Examen critique de la soi-disant réfutation/14

XIV


Ces mêmes auteurs n’ignoraient pas le magnifique témoignage donné par Sa Sainteté le Pape Grégoire xvi, d’illustre mémoire, dans lequel le Saint Père se plaît à reconnaître les éminents services rendus à la Religion par la maison Saint Sulpice, la recommandant par les termes les plus forts et les plus chaleureux, à l’Évêque de Montréal ; témoignage qui a d’autant plus de poids et de signification, qu’il suivait immédiatement les faits qui font l’objet de ces mémoires, et dont on ne cesse de charger les membres composant aujourd’hui, c’est-à-dire cinquante ans après les dits faits, le Séminaire de St.-Sulpice de Montréal.

Pour éluder la force de ce témoignage on a bien osé dire, qu’il avait été extorqué au Saint-Père à force d’importunités, et accordé par lui au Séminaire, ad duritiam cordis, pour le satisfaire à toute force et que partant, le Séminaire ne pouvait pas beaucoup s’en prévaloir aujourd’hui : comme s’il n’avait pas au contraire, d’autant plus de poids, qu’il était plus voisin des événements qui sont à peu près tout ce qu’on peut trouver de griefs, à opposer au Séminaire. Et quelle bonne foi de publier en ce moment de nouveau et sous différentes formes, ces mémoires anciens sans en mentionner les réfutations, ni tenir non plus le moindre compte du témoignage dont on vient de parler, autrement que pour travailler à l’énerver ?

On sait bien par exemple, qu’entr’autres vérités énoncées dans quelqu’un de ces mémoires[1], il est dit quelque part : « Que si la Maison de Montréal, n’avait pas ses grands biens, les prêtres français ne seraient pas si empressés d’aller au Canada, malgré l’Évêque diocésain. » — Ceci évidemment doit être une vérité, et doit l’être toujours ! C’est nécessairement le motif toujours vrai, qui attire hors de chez eux, loin de leurs familles, les prêtres français qui s’expatrient ; il ne peut pas y en avoir d’autres raisons, il n’y en aura jamais, c’est écrit d’avance, il faut qu’il en soit ainsi… Passons !…

Si M. Dessaulles, reproche à l’auteur de la Comédie de flétrir publiquement des prêtres honorés de l’estime de tous, — M. L. e. l. r., répond que c’est complètement faux ; que si ces Messieurs sont flétris, ils ne doivent accuser qu’eux-mêmes, car enfin la Comédie ne renferment rien autre chose à leur charge que leurs propres actes… — Elle renferme toutes les inventions des démons — actes ramassés — belle expression ! — là où chacun pouvait les prendre, dans le domaine public. Fausseté impudente ! vous le savez bien, M. Luigi, qu’ils n’ont été tirés que d’écrits privés, soigneusement soustraits au domaine public, gardés sous clef pendant un demi-siècle et dont la divulgation aujourd’hui, avec le secret sur les écrits du temps qui les réfutent, constitue une honteuse et directe violation de l’honneur. Et qui assurerait le public qu’ils soient restés et publiés intègres ? Quand on soustrait la défense, n’est-on pas capable de falsifier l’accusation ?

M. L., e. l. r., ajoute : Qu’il était juste, même nécessaire que, dans un débat, qui a ému la majeure partie du pays par la seule indiscrétion des MM. de St. Sulpice, quelqu’un prit la défense de Mgr . et fit envisager les faits sous leur vrai jour. Autant de faussetés que de mots. — En effet n’est-il pas évident que toute indiscrétion n’a pu venir que de ces Messieurs, eux qui n’ont jamais rien écrit, rien publié pour le public ? dont on cache soigneusement les défenses ; et qu’il fallait que quelqu’un prit celle de Mgr . de Montréal, évidemment attaqué par eux, et cela par le moyen honnête et surtout très innocent d’une Comédie Infernale : le tout pour faire voir les faits sous leur vrai jour (p. 82) ?…

Page 83. — Pauvres prêtres du Séminaire, tombés sans doute pour vous relever, M. L., e. l. r., vous fait la faveur de ne pas vous mettre absolument au rang de Judas ! ! !… — Et encore ces Messieurs ne sont pas des prêtres véritablement en révolte contre leur évêque et dignes d’interdit ; ils ne lui ont que refusé, relativement à eux, illusionnés par de dangereuses doctrines qu’ils ont pu croire — ces bons Messieurs ! — exemples d’erreur, l’exercice de toute sa juridiction. — Où et quand s’il vous plaît, M. L. e. l. r., ?

Mgr . de Montréal, reconnaissant que ces prêtres valaient infiniment mieux que plusieurs de leurs idées, a pu et même dû leur donner des éloges quand ils opéraient le bien, — Peut-être quelquefois, de temps en temps, probablement ! — les qualifier même de prêtres saints et zélés… — Ce qui ne veut nullement dire qu’ils le soient ! — …tout en travaillant patiemment et paternellement — (Caresses de famille !) — à les débarrasser du funeste bagage… — (D’idées) qu’ils portaient. Voudrait-on, que la charité ne fut qu’un vain mot (p. 83) ? — Oh ! non ! Mes Charitables !

Page 84. — Ces Messieurs auraient eu de la peine à se débarrasser d’eux-mêmes… Mgr . de Montréal en véritable évêque qu’il est, — Sans Doute ! — a compris cela ;Parfaitement ! — Il n’a rien voulu brusquer ;Non ! — mais il a usé d’une grande douceurGrande ! — et de beaucoup de longanimitéBeaucoup ! — à l’égard des MM. de St. Sulpice, sachant encore une fois… — Que vous êtes bon, M. L. e. l. r., de le dire deux fois ! — qu’il n’avait point affaire à de vrais coupables. — Pas sur, car St. Pierre au moment où vous le prenez pour les lui comparer, le fut passablement !… (p. 83), — Mais à des fils trop pleins, sans le soupçonner, — (Que de bonté, M. L. e. l. r. !) de leurs propres manières de voir. Parfois lorsque leur résistance, a pris des proportions qui la rendaient intolérable. — (Peccadille ! Mais toujours où et quand donc ?…) il a fallu leur ouvrir les yeux… — Quoi de plus juste ? —

Les écrivains catholiques s’ils disent parfois des choses peu agréables aux prêtres et aux évêques… — MM. les écrivains catholiques ont une étonnante juridiction ; jusqu’aux évêques qui sont de leur ressort, et doivent accepter avec humilité, leurs corrections : ce sont parfois de jeunes écervelés de dix huit ans ! — ils le font uniquement par devoir. — Par mission d’en haut sans doute ? Voyez cependant la tournure qu’ont prise parfois quelques uns de ces Messieurs, les plus choyés par la Société des dits ?… — tâchant toujours, en obéissant à leur conscience, — (Si timorée !) — de ne blesser en rien les plus strictes convenances ; — Travestir seulement, les Prêtres du Séminaire en démons !… rien qui sorte des lois de la plus stricte convenance ! — ils n’ont pour but que d’avertir ceux qu’ils aiment de toute leur âme… — Ce dernier trait est digne de couronner toute la pièce. S’il faut, Messieurs, qu’être transformés en démons, soit une preuve de votre suprême tendresse, volontiers on peut vous en faire grâce, mais du reste en ce cas, que ferait donc votre haine ?  ?  ?…

Vous voudriez enfin amener ces Messieurs, insensiblement, non-seulement à briller d’un vif éclat dans le temple du Seigneur, mais à en être les colonnes vivantes. — Ces Messieurs, pourraient très-bien vous répondre : Merci, Messieurs, de vos souhaits ; nous savons de quels cœurs ils partent !

Vous répétez, en finissant ce beau chapitre, que vos reproches et vos attaques contre les prêtres et les évêques, ne sont au fond que de charitables avertissements… — Prenez pour vous ces mots que vous adressez à M. Dessaulles, (p. 85) : Hypocrite ! oui, il faut que vous soyez pris de vertige pour voir les choses de cette façon !

  1. Mémoire de Mgr . Provencher, page 3.