Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/Le Berger mauvais plaisant (bilingue)

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LE BERGER MAUVAIS PLAISANT


Un berger, qui menait son troupeau assez loin du village, se livrait constamment à la plaisanterie que voici. Il appelait les habitants du village à son secours, en criant que les loups attaquaient ses moutons. Deux ou trois fois les gens du village s’effrayèrent et sortirent précipitamment, puis ils s’en retournèrent mystifiés. Mais à la fin il arriva que des loups se présentèrent réellement. Tandis qu’ils saccageaient le troupeau, le berger appelait au secours les villageois ; mais ceux-ci, s’imaginant qu’il plaisantait comme d’habitude, se soucièrent peu de lui. Il arriva ainsi qu’il perdit ses moutons.

Cette fable montre que les menteurs ne gagnent qu’une chose, c’est de n’être pas crus, même lorsqu’ils disent la vérité.

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Ποιμὴν παίζων.

Ποιμὴν ἐξελαύνων αὐτοῦ τὴν ποίμνην ἀπό τινος κώμης πορρωτέρω, διετέλει τοιαύτῃ παιδιᾷ χρώμενος· ἐπιϐοώμενος γὰρ τοὺς κωμήτας ἐπὶ βοήθειαν, ἔλεγεν ὡς λύκοι τοῖς προϐάτοις ἐπῆλθον. Δὶς δὲ καὶ τρὶς τῶν ἐκ τῆς κώμης ἐκπλαγέντων καὶ ἐκπηδησάντων, εἶτα μετὰ γέλωτος ἀπαλλαγέντων, συνέϐη τὸ τελευταῖον τῇ ἀληθείᾳ λύκους ἐπελθεῖν. Ἀποτεμνομένων δὲ αὐτῶν τὴν ποίμνην καὶ τοῦ ποιμένος ἐπὶ βοηθείᾳ τοὺς κωμήτας ἐπικαλουμένου, ἐκεινοῖ ὑπολαϐόντες αὐτὸν παίζειν κατὰ τὸ ἔθος, ἧττον ἐφρόντιζον· καὶ οὕτως αὐτῷ συνέϐη τῶν προϐάτων στερηθῆναι.

Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι τοῦτο κερδαίνουσιν οἱ ψευδολόγοι τὸ μηδὲ ὅταν ἀληθεύωσι, πιστεύεσθαι.