Encore aultres balades, Texte établi par Maurice RoyFirmin Didot (p. 271-272).


ENCORE AULTRES BALADES[1]



I


Mon doulx amy du quel Je tien
Le loyal cuer, et pour le tien
Le mien en eschange te donne.
Je te pry, ne te doubte en rien,
Car je te jur et promet bien
Que se ne truys aultre que bonne
Ta voulenté vers ma personne,
En ce qui peut honneur toucher,
Se ne passez de droit la bonne,
Je t’ameray et tiendray chier.

Et s’il te plaist qu’en ce lïen
Soit ton trés doulx cuer et le mien,
Et que ton vueil au mien s’ordonne,
Si qu’en nostre fait n’ait que bien,
Saches de vray et le retien,

Sanz qu’aultre foiz plus t’en sermonne,[2]
Que l’amour qui en moy s’entonne,
Dont ta doulceur me vient preschier,
Durera, puis que m’y adonne.
Je t’ameray et tendray chier.

Par si que toudis ton maintien
Soit tel qu’ainsi que je le tien,[2]
Non obstant qu’acueil t’abandonne,[2]
M’onneur garderas par moyen
De loyauté se tu es sien ;
Tout le surplus je te pardonne,
Car, quoy que désir t’araisonne
Par force d’amour me touchier,[3]
Mais que trop ne te desordonne,
Je t’ameray et tendray chier.

Pour ce, amis, gaignes la couronne
Sur tous amans, ne t’approchier
D’aultre vueil ; sanz t’estre felonne
Je t’ameray et tendray chier.

  1. Les cinq ballades et les quatre rondeaux qui suivent ne se trouvent que dans le ms. Harley 4431 du Musée Britannique f 49 à 53.
  2. a, b et c I. — 16, 22 et 23 A2 que a
  3. — 28 A2 te t. Corr. me