Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Laboureur et le Serpent qui lui avait tué son fils

Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Laboureur et le Serpent qui lui avait tué son fils.

Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 38r-39r).
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LE LABOUREUR ET LE SERPENT QUI LUI AVAIT TUÉ SON FILS


Un serpent, s’étant approché en rampant de l’enfant d’un laboureur, l’avait tué. Le laboureur en ressentit une terrible douleur ; aussi, prenant une hache, il alla se mettre aux aguets près du trou du serpent, prêt à le frapper, aussitôt qu’il sortirait. Le serpent ayant passé la tête dehors, le laboureur abattit sa hache, mais le manqua et fendit en deux le roc voisin. Dans la suite craignant la vengeance du serpent, il l’engagea à se réconcilier avec lui ; mais le serpent répondit : « Nous ne pouvons plus nourrir de bons sentiments, ni moi pour toi, quand je vois l’entaille du rocher, ni toi pour moi, quand tu regardes le tombeau de ton enfant. »

Cette fable montre que les grandes haines ne se prêtent guère à des réconciliations.