Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Vantard

Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Vantard.

Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 25r-26r).
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LE VANTARD


Un pentathle, à qui ses concitoyens reprochaient en toute occasion son manque de vigueur, s’en fut un jour à l’étranger. Au bout d’un certain temps il revint, et il allait se vantant d’avoir accompli mainte prouesse en différents pays, mais surtout d’avoir fait à Rhodes un saut tel qu’aucun athlète couronné aux jeux olympiques n’était capable d’en faire un pareil ; et il ajoutait qu’il produirait comme témoins de son exploit ceux qui s’étaient trouvés là, s’ils venaient jamais en son pays. Alors un des assistants prenant la parole lui dit : « Mais, mon ami, si c’est vrai, tu n’as pas besoin de témoins ; voici Rhodes ici même : fais le saut. »

Cette fable montre que lorsqu’on peut prouver une chose par des faits, tout ce qu’on en peut dire est superflu.