En avant ! la classe ouvrière

Chants révolutionnairesAu bureau du Comité Pottier (p. 67-70).


EN AVANT ! LA CLASSE OUVRIÈRE



Au Parti révolutionnaire cosmopolite de toutes les écoles.


APPEL

En avant ! les forges, les mines,
Les fabriques et les chantiers.
Compagnons de tous les métiers,
Martyrs de toutes les famines,
Formats que la misère vend
À la bourgeoisie usurière,

En avant ! la classe ouvrière,
La classe ouvrière, en avant !

Venez, l’enfant ; venez, la femme ;
Pâles meurtris des greniers froids :
La douleur affirme ses droits,
Les sanglots ont fait leur programme.
Il faut à tout être vivant
Sol, outils, matière première.

En avant ! la classe ouvrière,
La classe ouvrière, en avant !


Sur vous, ouvriers de charrue,
Batteurs en grange, vignerons,
Valets de ferme, bûcherons,
L’usure étend sa main bourrue :
La grande culture arrivant
Englobera lopin, chaumière.

En avant ! la classe ouvrière,
La classe ouvrière, en avant !

Vous qui sombrez dans les déboires,
Marchands, débitants, boutiquiers,
Pour vous avaler par milliers,
Un monstre ouvre ses deux mâchoires :
On nomme ce requin géant :
Féodalité financière.

En avant ! la classe ouvrière,
La classe ouvrière, en avant !

DÉCLARATION DES DROITS ET GRIEFS

Meurt-de-faim, c’est à nous le globe.
Par nos longs travaux du passé,
Siècle à siècle, il s’est amassé
L’héritage qu’on nous dérobe.
L’humanité se soulevant
Veut en rester l’usufruitière.

En avant ! la classe ouvrière,
La classe ouvrière, en avant !

Dans quelques mains tout se concentre
La vapeur bout sans arrêter ;

Nos bras ne pouvant plus lutter,
Que faire ? Nous sangler le ventre
Ou peupler leurs bagnes, crevant
Sous la machine meurtrière ?

En avant ! la classe ouvrière,
La classe ouvrière, en avant !

Eh ! quoi, nos forces collectives,
Quoi ! vapeur, ton souffle éperdu
Pour milliarder l’individu,
Pour gaver les classes oisives ?
Reprends ta ruche, essaim vivant ;
C’est aux fourmis la fourmilière.

En avant ! la classe ouvrière,
La classe ouvrière, en avant !

Nos patrons sont nos adversaires,
Leurs canons l’ont prouvé cent fois.
En face du camp des bourgeois
Dressons le camp des prolétaires !
Suis-nous, artiste et toi savant ;
Nos marteaux forgent la lumière.

En avant ! la classe ouvrière,
La classe ouvrière, en avant !

Babœuf après quatre-vingt-treize,
La Croix-Rousse et son drapeau noir,
Juin, les jours du désespoir
Et le mur du Père-Lachaise,
N’est-ce pas le mal s’aggravant
Et pour progrès… le cimetière ?


En avant ! la classe ouvrière,
La classe ouvrière, en avant !

VOTE DE CLASSE

Et croyez-vous, épaules lasses,
Que ceux qui, chargent votre dos
Réduiront jamais vos fardeaux ?
Rompons net et votons par classes :
Plus de compromis énervant ;
Laissons les traînards dans l’ornière.

En avant ! la classe ouvrière,
La classe ouvrière, en avant !

C’est dit : Commençons, camarades,
La révolte par le scrutin ;
Tant pis pour eux si leur tocsin
Couvre Paris de barricades.
Les pouvoirs affolés souvent
Font sauter cette poudrière.

En avant ! la classe ouvrière,
La classe ouvrière, en avant !

Commune, tu seras suivie,
C’est le grand assaut pour le pain,
Chacun doit manger à sa faim !
Chacun doit vivre à pleine vie !
Toi, drapeau rouge, flotte au vent,
Salué de la terre entière.

En avant ! la classe ouvrière,
La classe ouvrière, en avant !