Discours en vers sur l’homme/Édition Garnier/1 Variantes

VARIANTES

DU PREMIER DISCOURS.

��Vers ]'^. — Ce ne fut qu'en 1738 que ce discours parut la première fois imprimé à Paris, ainsi que le second et le troisième, sous le titre général d'Épîtres sia- le Bonheur. Le commencement du premier discours a été plusieurs fois refondu. Voici les différentes leçons jusqu'à l'édition de 1757 exclusivement.

PREMIKRE LEÇON.

Eh bien, jeune Hermotinie, en province élevé, Avec un cœur tout neuf à Paris arrivé, Tu ne sais pas encor quel parti tu dois suivre? Tu voudrais des leçons sur le grand art de vivre; Il faut prendre un état. Incertain dans tes vœux. Tu veux choisir, dis-tu, le sort le plus heureux : Mais ce sort, quoi est-il? tu ne sais. Tu peux être Magistrat, financier, courtisan, guerrier, prêtre. Ton goiit doit décider; ce n'est pas ton emploi Qui doit te rendre heureux, ce bonheur est dans toi. Les états sont égaux, mais les hommes diffèrout. Où l'imprudent périt, les habiles prospèrent. Le bonheur est le port où tendent les humains; Les écueils sont fréquents, les vents sont incertains. Le ciel, pour aborder cette rive étrangère, Accorde à tout mortel une barque légère : Ainsi que les secours les dangers sont égaux. Qu'importe, quand l'orage a soulevé les flot=!, Que ta poupe soit peinte, et que ton mât déploie Une voile de pourpre et des câbles de soie? Le vent est sans respect, il renverse à la fois Les bateaux des pêcheurs et les barques des rois. Si quelque heureux pilote, échappé de l'orage. Près du bord arrivé, gagne au moins le rivage, Son vaisseau, plus heureux, n'était pas mieux construit; Mais le pilote est sage, et Dieu l'avait conduit. <( Eh quoi! me dites-vous, etc.

SECONDE LEÇON.

Ami, dont la vertu toujours facile et pure A suivi par raison l'instinct de la nature,

9. — Petits PoiîMES. 25

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�� � 386 VARIANTES DU 1>RI-:.MIER DISCOURS

Qui sais ;\ ton état conformer tes désirs, Satisfait sans fortune et sage en tes plaisirs, Heureux qui, comme toi, docile à son génie, Dirige prudemment la course de sa vie ! Son cœur n'entend jamais la voix du repentir; Enfermé dans sa sphère, il n'en veut point sortir. Les états sont égaux, etc

��Une voile de pourpre et des câbles de soie L'art du pilote est tout; et pour dompter les vents Il faut la main du sage, et non des ornements. « Eh quoi ! me dira-t-on, etc.

(1748, in-i", tome I";. —Quoique cette note ait paru dans une édition du vivant de l'auteur, je la crois d'un éditeur. (B.)

��Vers 31

��PREMIERE LEÇON.

Il serait beau vraiment que sa triste faveur

Eût au grade, en ce monde, attaché le bonheur !

Jamais un colonel n'aura donc l'impudence

D'égaler en plaisir un maréchal de France!

L'empereur est toujours, grâces à ses honneurs,

Plus fortuné lui seul que les sept électeurs!

Et le cœur d'un sujet se gardera bien d'être

Aussi tendre, aussi gai que celui de son maître !

Non, n'accusons point Dieu de cette absurdité;

Pour les cœ irs qu'il a faits il a trop de bonté.

Tous sont heureux par lui, tous au moins peuvent l'être

En leur donnant la vie, il leur doit le bien-être;

Il veut, en les rangeant sous différentes lois,

En faire autant d'heureux, non pas autant de rois.

Le casque, le mortier, la barrette, la mitre,

A la félicité n'apportent aucun titre ;

Et ce Bernard qu'on vante est heureux en effet,

Non par le bien qu'il a, mais par le bien qu'il fait.

'On dit qu'avant la boîte, etc.

SECONDE LEÇON.

Plus fortuné lui seul que les sept électeurs! Et le roi des Romains serait un léméraire De prétendre un moment au bonheur du saint-père! Crois-moi, Dieu d'un autre œil voit les faibles humains. Nés du même limon façonné par ses mains. Admirons de ses dons le différent partage; Chacun de ses enfants reçut un héritage. Le terrain le moins vaste a sa fécondité, Et l'ingrat qui se plaint est seul désiiérité. Possédons sans fierté, subissons sans murmure Le sort que nous a fait l'auteur de la nature; Dieu, qui nous a rangés sous différentes lois. Peut faire autant d'heureux, non pas autant de rois. On dit qu'avant la boîte, etc.

�� � SUR L'IIO:\I.ME. 387

Vers 85 :

"Dans SOS cliamps fortunes l'amour même l'appelle, L'amour, ce dieu des cicux, cette flamme éternelle Qui peuple les forôts, les ondes et les airs, Qui va d'un pôle à l'autre animer l'univers. Ses traits, toujours lancés des mains de la nature, Souffrent les ornements, mais plaisent sans parure : Un éclat étranger est le fard du bonlieur; Tu n'en as pas besoin, tu peux donner ton cœur Sans tous ces riens brillants, ces nobles bagatelles ■Qu'Hébert vend à crédit pour tromper tant de belles. L'amour n'a pas toujours un tranquille destin.

  • Sous les lambris dorés et vernis par Martin.

^'ers 1 20 :

'Tout état a ses maux, tout bomme ses revers : Concini moins altier, plus fidèle à ses maîtres, N'aurait point de son sang apaisé nos ancêtres; Et Dufrcsny, plus sage et moins dissipateur. Ne fût pas mort de faim, digne mort d'un auteur.

Vers 126 :

Le mérite a ses brigues.

Vers 131 :

  • Qui fait ou l'infortune ou la félicité?

« Où donc trouver, dis-tu, cet être si vanté,

Fugitif, inconnu, qu'on croit imaginaire? »

Où? chez toi, dans ton cœur, et dans ton caractère.

Quel que soit ton état, quel que soit ton destin,

Sois sage, il te suffit, ton bonbeur est certain.

��Vers 160 :

��Et vit dans les glaçons qu'ont durcis les hivers. Mortel, en quelque état que le ciel t'ait fait naître, Sois soumis, sois content, et rends grâce à ton maître.

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