Encyclopédie méthodique/Architecture/del Pozzo

POZZO (del). Le comte Jérôme del Pozzo fut un des plus distingués dans cette classe d’architectes, qu’on pourroit appeler amateurs, si l’on considère que sa position et sa naissance ne lui avoient imposé ni le besoin de pratiquai l’architecture, ni la nécessité de ces études qu’exige la profession expresse de cet art.

Il faut dire que l’on a toujours compté dans les Etats vénitiens, parmi les plus hauts rangs de la société, de ces architectes par goût, qui se firent un plaisir et un devoir de propager, en construisant eux-mêmes, les bons principes de l’art, les traditions de l’antiquité, et ce goût classique qu’une suite de grands artistes semble avoir rendu héréditaire dans ce pays.

De ce nombre on doit mettre le comte Pompéi de Vérone, chez lequel une éducation soignée avoir développé le goût des sciences et des arts qui occupèrent sa vie toute entière. En 1731, ayant été obligé de faire rebâtir entièrement le palais qu’il avoir dans sa terre d’Illagi, et ne trouvant à Vérone aucun architecte digue de sa confiance, il se mit à étudier l’architecture. Vérone et l’Italie eurent acquis en peu de temps un architecte également versé dans la théorie et la pratique de l’ail. En 1735, il publia un ouvrage intitulé : Les cinq ordres d’architecture civile selon Michel San Micheli. On cite de lui deux palais très-bien entendus, où l’on voit des arcades ornées de bossages et de refends, l’un pour le marquis Piedémonti, dans sa terre, l’autre dans la terre de Pessino, pour le comte Giuliari. De lui est encore l’église qu’on voit hors du village de Sanguinetto, qui est circulaire en dehors et octogone en dedans. Le comte Pompéi a travaillé de prédilection à Vérone. Il avoir bâti la Douane, vaste édifice, dont la cour a deux cent vingt palmes de long sur une longueur proportionnée, avec deux rangs de galeries en colonnes. C’est encore lui qui est l’auteur du portique dans lequel Scipion Maffei voulut recueillir les monuments et les inscriptions antiques dont il avoir fait la collection. Beaucoup d’autres édifices furent construits à Vérone de son vivant, et sur ses dessins après sa mort.

Nous devions cette notice, omise en son lieu, et nous n’avons pu la mieux placer qu’en têté de celle qui a pour sujet un homme également distingué par sa naissance, son rang et sa passion pour l’architecture.

Jérôme del Pozzo naquit à Vérone en 1718. Comme son célèbre concitoyen dont nous venons de parler, il n’eut d’autre maître que Vitruve, Palladio, Scamozzi et les anciens monuments, dont il étudia particulièrement les principes et le goût. Ennemi déclaré du mauvais goût qui depuis un demi-siècle avoit fait intrusion dans tous les ouvrages moderne, il se donna pour tâche de le combattre, et de faire revivre les doctrines de l’antiquité. Mais ce fut surtout par ses exemples qu’il prétendit un propager les principes.

On doit dire que chacun des édifices qu’il se plut à construire, est une leçon pratique de la manière dont l’imitation de ces principes, anciens sans doute, mais anciens comme la vérité, peut être appliquée aux usages de nos sociétés modernes.

La charmante maison de campagne des comtes Trissino, dans le territoire de Vicence, a été bâtie sur les dessins du comte del Pozzo. Elle est située au sommet d’une colline que l’on a aplanie pour y tracer les jardins. L’irrégularité du sol n’a servi qu’à faire mieux briller l’intelligence de l’architecte, et l’harmonieuse symétrie qu’il fut établir dans toutes les parties, comme dans l’ensemble de son bâtiment.

Le comte del Pozzo construisit dans le marquisat de Castellaro, une grande et belle église, qui parut être quelque chose de tout-à-fait nouveau, par cela seul qu’elle ressembloit à de l’antique.

Une réunion d’amateurs, qui avoit pour objet de jouer lu comédie, lui donna l’occasion de projeter une salle de spectacle conforme au système des théâtres antiques. Le dessin et le plan de ce monument reçurent une approbation universelle. Le comte del Pozzo profita des études et des recherches que ce travail avoir exigées de lui, pour réduire en théorie l’application de la méthode des Anciens aux usages modernes, ce qu’il fit dans un ouvrage ayant pour titre : Degli teatri degli antichi, e sulla idea d’un teatro adattato all uso moderno.

Un autre ouvrage de lui est un Traité intitulé : Degli ornamenti dell’ architettura civile, seconda gli antichi ; c’est-à-dire, des ornemens de l’architecture civile selon les Anciens. L’auteur explique en premier lieu tous les noms des différents de l’architecture, et il rapporte leur étymologie. Il passe ensuite aux ornemens mêmes ; il fait connoître leur origine et l’usage qu’en faisoient les Anciens. Enfin il parle des abus qui se sont introduits dans cette partie de l’architecture moderne.

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