Fontaine aux Perles/14. Ange et diable

Fontaine aux Perles
Legrand et Crouzet (Tome IIIp. 100-106).
XIV
ANGE ET DIABLE


À part l’étrangeté du lieu, l’assemblée à laquelle nous assistons dans les flancs du rocher de Marlet, n’avait rien en elle-même d’effrayant ou de suspect. Carhoat était un beau vieillard, à la figure noble et patriarcale ; ses cheveux blancs lui étaient une parure. Les trois jeunes gens, malgré leur ivresse avancée, n’avaient point pris l’aspect débraillé de l’orgie. Ils étaient forts, et le vin ne les avait point encore vaincus complètement.

Leur mine était un mélange de joyeuseté rustique et d’orgueilleuse sauvagerie.

On eût pu prendre le vieillard avec sa peau de bique et les trois frères avec leurs costumes démodés, mais portés fièrement, pour des gentilshommes campagnards d’un autre siècle, attablés autour de la petite débauche de famille.

En Bretagne, le temps ne marche point si vite qu’ailleurs ; il semble s’arrêter en chemin et regarde volontiers en arrière. — Ces tableaux qui reculent le présent et apparaissent tout-à-coup comme des souvenirs de cinquante ans, n’y sont point rares.

On s’y résigne de bonne grâce à voir les heures boiter. Les modes y passent comme ailleurs, et aussi vite peut-être, mais pas au même moment. — Sous Louis XV, on y portait la barbe pointue des beaux jours de Mazarin, et, du temps de l’empire, un œil de poudre y était de fort bon goût.

Maintenant, vous y trouverez encore de respectables et entêtés cadogans qui ont séché sur tige et se sont conservés parfaitement depuis les premiers jours de la constituante.

Les étudiants seuls, dans les grandes villes, suivent le mouvement de très-près. Ils ont des barbes aussi puissantes, et des cheveux aussi mal peignés que les plus fauves étudiants de Paris.

Tant il est vrai que les belles-lettres et les sciences civilisent les contrées les plus ténébreuses !…

Le costume du chevalier de Briant était moins simple et plus moderne que celui de ses hôtes, mais les gens qui portent encore des cadogans, de nos jours, reçoivent des Français à moustaches, et ne ferment point leur porte aux lionceaux indigènes qui poussent la prétention fashionable jusqu’à laisser croître des ongles énormes au bout de leurs doigts rouges.

Les bonnes gens qui ont des petites queues sur la nuque appellent les dandys à longs cheveux, des jeunes France. — À ce terme de souverain mépris, les dandys répondent in petto par le nom de perruque ; — à l’aide de ceci, ils vivent en paix.

Quant à la physionomie et à la tournure, nous savons que monsieur le chevalier de Briant ne pouvait être déplacé nulle part. Il avait tenu son rang comme il faut dans le riche salon de Presmes. Ici, entre ces murailles nues et vis-à-vis de ses hôtes rustiques, il avait l’air d’un visiteur bienveillant qui sait s’accommoder du sans-façon de l’indigence.

Un regard indiscret, pénétrant dans la salle souterraine de Marlet n’eut donc point pu deviner au premier abord quel complot s’agitait entre les convives.

C’étaient des buveurs un peu trop intrépides, attardés à un dessert qui se prolongeait trop, voilà tout.

René de Carhoat, le plus jeune des fils du marquis, en se trouvant inopinément en face de ce spectacle, n’éprouva d’autre sentiment que la curiosité.

Il avança doucement sa tête blonde par l’ouverture de la porte, et regarda de tous ses yeux.

C’était la première fois que l’enfant pénétrait dans ces dépendances souterraines de la ferme de Marlet. Jusqu’alors, on lui en avait soigneusement caché l’existence.

Il était l’amour le plus cher de toute la famille. Par une sorte de pudeur qui survivait au cynisme de leur chute, le vieux Carhoat et ses fils avaient tâché de mettre un voile épais entre leurs débauches et les yeux purs de ce pauvre enfant qui grandissait, innocent de tout mal, dans cette demeure souillée.

Bien souvent l’orgie se faisait plus bruyante et plus folle dans le souterrain. Des femmes venues de Rennes étaient secrètement introduites, et alors c’étaient des chants sans fin, une ivresse frénétique et de brutales amours…

Mais il y avait plusieurs portes entre ces saturnales et le candide sommeil de l’enfant.

Il ne voyait rien ; — si près de la honte, son rêve s’embaumait d’adorations saintes et de virginale poésie.

Le vieux Carhoat avait été autrefois un bon chrétien, et le vice, transformant sa croyance en superstitions obscures, lui laissait le vague désir d’apaiser Dieu sans réformer sa vie.

Il se disait :

— Petit René sera prêtre : il fera de bonnes œuvres, et priera Dieu pour nous.

Et les trois frères, tournant cet espoir en raillerie répétaient souvent :

— Quoi que nous fassions, nous sommes sûrs de notre affaire… Nous aurons beau être plus noirs que le diable, petit René nous gardera une place à chacun dans le paradis…

Et, en vérité, si un ange avait le pouvoir de mettre sa sainte pureté comme un manteau de protection sur la faute d’autrui, René de Carhoat eût racheté les crimes de sa famille.

C’était un enfant naïf et bon comme Dieu les aime. Il n’y avait en son cœur que de l’amour. Sa vie était une prière et un chant.

La solitude avait mis de la tristesse dans son sourire ; mais c’était la tristesse suave, qui n’a derrière soi ni l’envie ni le remords.

Il était seul toujours. — Ses grands bois lui enseignaient leur austère poésie. — Il savait parler à Dieu le beau langage de l’enfant qui aime.

Car il aimait. Une céleste image était toujours parmi ses songes. Un chant adoré berçait son sommeil.

Où avait-il commencé d’aimer Bleuette ? Il ne savait. Savait-il qu’il l’aimait !

C’était un culte ignorant et pur, — de muettes extases : une adoration qui s’exhalait en prières émues et qui, avec elles, s’en allait vers Dieu.

Bleuette était bien belle ! son doux sourire restait tout au fond de l’âme de l’enfant, oui savait le retrouver, aux heures où l’on cherche au dedans de soi-même.

Ce sourire rayonnait quand l’enfant était heureux. Lorsqu’il se sentait triste, le sourire se voilait de tristesse.

Le matin, il allait, cherchant dans le bois les fleurs cachées, ou cueillant les sveltes bleuets des blés. — Il en tressait de belles couronnes pour les donner à Bleuette.

Mais quand les couronnes étaient tressées et que les fleurs se mariaient brillantes, René n’osait plus… — Il descendait au bord de la Vanvre et se couchait sur la rive entre les hautes herbes.

Son cœur se serrait. — Sans savoir, il effeuillait la couronne ; les pauvres fleurs détachées tombaient une à une dans le courant qui les emportait avec lenteur.

Et quand la dernière tombait, pour disparaître à son tour derrière le grand rocher de Marlet, l’œil de René, qui l’avait suivie, se mouillait d’une larme…

Puis, tout à coup, sa joue pâlie devenait rose, il se levait, prêtait l’oreille et s’élançait dans le taillis.

Que de joie ! que d’espoir sur son jeune visage, tout à coup épanoui !

C’est que le vent avait apporté à son oreille un son lointain, — une note de la chanson de Bleuette…

Note perdue, que lui seul eût pu saisir dans l’espace, et qui suffisait à inonder son cœur d’un flux de délices…

Il courait. La voix le guidait le long des coulées, et il s’arrêtait haletant, lorsqu’il n’y avait plus qu’un buisson à le séparer de la fille de Jean Tual.

Il la regardait. Ses grands yeux bleus reflétaient son cœur tout entier.

Il était à genoux sur le gazon, derrière les branches croisées… Il eût voulu voir ces instants croître et s’allonger à la durée d’une vie.

Pauvre enfant ! Ce chant qui l’appelait n’était point pour lui. Bleuette l’aimait, mais comme une sœur.

La complainte de Fontaine aux Perles, qui retentissait si souvent dans le taillis, était un signal. — Et René le savait.

Au loin, sous le couvert, la trompe de Hervé Gastel, le jeune sous-lieutenant de vénerie, disait quelques mots vifs et sonores…

Bleuette se levait à cet appel, et bondissait comme René avait bondi tout à l’heure dans les herbes.

Bleuette aimait le jeune veneur comme le pauvre René aimait Bleuette…

Il ne la suivait point cette fois. — Il écoutait son chant s’éloigner et répondre aux appels plus rapprochés du cor. — Son souffle s’étouffait dans sa poitrine.

Quand le chant cessait et que la trompe se taisait, René sentait au cœur une angoisse cuisante. — Il savait qu’en ce moment Hervé et Bleuette venaient de se rejoindre… — Il se couchait sur la mousse et il pleurait.

Mais il ne détestait point Hervé le veneur. Il souffrait et n’était point jaloux.

Les nuits lui rendaient souvent les émotions de ses journées, et ce chant de Bleuette, dont son cœur gardait un écho, venait l’appeler dans son sommeil.

Alors, il se levait endormi et parcourait les deux chambres de la ferme.

Lorsque la vieille Noton ou un de ses frères ne l’éveillaient pas assez vite pour le retenir, il ouvrait la porte de la ferme avec cette adresse particulière aux somnambules, et courait dans la campagne.

C’est pour cela que nous avons vu le vieux Carhoat interroger Noton Renard, chaque fois que celle-ci entrait dans la chambre souterraine, et lui demander des nouvelles du sommeil de l’enfant.

Mais Noton Renard était depuis longtemps couchée. Pendant qu’elle sommeillait sur son grabat, qui touchait au lit de René, celui-ci, entraîné par son rêve, s’était jeté hors de sa couche.

Le hasard avait dirigé son pas aveugle vers la petite porte située entre les deux lits à trois étages, et qui donnait entrée dans le souterrain.

Le jour, cette porte était continuellement close, et sa forte serrure défiait toute tentative. Mais cette nuit, l’orgie se prolongeant, la porte demeurait ouverte.

René la poussa et pénétra, toujours endormi, dans le couloir étroit et humide qui communiquait avec les salles souterraines.

Le froid vif et pénétrant de cette atmosphère nouvelle le saisit. Il s’éveilla au moment où il mettait le pied dans la salle de forme ronde où donnait le couloir.

Il jeta autour de lui ses regards stupéfaits.

Là, tout était nouveau, inconnu, inexplicable. — Il ne savait pas où il était…

La résine achevait de se consumer contre la muraille, et sa flamme crépitante jetait sur les objets une lueur inégale et douteuse.

René distingua vaguement les tonneaux, les armes, les habits, — mais son attention fut tout de suite éveillée par les voix qui partaient de la chambre voisine.

Il s’approcha doucement de la porte et l’entr’ouvrit. — Il reconnut son père, ses trois frères ; il reconnut Francin Renard qui sommeillait contre la muraille.

Ce spectacle était pour lui d’autant plus extraordinaire, qu’il ne savait pas comment il avait quitté son lit, quel chemin il avait fait et quelle distance le séparait de sa chambre.

Une irrésistible curiosité s’empara de lui. — Il écouta.

Le chevalier prononçait le nom inconnu de monsieur de Talhoët.

René, en ce premier moment, n’avait point entendu les paroles qui accompagnaient ce nom.

Carhoat et ses fils avaient l’air maintenant d’être, sans exception, parfaitement d’accord avec leur hôte. Laurent et Philippe s’étaient remis à boire.

Le chevalier reprit la parole :

— Je vous préviens, dit-il, pour votre gouverne, que Talhoët est un des plus rudes compagnons du pays de Vannes… Il n’ignore pas que le passage de la forêt présente bien quelques petits dangers, et que les loups à deux pattes s’y montrent encore parfois… Il sera armé jusqu’aux dents.

— Si ses armes sont bonnes, reprit Philippe, nous les lui prendrons.

Les yeux de René s’ouvraient, tendus démesurément ; sa joue rose se couvrait de pâleur. Il y avait sur son visage une mortelle épouvante.

— Soyez tranquille, Kérizat, reprit le vieux Carhoat. — Armé ou non, Talhoët aura du fil à retordre si les enfants mettent la main sur lui… le tout est de ne pas le manquer.

— Monsieur le chevalier, dit Laurent avec un reste de rancune, — voudra bien être des nôtres, j’en suis sûr, et faire le bois avec nous…

— Mon jeune monsieur, répondit Kérizat, je n’ai jamais compris qu’on pût rougir d’une pauvreté honorable… Je n’ai donc nulle peine à vous avouer que mon costume actuel est toute ma garde-robe… En cas de fâcheuse rencontre, je serais infailliblement reconnu.

— À cela ne tienne ! dit Philippe, nous vous donnerons un habit pareil aux nôtres, et un masque de loup. — Le chevalier ne crut point devoir hésiter.

— Eh bien ! mes chers compagnons, répliqua-t-il gaiement, — j’accepte la partie avec un vrai plaisir !… Il y a longtemps déjà que je ne me suis livré à ce genre d’espièglerie… Je suis bien aise de rajeunir mes impressions, et de me donner à la fois toutes les joies de la vie de campagne… Voyons, prenons nos mesures. Pour cette fois, M. le marquis, vous mènerez la chasse en personne.

— C’est cela ! dit Carhoat.

— C’est cela ! répétèrent les trois frères complètement remis en belle humeur.

Les verres s’emplirent ; on trinqua cordialement, comme de vieux amis qu’on était, en définitive…

Une lueur d’espérance naïve était dans les yeux bleus du petit René. Ces mots de chasse et cette bonne joie des convives le rassuraient.

Il se disait : — Mon père et mes frères sont si bons !…

Mais sa pâleur revint bientôt plus mate, et, dans ses grands yeux baissés, deux larmes roulèrent…

— Ce qu’il faut savoir au juste, reprenait en ce moment le vieux Carhoat, c’est la route qu’il suivra… Vient-il par Vitré ou Fougères ?

— Par Fougères, répondit le chevalier. — M. de Talhoët a des parents en Normandie qu’il aura voulu saluer au passage… Comptez qu’il passera par Saint-Aubin-du-Cormier.

— Alors, dit le vieillard, il faudra nous séparer en deux camps… Philippe, Laurent et Francin Renard se posteront devant la Fosse-aux-Loups… Le chevalier, Prégent et moi, nous nous cacherons aux environs de la croix de Mi-Forêt.

— M. de Talhoët nous passera les premiers, dit Philippe. — Faudra-t-il l’abattre de loin, ou l’aborder et lui laisser la chance de s’exécuter de bonne grâce ? — Le pauvre petit René tremblait derrière la porte, et se sentait défaillir.

— Ni l’un ni l’autre, répondit le vieux Carhoat — C’est le dernier rejeton d’une bonne souche et c’est un vrai Breton… Nous nous sommes battus ensemble comme il faut lors de la conspiration des princes… Si c’était un Français, je n’y verrais point d’inconvénient, mais les Bretons se font rares… Ne lui prenons que sa bourse ! — Kérizal approuva du geste. — Le vieux marquis poursuivit :

— Quand M. de Talhoët aura passé la Fosse-aux-Loups, vous nous enverrez Renard par la traverse, enfants, là-bas, à la croix de Mi-Forêt… en même temps vous le suivrez par derrière à distance convenable… Par ce moyen, le pauvre Talhoët, en arrivant à Mi-Forêt, sera pris entre deux feux et n’aura même pas l’idée de se défendre.

— Bravo ! s’écria Kérizat. — Ah ! diable, mon vieux camarade, je serais mal venu maintenant à vouloir vous donner des leçons !… mais votre raisonnement pèche par un point… nous aurons beau être six contre un, Talhoët se défendra, je vous en avertis… nous serions dix qu’il se défendrait encore… nous serions vingt qu’il ne s’en défendrait que mieux… Vous l’avez dit : c’est un Breton.

— Dame ! fit Laurent, s’il veut absolument se faire tuer…

— Ça le regarde, ajouta Philippe.

Prégent haussa les épaules et dit : Bah !

Kérizat et le vieux Carhoat firent le geste de Ponce-Pilate se lavant les mains de la mort de Jésus…

Petit René, immobile d’horreur, n’avait même plus la force de s’enfuir.

— Voici donc une affaire arrangée ! dit le chevalier. — Buvons à notre succès et parlons d’autre chose !

— On trinqua cordialement.

— À nous quatre, maintenant, mes jeunes messieurs ! reprit le chevalier, en s’adressant aux trois frères. — Nous sommes rivaux ; à présent que nous savons comment conquérir la belle comtesse, il convient de nous expliquer loyalement… Moi, d’abord, j’ai des droits acquis… Ne froncez pas le sourcil, messieurs de Carhoat ; votre père pourra vous dire que j’étais sur les rangs avec monsieur le comte de Landal et que ma partie, dès ce temps, n’était point trop désespérée.

— Qu’importe cela ! demanda Laurent brusquement.

— Vieille histoire ! dit Philippe.

Tous deux avaient perdu en même temps leur gaieté revenue et rouvraient leur esprit à des pensées hostiles.

Prégent seul gardait sa belle indifférence. — De temps à autre il haussait les épaules par manière d’acquit et disait : Bah ! pour fournir son contingent à la conversation.

— Vieille histoire tant que vous voudrez, reprit le chevalier ; — mais qui prouve, à tout le moins, que mes prétentions sont antérieures aux vôtres, et que ce n’est pas moi qui marche sur vos brisées.

Philippe but un grand verre d’eau-de-vie.

— Écoutez ! s’écria-t-il, Kérizat est un bon diable, mais un jour ou l’autre, il faudra bien que Carhoat le tue !

Le chevalier tressaillit involontairement.

— C’est clair comme le jour, reprit Philippe avec une onction d’homme ivre.

— Nous vous devons cela, chevalier, et nous vous le payerons… Voici ce que je propose, moi… enlevons d’abord la comtesse Anne, et puis nous tirerons au sort, Prégent, Laurent et moi, à qui tuera le chevalier.

Celui-ci avait eu le temps de se remettre, et appela sur ses lèvres un hautain sourire.

— Mon jeune monsieur, répondit-il, le jeu que vous proposez là est par trop à mon avantage… car je pense qu’il s’agit d’un duel et non point d’un assassinat.

— Assurément, assurément, répliquèrent à la fois Philippe et Laurent.

Prégent crut devoir entonner une chanson à boire.

Le vieux Carhoat essayait des paroles de conciliation, et sa honteuse faiblesse donnait un démenti frappant à l’énergie de son visage.

Ç’avait été un fier soldat autrefois, et son cœur vaillant répondait en ce temps à la loyauté de son visage.

Mais ses traits seuls étaient restés nobles et beaux. — Ils mentaient, puisque derrière eux, il n’y avait plus de cœur.

— Vrai Dieu ! mes jeunes messieurs, reprit Kérizat, avec vous comme avec d’autres, je serai toujours prêt à mettre au vent ma rapière… mais en considération de mon vieux compagnon que voici, je vous le répète, vis-à-vis de moi, c’est là un jeu de dupe.

— C’est ce qu’il faudra bien voir ! dirent Philippe et Laurent.

— Je vous propose un autre jeu, reprit le chevalier, et comme j’y suis encore trop fort pour vous, ce sera mon vieux camarade qui tiendra ma partie… Jouons la comtesse aux dés !…