Librairie de l’Union Chrétienne (p. 40-50).
« Je crois en Dieu Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, des choses visibles et des choses invisibles. »




L’action extérieure du principe éternel s’est produite par le Fils, et a eu pour résultat la création du monde, c’est-à-dire, de l’ensemble de tous les êtres contingents, qui n’ont pas en eux-mêmes la raison de leur existence.

Il y a un double monde, l’un est composé des êtres spirituels et l’autre des êtres matériels. Tout ce qui ne peut tomber sous nos sens est l’invisible ; ce qui peut tomber sous nos sens est le visible.

Parmi les êtres spirituels, nous connaissons les anges et les âmes humaines. Les premiers sont des esprits purs, c’est-à-dire qui ne sont pas unis à des corps. Les anges, après leur création, furent soumis à une épreuve dans l’exercice de leur liberté. Les uns restèrent fidèles : ce sont les bons anges ; les autres succombèrent à l’orgueil et perdirent plusieurs de leurs prérogatives : ce sont les mauvais anges ou démons dont le chef est Satan.

Les uns et les autres ont une action directe dans le monde terrestre : les premiers pour le bien, les seconds pour le mal. L’action des uns et des autres est subordonnée à la volonté souveraine de Dieu[1].

Il y a donc des relations continues entre le monde spirituel et le monde matériel.

Le monde invisible, sans être circonscrit par un espace analogue à celui qui détermine le mode d’existence du monde visible, est cependant dans un état qui le distingue de ce qui n’est pas lui. Dieu y manifeste sa gloire d’une manière particulière pour les bons anges et pour les âmes des justes : c’est le ciel[2] ; les mauvais anges au contraire, ont été constitués dans un état de condamnation qui est désigné sous le nom d’enfer. Les âmes des réprouvés, parmi les hommes, seront dans le même état après la sentence dernière qui sera rendue contre eux, et leur état, comme celui des mauvais anges, est définitif.

La mort ne rompt pas les liens de communion qui existaient sur la terre entre les fidèles. Cette communion consiste principalement dans les prières qu’ils adressent à Dieu les uns pour les autres. Les élus prient pour leurs frères, comme lorsqu’ils étaient sur la terre, et si nous pouvions leur demander leurs prières lorsqu’ils étaient dans ce monde terrestre, à plus forte raison pouvons-nous les leur demander maintenant qu’ils sont dans le monde céleste, en possession de Dieu. C’est en cela que consiste l’invocation des saints.

En attendant la dernière sentence qui sera prononcée à la fin du monde terrestre, les âmes humaines qui ne sont pas admises dans le monde céleste avec les bons anges, et qui ne sont pas frappées d’une condamnation absolue, restent dans un état provisoire où nous pouvons leur venir en aide par nos prières, nos bonnes œuvres et par la célébration du sacrifice eucharistique. Par ces moyens, nous implorons en leur faveur la miséricorde de Dieu, en Jésus-Christ.

Parmi les âmes humaines non admises à la société angélique, il en est qui se sont rendues tellement coupables qu’elles sont, aussitôt après leur sortie du corps, condamnées à des peines plus ou moins grandes, qui n’auront aucun terme. Comme les démons, elles sont séparées de Dieu à jamais, et elles sont dans un état de souffrances dépeintes, dans les saintes Écritures, sous les traits les plus effrayants. Quoique les expressions bibliques puissent être métaphoriques, la vérité qu’elles expriment n’en est pas moins certaine, et l’état de grande souffrance avec la privation éternelle de Dieu est un dogme incontestable.

Cependant l’état de béatitude comme l’état de damnation ne seront complets qu’après la résurrection des corps, c’est-à-dire, après le jugement dernier ( Apocalypse, VI, 9, 10, 11 ; XIX et pass.). L’homme est en effet composé de l’âme et du corps. Détruit par la séparation de ses deux natures, il sera reconstitué après la résurrection des corps, et se trouvera ainsi dans un état où il pourra être heureux ou malheureux dans sa nature complète. Le corps ressuscité participera au bonheur ou à la peine de l’âme et dans les conditions nouvelles qui lui seront faites. (I Corinth., XV, 42 et seq. ; Philipp, III, 21 ; Math., XXII, 30).

Le monde matériel est composé de créatures diverses que l’on peut partager en trois groupes : 1° celles qui ont simplement l’être ; 2° celles qui ont l’être et la vie ; 3° celles qui ont l’être, la vie et l’intelligence. Ce troisième groupe compose l’humanité.

Dieu est l’unique créateur de tous ces êtres ; il les a créés par un acte de sa toute-puissance, et il a mesuré leur existence par des instants successifs que l’on appelle le temps. Lui seul est éternel, possédant l’être par lui-même, par nécessité de nature ; il est Celui qui est, et son existence ne peut être mesurée par le temps. Les créatures, qui sont toutes des êtres contingents, ne sont ni des émanations, ni des manifestations de son être infini et éternel ; elles ne sont que des effets de sa puissance créatrice qui les a appelés à l’être, lorsqu’elles n’étaient pas.

Dieu ne créa qu’un homme, nommé Adam, et une femme, nommée Ève. Tous les hommes sont sortis de ce couple et forment ainsi une seule famille.

Nos premiers parents, soumis à l’épreuve et à l’influence de Satan, succombèrent au mal. Plusieurs des prérogatives de leur nature primitive disparurent avec l’innocence dans laquelle ils avaient été créés, et ils n’eurent plus qu’une nature dégénérée. N’ayant eu d’enfants qu’après leur chute, ils ne purent leur transmettre que cette nature dégénérée et viciée. C’est ce vice naturel de l’humanité que l’on appelle péché originel.

Les suites de la chute primitive furent l’ignorance, la concupiscence, la mort ; suites qui déformèrent l’œuvre divine et qui établirent l’humanité dans un état de contradiction avec lui, car il est, par essence, lumière ou vérité, bien, immortalité.

Dieu voulut réformer, dans l’ordre spirituel, l’humanité déchue. C’est pourquoi, dans la personne du Fils ou de son Verbe, il communiqua à l’humanité : 1° la vérité, 2° la grâce ou un secours surnaturel pour faire le bien ; 3° un principe de résurrection et d’immortalité pour le corps soumis à la mort[3].

Pour opérer cette régénération de l’humanité, Dieu se fit homme dans la personne du Fils.




  1. Apocalyp., XII, 7, 8, 9 ; Matth., IV, 1, 11 ; XII, 24 ; XIII, 39 ; XVI, 27 ; XVII, 30 ; XXV, 41 ; 2 Corinth., XI, 14 ; Hæb., I, 14 ; 1 Pet., V, 8, 9.
  2. Luc, XV, 22 ; Apocalyp., VI.
  3. Nous croyons inutile d’indiquer les passages de la Sainte-Écriture relatifs à la création du monde, à la chute de l’humanité et à sa réparation ; ils sont connus de tout le monde.