J

3 En parlant des femmes, qui accouchent à sept ou à neuf mois. 3 De la membrane qui entoure le fœtus. I ’

4 Je lis tîta πο«πνύουοα avec Diels.

76. Cela, tu peux le constater dans les coquillages au dos pesant, qui vivent dans la mer, dans les buccins et dans les tortues à la carapace de pierre. En eux, tu peux voir que la matière terreuse se tient à l’extrême surface.

77-78. C’est l’air qui fait que les arbres toujours verts fleurissent avec abondance de fruits durant toute l’année.

79. Et ainsi, premiers de tous les grands arbres, les oliviers portent des œufs...

80. A cause de quoi les grenades sont lentes à mûrir, et les pommes sont succulentes.

81. Le vin est l’eau de l’écorce, putréfiée dans le bois.

82. Les poils et les feuilles, les plumes épaisses des oiseaux, et les écailles qui croissent sur les membres puissants, sont la même chose.

83. Mais les poils des hérissons sont acérés et se raidissent sur leur dos.

84. Et de même qu’un homme qui se propose de sortir par une nuit orageuse se munit d’une lanterne, flamme de feu brillant, autour de laquelle il dispose des plaques de corne pour écarter d’elle toute espèce de vent, et que ces plaques brisent le souffle des vents qui règnent, mais que la lumière qui pénètre à travers elles brille sur le seuil de ses rayons infatigables, dans la mesure où elle est plus fine ; de même il (l’Amour) a capté le feu primitif, la pupille ronde, enveloppée de membranes et de tissus délicats, qui sont percés partout de passages merveilleux. Ils écartent l’eau profonde qui entoure la pupille, mais ils laissent passer le feu, dans la mesure où il est plus fin. — R. P. 177 b.

85. Mais la douce flamme (de l’œil) n’a qu’une faible portion de terre.

86. De ceux-ci, la divine Aphrodite façonna les yeux infatigables.

87. Aphrodite, unissant ceux-ci avec les rivets de l’amour.

88. Une seule vision est produite par les deux yeux.

89. Sache que des effluences s’écoulent de toutes les choses qui sont nées. — R. P. 166 h.

1 Voir Beare, p. 16, η. 1, où est cité très à propos Platon, Tint. 45 b 4 : itvp&c Sesv té xdtw ota Ιβχιν, tô Μ «αρέχιιν nptpov. Alexandre, adjoc., prend xatà βηλίν dans le sens de xat’ oipavcv, ce qui semble Improbable.

90. Ainsi le doux s’empare du doux, et l’amer se précipite sur l’amer ; l’acide va à la rencontre de l’acide, et le chaud s’accouple avec le chaud.

91. L’eau s’associe mieux avec le vin, mais elle ne veut pas (se mélanger) avec l’huile. — R. P. 166 h,

92. Le cuivre mélangé à l’étain.

93. La baie du glauque sureau est mélangée de pourpre.

94. Et la couleur noire, au fond d’une rivière, provient de l’ombre. La même chose se voit dans les cavernes creuses.

95. Depuis qu’ils (les yeux) furent unis pour la première fois dans les mains de Cypris.

96. La Terre bienveillante reçut dans ses vastes cavités deux parts sur huit de la brillante Nestis, et quatre d’Héphaistos. Ainsi naquirent les os blancs, divinement ajustés ensemble par le ciment de l’harmonie. — R. P. 175.

97. L’épine dorsale (fut brisée).

98. Et la Terre, jetant l’ancre dans les ports parfaits d’Aphrodite, se rencontre avec ceux-ci dans des proportions à peu près égales ; avec Héphaistos, l’eau et l’air brillant — soit en prédominance légère, soit en quantité moins grande. De ces choses naquirent le sang et les multiples formes de chair. — R. P. 175 c.

99. La cloche... rameau charnu (de l’oreille).

100. Ainsi toutes choses inspirent le souffle et l’expirent. Toutes ont des tuyaux de chair, dépourvus de sang, étendus sur la surface de leurs corps ; et à leurs embouchures, la surface extrême de la peau est percée partout de pores étroitement serrés, de sorte qu’ils retiennent le sang, mais laissent libre passage à l’air. Quand donc le sang clair s’en retire, l’air bouillonnant s’y précipite en flots impétueux, pour être expiré de nouveau quand le sang revient. De même, quand une jeune fille, jouant avec une clepsydre d’airain brillant, place l’orifice du tuyau sur sa gracieuse main, et plonge la clepsydre dans le flot argentin de

1 Sur ce fragment, voir Beare, p. 96, η. 1.

  • (k passage est cité par Aristote (de Rttpirï, 473 b 9), qui a fait la

curieuse méprise de prendre p’tvûv pour le génitif de au lieu de rfwéç. Ιλ passage classique sur la ctepsydre est ProbL 914 b 9 sq. (à b 12, Il faut lire αύλού au lieu de άλλου). Ιλ clepsydre était un vase de métal au vol étroit (αυλός), avec une sorte d’entonnoir (ήθμός), percé de trous (τρήματα, τρυπήματα) à sa partie inférieure. Le passage des Problèmes indiqué plus haut attribue cette théorie du phénomène A Anaxagore, et nous verrons plus loin qu’il flt aussi une expérience de ce genre (g 131). l’eau qui cède, — le flot ne pénètre pas alors dans le vase, mais la masse d’air qui y est renfermé, pressant contre les trous étroits, le retient jusqu’à ce que la jeune fille découvre (délivre) le courant comprimé ; alors l’air s’échappe et un volume égal d’eau fait son entrée, — exactement de la même manière, quand l’eau occupe les profondeurs du vase d’airain, et que l’ouverture et le passage sont tenus fermés par la main humaine, l’air extérieur, cherchant à entrer, retient en pressant sur sa surface l’eau aux portes du col qui fait entendre un bruit sourd ; jusqu’à ce qu’elle (la jeune fille) retire sa main. Alors, juste dans le sens opposé à ce qui se passait auparavant, l’air se précipite à l’intérieur, et un volume d’eau égal s’échappe pour lui faire place. Pareillement, quand le sang clair, qui s’agite à travers les veines, reflue à l’intérieur, le flux d’air entre avec un bruit violent, mais quand le sang fait retour, l’air est expiré en quantité égale.

101. (Le chien) flairant avec son nez les particules des membres d’animaux, et l’exhalaison de leurs pieds, qu’ils laissent dans l’herbe tendre.

102. Ainsi toutes choses ont leur part de souffle et d’odeur.

103. 104. Ainsi toutes choses pensent de par la volonté de la Fortune… Et pour autant que les choses les moins denses se sont unies dans leur chute.

105. (Le cœur), demeurant dans la mer de sang qui coule dans des directions opposées, où réside principalement ce que les hommes appellent pensée ; car le sang qui entoure le cœur est la pensée des hommes. — R. P. 178 a.

106. Car la sagesse des hommes s’accroît en proportion de ce qu’ils ont devant eux. — R. P. 177.

107. Car de celle-ci, toutes choses sont formées et ajustées ensemble, et c’est par elles que les hommes pensent et sentent plaisir et peine. — R. P. 178.

  • Ceci parait être l’expérience décrite dans ProbL· 914 b 26 : càv γάρ

ttç αύτ^ς (t1)C χλιφύδρας) αύτψ τήν χωδΐαν ιμπλήαα ; ΰδατος, ίπιλαβών τόν αύλόν. χαταίτρέψ^ έπΐ τον αυλόν, ού φίροται το ύδωρ διά toi αύλο·) iid βτόμα. ανοιχ&έντος il toi etépatoc, oùx tùôùç «xptt xatà τον αΰλόν, αλλά ptxpodpy utttpov, ώς oùx ov ixl t<p etc uan toi αυλοί), άλλ’ uattpov διά toutou f ipépivov dvotylHvtoc. La meilleure explication de l’épithète δυβηχιος, appliquée a le&uoto, consiste à la rapporter à Γίρυγρός ou «glouglou n dont 11 est parlé & 915 a 7 comme accompagnant le dégagement de l’eau à travers Ι’αύλό :. Chacun peut piodulre cet effet avec une carafe. SI ce n’étatt cette épithète, on serait tenté de lire qDpoto au Heu de Mpoîo. C’était la conjecture de Sturz* et c’est en fait la leçon de quelques mss.

  • Sur ce fragment, voir Reare, p. 135, n. 2.

108. Dans la mesure où ils (les hommes) deviennent différents, des pensées différentes se présentent toujours à leurs esprits (en songe). — R. P. 177 a.

109. Car c’est avec la terre que nous voyons la terre, et avec l’eau que nous voyons l’eau ; par l’air, nous voyons l’air brillant, par le feu le feu dévorant. C’est par l’amour que nous voyons l’Amour, et par la funeste haine que nous voyons la Haine. — R. P. 176.

110. Car si, appuyé sur ton ferme esprit, tu contemples ces choses dans une bonne intention et avec un soin irréprochable, alors tu auras toutes ces choses en abondance ta vie durant, et tu en gagneras encore beaucoup d’autres par elles. Car ces choses croissent d’elles-mêmes dans ton cœur, où est le vrai caractère de chaque homme. Mais si tu aspires à des choses d’autre nature, comme c’est l’habitude des hommes, alors une foule innombrable de maux t’attendent, pour émousser tes pensées. Bientôt ces choses t’abandonneront, quand le temps aura fait sa révolution ; car elles aspirent à retourner une fois de plus à leur propre nature ; car sache que toutes choses ont de la sagesse et une part à la pensée.

111. Et tu apprendras à connaître tous les médicaments qui sont une défense contre les maux de la vieillesse, car c’est pour toi seul que je veux accomplir tout cela. Tu arrêteras la violence des vents infatigables qui s’élèvent et de leurs souffles détruisent les campagnes, et de nouveau, si tu le désires, tu ramèneras leurs souffles en arrière. Tu procureras aux hommes une sécheresse opportune après les sombres pluies, et de nouveau tu changeras la sécheresse de l’été en pluies qui nourrissent les arbres quand elles tombent du ciel. Tu ramèneras de l’Hadès la vie d’un homme mort.


Purifications.

112. Amis qui habitez la grande ville dont les regards plongent sur les jaunes rochers d’Akragas, en haut près de la citadelle, empressés aux bonnes œuvres, ports d’honneur pour l’étranger, hommes qui ne connaissez pas la bassesse, salut à vous ! Je marche parmi vous en dieu immortel, n’étant plus mortel maintenant, honoré parmi tous comme il convient, couronné de bandelettes et de guirlandes de fleurs. Dès que, avec ces (adorateurs), hommes et femmes, je fais mon entrée dans les villes florissantes, des hommages me sont témoignés ; ils me

  • C’est par Simplicius, de An. p. 202, 30 (DV 26 B108) que nous savons

que c’est en songe. suivent en foule innombrable, me demandant quelle est la voie du gain ; quelques-uns désirent des oracles, tandis que d’autres, qui ont été blessés par les douloureux aiguillons de toutes sortes de maladies, désirent entendre de moi le mot qui sauve. — R. P. 162 f.

113. Mais pourquoi m’arrêter là-dessus, comme si c’était quelque chose de grand que de surpasser les hommes mortels et périssables ?

114. Amis, je sais que la vérité réside dans les paroles que je vais prononcer, mais elle est difficile pour les hommes, et ils sont jaloux de l’assaut de la croyance sur leurs âmes.

115. Il y a un oracle de la Nécessité, une antique ordonnance des dieux, éternelle et fortement scellée par de larges serments : si jamais l’un des démons, qui ont obtenu du sort de longs jours, a souillé criminellement ses mains de sang, ou a suivi la Haine et s’est parjuré, il doit errer trois fois dix mille ans loin des demeures des bienheureux, naissant dans le cours du temps sous toutes sortes de formes mortelles, et changeant un pénible sentier de vie contre un autre. Car l’Air puissant le pousse dans la Mer, et la Mer le vomit sur la Terre aride ; la Terre le projette dans les rayons du brillant Soleil, et celui-ci le renvoie dans les tourbillons de l’Air. L’un le reçoit de l’autre, et tous le rejettent. Je suis maintenant l’un de ceux-ci, un banni et un homme errant loin des dieux, car je mettais ma confiance dans la Haine insensée. — R. P. 181.

116. Charis a horreur de l’intolérable Nécessité.

117. Car j’ai été autrefois un jeune garçon et une jeune fille, un buisson et un oiseau, et un poisson muet dans la mer. — R. P. 182.

118. Je pleurai et je me lamentai quand je vis le pays, qui ne m’était pas familier. — R. P. 182.

119. De quels honneurs, de quelle hauteur de félicité suis-je tombé pour errer ici sur terre parmi les mortels !

120. Nous sommes venus sous cette caverne…

  • Bernays conjecturait ρ’ΐ)μα, « décret j», nu Heu de χρήμα, mais cela

’ n’est pas necessaire. Lu Nécessité est un personnage orphique, et Gor- . glas, le disciple d’Empédocle, dit : Otfiv ββΆιυμαοιν xal άνάγχης ψηφίβt . μαβιν (/fc/. G).

L » Je garde φίνψ au v. 3 (de même Diels), Le premier mot du v. 4 s’est i perdu. Diels suggère Ntlxtï, qui peut bien être juste, et tient ipaptr^a ;

pour équivalent de êpaptqeac. J’ai traduit en conséquence.

> D’après Porphyre, qui elle ce vers (de Anlro Nymphe 8), ces mots

121. …le pays sans joie, où sont la Mort et la Colère, et des bandes de Kères et les Fléaux qui dessèchent, et la Pourriture et les Flots rôdent dans l’obscurité sur la prairie d’Atè.

122, 123. Là étaient Chtoniè[8] et Heliope dont la vue s’étend au loin, la sanglante Discorde et l’Harmonie au doux regard, Kallisto et Aischrè, la Hâte et la Lenteur, l’aimable Vérité et l’Incertitude aux noirs cheveux ; la Naissance et le Dépérissement ; le Sommeil et la Veille, le Mouvement et l’Immobilité ; la Grandeur couronnée et la Bassesse, le Silence et la Parole. — R. P. 182 a.

124. Malheur à toi, misérable race des Mortels, deux fois maudite : de quelles luttes et de quels gémissements vous êtes nés !

125. De créatures vivantes, il les fit mortes, en changeant leurs formes.

126. (La Divinité) les revêtant d’une étrange enveloppe de chair[9].

127. Parmi les animaux, ils deviennent des lions[10], qui font leur repaire sur les collines, et leur gîte sur le sol ; et des lauriers parmi les arbres au beau feuillage. — R. P. 181 b.

128. Ils[11] n’avaient pas encore Ares pour dieu, ni Kydoimos, ni non plus le roi Zeus, ni Kronos ni Poseidon, mais Cypris, la reine… Ils se la rendaient propice par de pieux présents, par des figures peintes[12] et des encens au subtil parfum, par des offrandes de myrrhe pure et des baumes à la douce senteur, répandant sur le sol des libations de miel brun. Et l’autel ne ruisselait pas du sang pur des taureaux, mais c’était parmi les hommes le plus grand crime que de dévorer leurs nobles membres après leur avoir arraché la vie. — R. P. 184.

129. Et il y avait parmi eux un homme d’un rare savoir, versé au plus haut point en toute espèce d’œuvres sages, un homme qui avait acquis la plus grande richesse en connaissances ; car lorsqu’il tendait les forces de son esprit, il voyait facilement chacune des choses qui sont en dix, en vingt vies d’hommes.

130. Car toutes (les créatures) étaient apprivoisées et douces aux hommes, tant les bêtes que les oiseaux, et la flamme de la bienveillance brillait partout - R, P. 184 a.

131. Si jamais, quoiqu’il s’agit de choses d’un jour, Muse immortelle, tu as daigné prendre connaissance de mes efforts, assiste-moi encore une fois, je t’en supplie, ô Calliope, car je profère une pure doctrine sur les dieux bienheureux. — R. P, 179.

132. Béni est l’homme qui a acquis le trésor de la divine sagesse ; malheureux celui qui n’a dans le cœur qu’une opinion confuse sur les dieux. — R. P. 179.

133. Il ne nous est pas possible de placer Dieu devant nos yeux, ou de le saisir de nos mains, ce qui est la voie de persuasion la plus large qui conduise dans le cœur de l’homme.

134. Car son corps n’est pas pourvu d’une tête humaine ; deux rameaux ne s’élancent pas de ses épaules ; il n’a pas de pieds, pas de genoux agiles, pas de parties velues ; il est seulement un esprit sacré et ineffable, dont les pensées rapides traversent le monde entier comme des éclairs. — R. P. 180.

135. Cela n’est pas légitime pour quelques-uns et illégitime pour d’autres ; mais la loi s’étend partout pour tous, à travers l’air qui règne au loin et l’infinie lumière du ciel. — R. P. 183.

136. Ne cesserez-vous pas ce meurtre au bruit funeste ? Ne voyez-vous pas que vous vous dévorez les uns les autres dans l’étourderie de vos cœurs ? — R. P. 184 b.

137. Et le père soulève son propre fils, qui a changé de forme, et le tue en prononçant une prière. L’insensé ! Et ils se précipitent vers les meurtriers, demandant grâce, tandis que lui, sourd à leurs cris, les égorge dans son palais et prépare l’abominable festin. Pareillement, le fils saisit son père, et les

  • Timée voyait déjà dans ces vers une allusion à Pythagore (Diog. VIII M). Comme on nous dit (Diog. ib.) que selon quelques-uns ils visaient Parménide, il est clair qu’aucun nom n’y était exprimé. enfants leur mère, leur arrachent la vie et dévorent la chair qui leur est parente. — R. P. 184 b.

138. Epuisant leur vie avec l’airain.

139. Malheur à moi, que le jour impitoyable de la mort ne m’ait pas anéanti avant que j’accomplisse avec mes lèvres les œuvres mauvaises de la voracité ! — R. P. 184 b.

140. S’abstenir tout à fait des feuilles de laurier.

141. Misérables, derniers des misérables, gardez vos mains des fèves !

142. Le palais, recouvert d’un toit, de Zeus qui tient l’égide ne le réjouira jamais, non plus que la maison de...

143. Lavez-vous les mains, prenant l’eau des cinq sources dans le bronze inflexible. — R. P. 184 c.

144. Jeûnez de la méchanceté ! — R. P. 184 c.

145. C’est pourquoi vous êtes saisis par la dure perversité, et ne voulez pas délivrer vos âmes des misérables soucis.

146. 147. Mais, enfin, ils apparaissent parmi les hommes mortels comme prophètes, poètes, médecins et princes ; et ensuite ils s’élèvent au rang de dieux comblés d’honneurs, participant au foyer des autres dieux et à la même table, libres des misères humaines, assurés contre la destinée et à l’abri des offenses. — R. P. 181 c.

148. ...La terre qui enveloppe l’homme.

    étalent prononcés par les « puissances » qui conduisent l’âme dans le monde (ψυχοπομποὶ δυνάμεις). La « caverne » n’est pas platonicienne, mais orphique d’origine.

  1. Les mss de Sextus ont ζωῆσι βίου. Diels lit ζωῆς ἰδίου. Je préfère toujours lire avec Scaliger : ζωῆς ἀβίου. Cf. frg. 15 : τὸ δὴ βίοτον ϰαλέουσι.
  2. La personne apostrophée ici est toujours Pausanias, et celle qui parle Empédocle. Cf. frg. 111.
  3. En première ligne sans doute de Parménide.
  4. Il s’agit ici du sens du goût, non de la parole.
  5. Dans ses premières éditions, Zeller plaçait le point après νοῆσαι, ce qui donnait à peu près le sens opposé : « Refuse toute confiance aux sens du corps ; » mais il admet dans sa 5e (p. 804, n. 2), que le contexte est en faveur de Stein, qui ne met qu’une virgule après νοῆσαι, et joint ἄλλων avec γυίων. Ainsi aussi Diels. La paraphrase donnée par Sextus (R. P. ib.) est substantiellement exacte.
  6. Il n’y a pas de difficulté dans le διατμηθέντος des mss, si nous prenons λόγοιο dans le sens d’« argument » (cf. διαιρεῖν). Diels conjecture διασσηθέντος, et traduit : « nachdem ihre Rede durch deines Gelstes Sieb gedrungen ist. » Il ne me semble pas nécessaire non plus de lire χαρτά au lieu de χάρτα au premier vers.
  7. Les quatre éléments sont introduits sous des noms mythologiques, au sujet desquels voir plus loin p. 260, n. 3. Diels a certainement raison d’enlever la virgule après τέγγει, et de traduire : « Nestis quæ lacrimis suis laticem fundit mortalibus destinatum. »
  8. Ce passage est exactement modelé sur le catalogue des Nymphes dans l’Iliade, XVIII, 39 sqq. Chthoniè se trouve déjà dans Phérécyde (Diog. I, 119).
  9. J’ai gardé ἀλλόγνωτι, comme étant le plus voisin des mss, quoiqu’il soit un peu difficile à expliquer. Sur l’histoire postérieure du chilôn orphique, dans le langage imagé des gnostiques, voir Bernays, Theophr. Schr. n. 9. Ce chilôn fut identifié avec le vêtement de peaux que fit Dieu pour Adam.
  10. C’est là la meilleure μετοίϰησις (Acl. Nat. An. XII, 7).
  11. Les hommes de l’âge d’or.
  12. Les mss de Porphyre ont γραπτοὶς τε ζώοισι, texte accepté par Zeller et par Diels. La correction de Bernays (adoptée par R. P.), ne me convainc pas. Je me hasarde à suggérer μαϰτοῖς, en m’appuyant sur l’histoire racontée par Favorinus (Diog. VIII, 53) du sacrifice non sanglant offert par Empédocle à Olympie.