En Mer (Max Waller)

Parnasse de la Jeune BelgiqueLéon Vanier, éditeur (p. 298-299).


En Mer


Au bastingage du steamer,
Où caressante, l’eau déferle,
Avec des nacrures de perle,
Je regarde danser la mer.

Les vagues vont, les vagues vagues
Comme un rêve d’eau sanglotant,
Et ce n’est que de l’eau pourtant…
Et j’écoute vaguer les vagues.

C’est adorable, ce lointain,
Cet horizon qui gronde et lutte.
Il est deux heures du matin,
Mignonne Mer, un air flûte !

Un air de flûte qui serait
Plus chaste qu’un baiser de lame,
Dans le jour au loin qui s’enflamme,
Un air de flûte bien discret,


À tous les engloutis des ondes
Mangés par les petits poissons,
Une de mes minces chansons
Pour leur faire danser des rondes.

Il est inédit, de mon choix,
Un air à peine d’un quart d’heure,
Et je le dédie aux anchois,
Afin qu’ils en fassent leur beurre.

C’est adorable, ce lointain,
Cet horizon qui gronde et lutte ;
Il est deux heures du matin,
Dans la mer j’ai jeté ma flûte.