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en moi-même ; car pour vous faire un compliment sur la naissance d’une centième fille, je pense que vous ne l’avez pas prétendu. De quoi guérira-t-elle, celle-ci ? car la septième a quelque vertu particulière, ce me semble : tout au moins elle doit guérir de toutes les craintes que l’on a pour quelque chose d’unique. Mon exemple, et la pitié que je vous fais, vous font trouver délicieux d’être tiré de ces sortes de peines, par la résignation1 et la tranquillité que vous devez avoir pour la conservation de cette jeune personne ; ce n’est pas de même chez nous : mon pauvre cœur est quasi toujours en presse, surtout depuis cette augmentation d’éloignement ; il semble qu’il y ait de la fureur à n’avoir pas été contente de cent cinquante lieues, et que par malice j’aie voulu en ajouter encore cent : les voilà donc ; et vous, Monsieur, qui savez si bien vous sacrifier pour vos affaires, et satisfaire à certains devoirs d’honneur et de conscience, vous comprendrez mieux qu’un autre les raisons de ce voyage : je veux faire payer ceux qui me doivent, afin de payer ceux à qui je dois ; cette pensée me console de tous mes ennuis. Je reçois deux jours plus tard les lettres de ma fille ; elle me mande qu’elle est mieux, qu’elle n’a point de mal à la poitrine ; ce qui me persuade, c’est que Montgobert me mande les mêmes choses : elle est sincère et je m’y fie ; ma fille a trop d’envie de me donner du repos, pour espérer d’elle une vérité si exacte. Elle a quelques rougeurs au visage ; c’est cet air terrible de Grignan ; je ne vois rien dé clair sur son retour ; cependant je fais ajuster son appartement dans notre Carnavalet, et nous verrons ce que la Providence a ordonné ; car j’ai toujours, toujours, cette Providence dans la tête : c’est ce qui fixe mes

Lettre 811 (revue sur l’autographe). — 1. L’autographe porte résination.

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