Essai sur l’homœopathie
M. H. BOULEY O. ❄, | membre de l’Institut de France, de l’Académie de Médecine, etc. |
M. LAVOCAT ❄ | membre de l’Académie des Sciences de Toulouse, etc. |
MM. | LAVOCAT ❄, | Tératologie. | |
Anatomie des régions chirurgicales. | |||
LAFOSSE ❄, | Pathologie spéciale et Maladies parasitaires. | ||
Police sanitaire | |||
Jurisprudence. | |||
Clinique et consultations. | |||
GOURDON, | Hygiène générale et Agriculture. | ||
Hygiène appliquée ou Zootechnie. | |||
Botanique. | |||
Extérieur des animaux domestiques. | |||
SERRES, | Pathologie et Thérapeutique générales. | ||
Pathologie chirurgicale. | |||
Manuel opératoire et Maréchalerie. | |||
Direction des Exercices pratiques, Clinique chirurgicale. | |||
BIDAUD, | Physique | ||
Chimie. | |||
Pharmacie et Matière médicale. | |||
Toxicologie et Médecine légale. | |||
TOUSSAINT, | Anatomie générale et Histologie | ||
Anatomie descriptive. | |||
Zoologie. | |||
Physiologie. |
MM. | MAURI, | Clinique, Pathologie spéciale, Police sanitaire et Jurisprudence. |
LAULANIÉ, | Anatomie générale et descriptive, Histologie, Physiologie et Zoologie. | |
LABAT, | Clinique, Thérapeutique et Pharmacie. | |
LIGNON, | Clinique, Clinique chirurgicale, Pathologie générale, Histologie pathologique, Extérieur et Zootechnie | |
N***, | Physique, Chimie, Matière médicale. |
MM. | H. BOULEY O. ❄, | Inspecteur-général. | |
LAVOCAT ❄, | Directeur. | ||
LAFOSSE ❄, | Professeurs. | ||
GOURDON, | |||
SERRES, | |||
BIDAUD, | |||
TOUSSAINT, | |||
Mauri, | Chefs de service. | ||
Laulanié, | |||
Labat, | |||
Lignon, | |||
N... |
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THÉORIE | Épreuves écrites |
1° | Dissertation sur une question de Pathologie spéciale dans ses rapports avec la Jurisprudence et la Police sanitaire, en la forme soit d’un procès-verbal, soit d’un rapport judiciaire, ou à l’autorité administrative ; | ||
2° | Dissertation sur une question complexe d’Anatomie et de Physiologie. | ||||
Épreuves orales |
1° | Pathologie générale ; | |||
2° | Pathologie médicale ; | ||||
3° | Pathologie chirurgicale ; | ||||
4° | Maréchalerie, Chirurgie ; | ||||
5° | Thérapeutique, Posologie, Toxicologie, Médecine légale ; | ||||
6° | Police sanitaire, Jurisprudence ; | ||||
7° | Agriculture, Hygiène, Zootechnie. | ||||
PRATIQUE | Épreuves pratiques |
1° | Opérations chirurgicales et Ferrure ; | ||
2° | Examen clinique d’un animal malade ; | ||||
3° | Examen extérieur de l’animal malade ; | ||||
4° | Analyses chimiques ; | ||||
5° | Pharmacie pratique ; | ||||
6° | Examen pratique de Botanique médicale et fourragère. |
APERÇU SUR L’HOMŒOPATHIE
HISTORIQUE
Le nom d’Hahnemann nous serait sans doute inconnu s’il n’avait fondé un système singulier, que ses sectateurs ont rendu célèbre en s’efforçant de le rendre ridicule.
Ce médecin, d’origine allemande, naquit en 1755 dans la ville de Leipzig, pays de science et de probité. Élevé dès le jeune âge, Hahnemann poursuivit les sciences médicales et il ne tarda point à obtenir son diplôme de médecin. Il étudia la chimie, la physiologie et la botanique, mais sans en pénétrer les profondeurs, sans les aimer, et sans en retirer le fruit que tout médecin habile y trouve. Aussi il ne tarda pas à vouer sa haine contre toutes ces branches que ses propres ouvrages déclarent comme inutiles au médecin. Son esprit pacageant dans le loisir et l’indépendance, il donna libre cours à ses rêves.
Ce fut à l’âge d’environ 35 ans, âge du génie, qu’Hahnemann résolut d’établir une nouvelle théorie hypothétique, l’Homœopathie.
Assurément la médecine n’avait pas besoin de ce travail ; elle possédait déjà un trop grand nombre de systèmes, sans parler des plus anciens, tour-à-tour délaissés par présomption ou par inconstance. C’est ainsi que nous avions le système des humeurs et de l’influx vital, par Hippocrate ; le système de l’irritation, véritable doctrine physiologique, par Broussais ; le système à bascule ou dichotomique de Brown ; et le système de la dérivation, par Sylva. Il y avait aussi quelques prosélytes de Boerhaave, chef de la doctrine mécanico-humorale ; ainsi que de Paracelse, Sylvius et Bérard, véritables iatro-mécaniciens. Nous pourrions encore citer le système iatro-physicien de Thémison, le vitalisme de Stahl et de Barthez, et surtout l’hydrothérapie, qui se trouve encore dans l’enthousiasme et les miracles.
Guidé par une imagination puissante, mais à coup sûr rêveuse, Hahnemann ne pouvait rester passif en présence du travail de ses devanciers, et ce fut en 1810, après plusieurs essais sur lui-même, qu’il se crut autorisé à faire valoir ses idées en adoptant une nouvelle méthode : nous voulons parler de l’Homœopathie.
Cette doctrine, si toutefois elle mérite ce nom, compta bientôt pas mal de partisans parmi le vulgaire allemand ; il en fut d’elle comme de tout ce qui est moderne : elle devait donc trouver ses adeptes. De l’Allemagne elle se répandit en France et en Italie, puis en Espagne, et le nom d’Hahnemann devint familier à peu près partout. Mais il faut arriver en 1832 pour voir en France l’homœopathie mentionnée dans des mémoires divers. À cette époque, on le sait, régnait l’épidémie du choléra, et un grand nombre de médecins étrangers, chargés d’arrêter le cours de la pestilence, s’étaient rendus à Paris. Ce fut là que le mot homœopathie commença d’attirer l’attention des médecins, car on rapporta que le système d’Hahnemann ayant été mis en pratique dans l’ambulance de la Sorbonne, avait donné comme résultat un arrêt subit de la marche du choléra.
La renommée de ce système commençait à s’étendre au loin, rencontrant tantôt des enthousiastes, tantôt des détracteurs ; ceux-là parce qu’ils trouvaient le procédé simple ; ceux-ci, au contraire, le croyant impuissant, vu le jeu employé pour guérir des maladies pouvant occasionner la mort ; et en effet Hahnemann prescrivait des remèdes par fractions imperceptibles et impondérables ; ses globules sont de vrais atomes rationnels.
Toutefois l’adoption de ses idées rencontra bien des obstacles. Ses confrères lui résistèrent en l’injuriant ; on le traita de visionnaire, d’insensé, d’imposteur même : en un mot, on le persécuta.
Forcé de quitter sa patrie, Hahnemann visita successivement un grand nombre de villes allemandes, et comme il séjournait peu dans chacune d’elles, il n’avait que le temps de créer quelques prosélytes.
Au reste, il n’a jamais existé une méthode aussi bizarre que celle d’Hahnemann. Quel que fut le rang des malades, ce docteur ne les admettait auprès de sa personne qu’avec mystère et solennité. Entre lui et ses consultants il y avait une marge infranchissable.
En 1835, il se décida à aller à Paris où son nom faisait quelque bruit dans l’académie et les journaux. Il était alors âgé de quatre-vingts ans. Hahnemann choisit la France pour dernière patrie, grâce sans doute à l’instigation de sa jeune épouse, née d’Hervilly, peintre habile, femme distinguée, française possédant plusieurs langues et parlant purement la sienne.
Hahnemann, qui avait déjà tant de fois changé de patrie, ne tarda pas à éprouver les effets de la méfiance des Parisiens. On raconte que cet illustre docteur réclamait dix louis pour chaque consultation, dans laquelle on ne pouvait le voir sans intermédiaire ; or on comprend que de tels excès devaient mettre les Français en méfiance.
Enfin, en récompense de ses travaux, Hahnemann acquit au moins le choit d’invoquer sa longue expérience : né en 1755, il mourut âgé de quatre-vingt-huit ans.
CHAPITRE PREMIER
De la Doctrine Homœopathique.
L’homœopathie (de ὅμοιος semblable, πάθος affection) est une doctrine médicale qui fut fondée au commencement de ce siècle par Samuel Hahnemann, docteur allemand, sur ce principe empirique : Similia similibus curantur.
Par des expériences faites sur lui-même en 1790, le médecin allemand crut trouver que l’administration du quinquina donnait lieu, dans l’état de santé, à une fièvre périodique analogue à celle dont ce médicament est le spécifique. Son esprit fut alors mis en éveil ; de nouvelles expériences furent entreprises, et bientôt il se crut autorisé à étendre cette propriété spécifique sur divers autres agents thérapeutiques. Hahnemann poursuivit ses recherches, des essais cliniques furent faits pendant longtemps, et en 1810 il crut pouvoir exposer ses hypothèses comme des lois générales, C’est alors qu’il publia sa matière médicale ou Organon, où se trouve comprise toute sa thérapeutique.
En quoi consiste ce système doctrinal ? Le but de l’homœopathe est de guérir les maladies par des agents capables de produire au sein de l’organisme, et dans l’état de santé, des symptômes semblables à ceux que l’on veut combattre. Mais réservons cette partie thérapeutique pour plus tard, et examinons au préalable ce qu’est la maladie en homœopathie.
L’homme, suivant Hahnemann, se trouve composé d’une matière inerte, incapable par conséquent de réagir d’elle-même, de produire la moindre manifestation morbide sans l’intervention d’une force qu’il suppose exister au sein de l’organisme. C’est cette force, cet inconnu, ce principe immatériel qui, suivant l’auteur, aurait la propriété de mettre les organes en activité et rendrait accessibles leurs diverses manifestations. Donc tout organe, tout élément anatomique, est inerte en lui-même et ne devient actif que sous l’influence de cet influx vital.
Que résulte-t-il de cette manière de voir ?
« C’est que la cause efficiente des maladies naturelles, le moteur de tous leurs symptômes est une aberration dynamique de notre vie spirituelle, un changement immatériel dans notre manière d’être (Trousseau et Pidoux, Traité de Thérapeutique).
Ainsi tant que la force vitale de tel ou tel organe n’est pas troublée, l’organisme conserve toute son harmonie, tout son état d’équilibre ; mais si une cause extérieure quelconque vient déranger cette force, des phénomènes insolites se manifestent, et on dit qu’il y a maladie. Si l’agent perturbateur a agi d’une manière peu intense, la maladie est de courte durée, car la force vitale résiste par sa propre réaction et ramène l’organisme à son état normal. Si, au contraire, l’agent pathogénique est intense, si en même temps la force vitale offre peu de résistance, si elle est affaiblie, elle manquera de réaction et se trouvera incapable, à elle seule, d’éloigner l’agent perturbateur. C’est dans ce cas que l’homœopathe devra intervenir pour produire un effet primitif.
Donc, toutes les maladies seraient inconnues dans leur essence et il n’y aurait d’appréciable que leurs symptômes, car, comme nous venons de le voir, ce qui se trouve dérangé dans toute affection, c’est le principe dynamique, cet agent immatériel de l’être, source de tout signe morbide. Or comment apprécier ce défaut de synergie ? peut-on remonter à l’origine première de ce défaut d’équilibre ? Non, ce n’est pas possible.
Chez le malade, une seule chose attire l’attention de l’homœopathe, c’est l’examen minutieux de tous les signes morbides ; la symptomatologie est pour lui la clef de toute la pathologie. Il ne s’obstine point à rechercher la nature de la maladie, cela lui est tout-à-fait inutile. Les symptômes, et uniquement ceux-ci, doivent lui accuser l’affection, de même que les fonctions donnent au physiologiste le rhythme normal de l’organisme. La symptomatologie est d’autant plus importante en homœeopathie, que chaque symptôme doit être combattu par un médicament spécial : Similia similibus. Ainsi, suivant l’état du pouls, ou des battements de cœur, suivant la couleur des muqueuses ou le caractère des sécrétions, l’homœopathe fera usage de tel ou tel médicament.
Il résulte de ces considérations que, dans la doctrine d’Hahnemann, toutes les classifications pathologiques de la médecine éclectique sont à peu près sans valeur ; il en est de même des expressions par lesquelles les allopathes désignent les maladies.
Division des maladies. — Malgré l’unité morigène, l’aberration dynamique que nous trouvons dans la doctrine d’Hahnemann, il n’en est pas moins vrai que cet auteur admet comme bien distincts deux groupes de maladies, division qui se trouve basée sur la marche plus ou moins rapide des affections, ainsi que sur leur cause provocatrice. C’est ainsi qu’il admet des maladies aiguës et des maladies chroniques. Les premières sont le résultat des aberrations de la force vitale ; celles du second groupe, qu’il désigne encore par le nom de miasmatiques, sont dues à l’action spéciale de certains agents morbides que l’auteur nomme improprement des miasmes. Ces agents provocateurs des maladies chroniques sont au nombre de trois : la sycose, la syphilis et la psore.
À chacun de ces miasmes se trouve rattachée la genèse d’un nombre considérable de maladies : ainsi toutes celles qui se traduisent au dehors par des tumeurs languissantes, comme le fic, la mélanose, le lipôme, etc., sont dues au miasme sycosique. De même la paralysie, l’épilepsie, le rachitisme et la scrofule se trouvent rattachées au miasme syphilitique. Enfin toutes les affections de la peau, si nombreuses et si variées, trouvent leurs éléments étiologiques dans le miasme psorique.
Mais les maladies chroniques sont très-diverses ; d’un autre côté elles affectent des formes très-différentes. Comment peut-on alors concevoir qu’un nombre si restreint d’agents pathogéniques puisse donner naissance à des phénomènes si divers ? Hahnemann l’explique par des transformations que les miasmes éprouvent en passant à travers des millions d’organismes dans le cours d’une longue suite de générations. Il n’y aura donc de remède rationnellement employé, qu’autant que le médecin saura rapporter à l’un ou à l’autre des miasmes, les ensembles infinis de symptômes par lesquels chacun d’eux se manifeste pour produire les maladies chroniques.
Voilà sommairement indiquée la conception d’Hahnemann et l’idée qu’il se fait de la maladie.
De l’homœopathie au point de vue de sa thérapeutique.
Le point le plus important de la doctrine halmemannienne est sans aucun doute celui qui a trait à la partie pharmacologique. L’hypothèse des propriétés des médicaments en homœopathie est sans contredit, la partie la plus illogique de toute la doctrine.
C’est pourquoi nous croyons utile d’exposer ce sujet avec tous les détails que comporte son importance.
En homœopathie, le médicament est un agent morbifique, pouvant dès lors être comparé à une cause pathologique déterminante, et jouissant comme celle-ci de la propriété d’engendrer une maladie chaque fois qu’il est mis en rapport avec l’organisme.
L’action du médicament est double : primitivement il donne naissance dans l’organisme à des phénomènes divers, desquels il résulte des changements plus ou moins sensibles qui portent le nom d’effet primitif. Peu de temps après a lieu la réaction ou effet secondaire, qui amène comme résultat un changement tout-à-fait inverse au premier : ainsi en prenant le café pour exemple, on voit que son effet stimulant primitif devient consécutivement un effet somnolent. De même l’opium jette l’individu, au début, dans l’engourdissement, tandis que plus tard il amène l’insomnie (effet secondaire).
Telle est l’idée qu’on doit se faire d’un médicament.
Mais quelles sont les conditions qu’il doit réunir pour qu’il produise sur l’économie une action curative ? Il faut qu’en agissant sur l’individu malade, il donne naissance à des phénomènes en tout semblables à ceux de l’affection que l’on veut combattre. Un médicament pourra dissiper toute la série des symptômes fournis par la maladie, ou seulement certains de ces symptômes. Dans le premier cas, le médicament est complet, c’est-à-dire qu’il jouit exactement de la propriété de produire des manifestations morbides tout à fait analogues à celles de la maladie naturelle. Dans le dernier cas, au contraire, le médicament est imparfait puisqu’il manque de certaines propriétés morbifiques. On comprend que dans ce cas la guérison serait incomplète si on ne cherchait à suppléer à cette insuffisance par l’introduction d’autres médicaments qui viendront compléter les premiers et qui, joints à ceux-ci, formeront un médicament complet.
Telle est l’idée dominante et fondamentale de la thérapeutique suivant le système d’Hahnemann.
Examinons maintenant comment les médicaments produisent la guérison. Comme nous l’avons dit, le médicament fait développer une maladie toute artificielle qui fait disparaître la maladie naturelle. Mais pour cela, il est indispensable qu’elle surmonte en intensité cette dernière : en d’autres termes, si nous supposons les deux maladies comme étant une réunion de symptômes tout à fait semblables, il faut que chaque symptôme de la maladie artificielle ou médicamenteuse ait une action dont la puissance surpasse le symptôme de la maladie naturelle. C’est cette espèce d’exagération, ce surcroît de la maladie thérapeutique que l’on désigne sous le nom d’aggravation homœopathique.
Il résulte que la guérison se produit par une véritable substitution, qui a pour effet de remplacer une maladie souvent grave et de longue durée par une affection légère et bénigne qui disparaît promptement d’elle-même, dès qu’elle a éteint l’ensemble des symptômes préexistants, c’est-à-dire la maladie naturelle.
Cette propriété curative des médicaments repose donc sur la ressemblance des symptômes qu’ils produisent avec ceux de la maladie existante : ainsi, après l’administration du remède homœopathique, la force vitale devenant plus malade qu’elle ne l’était dans la maladie naturelle, se trouve obligée de déployer plus de force, plus d’énergie contre cette maladie que l’on a produite artificiellement ; mais l’affection de la puissance médicinale qui la désaccorde ayant peu de durée[1], elle ne tarde pas à en triompher.
Enfin, pour rendre ce système plus solide et montrer davantage l’efficacité et la justesse de ses opinions, Hahnemann cite des exemples à l’appui, en faisant intervenir certaines maladies qui ont la propriété d’en guérir une foule d’autres, caractérisées toutefois par des symptômes semblables aux leurs. C’est ainsi qu’il relate les expériences de Dezoteux et Leroy relativement à la vaccine. Or, d’après les travaux de ces auteurs, on sait que la vaccine jouit de la propriété de guérir certains accidents de la petite vérole, tels que l’ophtalmie, surdité, etc.
La propriété morbifique des médicaments homœopathiques est à peu près constante, car on peut produire une maladie artificielle quelles que soient les conditions de l’individu. Il n’en est pas tout à fait de même des différentes causes pathologiques, qui n’agissent le plus souvent que dans certaines circonstances et suivant l’idiosyncrasie du sujet. L’organisme est donc beaucoup plus accessible aux maladies médicamenteuses qu’aux maladies naturelles ; et de la facilité avec laquelle le médecin fait développer les maladies, il résulte que toute la science médicale ou l’art de guérir se résume à deux points : 1o connaître la totalité des symptômes de chaque maladie naturelle et artificielle ; 2o connaître le médicament qui produit cette dernière.
Passons maintenant à l’examen de la pharmacodynamie proprement dite, et disons quelles sont les inspirations qui ont conduit Hahnemann à formuler les médicaments homœopathiques.
Le lecteur n’a pas oublié que suivant l’idée du médecin de Leipzig, la maladie est une aberration dynamique de la vie spirituelle, un changement immatériel dans la manière d’être de l’individu ; or, le principe de la maladie n’étant pas de la matière, ce n’est pas avec une substance matérielle qu’on cherchera à la combattre. Mais l’expérience prouve qu’il existe des médicaments jouissant de la propriété d’éteindre certaines maladies. Dès lors il faut admettre que dans cet agent médicinal employé, il existe une force, un principe invisible, mais appréciable par ses effets ; car que pourrait ce qui est matériel contre ce qui ne l’est pas ? C’est donc un principe dynamique que l’on met aux prises avec le principe immatériel de la maladie et qui, l’annulant, permet à la force vitale de revenir à son état physiologique.
Peut-on retirer ce principe de la masse inerte ; c’est-à-dire le principe dynamique de la matière première qui le recèle ? Oui, et même rien de plus facile que de réaliser ce résultat. Pour arriver à ce but, l’homœopathe pratique la dynamisation, opération qui consiste à réduire le médicament en atomes par une division excessive, au moyen de la trituration, de la succussion et de la dilution. Ces manipulations pharmaceutiques isolent la force vitale de la masse, elles mettent en évidence ce principe dynamique, lequel jouit alors de toute son activité et se présente sous des conditions excellentes pour attaquer le principe immatériel de la maladie et l’annuler.
Du reste, il n’y a pas seulement que la dynamisation qui assure l’action des médicaments homœopathiques ; ainsi les soins que l’on prend de n’employer les médicaments que dans leur sphère d’action spéciale et l’attention que l’on a d’éloigner tout ce qui pourrait troubler leur action, sont des adjuvants qui contribuent puissamment à en augmenter leurs propriétés. Hahnemann préconise les médicaments à doses extrêmement petites : ainsi il admet que le médicament acquiert de l’intensité par la dilution et il recommande de répéter cette opération de 30 à 40 fois. À ce degré de dynamisation, le médicament est capable de produire des effets désastreux alors qu’il est employé par des mains inhabiles. C’est pourquoi les partisans de l’homœopathie, imbus de cette croyance, n’emploient les médicaments dilués qu’à des doses fractionnées.
L’idée du médecin allemand relative à la dynamisation, est facile à concevoir : Supposons un grain d’un médicament quelconque, d’acide arsénieux par exemple, que nous associons avec cent grains de sucre de lait ; de ce mélange nous en retirons un grain, lequel sera de nouveau intimement uni avec une quantité de sucre de lait égale à la première. Le produit obtenu constituera un médicament homœopathique de deuxième dilution. Que ces manœuvres se répètent indéfiniment et nous obtiendrons des médicaments de 10me, de 20me, de 30me, 40me dilution, etc. Une substance médicamenteuse peut jouir de grandes vertus, alors même que l’atténuation ou dynamisation a été portée jusqu’au décillionnième. Doppler de Prague en donne l’explication suivante : il suppose qu’une goutte de médicament portée à ce degré d’atténuation contient une énorme quantité de surfaces matérielles du médicament dilué, parce que à chaque trituration le nombre des surfaces augmente prodigieusement ; or, suivant l’opinion de l’auteur, tout effet curatif dépend de la multiplicité des points de contact de la substance médicinale avec le corps vivant. Il résulte de là qu’une goutte de la trentième dilution doit déterminer une réaction bien plus forte que plusieurs gouttes d’une dilution moindre.
Les véhicules qui servent à la préparation des médicaments homœopathiques sont : l’eau distillée, l’alcool, le sucre de lait et les globules saccharins inertes. Ces substances doivent être d’une pureté irréprochable, et pour cela il faut que les appareils qui ont servi à leur fabrication soient exempts de toute matière étrangère ; quant au sucre de lait, il doit être tiré de la Suisse, car c’est là qu’on l’obtient le plus pur.
Pour ce qui concerne les globules nonpareilles qui doivent avoir le volume d’une graine de pavot, Hahnemann recommande de ne jamais les acheter chez les confiseurs, mais bien chez les pharmaciens, si on veut être plus sur de leur état de pureté.
Qu’on ne doute pas de l’efficacité du principe immatériel des médicaments, dit Hahnemann ; qu’on ne refuse pas d’admettre qu’une force excessivement puissante peut résider dans une particule de substance, si petite soit-elle ; car ne voit-on pas tous les jours des effets désastreux produits par les matières virulentes ou venimeuses ? Est-ce que dans ces agents on ne trouve pas la preuve d’une force immense, d’un principe inhérent à une particule infiniment petite de matière ? Les virus et les venins agissent donc dans l’organisme comme les médicaments, par un principe dynamique.
C’est là le grand argument à l’appui des idées qui servent de base à la doctrine d’Hahnemann. Mais ce médecin ne laissait pas de prévoir que parmi le monde il se trouverait des esprits hostiles, des médecins réfractaires à admettre de telles idées ; c’est pourquoi, les prenant à partie, il leur dit : « Que ceux dont l’esprit ne se nourrit que d’idées matérielles ou grossières, apprennent des mathématiciens qu’en quelque nombre de parties qu’on divise une substance, chacune de ces parties possède les mêmes propriétés que la substance elle-même, dont le pouvoir ne peut être anéanti. D’un autre côté, qu’on demande aux physiciens les puissances immenses de la lumière de la chaleur et de l’électricité, et pourtant ce sont des agents sans poids appréciable. » Pour étayer son assertion, Hahnemann donne les exemples suivants : « On a vu souvent, dit-il, des lettres dans la chambre d’un malade communiquer la maladie miasmatique à celui qui les lisait. Combien de fois aussi n’a-t-on pas vu des propos offensants occasionner une fièvre bilieuse qui mettait la vie en danger ; de même une indiscrète prophétie causer la mort à l’époque prédite ; et une surprise agréable ou désagréable suspendre le cours de la vie. Où se trouve alors l’agent matériel qui a produit ou qui entretient la maladie ? Peut-on peser ce principe morbifique ? » Le médecin de Leipzig continue ses arguments et pour appuyer ses assertions il ajoute : « Qui ne sait que la frayeur, la colère sont autant de causes de maladie ? Qui ignore qu’un orage donne la diarrhée à certaines personnes ; que d’autres ne peuvent supporter la vue d’un chat, d’un crapaud sans tomber en défaillance ? A-t-il jamais existé un homme dont les sens aient assez de finesse pour percevoir ces sortes d’agents ? Pourquoi dès lors les médicaments ne seraient-ils pas doués d’une puissance aussi subtile ? »
Comme on le voit, les raisons ne manquent pas à l’appui des hypothèses du médecin de Leipzig ; les faits qu’il cite paraissent concluants au premier abord, et l’on serait tenté d’admettre volontiers ses idées si l’on méconnaissait ou si l’on était peu initié sur la doctrine physiologique. C’est pour cela que dès son origine, cette doctrine a trouvé un assez grand nombre de partisans parmi le vulgaire, nombre qui heureusement tend à diminuer de nos jours.
Voilà succinctement expliquée la doctrine hahnemannienne. Il nous reste maintenant à en faire l’analyse.
CHAPITRE II
Analyse de la doctrine homœopathique.
Le lecteur n’a pas oublié que la cause efficiente des maladies naturelles en homœopathie est une aberration dynamique de notre vie spirituelle, un changement immatériel de l’être. Mais une objection se présente ici, c’est la suivante : Tous les animaux, sans exception, sont constitués par de la matière organique, jouissant de certaines fonctions physiologiques, variables suivant le degré de perfection de l’individu ; tous sont accessibles à des maladies, conditions exactement semblables à celles de l’homme. Dès lors on est en droit de se demander en quoi consiste la maladie chez les animaux ? est-ce que les adeptes de l’homœopathie feraient intervenir chez eux l’aberration dynamique de leur vie spirituelle ? C’est là un point qui probablement n’a jamais préoccupé le médecin Hahnemann. Dans ses expériences il n’avait en vue que l’homme et son âme immortelle, sans songer à ses frères inférieurs comme les appelle Michelet, qui sont comme lui susceptibles de souffrances et de maladies. Mais il n’y a pas seulement que les animaux qui soient exposés aux maladies ; les végétaux ne font point exception à cette règle générale. Il faudrait alors admettre que tous ces êtres possèdent un principe immatériel, une force capable de les régir dans leurs fonctions, d’en assurer leurs diverses manifestations. Peut-être si l’attention d’Hahnemann eût été attirée sur ce point, il aurait reconnu une âme de seconde, de troisième, de quatrième majesté ; car c’était le seul moyen qui lui restait pour généraliser sa formule sur tout ce qui vit !
Est-il besoin de faire ressortir tout ce qu’il y a d’illogique dans cette manière de voir ? Nous ne le croyons pas, car l’erreur saute aux yeux ; nous l’avons fait pressentir.
De plus, on comprend facilement que le médecin de Leipzig fut entraîné par des inspirations rêveuses au-delà des conceptions humaines ; c’est pourquoi son système a été conduit aux plus étranges conséquences. Nous conseillons donc aux partisans de l’homœopathie qui voudraient se mettre à l’abri de tout sarcasme, d’être un peu mieux initiés que leur chef sur le moyen de formuler une loi générale.
Cela étant dit en passant, continuons notre analyse.
L’homœopathe se trouvant en présence d’un malade, la seule chose qui le préoccupe c’est la symptomatologie, nous l’avons dit. Son rival au contraire, l’allopathe, cherche à découvrir le siège du mal, le pourquoi, c’est-à-dire la cause ou les causes de la maladie ; puis comme le premier il fait un ramassis de tous les symptômes dans le but d’arriver à la nature du mal, d’en tirer un jugement, le pronostic, et d’en assurer son traitement. Comme on le voit, le champ de l’homœopathe est bien restreint ; c’est un système sans bases, entouré d’imperfections.
En effet, est-il possible d’obtenir la guérison d’une maladie par une médication basée sur le simple examen symptomatologie ? En supposant que le remède employé se trouvât dans de bonnes conditions pour attaquer la maladie, nous répondrons que celle-ci persistera tant que la cause pathognomonique fera sentir son action. Une chose indispensable donc et que l’on ne doit jamais perdre de vue dans toutes les affections, c’est de prendre en considération les causes et d’en arrêter l’action. C’est ce que font les médecins du bon sens, les allopathes ; c’est ce que négligent les homœopathes.
Le siége, la nature du mal, ne sont pas là encore des conditions indispensables pour arriver à un traitement rationnel, et à un jugement heureux ou malheureux, de la maladie ? Évidemment il n’est pas besoin de commentaires pour en saisir leur importance.
Les homœopathes rapportent à l’action de trois miasmes toutes les maladies chroniques, et ce qui leur sert de fondement, c’est que dans les maladies chroniques de l’homme, l’hérédité joue un grand rôle et que les générations sont viciées par celles qui les précèdent. Mais c’est là un rêve de l’auteur, car les expériences cliniques de tous les jours nous prouvent que les agents morbifiques sont très-variés. Du reste, ce sujet ne nous concerne guère en vétérinaire, car les maladies chroniques dépendant de vices héréditaires constituent de fort rares exceptions chez nos animaux domestiques.
Une question plus importante que nous allons examiner maintenant, c’est celle qui se rapporte à la pharmacodynamie d’Hahnemann.
Le médicament, disent ses adeptes, produit son effet curatif en déterminant un effet morbide ; la guérison est corrélative à la propriété morbifique du médicament. Mais ne voyons-nous pas tous les jours des guérisons se produire par l’action de certains agents stimulants, qui ont pour résultat d’activer une fonction physiologique ou d’en réveiller une autre qui se trouvait éteinte ? Peut-on inférer à une action morbifique la guérison obtenue par l’action de la camomille, de la menthe, du tilleul, de l’infusion de thé ou des décoctions mucilagineuses, dans le cas d’embarras de l’intestin par des matières trop pâteuses ? Est-ce encore à une action morbifique qu’on ira attribuer la guérison des ruminants météorisés par l’emploi de l’ammoniaque ? Enfin tous les médicaments qui régularisent et assurent la digestion par l’excitation qu’ils produisent dans les sécrétions de l’appareil digestif ne sont-ils pas irréfutablement des agents à action physiologique ?
La question peut être, poussée plus loin. Ainsi, les médicaments jouissant de la propriété morbifique, comme les caustiques, les poisons, produisent-ils des effets curatifs parce qu’ils ont pour résultat de donner naissance à une maladie artificielle analogue à celle que l’on veut combattre ? C’est là le point capital de la doctrine hahnemannienne et qui pourtant ne milite guère en sa faveur. En effet, les expériences cliniques nous prouvent que si parmi les substances curatives il en est qui produisent leurs effets en déterminant des symptômes semblables, Similia similibus, il en est aussi, et en bien plus grand nombre, qui donnent les meilleurs résultats en produisant des symptômes tout à fait inverses à ceux que l’on combat ; d’où l’axiome Contraria contrariis curantur. Tout cela se trouve corroboré par l’expérience, et l’on sait, par exemple, que le quinquina ne fait point naître une fièvre intermittente, malgré l’opinion d’Hahnemann et ses sectateurs ; que les spasmodiques ne font pas apparaître des spasmes ; que la digitale cesse de faire sentir son action sur le cœur dans l’organisme sain. D’un autre côté nous savons combien sont efficaces contre la syphilis, le mercure et l’iodure de potassium ; or si on les emploie expérimentalement, on obtient des effets qui n’ont aucune ressemblance avec les symptômes de la maladie précédente. Tout cela nous prouve combien est erronée l’idée traduite par l’aphorisme Similia similibus curantur.
On comprend aussi tout ce qu’il y aurait d’inconséquent que d’aller traiter les anémies par des émollients ; les plastohémies par des toniques ; l’inertie d’un organe, de la matrice par exemple, par l’opium, etc. Néanmoins, les sectateurs d’Hahnemann, s’appuyant sur les effets obtenus par la médication substitutive, prétendent que l’allopathe n’obtient la guérison, que par suite d’un effet homœopathique. Mais les choses sont loin d’être aussi simples, et les arguments dont ils se servent pour baser leurs hypothèses sont tout à fait inverses aux faits positifs. En effet, que se passe-t-il quand on cautérise la surface d’un tissu ulcéré ? Par ce moyen on produit un effet tout à fait opposé à celui de la cause déterminante ; on détruit le tissu dans lequel réside la condition inconnue de l’ulcération progressive, et une fois cette condition disparue, l’inflammation phagédenique fait place au travail cicatrisant. Le caustique n’agit donc pas dans le même sens que la cause morbide, non : il la contrarie, car pour agir dans le même sens de cette cause, il devrait y avoir une action ulcérative s’ajoutant à l’action ulcérative existante. Nous en dirons autant de l’action des topiques irritants, ils transforment une inflammation spécifique qui tend à détruire en surface on en profondeur, en une inflammation thérapeutique à marche réparatrice.
Les choses paraissent semblables en apparence, mais au fond elles sont tout à fait dissemblables. Et la preuve que deux causes de même nature doivent aggraver la maladie qu’elles déterminent est facile à constater : Qu’on produise sur la peau une inflammation au moyen d’une application d’eau bouillante ; qu’on dépose ensuite sur cette partie enflammée une couche d’onguent vésicatoire, et on verra comme conséquence que la lésion prendra de plus grandes dimensions et que la cicatrisation sera bien plus longue. Donc l’axiome des homœopathes Similia similibus, ne saurait être invoqué pour donner l’interprétation des phénomènes de la médication.
Hahnemann est-il plus dans le vrai dans son assertion sur la pharmacothérapie ? Certes non ; et avouons que le médecin allemand entre ici dans la fantaisie pure ; il ne sait point s’assujétir aux contraintes de l’observateur, et laisse divaguer son imagination dans une liberté qui dépasse toutes les limites qu’avaient pu atteindre les philosophes rêveurs.
En effet, pour avoir une idée de tout ce qu’il y a d’extravagant dans l’idée d’Hahnemann, qu’il nous suffise de rapporter le calcul qui a été donné par M. Pavini, de Naples. Ce docteur a compté combien il faudrait d’alcool pour arriver à la 30me ou 40me dilution d’une goutte de médicament : « La 1re dilution d’une goutte de teinture de camomille par exemple, exigerait cent gouttes d’alcool ; la 2me dix mille gouttes ou environ une livre ; la 3me cent livres ou environ un baril ; la 4me cent barils ; et d’encore en encore, la 9me autant d’alcool que pourrait en contenir le lac d’Agnano ; la 12me un million de lacs Agnano ; la 17me dix mille mers Adriatique ; la 30me autant d’alcool que pourraient en contenir le globe terrestre, tout nôtre système planétaire et peut-être toutes les étoiles de première et de deuxième grandeur que l’on peut découvrir dans une belle nuit d’été. À quoi il faudrait ajouter pour la 40me dilution toutes les constellations que l’on découvre de l’un à l’autre pôle (Lettre de Beugnot). »
Ces calculs, approximatifs bien entendu, donnent une idée de l’étrange conception de l’école homœopathique sur la division des médicaments. Et cependant voilà que les homœeopathes sont d’accord pour considérer de tels médicaments comme propres à guérir et comme pouvant produire des effets désastreux entre des mains peu expérimentées.
Rien n’est curieux comme la pharmacie d’un homœopathe. Tous les petits flacons et globules renfermant à eux tous à peine un scrupule de médicament ont l’aspect le plus divertissant. J’ai connu un médecin facétieux, dit Bourdon, qui, s’adressant à un homœopathe convaincu lui proposa d’avaler dans une seule séance toute sa pharmacie !
Le médecin de Leipzig croit pouvoir assimiler l’action de ses médicaments aux agents physiques chaleur, lumière, électricité. Nous sommes d’accord avec lui pour considérer ces trois éléments comme des forces puissantes sans poids appréciable. Mais y a-t-il lieu d’assimiler leur mode d’action ? Le principe immatériel des médicaments est d’autant plus énergique dans ses actions que son support matériel est pour ainsi dire annulé ; tandis qu’au contraire les effets de ces trois forces : chaleur, lumière, électricité, sont d’autant plus grands que les foyers matériels d’où ils procèdent ont de plus grandes proportions : ainsi le soleil ne dégage-t-il pas plus de chaleur et de lumière qu’une bougie ? La puissance d’une pile électrique n’augmente-t-elle pas avec l’addition de couples ? et enfin si nous nous servons d’une comparaison grossière, ne ressentirait-on pas davantage les effets produits par 1,000 grammes d’émétique à ceux d’un décillionième du même médicament ?
S’efforçant de faire admettre les idées homœopathiques, les partisans de cette école se sont évertués de trouver une similitude absolue entre l’action des médicaments dynamisés et celle produite par les virus et les venins. Mais il est facile de faire ressortir tout ce qu’il y a d’équivoque dans cette manière de voir. Et d’abord l’activité spéciale des virus s’accroît-elle par les manipulations qui constituent la dynamisation ? Non, bien au contraire ; et les expériences de M. Chauveau le prouvent d’une manière irréfutable. En effet, ce savant a fait en 1858 les expériences suivantes : ayant pris du pus putride, il le dilua dans deux parties d’eau ; il fit une injection sous-cutanée de 40 à 50 gouttes, et comme résultat de cette expérience il obtint un phlegmon gangréneux qui fit succomber l’animal à une infection septique. M. Chauveau, dans une seconde expérience, dilua le pus dans 5 ou 6 parties d’eau ; et de la sorte il obtint encore un phlegmon gangréneux, mais il était localisé et ne fut pas suivi de septicémie. Dilué dans 12 parties d’eau, le pus produisit un phlegmon suppuré mais sans gangrène ni infection. Enfin, dilué dans une quantité plus grande d’eau le pus devint inerte.
Que résulte-t-il de ces expériences ? C’est que le pus, malgré sa puissante action morigène, devient d’autant moins actif qu’il se trouve dilué dans une quantité plus grande d’eau. Il se comporte donc comme tous les autres agents de la nature et il ne pouvait faire exception à cette règle ; car s’il en était autrement, si les virus se comportaient comme les médicaments sous les coups répétés des dilutions, des divisions, l’eau des fleuves venant des grandes villes devrait renfermer des principes immatériels de maladies diverses, jouissant d’une activité proportionnelle à la masse d’eau ; et c’est dans la mer que devraient se trouver réunis tous ces principes à leur maximum d’intensité. Heureusement qu’il n’en est rien ; et à cet égard voilà entre les virus et les médicaments une différence capitale : tandis que la force de ceux-ci s’accroît par la dilution, celle des matières virulentes s’accroît par leur état de concentration. Leur activité appartient donc à la masse entière.
Est-ce là la seule différence ? Il y en a encore une autre non moins grande : ainsi les virus ont la propriété de se reproduire par une véritable repullulation. Tout le monde sait en effet qu’il suffit d’une seule molécule virulente introduite dans le système circulatoire, pour voir en peu de jours toutes les humeurs du corps transformées. Comment cette régénération si rapide peut-elle se produire ? C’est là un point qui n’a pas encore été démontré, mais peu nous importe, le résultat est palpable. Est-ce que maintenant les homœopathes essaieraient d’établir une similitude entre le mode d’action des médicaments dynamisés et celui des virus ? Nous ne le croyons pas, car s’il en était ainsi, on verrait bientôt qu’une particule dynamisée d’or ou d’argent se reproduisant par repullulation dans l’organisme soumis à l’action homœopathique de ces substances, serait bientôt à un degré de multiplication telle, que tous les tissus de l’organisme s’en trouveraient imprégnés : et les homœopathes auraient ainsi la propriété de faire charrier des métaux précieux !
D’après ce que nous venons de dire, il est évident que l’action spécifique des virus diffère essentiellement de l’action médicamenteuse, si toutefois elle existe.
Tout ce que nous avons dit pour les matières virulentes, nous pourrions le reproduire pour les venins ; nous n’aurions qu’à répéter la même chose.
D’après cet exposé, on voit combien est ridicule et mensongère la doctrine hahnemannienne, et cependant elle compte encore des partisans. Qu’elle en ait eu au moment de son apparition, cela se comprend, car elle était alors nouvelle ; d’un autre côté, le platonisme dominant la médecine, il était permis de chercher à deviner les lois de la nature. Les anciens prosélytes ont donc pour eux l’excuse du temps où ils vivaient. Nais aujourd’hui, en plein dix-neuvième siècle, au moment où la science paraît arriver à son plus haut degré de splendeur, peut-on sincèrement se déclarer partisan des fantaisies du docteur Hahnemann ? de cet empirique antique qui prend pour principe le hasard, les essais, les analogies ; qui néglige la structure et le jeu des organes ; qui ne tient aucun compte de l’anatomie, de la physiologie, et qui bannit la pathologie, qu’on a si bien considérée comme la base du diagnostic et du pronostic ? Est-ce qu’un homme au courant de la science moderne pourra admettre qu’un médicament se dynamise par des manipulations, que son principe immatériel s’isole, et que son activité s’accroisse proportionnellement à l’atténuation de sa gangue naturelle, en sorte que lorsqu’il est réduit à peu près à zéro comme substance, il se trouve dans les meilleures conditions pour lutter contre le génie de la maladie ?
Et cependant ce système tout chimérique compte encore ses adeptes parmi les médecins, et parmi les malades de nombreux croyants. C’est sans doute la foi conservée de ces derniers qui explique l’existence de nos homœopathes actuels, chez qui se trouve assurée leur doctrine.
Mais la pratique confirme-t-elle la théorie, c’est-à-dire l’expérience, cette infaillible pierre de touche, justifie-t-elle les opinions d’Hahnemann et milite-t-elle en leur faveur ? En 1829, le roi François 1er de Naples, nomma une commission dans le but de contrôler les médicaments homœopathiques. Le médecin du roi en tête, homœopathe distingué, entreprit ces essais avec enthousiasme ; mais on put s’apercevoir bientôt que la majorité des cas étaient suivis d’insuccès ; aussi le gouvernement de Naples ne tarda-t-il pas à mettre fin à ces expériences.
En 1832, M. Gueyrard, médecin homœopathe, fut chargé de mettre en application sa méthode homœopathique dans une salle de Lyon. Ses expériences portèrent sur les maladies suivantes : pneumonies, fièvres, catarrhes, érysipèles. Au bout de 17 jours, on vit disparaître le médecin.
D’autres expériences ont encore été faites en France par des médecins célèbres, notamment MM. Andral et Vaille, et ici encore les résultats ont été négatifs.
Enfin, en 1854, on publia à Marseille un livre intitulé l’Homœopathie et ses détracteurs, dans lequel on donnait comme à peu près certaine la guérison du choléra. Or, à cette époque, la maladie en question ayant fait son apparition, les autorités françaises crurent devoir faire essayer de nouveau le système homœopathique. L’expérience se fit de la manière suivante : 26 cholériques furent traités homœopathiquement, pendant que 25 autres étaient soumis à la médication rationnelle ; or, comme résultat de ces expériences, on obtint 5 cas de guérison dans le premier cas, tandis que des 25 derniers il n’en mourut que 11.
Est-il besoin maintenant de citer les expériences faites à la faculté de médecine de Madrid por los doctores D. Diego Argumosa y D. Melchor Sanchez Toca ? Qu’il nous suffise de dire que leurs travaux furent infructueux.
En présence donc de toutes ces expériences, si bien dirigées par les médecins qui s’en sont occupés, nous croyons pouvoir admettre que l’homœopathie n’est qu’une pure fiction, et qu’à ce titre la qualification de mensongère se trouve parfaitement justifiée ; aussi croyons-nous ne pas pousser trop loin l’exagération en disant, avec M. Tavernier, que, « ce système a pour base l’inconnu, pour but l’impossible, pour résultat la nullité. »
Toutefois soyons impartial, et reconnaissons dans le travail d’Hahnemann une influence assez grande sur les progrès de la médecine. Ainsi les homœopathes ayant à se rendre un compte exact de l’action médicamenteuse des agents thérapeutiques pour pouvoir les adapter au traitement de telle ou telle maladie, ont essayé sur eux-mêmes ces substances avec un soin tout spécial ; c’est pourquoi ils ont mis en évidence les propriétés d’un grand nombre de médicaments, jusqu’alors inconnues, et de la sorte ils ont contribué à agrandir le champ de la thérapeutique.
Voilà donc une influence heureuse que le système d’Hahnemann a exercé sur la médecine.
Il en est encore quelques autres qu’il nous faut examiner. Mettant en usage un principe immatériel, le médecin homœopathe reste, sans s’en douter, inactif auprès de son malade, puisqu’il n’administre rien, comme nous l’avons dit précédemment. Or, l’expérience prouve que dans ce cas, bon nombre de maladies aiguës se terminent d’une manière heureuse, alors qu’elles suivent librement leur marche naturelle, grâce à l’influence des actions organiques, c’est-à-dire de cette force médicatrice ou influx vital, auquel Hippocrate faisait déjà jouer un si grand rôle.
Néanmoins les homœopathes ne laissent pas de rapporter tous leurs succès à l’administration des doses infinitésimales ; ils en font même grand bruit, ce qui leur vaut les éloges de la part de leurs malades qui, s’ils n’étaient pas de vrais croyants au début de la médication, le deviennent à la fin de l’épreuve, car ils étaient malades, ils se sont guéris et entre ces deux faits le médecin est intervenu avec ses doses infimes. Mais c’est là une manière de voir issue de l’ignorance ; car ceux qui raisonnent de la sorte négligent cette force muette, mais toujours active, inhérente à chaque organisme, ce principe d’Hippocrate qui, à lui seul, suffit bien souvent pour ramener à leur rhythme normal des fonctions dérangées.
L’influence qu’exerce la force médicatrice est incontestable ; et il a suffi de prendre quelques maladies, identiques à celles que les homœopathes avaient la prétention de guérir, de les laisser sans traitement aucun, pour voir ces affections se terminer d’une façon heureuse tout aussi souvent que dans les cas où l’on avait eu recours aux doses infinitésimales.
Ainsi a été donnée la démonstration de cette vérité long-temps inconnue, que l’organisme malade à une tendance naturelle à revenir à l’état de santé par le jeu même de ses fonctions, et qu’en définitive il est des cas où il y a avantage à laisser telle maladie sans traitement.
Voilà donc la démonstration que nous a donnée l’homœopathie et qui a eu comme conséquence heureuse de désarmer les médecins, en général, des médicaments trop actifs, et de les ramener aux rôles de coadjuteurs de la nature dont trop souvent ils s’étaient écartés.
Enfin, nous devons encore à l’homœopathie la démonstration d’un phénomène physiologique dont l’intervention entre sans doute pour une grande part dans un certain nombre de ses succès : nous voulons parler de l’influence que peut exercer le médecin envers ses malades, par la confiance qu’il sait leur inspirer, et par la foi qu’il peut faire naître dans leurs esprits. Ainsi il est de remarque, et la clinique l’a maintes fois prouvé, qu’un homme qui se laisse accabler par la pensée des dangers que lui fait courir la maladie dont il est atteint, a moins de chances de guérison que tel autre qui se trouve animé d’une ferme confiance dans l’issue heureuse de la maladie. Cela étant, il est évident que l’homœopathe, convaincu de la puissance de son art, peut, vis-à-vis de ses malades, exercer une influence heureuse sur leur système nerveux par la foi qu’il leur inspire. De cette condition il résulte que consécutivement à la médication il n’est pas rare de voir se déclarer certaines manifestations symptomatiques qui résultent, non pas de la substance administrée, qui est inerte, mais bien de l’action du système nerveux prévenu.
Du reste, les expériences de Trousseau à l’Hôtel-Dieu donnent la démonstration de cette influence morale que peuvent exercer certaines matières inertes chez des malades préparés à les recevoir :
« 1° Une fille de 20 ans, atteinte d’aphonie depuis six semaines, traitée d’abord infructueusement par les méthodes ordinaires, est soumise à un traitement par des pilules d’amidon pur, sans aucune substance médicamenteuse. Elle en prend deux à quatre heures d’intervalle. Quelques instants après l’administration de la première : maux de cœur, anxiété, douleurs dans le flanc, sueurs abondantes, éruption ortiée sur la peau. Ces symptômes sont aggravés par la deuxième pilule, puis la malade s’endort profondément pour se réveiller deux heures après, parfaitement guérie de son aphonie. La guérison avait eu lieu en sept heures !
« 2° Un homme de 40 ans, phthisique au premier degré, est soumis à l’usage des pilules d’amidon administrées homœopathiquement ; une demi-heure après l’administration de chaque pilule, sentiment d’oppression, anxiété, crachement de sang qui cesse après un quart d’heure. Ces phénomènes se sont fait remarquer toutes les fois que le malade a pris des pilules d’amidon.
« 3° Une fille de 23 ans, phthisique au deuxième degré avec fièvre hectique, toux férine, insomnie, se trouvait si soulagée par l’usage des pilules d’amidon qu’elle les demandait en suppliant lorsqu’on voulait en suspendre l’usage. »
Dès lors nous pouvons dire que les guérisons obtenues par les homœopathes ne résultent point des doses infinitésimales, mais bien de l’influence nerveuse, c’est-à-dire de l’individu. Crede et salvus eris.
Cela est si vrai, que presque tous les sectateurs d’Hahnemann se sont abstenus d’appliquer leur méthode sur les animaux ; c’est qu’en effet ces êtres inconscients sont simples et vrais dans l’expression de leurs symptômes ; ils sont exacts dans les effets médicamenteux : si la matière employée sur eux est active, ils le témoignent ; si elle est inerte ils se taisent. Il n’y a plus chez eux cette intervention nerveuse de tout à l’heure ; et c’est peut-être à cette condition qu’est dû le pressentiment acquis d’avance par les homœopathes sur l’inanité certaine de leurs tentatives.
De l’homœopathie en médecine vétérinaire.
En vétérinaire, l’homœopathie est à peu près nulle et sans valeur ; c’est que nous sommes dans des conditions bien meilleures que les médecins pour contrôler les faits d’Hahnemann.
Dans l’École vétérinaire de Berlin, des expériences ont été faites sur un cheval sain, dans le but d’étudier les effets produits par l’anémone pulsatille ; ainsi, dix gouttes de la dixième dynamisation furent administrées sur le dit sujet et n’amenèrent point de modification. Le même sujet reçut trois jours après, dix gouttes de la vingtième dynamisation ; puis plus tard, dix de la trentième ; ensuite vingt et enfin quarante, le tout sans le moindre dérangement.
Malgré ses résultats négatifs, la médecine vétérinaire a compté et compte encore quelques partisans, rares à la vérité, et des écrits encore bien plus rares.
Les premiers vétérinaires qui ont adopté les idées homœopathiques, nous les trouvons en Allemagne, ce qui ne doit pas nous surprendre ; ainsi on cite comme les plus dévoués Lux et Gunther. Ce dernier pourtant, moins exclusif que la plupart des autres prosélytes, est d’accord que dans bien des cas l’homœopathie est infructueuse et que l’on doit avoir recours à la doctrine allopathique. Du reste, il dit qu’il ne faut pas seulement s’en rapporter aux symptômes, mais que l’on doit prendre en considération les causes de la maladie ainsi que son siége.
Parmi les vétérinaires français, il n’y a guère que Martin, Cavarroc et Bernard qui aient adopté la méthode d’Hahnemann, et encore ils ont tenté peu d’essais.
En vétérinaire, le traitement des maladies a été basé sur les mêmes principes qu’en médecine humaine, grâce surtout au travail de M. Gunther qui s’en est occupé d’une manière spéciale. De même que le médecin de Leipzig, ce vétérinaire fait dériver la maladie de nos animaux domestiques d’une aberration de la force vitale, et il recommande de combattre cette dernière par de faibles doses, car suivant son expérience elles sont suffisantes pour amener dans leurs effets primitifs une maladie assez intense pour produire la guérison.
Les médicaments peuvent être administrés sous forme solide ou liquide, mais ce dernier mode donne, suivant Doppler de Prague, les meilleurs résultats ; c’est donc de la sorte que les agents thérapeutiques seront employés toutes les fois que l’état de l’animal le permettra.
Pour administrer les médicaments chez nos animaux, M. Gunther donne le manuel ; il conseille d’employer la dilution au trentième, que l’on verse sur du pain à cacheter blanc. Cette préparation étant faite, il s’agit de l’administrer : pour cela on se place au côté droit de l’animal, la langue est tirée du côté gauche, et on y dépose la préparation, en la plaçant le plus près possible du pharynx, car là l’imbibition est à peu près certaine. On pourrait encore mélanger une ou deux gouttes de médicament avec deux cents gouttes d’eau que l’on verse dans la bouche.
S’il s’agit de globules, il faut se garder de les toucher avec les doigts imbibés de salive, surtout lorsque l’on a fumé, car on risquerait d’associer avec le médicament le principe immatériel du tabac, ce qui pourrait amener de graves désordres.
Une autre précaution à prendre, c’est de ne jamais se presser pour répéter un médicament ; il est nécessaire d’avoir constaté l’effet secondaire de la première dose administrée, car sans cela on provoquerait de nouveaux effets primitifs qui pourraient amener une aggravation de l’affection.
Mais cette manière de procéder ne satisfait guère en général le vulgaire, qui craindrait de perdre ses bêtes si on les laissait trop longtemps sans traitement ; aussi pour condescendre à ces préjugés, M. Gunther conseille d’administrer tous les jours quelques globules ou hosties non imbibées de médicament.
Relativement aux effets obtenus dans notre médecine par le système homœopathique, rapportés par M. Gunther, ils sont, on peut dire, mystérieux ! En effet, qu’il nous suffise ici de rapporter quelques cas des plus graves, réputés incurables pour la plupart, par les vétérinaires de l’ancienne école.
1° Le typhus des bêtes bovines serait guéri, d’une manière certaine, par l’emploi d’arsenic.
2° La péritonite se trouverait arrêtée par l’usage de l’assa-fœtida à doses souvent répétées, jusqu’à ce que la guérison se produise.
3° La morve, cette grave maladie, pourrait être entravée dans sa marche par l’hippozœninum, à la dose de deux à quatre gouttes de la trentième dilution, administré chaque semaine.
4° Enfin citons encore le tournis, le crapaud, la tremblante, l’éparvin sec, la fourbure, les excroissances du sabot, etc., comme autant d’affections faciles à guérir par la méthode homœopathique.
En présence de ces faits qui frappent les pathologistes, il semblerait que le mot incurable dût être rayé de la médecine. Mais ce qu’il y a de certain, c’est que ce n’est pas à l’homœopathie que ce résultat sera dû. Ce que les vétérinaires homœopathes rapportent comme des guérisons pour les maladies que nous venons d’examiner, doit être considéré comme des affirmations données à la légère, comme de pures fictions. Du reste si les homœopathes avaient de tels priviléges, il serait chose fort étrange que la vétérinaire ne comptât pas dans son sein un plus grand nombre de partisans et qu’elle se refusât de porter remède à certaines maladies qu’elle considère comme au-dessus de ses moyens.
Mais pour nous le choix est fait, et la doctrine homœopathique, composée seulement d’observations illusoires, d’assertions sans preuves et de démonstrations impossibles, n’a point sa raison d’être ; et la science s’étonne qu’un système qui se fait une idée aussi fausse et aussi superficielle de l’organisme et de ses maladies ait pu, à notre époque scientifique, trouver créance chez des médecins qui ont toujours eu la prétention de ne pas sortir du rôle d’hommes sérieux qu’ils s’étaient dévolu.
- M. Puig.
- M. Puig.
- ↑ Les maladies naturelles, syphilis et psore, ayant au contraire une action très-longue, ne peuvent jamais être vaincues par la force vitale.