Mercure de France (p. 97-98).

XLVIII

Tous les chemins mènent à Rome.


Argument invincible en faveur de la rotondité de notre planète. S’il y avait un chemin qui ne menât pas à Rome je crois bien qu’il aurait la préférence, car enfin, Rome, c’est le Pape, n’est-ce pas ? Seulement il n’y en a point. Tous les chemins imaginables sont aiguillés sur Rome. Impossible d’échapper à ce terminus.

Par bonheur, on n’est pas forcé d’aller jusqu’au bout. Il y a la ressource de s’arrêter à un embranchement et d’enfiler un autre chemin qui mènera, lui aussi, à Rome, infailliblement, mais en passant par les Îles de la Société ou le Cap Nord, ce qui éloignera le danger. On pourra même voyager ainsi toute la vie et quadriller circulairement la planète autour du Pape immobile, sans inconvénient.

J’offre ce conseil aux touristes du meuble et de la charpente qui voudront se donner un peu d’agrément avec leurs épouses, dans la saison morte.