Essais concernant le Philanthropin : deuxième essai

Essais concernant le Philanthropin : deuxième essai
Th. Theile’s Buchhandlung (p. 82-86).

À la République .


Il ne manque pas dans les pays civilisés de l’Europe d’établissements d’éducation, pas plus que de zèle bien intentionné des maîtres à être au service de tout le monde en cette matière, et cependant il est bien aujourd’hui clairement démontré qu’ils ont ous été abîmés à l'origine, et, parce que tout en eux travaille contre la nature, le bien à qui la nature a donné la prédisposition est loin d'être extrait de l'être humain, et cela parce que nous, créatures animales, sommes faites hommes seulement par la culture, nous verrions sous peu des hommes très différents autour de nous si cette méthode d’éducation venait à être d’usage de façon générale, qui est tirée de la nature elle-même et n’a pas été imitée servilement d'après de vieilles habitudes et des époques inexpérimentées.

Mais c’est en vain que l’on attendrait le salut du genre humain d’une progressive amélioration des écoles. Il faut que les écoles soient entièrement reconstituées, si l’on veut espérer en voir sortir quelque chose de bon : c’est en effet qu’elles sont défectueuses dans leur organisation première et que les maîtres eux-mêmes ont besoin de recevoir une nouvelle culture. Ce n’est pas une lente réforme, mais seulement une rapide révolution qui peut opérer ce changement. Pour cela il ne faut rien de plus qu’une seule école qui serait selon une authentique méthode réorganisée de fond en comble, remaniée par des hommes éclairés avec un zèle non pas intéressé mais noble, et observée et jugée pendant son progrès vers la perfection par l’œil attentif des connaisseurs de tous les pays, mais aussi serait soutenue et entretenue par la contribution réunie de tous les amis de l’homme jusqu’à l’atteinte de son achèvement.

Une telle école n’est pas seulement pour ceux qu’elle élève mais ce qui est infiniment plus important, à travers eux, elle leur donne l’occasion de former peu à peu des enseignants en grand nombre chez elle d’après la véritable méthode d’éducation, une graine qui peut, au moyen de soins consciencieux, produire une multitude d’enseignants bien instruits en peu de temps, qui couvriraient bientôt un pays tout entier avec de bonnes écoles.

Les efforts des êtres communs de tous les pays devraient désormais d’abord porter sur ceci : aider par tous les moyens une telle école, contribuer au complet achèvement prochain pour lequel elle contient déjà en elle-même les sources. Car on doit vouloir imiter son installation et sa construction tout de suite dans les autres pays, tandis que retarder celle-la même qui doit devenir le premier exemple abouti et l’école-mère d'une bonne éducation dans ses progrès vers l’accomplissement à cause de manques de fonds et d'obstacles, revient au même que semer la semence avant maturité, et récolter plus tard de la mauvaise herbe.

Une telle institution d’éducation n’est plus seulement maintenant une belle idée, mais se montre avec la preuve tangible de sa faisabilité, qui depuis longtemps aura été souhaitée, avec des preuves effectives et tangibles. C'est certainement un phénomène de notre époque qui, bien que surveillée par des yeux ordinaires, doit être beaucoup plus importante aux yeux de chaque spectateur s’informant et participant au bien de l’humanité que le brillant néant sur le théâtre toujours variable du vaste monde, qui, s'il ne fait pas reculer le bien de l'humanité, ne le fait pas avancer d’un cheveu.

L’appel public et surtout les voix unies de connaisseurs zélés et intelligents de différents pays ont déjà porté à la connaissance des lecteurs de ce journal l'institut d’éducation de Dessau (Philanthropin) comme le seul qui porte ces marques d’excellence, parmi lesquelles, et ce n’est pas la moindre, qu’il se débarrassera par lui-même naturellement des défauts qui porraient s'y attacher aux commencements. Les attaques contre lui, qui se manifestent ici ou là, et de temps à autres les pamphlets (dont un auquel, à savoir celui de Mangelsdorf, il a été répondu récemment par M. Basedow avec la dignité caractéristique de l’honnêteté) sont des techniques si habituelles de la manie de trouver à redire à tout et de vieilles traditions se maintenant sur leur fumier, qu’une paisible indifférence à l’égard de ce genre d’hommes, qui à tout ce qui s’annonce comme bon et noble, lancent à tout moment de hargneux regards, devrait au contraire éveiller plusieurs soupçons, un bien se révoltant contre leur médiocrité.

L’occasion est maintenant offerte de prêter assistance (qui individuellement peut être petite, mais par le nombre peut devenir importante) à cet Institut , qui est dédié à l'humanité, et ainsi à la participation de chaque citoyen du monde se consacrent. Voudrait-on fatiguer sa puissance d’invention pour découvrir une occasion par laquelle pourrait faire avancer par une petite contribution le bien le plus grand possible, le plus durable et général, alors ce devrait être celle-ci, où la semence du bien même peut être cultivée et nourrie, afin qu’elle puisse avec le temps être propagée et se perpétuer elle-même.

Suivant ces conceptions et les bons avis que nous nous faisons du nombre de personnes pensant du bien de notre République, nous nous référons au 21ème numéro de ce Gelehrten und politischen Zeitung et son supplément et prévoyons de nombreux paiements anticipés : de tous les messieurs des bureaux religieux et scolaires, de parents en général, pour qui ce qui sert à une meilleure éducation de leurs enfants peut ne pas être sans intérêt, et voire de ceux qui, s’ils n’ont pas déjà d’enfants, enfants ont reçu une éducation et justement pour cela reconnaissent l’obligation, sinon de contribuer à la multiplication, du moins de contribuer à la formation des hommes.

DEs souscriptions pour la publication mensuelle de l’Institut d’éducation de Dessau, sous le titre Entretiens pédagogiques, sont maintenant acceptées pour deux reichthalers dix groschen de notre monnaie. Mais parce que le nombre de feuilles en fin d'année est encore indéterminé quelque versement complémentaire pourrait être demandé, il serait peut-être mieux (mais cela est laissé libre à la guise de chacun) de consacrer à l’avancement de ce travail un ducat, dont l’excédent sera ensuite remboursé à chaque personne qui le réclamerait. Car l’Institut pensé nourrit l’espoir qu’il y ait beaucoup de personnes ayant des pensées nobles dans tous les pays, qui vont de bonne volonté saisir une telle occasion d'ajouter pour ce motif encore un petit cadeau bénévole en plus de la part de souscription, comme une contribution au soutien de son accomplissement proche grâce à l’assistance espérée de cet institut qui n’est pas aidé en ces temps. Car comme les gouvernements de notre époque, suivant la remarque de Büsching (Wöchentl. Nachr. J. 1776. Stück 16), semblent n’avoir pas d’argent pour l’amélioration des écoles, il faut bien que les particuliers aisés s’y intéressent et contribuent par des dons généreux à cette œuvre si importante pour le bien public : sinon elle ne se fera pas.

La souscription locale peut être déposée chez le Professeur Kant dans la matinée de 10 heures jusqu’à l’après-midi vers 1 heure et dans la librairie Kanter en tous temps contre récépissé.