Fantasio (Charpentier, 1888)/Notice

Charpentier (Œuvres complètes d’Alfred de Musset, tome III. Comédies, ip. 277-278).
◄  Acte II


L’année 1832 avait été attristée par deux fléaux, la guerre civile et le choléra. Pendant l’hiver suivant, la jeunesse parisienne se jeta dans les plaisirs avec une ardeur extraordinaire, comme il arrive souvent à la suite des grandes calamités publiques. C’est au souvenir des folies du carnaval que Fantasio a dû le jour. Alfred de Musset écrivit cette comédie vers la fin de 1833 peu de temps avant de partir pour l’Italie, dans un moment où il n’avait que des idées riantes, et même toutes les raisons du monde de se croire le plus heureux des hommes.

En 1851, lorsqu’il eut fait représenter les Caprices de Marianne, l’auteur eut quelque envie d’arranger aussi Fantasio pour la scène. Il y voulait introduire un élément nouveau, en donnant à entendre au spectateur que l’esprit et la gaieté de Fantasio produisaient une douce impression sur le cœur de la princesse. Dans cette intention, il pensait à transporter la jolie tirade sur le tableau du Coup de l’étrier dans une des conversations entre Fantasio et Elsbeth. La scène de la prison devenait un troisième acte, où la princesse mettait un peu d’insistance et de coquetterie à exiger de Fantasio la promesse qu’il reviendrait à la cour. On voyait ensuite arriver Spark, Hartman et Facio, résolus à prendre part, comme volontaires, à la guerre contre le prince de Mantoue. Fantasio refusait de les accompagner, et, après leur départ, il reprenait sa perruque et ses insignes de bouffon, pour aller se cacher dans le parterre où il avait rencontré la princesse. — Il est regrettable que l’auteur n’ait point donné suite à ce projet.