Essais concernant le Philanthropin : premier essai

Essais concernant le Philanthropin : premier essai
Th. Theile’s Buchhandlung (p. 80-82).

Dessau 1776.


Premier numéro des Archives philanthropinistes communiquées par une confrérie d’amis de la jeunesse aux tuteurs de l’humanité, surtout à ceux qui souhaiter commencer une réforme scolaire, ainsi qu’aux pères et aux mères qui souhaitent envoyer leurs enfants aux Philanthropin de Dessau.

Jamais sans doute n’a été faite au genre humain une réclamation plus fondée, et jamais n’a été offert un intérêt désintéressé si grand et se propageant, comme cela se passe ici avec M. Basedow, qui s’est consacré solennellement par sa glorieuse contribution au salut et à l’amélioration de l’homme. Ce que de bonnes et de mauvaises têtes ont couvé durant des centaines d’années, mais qui serait resté du domaine des vœux pieux pour des centaines d’années encore sans le zèle ardent et persévérant d’un seul homme alerte et vif - à savoir l’authentique établissement d’éducation approprié non seulement à toutes les fins civiles, mais aussi à celles de la nature - se tient maintenant vraiment là avec ses rapides effets inattendus et en appelle à l’aide d'autrui pour s'étendre sous sa forme actuelle, se disséminer en d'autres pays et perpétuer son espèce. Ce qui est seulement le développement des dispositions naturelles reposant en l’humanité a donc un trait commun de caractère avec l’universelle mère Nature : elle ne laisse pas s’épuiser sa semence, mais se multiplie elle-même et sauvegarde sa semence. À chaque membre de la République, à chaque citoyen du monde à lui tout seul il importe infiniment d’apprendre à connaître un établissement qui soulève un tout nouvel ordre des affaires humaines (on peut se renseigner sur lui dans cette Archive et dans l’écrit de Basedow : Fur Kosmopoliten Etwas zu lesen etc. etc.), et quand il se sera étendu, ce dernier doit donner naissance à une si grande et si large réforme regardant non seulement la vie privée, mais encore la civilité, que l’on pourrait difficilement l’imaginer d’un rapide coup d’œil. Pour cette raison c’est aussi le travail propre de chaque ami de l’homme, autant qu’il est en lui, de cultiver avec soin, de protéger ces germes encore délicats ou au moins de le recommander inlassablement à la protection de ceux qui associent une bonne volonté avec la capacité à faire le Bien ; car quand un jour il sera arrivé à un développement complet, comme l’heureux début le laisse espérer, ses fruits se propageront bientôt dans tous les pays et jusqu’ au dernier descendant. A cet égard le 13 mai est un jour important. En ce jour un homme qui connaît son affaire invite les hommes les plus érudits et reconnus de la ville voisine et de l’Université à voir ce dont ils pourraient difficilement être convaincus par des simples récits. Le bien a un pouvoir irrésistible quand on l'a sous les yeux. La voix de méritants et certifiés députés de l’humanité (dont nous espérons un bon nombre à ce congrès) devrait nécessairement attirer l’attention européenne sur ce qui la concerne de si près, et l’amener à une active participation à un tel établissement d’utilité publique. Dès à présent cela doit déjà produire en chaque philanthrope le plus grand plaisir et le non moindre charmant espoir de suivre un si noble exemple d'apprendre (comme il était déclaré dans le dernier journal) que le Philanthropin est assuré de perdurer grâce à l'aide importante d'une noble main. En de telles circonstances il faut ne pas douter non plus que de toutes parts des pensionnaires devraient en plus se dépêcher [de venir] pour s’assurer des places en cet établissement qui pourrait peut-être bientôt en manquer ; mais ce qui tient le plus ardemment aux cœurs de ceux qui souhaitent une rapide propagation du bien, à savoir l’expédition de candidats vers Dessau pour s’instruire et s’exercer dans l’art de l’éducation philanthropinique, ce seul moyen d’avoir de bons écoliers partout en peu de temps semble particulièrement requérir une attention immédiate et l' aide généreuse de bienfaiteurs fortunés. Dans l'attente que ce vœu se réalise bientôt, il doit être recommandé à tous les enseignants non seulement dans le privé mais aussi dans l’instruction scolaire publique de se servir de l’écrit de Basedow et de ses livres scolaires publiés, non seulement pour sa propre information, mais aussi le dernier pour l’exercice des jeunes gens qu'ils ont en charge, et ainsi faire dès maintenant leur instruction philanthropique autant qu'il est possible pour l'instant. En vente à la librairie Kanter au prix de 15 gr[oschen].