Entretenus à nos frais

Chants révolutionnairesAu bureau du Comité Pottier (p. 13).


ENTRETENUS À NOS FRAIS



Tous ces bonshommes-là, c’est autant d’escarcelles.
À remplir, travailleurs ! Dans leur instinct de sacs,
Ils ont horreur du vide, et nous payons leurs fracs,
Leurs gants, leurs bain-de-mer, leurs catins et leurs selles.

Dans la corruption plongés jusqu’aux aisselles,
Sont-ils préfets à poigne, ils servent les micmacs
De nos gouvernements de trucs et de ficelles :
La classe dirigeante a produit ces réacs.

Ô paons de basse-cour, nullités cravatées,
Faiseurs, beaux fils, mangeurs de soupes apprêtées,
Certes, vous coûtez gros et ne valez pas cher !

Ô misère ! Et tu prends, toi, peuple qui travailles,
Le pain des tiens, leur sang, leur cerveau, leurs entrailles,
La moelle de leurs os, pour tous ces happe-chair !


Paris, 1884.