Expédition géographique du capitaine Ross


EXPÉDITION GÉOGRAPHIQUE DU CAPITAINE ROSS.

— On commence en Angleterre à avoir les plus vives inquiétudes sur le sort du brave capitaine Ross, qui est parti, il y a trois ans, pour chercher un passage au nord-ouest. S’il a succombé dans l’entreprise, ce malheur sera d’autant plus à déplorer, qu’il aura péri victime d’une misérable cabale. Ross échoua dans le projet qu’il avait formé d’explorer le détroit de Lancaster, par un de ces accidens qui fussent arrivés à tout autre aussi bien qu’à lui. Ses accusateurs eux-mêmes furent cause de sa méprise. Se trouvant à la hauteur présumée de ce détroit, il envoya dire aux géographes de l’expédition de se rendre sur le pont pour examiner la côte, et voir s’il ne conviendrait pas de s’en approcher pour chercher l’ouverture en question. Ces messieurs (le capitaine Sabine était du nombre) qui jouaient en ce moment aux échecs, ne voulant point interrompre leur partie, lui firent répondre qu’ils avaient déjà observé la côte, et n’y avaient reconnu aucune ouverture. Ross, confiant dans cette déclaration dont rien d’ailleurs ne pouvait lui faire suspecter l’exactitude, continua sa route. Les géographes persistèrent dans leur opinion jusqu’à l’arrivée de l’expédition à Orkney. Là, le capitaine Sabine ayant lu, dans un journal, un article signé de M. Barrow, dans lequel ce dernier assurait qu’à la latitude où Ross les avait consultés, il existait véritablement une ouverture, ils changèrent tout-à-coup d’avis et gourmandèrent le capitaine de ce qu’il avait passé outre sans vérifier le fait. Ross eut peine à contenir son indignation, mais il n’en fut plus maître lorsque, à son retour en Angleterre, il apprit qu’un passage venait d’être découvert à l’endroit où, sur l’assurance des géographes, il avait déclaré qu’il n’en existait pas. Décidé à réparer son erreur, il fit construire à ses frais un bâtiment à vapeur, à bord duquel il partit, accompagné de son fils et d’un petit nombre d’intrépides marins, avec l’intention de pénétrer dans l’entrée du Prince-Régent, par le détroit de la Furie et de l’Hécla, en longeant la côte septentrionale de l’Amérique, et gagner de là le Kamtschatka par le détroit de Behring. Toutefois, depuis son arrivée dans l’entrée du Prince-Régent, on n’a point reçu de ses nouvelles ; et l’on a acquis la certitude qu’il a échoué dans sa hasardeuse entreprise. L’on craint qu’il n’ait manqué des ressources nécessaires pour passer trois hivers dans ces régions glaciales, et qu’il n’ait fini par succomber avec ses braves compagnons de voyage. Ross espérait, à l’aide d’un bateau à vapeur, parvenir plus facilement et en moins de temps à vaincre les difficultés de ces mers, et comme il a été évidemment déçu dans son espoir, l’on présume, ou qu’il est enfermé par les glaces, ou qu’il a été jeté sur quelque côte inhospitalière de la mer Arctique.

Le gouvernement d’Angleterre avait d’abord eu l’idée d’envoyer un ou deux navires à la recherche de cette expédition, mais il paraît avoir depuis renoncé à ce projet. Les journaux anglais invitent les capitaines des bâtimens baleiniers qui se rendent à la pêche sur la côte nord-est de l’Amérique à faire tous leurs efforts pour découvrir quelque trace de ces aventureux explorateurs, et à leur porter secours. Nous ne pouvons qu’adresser la même recommandation à ceux de nos compatriotes qui fréquentent ces parages.

— Le tableau suivant, présenté au parlement d’Angleterre, en 1832, indique le nombre d’individus qui ont émigré de la Grande-Bretagne et de l’Irlande, à l’Amérique du Nord, pendant les quatre dernières années.

En 1828,
aux États-Unis 
12,817
Idem.
aux colonies anglaises de l’Amérique septentrionale 
12,081
En 1829,
aux États-Unis 
15,678
Idem.
aux colonies anglaises de l’Amérique septentrionale 
13,307
En 1830,
aux États-Unis 
24,887
Idem.
aux colonies anglaises de l’Amérique septentrionale 
30,574
En 1831,
depuis le 1er janv. jusqu’au 5 juil. aux États-Unis 
15,724
aux colonies anglaises de l’Amérique septentrionale 
39,383
Totaux 95,345 69,106


— Suivant les dernières nouvelles de Buenos-Ayres, un bâtiment allait mettre à la voile de cette capitale avec un chargement pour un port du Paraguay, appelé Nembucée. Aussitôt qu’un vaisseau y arrive, le premier soin du capitaine, doit être d’en informer le dictateur, et de lui adresser l’état des marchandises qu’il a à bord, pour qu’il choisisse les articles qui lui conviennent. Il devra néanmoins se bien garder d’en fixer le prix, car pareille incivilité pourrait lui coûter cher. Le docteur Francia lui envoie en retour de la matta, du tabac et des peaux écrues, qu’on est obligé d’embarquer sur-le-champ. En général, le dictateur se montre très libéral dans ses échanges.