Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Naufragé et la Mer (bilingue)

Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Naufragé et la Mer.

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LE NAUFRAGÉ ET LA MER


Un naufragé, rejeté sur le rivage, s’était endormi de fatigue ; mais il ne tarda pas à s’éveiller, et, voyant la mer, il lui reprocha de séduire les hommes par son air tranquille ; puis, quand elle les a reçus sur ses eaux, de devenir sauvage et de les faire périr. La mer, ayant pris la forme d’une femme, lui dit : « Mais, mon ami, ce n’est pas à moi, c’est aux vents qu’il faut adresser tes reproches ; car moi, je suis naturellement telle que tu me vois à présent : ce sont les vents qui, tombant sur moi à l’improviste, me soulèvent et me rendent sauvage. »

De même nous ne devons pas rendre responsable l’auteur d’une injustice, quand il agit sur les ordres d’autrui, mais bien ceux qui ont autorité sur lui.

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Ναυαγὸς καὶ θάλασσα.

Ναυαγὸς ἐκβρασθεὶς εἰς τὸν αἰγιαλὸν ἐκοιμᾶτο διὰ τὸν κόπον· μετὰ μικρὸν δὲ ἐξαναστάς, ὡς ἐθεάσατο τὴν θάλασσαν, ἐμέμφετο αὐτῇ ὅτι γε δελεάζουσα τοὺς ἀνθρώπους τῇ πραότητι τῆς συνόψεως, ἡνίκα ἂν αὐτοὺς προσδέξηται, ἀπαγριουμένη διαφθείρει. Ἡ δὲ ὁμοιωθεῖσα γυναικὶ ἔφη πρὸς αὐτόν· « Ἀλλ᾿, ὦ οὗτος, μὴ ἐμὲ μέμφου, ἀλλὰ τοὺς ἀνέμους· ἐγὼ μὲν γὰρ φύσει τοιαύτη εἰμὶ ὁποίαν καὶ νῦν με ὁρᾷς· οἱ δὲ αἰφνίδιόν με ἐπέρχονται καὶ κυματοῦσι καὶ ἐξαγριοῦσιν. »

Ἀτὰρ οὖν καὶ ἡμᾶς ἐπὶ τῶν ἀδικημάτων οὐ δεῖ τοὺς