Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Cheval, le Bœuf, le Chien et l’Homme (bilingue)

Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Cheval, le Bœuf, le Chien et l’Homme.

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LE CHEVAL, LE BŒUF, LE CHIEN ET L’HOMME.


Quand Zeus créa l’homme, il ne lui accorda qu’une courte existence. Mais l’homme, tirant parti de son intelligence, quand vint l’hiver, se bâtit une maison et y vécut. Or un jour le froid étant devenu violent et la pluie s’étant mise à tomber, le cheval, ne pouvant y durer, vint en courant chez l’homme et lui demanda de l’abriter. Mais l’homme déclara qu’il ne le ferait qu’à une condition, c’est que le cheval lui donnerait une partie des années qui lui étaient départies. Le cheval en fit l’abandon volontiers. Peu après le bœuf aussi se présenta : lui non plus ne pouvait soutenir le mauvais temps. L’homme répondit de même qu’il ne le recevrait pas, s’il ne lui donnait un certain nombre de ses propres années ; le bœuf en donna une partie et fut admis. Enfin le chien mourant de froid vint aussi, et, en cédant une partie du temps qu’il avait à vivre, il obtint un abri. Voici ce qui en est résulté : quand les hommes accomplissent le temps que leur a donné Zeus, ils sont purs et bons ; quand ils arrivent aux années qu’ils tiennent du cheval, ils sont glorieux et hautains ; quand ils en sont aux années du bœuf, ils s’entendent à commander ; mais quand ils achèvent leur existence, le temps du chien, ils deviennent irascibles et grondeurs.

On pourrait appliquer cette fable à un vieillard colère et morose.

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Ἵππος καὶ βοῦς καὶ κύων καὶ ἄνθρωπος.


Ζεὺς ἄνθρωπον ποιήσας ὀλιγοχρόνιον αὐτὸν ἐποίησεν. Ὁ δὲ τῇ ἑαυτοῦ συνέσει χρώμενος, ὅτε ἐνίστατο ὁ χειμών, οἶκον ἑαυτῷ κατεσκεύαζε καὶ ἐνταῦθα διέτριβε. Καὶ δή ποτε σφοδροῦ κρύους γενομένου, καὶ τοῦ Διὸς ὕοντος, ἵππος ἀντέχειν μὴ δυνάμενος ἧκε δρομαῖος πρὸς τὸν ἄνθρωπον, καὶ τούτου ἐδεήθη ὅπως σκέπῃ αὐτόν. Ὁ δ᾿ οὐκ ἄλλως ἔφη τοῦτο ποιήσειν, ἐὰν μὴ τῶν οἰκείων ἐτῶν μέρος αὐτῷ δῷ. Τοῦ δὲ ἀσμένως παραχωρήσαντος, παρεγένετο μετ᾿ οὐ πολὺ καὶ βοῦς, οὐδ᾿ αὐτὸς δυνάμενος ὑπομένειν τὸν χειμῶνα. Ὁμοίως δὲ τοῦ ἀνθρώπου μὴ πρότερον ὑποδέξεσθαι φάσκοντος, ἐὰν μὴ τῶν ἰδίων ἐτῶν ἀριθμόν τινα παράσχῃ, καὶ αὐτὸς μέρος δοὺς ὑπεδέχθη. Τὸ δὲ τελευταῖον κύων ψύχει διαφθειρόμενος ἧκε, καὶ τοῦ ἰδίου χρόνου μέρος ἀπονείμας σκέπης ἔτυχε. Οὕτω τε συνέβη τοὺς ἀνθρώπους, ὅταν μὲν ἐν τῷ τοῦ Διὸς χρόνῳ γένωνται, ἀκεραίους τε καὶ ἀγαθοὺς εἶναι· ὅταν δὲ εἰς τὰ τοῦ ἵππου ἔτη γένωνται, ἀλάζονάς τε καὶ ὑψαύχενας εἶναι· ἀφικνουμένους δὲ εἰς τὰ τοῦ βοὸς ἔτη, ἀρχικοὺς ὑπάρχειν· τοὺς δὲ τὸν τοῦ κυνὸς χρόνον ἀνύοντας ὀργίλους καὶ ὑλακτικοὺς γίνεσθαι.

Τούτῳ τῷ λόγῳ χρήσαιτο ἄν τις πρὸς πρεσβύτην θυμώδη καὶ δύστροπον.