Encyclopédie anarchiste/Normal - Nudisme

Collectif
Texte établi par Sébastien FaureLa Librairie internationale (tome 3p. 1805-1812).


NORMAL adj. (de norma, règle). Est normal ce qui reste conforme à la règle générale, ce qui ne sort pas de l’ordinaire. Est anormal ce qui contredit la manière d’être habituelle, ce qui ne cadre point avec. la marche suivie par la nature, dans l’ensemble, ou les coutumes admises par la société. Il est normal que la neige tombe en décembre, dans nos contrées ; il ne l’est pas qu’elle tombe en juillet ; il est normal qu’un homme se soumette aux caprices de l’opinion et de la mode, il ne l’est pas qu’il les bafoue ouvertement. Mais, dans la distinction entre ce qui est normal et ce qui ne l’est pas, il entre une part d’arbitraire qu’un peu de réflexion permet de découvrir aisément. Dès que la science parvint à formuler leurs lois de production, maints phénomènes physiques cessèrent de paraître extraordinaires ; et, dans l’ordre intellectuel ou moral, volontiers l’on déclare contre nature, des pensées ou des actes dont l’unique tort est de troubler la somnolence des dirigeants. Bigots protestants et catholiques n’ont-ils pas l’audace de ranger l’athéisme parmi les maladies de l’esprit ! Et les thuriféraires du capitalisme ne trouvent-ils pas utile que des parasites de haut rang dépensent beaucoup sans rien produire ! En matière de mœurs, de sentiments, de croyances, dans les multiples manifestations de la vie collective, l’anormal n’est souvent que l’exceptionnel. Résidu d’idées en vogue et de préjugés courants, la norme, qui sert de commune mesure, varie selon le temps et le milieu. Sauf un jour de carnaval, il serait pris pour un fou, l’individu dont les habits et les manières rappelleraient ceux des chevaliers du Moyen Age ou des bretteurs de la Renaissance ; les plus sensés de nos contemporains détonnerait singulièrement, s’ils devaient se réveiller brusquement, après un sommeil de plusieurs milliers d’années. Et, bien que le pouvoir de s’étonner soit en baisse chez tous les peuples, par suite du développement des communications internationales, un mandarin chinois, en costume de parade et fidèle aux rites de son pays, semblera extravagant dans un milieu européen ; il est vrai qu’un gentleman américain, transplanté brusquement dans le Céleste Empire, paraîtra, lui aussi, d’une originalité paradoxale aux jaunes qui l’entoureront. Mais, en physique, en biologie, normal et anormal sont des termes au sens mieux défini. Il est normal qu’un rosier fleurisse durant les mois chauds de l’année ; il est anormal qu’un veau naisse avec cinq pattes, un enfant avec des membres disproportionnés ou tordus. Quelle que soit leur rareté, tous les faits observés résultent de lois naturelles qui seront découvertes un jour par la science, si elles ne le sont déjà. Seulement des causes peuvent se rencontrer, qui modifient le processus qu’un phénomène suit d’ordinaire ; et l’anormal apparaît. Aux yeux du médecin, du biologiste, sera anormal tout vivant qui présente des caractères étrangers à l’espèce à laquelle il appartient. C’est en fonction d’un type commun, dégagé par des recherches antérieures, que sont jugés les individus. En démontrant que ce type peut varier, que l’espèce n’est pas fixe, comme le croyaient les anciens, la doctrine évolutionniste nous a conduit à voir souvent, dans l’anormal, soit une régression, soit un progrès. On en peut dire autant dans l’ordre moral et psychologique. Les discussions survenues concernant l’homosexualité montrent combien il est difficile de s’entendre, lorsqu’il s’agit de tracer les frontières de l’anormal, comme aussi d’apprécier les mérites ou les défauts de ce dernier. Et des affaires retentissantes ont montré que certains psychiatres étaient plus fous que les malades qu’ils soignaient. Parfois, c’est pour complaire à la famille ou à un personnage puissant qu’on interne un malheureux : l’asile devient alors l’équivalent de la prison ou du tombeau ; c’est l’in pace moderne à l’usage des gens comme il faut. Même lorsque la bonne foi du psychiatre est entière, l’erreur reste possible. Certains troubles mentaux sont extrêmement difficiles à diagnostiquer ; si des individus à l’esprit sain sont parfois enfermés, il arrive que des fous dangereux soient laissés libres ou relâchés. Ainsi, la prudence, une prudence toujours en éveil, s’impose dès qu’il s’agit de fixer des limites au normal et à ce qui ne l’est pas. Encore les jugements émis à ce sujet restent-ils constamment révisables, même en matière scientifique ; et, dans le domaine des habitudes sociales ou des mœurs, ils sont arbitraires le plus souvent. — L. B.


NOURRITURE (aliment, alimentation). n. f. (du latin nutrire, nourrir). Substance comestible, non toxique, favorable à l’accroissement et à l’entretien des organismes vivants et génératrice des phénomènes énergétiques et vitaux dont ils sont le siège.

Conséquemment, toute matière impropre à satisfaire à ces obligations doit, pour chaque espèce déterminée, être exclue de son alimentation propre.

Malgré l’extrême complexité du régime alimentaire de l’homme et l’incomparable variété des substances comestibles qui constituent sa nourriture habituelle, solide et liquide, leurs principes de constitution se résument en sept types fondamentaux : les albuminoïdes, les graisses, les hydrates de carbone, les sels minéraux, les vitamines, l’eau, l’oxygène de l’air.

La ration alimentaire quotidienne idéale de l’homme doit donc former l’harmonieuse synthèse de tous ces éléments. Mais dans quelle proportion ? Et quelle devra en être la somme totale ? Le problème se révèle immédiatement d’importance.

La cellule constitutive de l’agglomérat humain est essentiellement albumineuse. Sa constitution préalable, son usure, justifient donc l’apport de matériaux azotés.

Pour si indiscutable que soit cet apport, l’importance en fut pendant longtemps exagérée. La diététique officielle et classique l’avait fixée à un taux que rien ne justifiait. C’est ainsi que Germain Sée, qui se ravisa par la suite, estimait de 130 à 160 grammes la ration journalière de protéiques nécessaire à un adulte de poids moyen. D’autres physiologistes, parmi lesquels Voit et Pettenkoffer, réduisirent leurs estimations à 120 grammes pour un total de calories voisin de 3.000 unités. A. Gauthier, Beaunis et Atwater établirent une ration alimentaire type se décomposant comme suit : 111 grammes d’albumine ; 84 grammes de graisse ; 337 grammes d’hydrates de carbone.

Koffer, Ranke et Benke obtenaient par une méthode différente : 110 grammes d’albumine ; 36 gr. de graisses ; 345 grammes d’hydrocarbonés, dégageant une somme totale de 2.532 calories.

Mais les méthodes employées par ces savants auteurs étaient entachées d’empirisme. C’est alors que les procédés d’investigations scientifiques furent substitués aux calculs fantaisistes. Armand Gautier, imité par d’autres physiologistes, revenant sur leurs évaluations premières, abaissèrent de quelques centaines d’unités le taux des calories primitivement établi, tout en réduisant sensiblement la portion azotée. Fauvel, soumettant pendant cinq années consécutives un sujet à un régime plus restreint et mieux ordonné, observa que 60 à 70 grammes, incorporés à une ration totale représentant 2.200 calories, suffisaient à le maintenir en bon état physiologique. Chittenden, poursuivant, en 1903 et 1904, cette expérience de réduction quantitative de la ration alimentaire appliquée sur 26 individus de professions, de races et d’âges différents, aboutit à la remarque que 45 à 55 grammes de substances protéiques suffisent quotidiennement aux exigences physiques d’un homme de poids moyen. L’un de ces sujets tira même un bénéfice physique et mental du fait que sa ration avait été abaissée pendant plus d’un an, au total quotidien de 1.600 calories avec 36 grammes 6 d’albumine seulement.

Lapicque ayant obtenu le chiffre de 54 grammes d’albumine et Labbé 44 grammes, Pascault, tablant sur ses expériences personnelles, aboutit aux chiffres de 53 grammes d’albumine exigible pour chaque individu d’un poids ordinaire. C’est cette conclusion qui lui fait affirmer que la question des albuminoïdes ne doit pas hanter quiconque se préoccupe de régime. « Je serais presque tenté, ajoute-t-il, si je ne craignais d’être accusé de cultiver le paradoxe, de dire de l’azote : on en à toujours assez, , on en à toujours de trop. »

Cette ration de sédentarité, réduite à une moyenne de 1.800 calories ne renfermant que 53 grammes de composés azotés, suffit-elle à réparer les forces d’un ouvrier astreint à un labeur pénible, épuisant ? N’y a-t-il pas lieu de l’amplifier tout en augmentant l’importance de la fraction azotée aux fins de réparation des tissus fort éprouvés ?

Le moteur humain, à l’instar des moteurs mécaniques, a des exigences restreintes, comme nous. le verrons plus loin, en matériaux de constitution. Ce qu’il lui faut pour fonctionner, c’est du combustible de bonne qualité, c’est donc, dans les composés ternaires, dans les hydrates de carbone particulièrement, comme de récentes expériences l’ont confirmé, que la machine humaine trouvera les principes de l’avitaillement qui lui conviennent le mieux. Ce sera donc aux aliments dynamogènes que le travailleur demandera exclusivement son supplément de ration.

En 1865, deux physiologistes, désireux de solutionner cette question, entreprirent de concert l’ascension méthodique du Faulhorn, d’une hauteur de 3.000 mètres. L’analyse de leur urine avant et après l’épreuve permit de constater que les déchets azotés demeuraient invariables. Voit, renouvelant l’expérience sur le chien et le cheval, obtint semblable résultat. Chauvet, expérimentant sur des animaux, aboutit à la conclusion que la consommation d’albumine ne subit aucune variation, que l’animal soit actif ou non.

D’ailleurs, les millions d’extrême-orientaux et d’africains qui demandent à la parcimonieuse ration de riz, d’orge ou de dattes une alimentation pauvre en éléments plastiques et qui sont pourvus d’une vigueur indéniable attestent le mal fondé de prétentions qui ne devraient plus subsister.

Outre qu’il est inutile de faire appel au concours massif d’aliments à forte teneur albumineuse, il est dangereux de leur réserver une place trop importante. Si la destruction par l’organisme des principes ternaires, lorsqu’ils sont en excès, ne l’expose pas à de sérieux mécomptes, l’apport excessif d’albuminoïdes, surtout lorsqu’ils sont d’origine animale, engendre, au cours de leur désintégration, une foule de déchets toxiques dont l’urée et l’acide urique sont parmi les plus importants. Il en résulte une acidification des humeurs qui, à la longue, instaure ce redoutable état diathésique : l’arthritisme.

Une sévère sélection alimentaire s’impose donc pour ne pas compromettre le bon équilibre physiologique. Donner la préférence à une nourriture où les hydro-carbonés dominent constituera donc, pour l’économie, une politique idéale de la nutrition. Et l’homme n’aura jamais à redouter le danger d’une sous-alimentation, sa propension à la gourmandise étant le plus sûr garant de la suffisance.

Les graisses et les sels minéraux occupent, comme nous l’avons susmentionné, une place importante dans les apports indispensables. Les premières symbolisent le type de l’aliment thermogène par excellence. Nous les trouverons en quantité plus que suffisante dans notre ration, d’autant plus que l’adjonction habituelle des corps gras consacrée par les mœurs culinaires, souvent en surcharge, nous garantit de tout danger de pénurie. Il n’y a donc lieu de s’en préoccuper que pour en restreindre l’abus.

L’importance jouée par les sels minéraux mérite d’être signalée. L’alimentation moderne leur marchande trop une place qu’ils devraient occuper sans contestation. N’est-ce pas le phosphore qui préside à la construction des noyaux cellulaires ? Le fer ne joue-t-il pas un rôle particulier dans l’hématose ? Et la soude ne contribue-t-elle pas à neutraliser les effets toxiques des acides dont l’économie est généralement surchargée ? Il est donc maladroit de les frapper d’ostracisme et une part importante des manifestations pathologiques n’a pas d’autre origine. Restituons-leur donc la place qu’ils devraient occuper en nous adressant aux aliments qui en sont riches à la condition de ne pas les en débarrasser par un mode de cuisson intempestif et routinier.

La question des vitamines est encore une énigme. Non pas qu’on ignore leur manifestation. Les découvertes récentes ont mis en lumière leur intervention dans les phénomènes vitaux. Mais l’impuissance actuelle de la science à les identifier convenablement laisse subsister le mystère qui les couvre. Il n’en résulte pas moins que leur concours ne peut être récusé en matière biologique. Toute alimentation dépourvue de leur présence conduit à une mort inéluctable.

Des chiens soumis au régime de la viande cuite exclusive succombent invariablement avant un délai de deux mois, après avoir parcouru toute une série de phases morbides. Des pigeons alimentés de froment décortiqué connaissent les mortelles atteintes du béribéri du pigeon. Le citoyen du céleste empire qui demande au riz poli sa substance exclusive a tout à redouter de cet implacable béribéri. L’explorateur qui s’alimente de conserves s’expose aux atteintes du scorbut et du botulisme. Et la pellagre s’insinue dans le corps débilité du mangeur de polenta. Mais ajoutez, lorsqu’il est encore temps, à la ration du chien ainsi traité, des aliments crus ; à celle du pigeon le son exclu du blé dont il était nourri ; additionnez la pâtée de riz du fils de Soleil de quelques pincées de paddi, cette pellicule argentée qui enveloppe la graminée dont il s’est alimenté ; adjoignez aux conserves dévitalisées du coureur d’aventures quelques gouttes de citron ou quelques bouquets de cresson ; et agrémentez le menu du compatriote de Garibaldi de mets variés et vitalisés ; et vous verrez renaître à la vie ces moribonds dans un laps de temps plus ou moins long.

C’est que les aliments naturels contiennent en totalité ou en partie ces éléments mystérieux que la science n’a pu encore isoler et dont la carence absolue conduit infailliblement à ces curieuses et dangereuses avitaminoses, aux conséquences mortelles. Pour éviter ces graves conséquences il est donc essentiel de respecter leur intégrité en ne soumettant à la cuisson que ce qu’il est impossible de consommer cru et de ne pas débarrasser de leurs parties corticales ou sous-corticales les variétés alimentaires ou se trouvent justement inclus ces précieux éléments.

C’est en vertu de ce principe de conservation que le pain complet, pourvu des éléments péricarpiens, riches en vitamines, dont s’alimentaient nos pères, devrait être substitué à l’absurde pain blanc actuel. Et qu’il faudra composer des menus où figureront abondamment salades variées et fruits à l’état cru.

L’eau se trouve en abondance dans la plupart des comestibles. La teneur hydrique de certains atteint parfois le taux élevé de 95 %. Nous trouverons donc la plus grande partie du précieux liquide dans la ration quotidienne. En cas d’insuffisance justifiée par un travail musculaire intense (période de grande chaleur, etc.), nous ferons appel à son concours sous sa forme la plus simple qui est l’eau pure et nous dédaignerons les breuvages qui s’adornent du titre pompeux et mensonger « d’hygiéniques » et qui ne possèdent de cette qualité que le nom.

C’est grâce à l’eau que la circulation organique s’effectue, apportant aux cellules affamées les munitions nécessaires, véhiculant vers les émonctoires les déchets provenant d’usures constantes. Et bien des phénomènes d’osmose ne s’effectuent que par son intervention.

Nous clorons cette énumération alimentaire avec l’oxygène de l’air. Son importance est telle que l’homme qui en serait privé quelques minutes seulement ne pourrait échapper au sort fatal.

Ce précieux comburant pénètre dans l’organisme par les poumons et les pores de la peau qui sont, à ce titre, d’importants organes respiratoires. C’est lui qui, par sa combinaison avec le carbone, résultant de l’élaboration des autres aliments, libère l’énergie incluse thermo-dynamique qui assure son régulier fonctionnement. Il concourt également au mécanisme de la voirie organique en brûlant maints déchets toxiques qui perdent ainsi leur dangereuse causticité. Il convient donc de favoriser largement son intervention (à laquelle s’oppose malheureusement une pratique d’hygiène déplorable) en assurant une aération diurne et surtout nocturne des appartements (fenêtre largement ouverte pendant la nuit). Une vie physique active (culture physique, sport, etc.), s’impose également, favorisant une suroxygénation du sang qui répondra à ces desiderata. Cette intensive.oxygénation aux effets bactéricides trop connus interviendra de la plus heureuse façon.

Se superposant à toutes ces considérations, il en est une qu’il est. impossible de passer sous silence. Nous l’esquisserons brièvement.

Il ne suffit pas qu’une substance donnée possède toutes les qualités sus-énumérées pour justifier son introduction dans la diététique humaine. Il est indispensable qu’elle ne s’accompagne pas d’éléments perturbateurs et désagrégateurs.

Il n’est rien qui ressemble mieux à un champignon comestible qu’un de ses congénères vénéneux. Le caractère du deuxième, c’est qu’il contient, outre les éléments nutritifs du premier, un principe dangereux, souvent mortel.

Il est d’autres aliments aux apparences inoffensives recrutant tout au partie des qualités nutritives exigées et qui recèlent d’insidieux poisons dont les effets, pour lents qu’ils soient, n’en sont pas moins redoutables.

La viande est de ceux-là. Imparfaite déjà, parce qu’elle ne contient que quelques traces d’hydrates de carbone, cependant si nécessaires à l’effort musculaire, elle comprend, en outre, un surcroît d’albuminoïdes qui suffirait déjà à la déconsidérer. Son incompatibilité vient surtout de ce qu’elle est farcie de purines, ptomames, leurcomaïnes, poisons aux effets lents et néfastes pour l’homme, frugivore de nature, et dont les défenses organiques ne sont pas adaptées, comme c’est le cas des carnivores, à leur neutralisation. Les putréfactions intestinales qu’elle suscite au cours de la digestion, favorisant une formidable pullulation microbienne, s’additionnant aux autres méfaits dont elle est déjà chargée. L’imputation qui lui est faite, justifiée par les faits, d’engendrer ou de favoriser la naissance ou le développement des maladies telles que le cancer, l’appendicite, etc., suffit à imposer son exclusion d’un régime rationnel (voir végétalisme, végétarisme).

Voici, d’après le docteur Callière, par ordre de décroissance, l’importance toxique de certains aliments : thymus, foie, pancréas, cerveau, muscles, œufs, lait, légumes, salades. Les céréales, ces anti-putrides par excellence lorsqu’elles sont soigneusement mastiquées, sont incroyablement riches en hydrocarbonés, sels minéraux et vitamines ; les fruits peu acides, ces désintoxiquants parfaits dont la valeur alimentaire est aussi remarquable, peuvent figurer avantageusement au bas de cette échelle.

Soumis à l’expérience de la bombe calorimétrique, l’alcool dégage, en brûlant, un nombre respectable dé calories. C’est ce qui lui a permis de prendre figure d’usurpateur. Si, ingéré, il brûle dans l’organisme (sort que, dans le même cas, subit d’ailleurs l’éther, ainsi que le souligne le professeur Legris), c’est parce que sa présence dangereuse oblige celui-là à des mesures de voieries au premier plan desquelles figure sa destruction par la combustion. L’abaissement de température qu’il détermine chez des cobayes soumis au traitement du dangereux liquide, et les infériorisations et les insuccès des athlètes abreuvés de boissons fermentées infirment hautement la considération que des personnages abusés ou intéressés lui avaient concédée. Ni aliment, ni excitant, ses propriétés stupéfiantes et toxiques l’écartent systématiquement de l’activité alimentaire de l’homme (voir alcoolisme).

Nous abordons ici la gamme des excitants dont les rapports avec l’aliment véritable sont plus apparents que réels.

Si, par son corps gras de composition, le chocolat constitue exception, il ne mérite pas moins un ostracisme sévère, en raison de la présence en son sein d’un alcaloïde dangereux de l’ordre des purines ; la théobromine, dont l’action excitatrice s’accompagne inévitablement d’influences funestes. A défaut d’une exclusion totale, une tolérance vigilante devra en limiter la consommation.

Le café et le thé s’apparentent, grâce à leur caféïne et à leur théïne, au chocolat. C’est assez dire qu’ils ne méritent pas meilleur accueil. Excitants de la cellule nerveuse, aussi néfastes qu’éphémères, ils l’épuisent par leurs interventions répétées. L’interdit qui les frappe est largement justifié et leur emploi ne devra être qu’exceptionnellement toléré.

Ce sévère élagage, ces coupes sombres atteignant mets et breuvages à la réputation parfois surfaite de « délicatesse incomparable » qui les ont fait situer au sommet de la hiérarchie gastronomique, ne peuvent manquer de susciter des émotions, de soulever même les contestations d’innombrables personnes qui placent au premier plan de leurs préoccupations les satisfactions du palais et ferment, consciemment ou non, les yeux sur leurs conséquences. Les plaisirs sensuels étant les seuls dignes de leur considération, tant pis si leur abus conduit aux catastrophes !… Cette conception de la vie par trop dépourvue de véritable philosophie conduit à l’aberration pure.

Il est manifestement faux, d’ailleurs, qu’une orientation unilatérale de la diététique procure, en les totalisant, toutes les satisfactions du goût. Une enquête consciencieuse exécutée auprès des groupements humains qui peuplent l’immense réseau des longitudes et des latitudes et qui se délectent de menus dont la composition souvent agréable, mais parfois repoussante pour le civilisé, infirme hautement ce concept enfantin. Quiconque est astreint dès sa prime enfance à une discipline alimentaire restrictive des variétés de constitution physico-chimique malsaine et qu’apprécient les prétendus gourmets aberrés, n’est pas pour cela exclu des plaisirs gustatifs. La finesse du goût atteint d’ailleurs chez lui une acuité qui lui permet d’apprécier bien des délicatesses inconnues du blasé, chez qui l’atrophie gustative est si souvent le résultat d’une alimentation corrosive exagérée.

Mais si, à la rigueur, l’alimentation simple et rationnelle s’accompagnait d’une réduction des agréments charnels, qu’y pourrions-nous ? Les lois qui régissent le métabolisme sont inflexibles et intransgressibles. Toute rébellion se traduit par des sanctions pathogéniques commandées par les fameuses lois de compensations.

« L’homme creuse sa tombe avec ses dents. » Ces paroles sentencieuses formulées il y a dix-neuf siècles, par le sage Sénèque, n’ont pas démérité. En un temps où triomphent des appétits de grossier matérialisme et où l’humanité s’achemine vers les pires déchéances physiques par sa routine meurtrière et ses passions incontrôlées, la sentence lapidaire nous rappelle vers quel lointain passé remontent les errements en la matière et qu’il est grand temps de réformer nos méthodes.

C’est à ceux qui se targuent de philosophie désintéressée de tout tenter pour l’arrêter sur la pente fatale et de lui montrer que les plaisirs de la table sont légitimes lorsqu’ils ne concourent pas à son avilissement physique et intellectuel ; et que, se superposant à eux, il y a des joies d’ordre supérieur susceptibles de l’élever et de le conduire au vrai bonheur. — J. Méline.

Biblioghaphie. — Dr  Pascault : Précis d’alimentation et hygiène de l’arthritique ; Arthritisme par suralimentation : Conseil théorique et pratique sur l’alimentation. — Dr  Jules Grand : La Philosophie de l’alimentation. — Dr  Monteuis : L’alimentation simple et économique. — L. Rancoule : L’aliment vivant vibratoire, source de santé, de bien-être et de longévité. — Allendy et G. Reaubourg : Les trois aliments meurtriers. — G. Favrichon : Hygiène alimentaire. — Casimir Funk : Histoire et conséquences pratiques de la découverte des vitamines. — etc.


NUDISME n. m. (du latin nudus, nu). Désinences et origines : Le terme : nudiste a été appliqué aux pratiquants de la nudité hygiénique dans une intention péjorative. Mais, comme il dit bien ce qu’il veut dire, les nudistes l’ont adopté, concurremment avec le terme : gymniste.

A la vérité, les partisans de cette méthode d’hygiène l’appellent la libre-culture du corps, qui est la désinence usitée par les Allemands. En France, le mouvement libre-culturiste préconisé par la revue « Vivre Intégralement » et appuyé par la « Ligue Vivre », s’intitule plus largement : Libre-culture physique et mentale.

Le nudisme puise ses références dans l’antiquité gréco-latine, dans le premier christianisme même et parmi de nombreux peuples anciens et modernes. Sa pratique systématique, de nos jours, est due aux peuples nordiques, particulièrement aux Allemands. En France, on lui découvre divers précurseurs ; mais c’est à M. Kienné de Mongeot, directeur-fondateur de la revue « Vivre Intégralement » et de la « Ligue Vivre », et aux médecins et publicistes qu’il a réunis dans ces organismes qu’est due l’élaboration d’un système complet de Libre culture adapté au tempérament français. C’est également M. de Mongeot qui fonda, en France, dans un château de Normandie, le premier centre gymnique collectif, le « Sparta-Club » ; d’autres centres se sont. ouverts sous son égide. Par la suite, les docteurs Durville fondèrent l’île des Naturistes. Mais le caleçon, imposé aux adhérents, en raison de l’absence de sécurité de leur stade, enlève à l’œuvre des docteurs Durville tout caractère de libre culture, particulièrement en ce qui touche aux préjugés sexuels.

Nudisme, Naturisme, Alimentation. — On assimile cependant le nudisme au naturisme. Mais il y a là une confusion en ce que le naturisme à sa base essentielle dans un concept d’hygiène alimentaire tendant au végétarisme absolu. Or, tous les nudistes ne sont pas végétariens et beaucoup de naturistes sont, pour raisons confessionnelles ou conformistes, opposés au nudisme intégral.

Les deux mouvements sont apparentés en ce que la libre culture, si elle n’est pas systématiquement végétariste, tend à une alimentation raisonnée, comportant plus de végétaux que de viandes. Cette tendance est conditionnée à la fois par les besoins naturels du corps le plus généralement évidents, par les besoins résultant du milieu où il vit et par les ressources de ce milieu et, aussi, par le tempérament de chacun. Apparentement encore dans la culture du corps au point de vue de la force musculaire, de la grâce et souplesse corporelles, de l’équilibre fonctionnel. Divergence dans l’importance donnée à la nudité par les libres-culturistes au point de vue de l’éducation sexuelle.

En résumé, la libre-culture physique et mentale, telle qu’elle est préconisée par la « Ligue Vivre » et la revue « Vivre Intégralement », a en vue une hygiène sociale et individuelle, raisonnée, en réaction constante contre les préjugés.

L’alimentation et la culture physique, incluses dans la libre-culture, ne constituent pas l’aspect essentiel de la question purement nudiste. Constatons toutefois que le nudisme en famille et en groupes oblige — par souci d’émulation et de dignité — à surveiller l’alimentation, à pratiquer un minimum de culture physique, à s’adonner plus volontiers aux complètes ablutions, pour conserver le corps, « visible à tous », en bonne condition.

Hygiène solaire. — Individuellement ou en groupes, la base physique du nudisme est l’insolation ou « bain » de soleil. Disons que cette base est aujourd’hui élargie à la trinité : air, lumière, soleil, éléments complémentaires et également indispensables.

Résumons le principe : aération nécessaire de la peau, irradiation de la peau par la lumière diffuse qui agit comme un aliment de notre organisme, enfin insolation, c’est-à-dire action de l’ultra-violet.

Le bain d’air se prend au cours de la toilette, pendant la culture physique, fenêtres ouvertes ; mieux encore dans le jardin. Le bain de lumière se prend en même temps et aussi pendant le repos, à l’intérieur même des appartements, les fenêtres fussent-elles fermées. Il n’en est pas de même de l’insolation. La pénétration de l’ultra-violet est faible ; le moindre écran, fût-il une gaze blanche, suffit à l’intercepter. Le bain de soleil exige donc le plein air ou un solarium spécialement aménagé. Son action est particulièrement remarquable sur les glandes endocrines, d’où l’utilité — particulièrement chez les enfants débiles — d’insoler les glandes testiculaires.

La nécessité pour les rachitiques, les débilités, d’insoler le corps intégralement est soulignée par l’action des rayons solaires. La brûlure, le coup de soleil sont d’autant plus redoutables que l’insolation est plus limitée. L’hygiène solaire ne doit d’ailleurs pas être appliquée sans prudence et un minimum d’indications. Pour les malades, le concours du médecin est absolument indispensable.

Tous ces faits ne sont plus sérieusement discutés par les personnes compétentes et impartiales. Même la nudité chez soi est admise en tant que moyen d’aérer et d’irradier l’organisme. Seules demeurent contestées l’utilité de la nudité en commun et la possibilité de vivre nu sous le climat européen. À cette dernière objection, répondons que, justement, la nudité quotidienne rééduque la peau qui résiste mieux au froid et que l’on peut, dans certaines conditions d’entraînement, traverser en plein hiver une piscine d’eau froide. Précisons, en outre, que la libre-culture n’a pas pour objet de proposer l’état constant de la nudité. Maintes raisons pratiques, esthétiques, etc., s’y opposent. Il lui suffit de tendre à une vêture moins incommode, moins abusive, plus hygiénique. Quant à la pratique du nudisme, je l’ai maintes fois ainsi définie : « On se met nu pour prendre des bains d’air, de lumière ou de soleil, comme on se dévêt pour se laver, pour faire du sport, pour nager. On s’habille ensuite. »

Le préjugé du nu. — Reste la nudité collective. Elle est nécessaire pour groupement des efforts qui, seul, dans l’état des lois, permet l’achat des libres-parcs à l’abri desquels les personnes ne disposant pas de moyens personnels suffisants peuvent s’insoler. Elle est utile encore en ce qu’elle est. un facteur d’émulation. Mais son but, dans la famille comme dans les parcs, est de ruiner le préjugé du nu et les tabous sexuels, d’organiser ainsi la prophylaxie des obsessions et. des déviations sexuelles.

Je ne puis, dans cet article extrêmement résumé, aborder cette question qui prend place à l’article : sexualité. Je veux seulement affirmer que, des expériences faites en France même, en particulier au « Sparta-Club » et auxquelles j’ai participé, il résulte que les faits justifient la théorie, sous condition d’éliminer d’un centre non médical les individus profondément tarés, les obsédés incurables. Les résultats sont particulièrement probants en ce qui concerne les enfants. C’est tout un aspect nouveau de l’éducation sexuelle qui résulte de la pratique du nudisme en commun, spécialement à l’intérieur de la famille.

Philosophie de le libre-culture. — Mais au-delà de toutes ces questions d’hygiène physique et mentale, il y a, dans la libre-culture, toute une philosophie de la vie qu’il convient de dégager. Bien loin de tendre, comme le répètent les sots, à un recul vers la barbarie et la sauvagerie, la libre-culture, telle qu’elle est. conçue dans les organismes directeurs de « Vivre », comme je m’attache personnellement à orienter son évolution, s’efforce d’adapter l’individu aux nouvelles conditions de vie que lui impose l’industrialisme. Pour cela, elle préconise une meilleure hygiène du travail, une meilleure organisation de la production et de la répartition en vue d’augmenter les loisirs, le confort, le bien-être matériel des individus avec, pour corollaire, une plus grande liberté individuelle, la volonté de cette liberté pour recréer le sentiment de la « personnalité » aboli par le collectivisme extrême de la vie moderne. C’est le thème de l’ordre du jour adopté par la Ligue « Vivre », à son congrès de 1930. C’est ce que, dans mon précis de libre-culture : « Nudisme (Pourquoi ? Comment ?) », je synthétise sous cette forme :

« Conserver la souplesse de nos corps dans l’harmonie des libres jeux quotidiens.

» Créer les conditions d’un équilibre où se réalisera le conseil du vieux Juvénal : « Entretenir en santé à la fois l’âme et le corps. »

» Organiser les instants nécessaires où, dans le calme, l’homme — rapproché des sources de la vie — retrouvera sa personnalité ; où, méditant à loisir sur sa destinée, il s’agrandira de pure philosophie et s’enchantera des harmonies de l’art vivant.

» Dans la paix volontairement construite, dans la beauté à chaque geste créée, sous le signe prééminent de l’esprit chaque soir libéré plus longuement de ses servitudes, redonner un sens à l’Amour… »

On voit, par cela, que la libre-culture, dite « nudisme » est un instrument de progrès social en même temps qu’un moyen de culture individuelle et d’affranchissement de la personnalité. Elle s’allie sur ce plan aux mouvements philosophiques d’esprit libertaire comme aux mouvements sociaux d’action objective et positive. Sa particularité propre — et qui en fait tout le dynamisme — c’est son opposition par le fait au plus enraciné des préjugés, le préjugé du sexe, auquel, dans tous les milieux, s’attache une idée de honte toute spéciale que des esprits libres doivent nettement rejeter. C’est parce qu’on y accomplit un effort de compréhension et de vérité que les milieux libres-culturistes sont marqués d’une cordialité, d’une tolérance, d’une délicatesse de manières et de sentiments par quoi se manifestent les esprits ouverts sur la riche diversité de la vie. — Charles-Auguste Bontemps.

Bibliographie. — Les ouvrages traitant du nudisme en France se trouvent, jusqu’ici, naturellement groupés aux « Edit.ions de Vivre », 2 bis, rue de Logelbach, Paris (17e). Citons : Devons-nous vivre nus ?, trois luxueux albums illustrés de Henri Nadel, qui constituent une véritable encyclopédie de la nudité ; L’homme et la lumière, ouvrage médical du Docteur Fougerat de Lastours ; Connaissance de la vie sexuelle, du Docteur Pierre Vachet, et un précis de la libre-culture illustré : Nudisme (Pourquoi. Comment), de Ch.-Aug. Bontemps, complété de documents et d’une post-face de Kienné de Mongeot sur’les « Origines du mouvement en France ». Enfin, dans la collection de la revue « Vivre Intégralement », de nombreux articles des Docteurs Charles Guilbert, Robert Sorel, Pierre Lépine, etc…, et une suite d’articles du Docteur Pathault qui vont être réunis en volume.

NUDISME RÉVOLUTIONNAIRE (le). Qu’on considère le nudisme comme « une sorte de sport, où les individus se mettent nus en groupe pour prendre un bain d’air et de lumière comme on prendrait un bain de mer » (Dr  Toulouse), c’est-à-dire à un point de vue purement thérapeutique ; qu’on l’envisage, comme c’est le cas pour les gymnosmystique (gymnos en grec signifie nu), comme un retour à un état édénique, comme replaçant l’homme dans un état d’innocence primitif et « naturel », thèse des adamites d’autrefois, — ce sont deux points de vue qui laissent place à un troisième qui est le nôtre, c’est que le nudisme est, individuellement et collectivement, un moyen d’émancipation des plus puissants. Il nous apparaît comme tout autre chose qu’un exercice hygiénique relevant de la culture physique ou un renouveau « naturiste ». Le nudisme est, pour nous, une revendication d’ordre révolutionnaire.

Révolutionnaire sous un triple aspect d’affirmation, de protestation, de libération.

Affirmation : Revendiquer la faculté de vivre nu, de se mettre nu, de déambuler nu, de s’associer entre nudistes, sans avoir d’autre souci, en découvrant son corps, que celui des possibilités de résistance à la température, c’est affirmer son droit à l’entière disposition de son individualité corporelle. C’est proclamer son insouciance des conventions, des morales, des commandements religieux, des lois sociales qui nient à l’humanité, sous des prétextes divers, de disposer des différentes parties de son être corporel comme il l’entend. Contre les institutions sociétaires et religieuses que l’usage ou l’usure du corps humain est subordonné à la volonté du législateur ou du prêtre, la revendication nudiste est l’une des manifestations la plus profonde et la plus consciente de la liberté individuelle.

Protestation : Revendiquer et pratiquer la liberté de l’anudation est, en effet, protester contre tout dogme, loi ou coutume établissant une hiérarchie des parties corporelles, qui considère par exemple que l’exhibition du visage, des mains, des bras, de la gorge est plus décente, plus morale, plus respectable que la mise à nu des fesses, des seins, du ventre ou de la région pubienne ; c’est protester contre la classification en nobles et en ignobles des différentes parties du corps : le nez étant considéré comme noble et le membre viril comme ignoble, par exemple. C’est protester, dans un sens plus élevé, contre toute intervention (d’ordre légal ou autre) qui nous oblige à nous vêtir, parce que cela plaît à autrui, alors qu’il n’est jamais entré dans nos intentions d’objecter à ce qu’autrui ne se dévête pas, s’il y trouve davantage son compte.

Libération : Libération du port du vêtement ou plutôt de la contrainte de porter un costume qui n’a jamais été et ne peut être qu’un déguisement hypocrite puisque reportant l’importance sur ce qui couvre le corps — donc sur l’accessoire — et non sur le corps lui-même, dont la culture cependant constitue l’essentiel.

Libération d’une des principales notions sur les quelles se fondent les idées de « permis » et de défendu, de « bien » et de « mal ». Libération de la coquetterie, du conformisme à un étalon artificiel d’apparence extérieure qui maintient la différenciation des classes.

Qu’on s’imagine nu le général, l’évêque, l’ambassadeur, l’académicien, le garde-chiourme, le garde-chasse ? Que resterait-il de leur prestige, de leur délégation d’autorité ? Les dirigeants le savent bien et ce n’est pas un de leurs moindre motifs d’hostilité au nudisme.

Délivrance du préjugé de la pudeur, qui n’est autre que « la honte de son corps ». Délivrance de l’obsession de l’obscénité, actuellement provoquée par la mise à découvert des parties corporelles que le tartufisme social prescrit à tenir cachées — affranchissement des réserves et des retenues impliquées par cette idée fixe.

Nous allons plus loin. Nous maintenons, en nous plaçant au point de vue sociabilité que la pratique de l’anudation est un facteur de meilleure camaraderie, de camaraderie moins étriquée. On ne saurait nier que nous est une, un camarade moins distant, plus intime, plus confiant, non seulement celle ou celui qui se fait connaître à nous sans arrière-pensée intellectuelle ou éthique, par exemple, mais encore sans aucune dissimulation corporelle.

Les détracteurs du nudisme — les moralistes ou hygiénistes conservateurs d’État ou d’Église — prétendent que la vue du nu, que la fréquentation entre nudistes des deux sexes exaltent le désir érotique. Cela n’est pas toujours exact. Cependant, contrairement à la plupart des théories gymnistes — chez lesquelles l’opportunisme ou la crainte des persécutions est le commencement de la sagesse, — nous ne le nions pas, mais nous maintenons que l’exaltation érotique engendrée par les réalisations nudistes est pure, naturelle, instinctive et ne peut être comparée à l’excitation factice suscitée par le demi-nu, le déshabillé galant, et tous les artifices de toilette auxquels a recours le milieu vêtu, mi-vêtu ou court-vêtu où nous évoluons. — E. Armand.