E. D. – Le marbre animé/3

Aux dépens de la compagnie (Bruxelles) (p. 25-30).

CHAPITRE III



LE GAMIN




La troisième nuit, ainsi que les deux autres, la princesse m’attendait, toujours étendue, toute nue, sur son grand lit, m’accueillant avec le même sourire, qui eût paru adorable à qui n’aurait pas connu la belle insensible. Je venais avec l’intention de lui laisser toute la corvée, cette nuit. Aussi, dès que j’eus pris place à son côté, je lui exprimai mon désir en ces termes : „Belle princesse, je désire que vous soyez aujourd’hui ma servante. Je ne sais si vous êtes au courant de la manière dont je désire être servi, mais avec un peu de bonne volonté, il ne faut pas longtemps pour l’apprendre, quand on l’ignore. Je vais m’humilier sous vous, et vous aurez la prééminence ; en un mot, vous ferez l’homme cette nuit”.

„— Volontiers, répondit la belle ; vous me pardonnerez si je suis un peu gauche dans mon nouveau métier, je m’emploierai, toute la nuit, à combler vos désirs, en obéissant à vos conseils”.

Déjà j’étais sur le dos, offrant, dans une superbe érection, mon priape furieux, qui dresse la tête et s’agite. La princesse, après quelques petites caresses au pénis du bout des lèvres et des doigts, m’enjambe et vient se mettre sur moi. „Écartez bien les cuisses, lui dis-je ; prenez ma verge de la main droite ; bien. Entr’ouvrez le tabernacle de la main gauche ; mettez le gland sur le bouton, frottez le clitoris, frottez, frottez encore. Enfoncez le membre ; baissez-vous peu à peu, encore, encore. Maintenant, faites des mouvements, de haut en bas, et de bas en haut, comme j’en faisais sur vous, dans la même position. Bien, bien, à merveille ! Continuez ainsi, toujours”. La mignonne obéissait ponctuellement, allant et venant, d’un mouvement lent et irrégulier. Une glace de Venise, qui servait de ciel de lit, reflétait les charmants appas qui s’agitaient sur mon corps ; et bien que la cavalière eût besoin de nouveaux conseils, je me taisais, me délectant à admirer dans la glace ces superbes fesses blanches, se renflant et s’affaissant tour à tour, dans un mouvement voluptueux. Elles s’élevaient en s’entr’ouvrant, comme pour montrer le petit trou noir qui se cache dans la profondeur des chairs, redescendaient bien vite, enfouissant, en se serrant, le bijou dans sa cachette, en recommençant sans cesse leurs plaisantes mines, sous mes yeux enchantés. Je ne me lassais pas de cet aimable spectacle, mais déjà sous la belle, dont je mords les lèvres, je perds le sentiment de ce qui se passe au-dessus de moi, et je me pâme longuement, tandis que mon amante s’affaisse sur mon corps, me laissant croire qu’elle prend part à ma félicité. Mais quand nos yeux se rencontrent, il n’y a toujours dans les siens que l’azur d’un lac pur et tranquille. Si c’est une comédie qu’elle joue, ma princesse Russe est une comédienne consommée.

Après les ablutions obligées, je reprends l’inspection de ses charmes, puisant dans mes délicieuses excursions à travers ces mille trésors, de nouveaux désirs, que je cherche à faire entrer dans ce corps doublement de neige. En même temps que je larde le petit trou au milieu des fesses, je caresse le clitoris dans sa grotte, et quand il me semble que j’ai allumé dans les régions que j’explore, un peu de la flamme qui me dévore, je m’étends de nouveau sur les reins, la verge au vent, invitant l’aimable cavalière à se remettre en selle. Sans une hésitation, elle se remet à chevaucher, telle maintenant qu’une habile écuyère. Les yeux au ciel, je reprends mon agréable contemplation, et j’admire comment ce beau cul manœuvre, ravi par un si doux spectacle.

Jusqu’au jour, sans interruption, et sans montrer la moindre fatigue, la vaillante écuyère me donne les preuves d’une vigueur surprenante, qu’on prendrait pour le rut d’une femme de feu, sans que jamais elle manifeste par un geste, par un soupir, par aucun signe extérieur enfin, ce qu’elle éprouve dans ces luttes amoureuses.

Quand je prends congé, le matin, harassé par cette infatigable joûteuse, le même sourire m’accompagne jusqu’à la porte, sourire enchanteur dans l’œil pur d’une vierge, mais un peu vexant dans celui d’une amante.