Différentes vues de quelques restes de trois grands édifices


DIFFERENTES VUES DE QVELQVES RESTES DE TROIS GRANDS ÉDIFICES QVI SVBSISTENT ENCORE DANS LE MILIEV DE L’ANCIENNE VILLE DE PESTO AVTREMENT POSSIDONIA QVI EST SITVÉE DANS LA LVCANIE

Vüe des restes interieurs du Temple de Neptune. Nous ne nous etendrons pas à donner un détail de ces morceaux, parce qu’ils seront bien détaillés, et bien specifiés dans les Planches suivantes. Dans ce Frontispice nous les avons dessinés tels qu’ils existent affin d’en présenter un grand appareil uni à d’autres amas de ruines, que nous donnerons ci apres dans les Planches. Les Voyageurs connoisseurs assurent, que par rapport à l’Architecture Grecque des Temples bâtis dans l’Ordre Dorique, ceux de Pesto sont superieurs en beauté à ceux qu’on voit en Sicile et dans la Grece, et que sans se donner la peine, et la fatigue de longs voyages, ceux-ci peuvent suffire pour contenter la curiosité, et qu’enfin cette grande, et majestueuse Architecture donne en son genre l’idée la plus parfaite de ce bel Art.

Franciscus Piranesi fecit

Planche I.

Vuë de ce qui reste encore des Murs A de l’ancienne Ville de Pesto, appellée par les Grecs Possidonia. Cette Ville fut anciennement sous la domination des Lucaniens, et ensuite sous celle des Romains. Elle est située près de la mer, a 70. milles de Naples. L’on y voit encore de grands Édifices consistans en un Gymnase, ou comme d’autres le supposent ordinairement, une Basilique B avec deux autres Temples C d’un grand stile, et d’ordre Dorique. Ces temples sont situés au milieu des ruines de la Ville. Les murs et les tours qui forment son enceinte, se sont mieux conservés que ne le paroit ce que nous en representons icy. Strabon Liv. V. de la Geographie dit que cette Ville fut nouvellement bâtie dans l’endroit où ces ruines éxistent encore. De tels monuments font connoitre que l’on avoit dès lors une grande connoiſsance des arts, et qu’ils ne fleuriſsoient pas moins dans l’Italie, que dans l’Egypte et dans la Grece. Il y a apparence que les façades principales regardoient la mer ; quoique la façade du batiment du milieu ne paroiſse pas differente de celle qui lui est opposée ; mais l’autre facade de l’édifice que l’on suppose être un Gymnase, ou une Basilique, confirme cette idée par la beauté et la delicateſse du travail de ses chapiteaux, aulieu que celle qui est à la façade opposée, et qui lui reſsemble, a pourtant ses chapiteaux moins chargés d’ornemens. Le troisieme temple nous met à portée de décider, que le Pronaos, ou la façade regardoit la mer, car c’est de ce côté là qu’on montoit au temple. Nous ne sommes pas assez instruits des Rites et des usages de ce tems là, pour pouvoir en porter un jugement exact. Si un Gymnase devoit avoir une telle disposition, ou bien si un Collége où se raſsembloient les magistrats devoit être construit à l’imitation de ceux des Anfictions, peut être que c’étoit alors l’usage de construire ces sortes d’édifices. Enfin ceux qui iront visiter Pompeia, trouveront, qu’on y a découvert des écoles, et des endroits où les Decurions s’aſsembloient, ce qu’on n’auroit jamais deviné sans les inscriptions qu’on y a trouvées. Avant cette découverte, nous ignorions leur forme, leur situation, et leur grandeur, et nous ne savions pas que le magistrat se raſsemblat dans un demi cercle sur la Voye Appienne. La même chose, est arrivée au sujet de l’édifice dont nous parlons, et faute de mémoires nous ne pouvons pas determiner exactement quelle étoit sa forme, ni à quel usage il étoit destiné.

Cav. Piranesi F.

Planche II.

Vuë des restes d’une grande enceinte de colonnes, formant un quadrilatere, et surmontées d’un architrave qui regne tout au tour, avec d’autres morceaux, qui formoient une partie de la frise A. La pierre dont cet édifice étoit bâti reſsemble au travertino, et elle étoit enduite d’un plâtre tres fin, pour en mieux couvrir les deffauts, et les inégalités. Le diametre des colonnes, est à peu prés de la grandeur d’un homme ordinaire. Sur la frise, il n’y a pas de trigliphes, mais les stries, et l’entasis, ou renflement des colonnes, avec la varieté et la fineſse des moulures qui décorent les chapitaux, la proportion des hauteurs, et des Saillies, semblent donner a cette architecture un caractere, qui s’approche de l’ordre Dorique. Les trois divers socles B régnent tout au tour de l’enceinte. Ce n’a point été pour servir de montée, qu’on les a placés ici, mais pour donner plus de liaison, et plus de maiesté aux colonnes, et en même temps pourque cet édifice, qui étoit public, fut distingué des édifices particuliers. Quoique sa montée C soit ruinée, il est pourtant resté des morceaux qui indiquent le lieu où posoient ses dégrés, comme en pareil cas cela se voit aussi à Pompeia dans les restes d’un ancien temple d’ordre Dorique. L’on ne sait pas à quel usage ce magnifique édifice étoit destiné, les indications, que nous venons de rapporter, ne sont pas suffisantes pour nous éclaircir sur ce point, parce qu’elles appartiennent plustôt aux connoiſsances de l’art. S’il éxistoit encore quelque partie du comble, ou de la charpente, les idées, que cela nous donneroit de sa forme, pourroient nous aider à former des conjectures sur son usage. L’on verra par aprés les parties interieures de cet édifice deſsinées plus en grand. Cependant on est surpris du nombre impair des neuf colonnes qui sont de front ; mais en observant l’interieur de l’édifice divisé en deux parties, et que les trois colonnes restées en pied, repondent directement à celle du milieu des deux Pronaos, et à celle du milieu des deux façades, qui y est située au lieu de l’entrecolonnement. Il paroit evident qu’un tel nombre impair de colonnes dans un édifice public auſsi somptueux, n’étoit pas un deffaut, mais une disposition néceſsaire. Il ne nous reste plus aucun model de pareils édifices, même dans les ruines de la Grece, ou de l’Italie. Vitruve dans son traité d’architecture, en parlant des ouvrages publics, comme Basiliques, Curies, et Temples, dans la disposition des Colonnes sur le front de ces édifices, n’a jamais proposé de nombre impair. Il est bien vrai cependant que pour les côtés l’on a employé aſsez indiferemment les colonnes en nombre pair et en nombre impair. Il faut donc chercher quelqu’autre denomination que celle que nous donne Vitruve. Quelqu’un dira le Pronaos interieur est construit selon que cela se pratiquoit pour les temples ; mais les Pronaos des temples avoient la porte dans le milieu qui conduisoit dans la cella, et non pas une Colonne au lieu de porte. Nous ne sommes pas aſsez instruits des Rites, et des usages de ce temps là, pour juger si cet édifice devoit avoir la disposition d’un Gimnase, ou bien d’un Collége, où se raſsembloient les Magistrats a l’imitation de ceux des Anfictions. Enfin, ceux qui iront visiter Pompeia trouveront qu’on y a decouvert des écoles en forme de demi-cercle, où les Décurions se raſsembloient, ce qu’on n’auroit jamais deviné sans les inscriptions qu’on y a trouvé. Avant cette decouverte nous ignorions leur forme, leur situation, et leur grandeur. La même chose est arrivée au sujet de l’édifice dont nous parlons, et faute de memoires nous ne pouvons determiner exactement ni sa forme, ni a quel usage il étoit destiné.

Cav. Piranesi F.

Planche III.

Vüe A. de quelques unes des Colonnes de la façade opposée à celle de la planche precedente qui est la même que l’on voit gravée dans la premiere planche D. La Colonne B. est située dans le milieu de ce rang. Quelques uns des membres C. de son chapiteau sont tres delicatement entaillés, et sont differents de ceux D. Le Frise E de ce coté est tellement gatée que l’on ne peut se former aucune idée de son ancienne forme. Quiconque s’est appliqué à l’architecture s’appercevra facilement que le tout a été éxécute par des principes raisonnés, que les grandes experiences en tel genre rendirent l’ouvrage complette en beauté et que l’hazard n’y a point eu de part, comme pourroient le penser ceux qui n’ont pas de cet art des connoiſsances suffisantes. Les deux Temples F. G. sont egalement deſsinés dans la même situation, comme on les a demontré dans la premiere planche par les lettres C.

Cav. Piranesi F.

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Planche IV.

A Vuë des 18 Colonnes de côté deſsinées du côté opposé à celles qui sont indiquées dans la premiere planche par la lettre B. Vuë de la mer B, qui baigne les rivages de la campagne de Pesto. C Sima, ou Couronne sculptée sur une autre pierre, que nous appellons Tuf. D Angle du Temple Dorique tracé dans la premiere planche, et indiqué par la lettre E.

Cav. Piranesi F.

Planche V.

A Vue des restes du Pronaos de l’édifice, que l’on peut considérer comme le Collège des Anfictions. L’Architecture de sa façade, est composée des Colonnes B, et des Annes, ou Pilastres C. correspondants aux Colonnes de la façade D. Dans la place E les pierres sont fragmentées, et indiquent la continuation de ce mur, tout construit des mêmes pierres.

Cav. Piranesi F.

Planche VI.

Autre Vuë de la Façade du Pronaos, deſsiné et decrit dans la planche {{V. Les Pilastres A ont l'entase, ou le renflement. Les Chapiteaux B sont d'une forme differente de ceux des Colonnes C, ils sont d'une architecture qui paroit grottesque, et ils semblent plutôt qui par eux mêmes se caracterizent pour Joniques que pour Doriques. Leur hauteur et leur saillie ne diminuent cependant rien de leur dignité, elles semblent même l'accroitre à tout le Pronaos. L'Artiste qui n'a pas fait difficulté d'emprunter l'idée de la Volute Jonique, l'a neanmoins diminuée en D; ce qui leur a donné un air de légereté qu'ils n'auroient point eue, s'il se fut astreint a copier en tout l'ordre jonique. L'on voit cependant ici des traits d'une invention, à la quelle on ne s'attendoit pas, et qui malgré leur hardiesse obligent d'avouer, que l'on ne pouvoit pas mieux se conduire en pareil cas.

Cav. Piranesi F.

Planche VII.

Vuë interieure du Collége supposé des Anfictions. A Colonnes latérales externes de l’édifice. B Façade interieure du Pronaos, et qui est opposée à celle qui a déja été décrite dans les deux planches précédentes. Les restes des jonctions des travertins C indiquent la continuation du mur. D trois colonnes situées dans le milieu de l’édifice, correspondantes à celle E du milieu du Pronaos ; mais qui sont plus petites. Il est à supposer, qu’elles soutenoient un autre rang de colonnes au deſsus de leurs architraves F, pour former un second ordre propre à soutenir le comble de l’édifice.

Cav. Piranesi F.

Planche VIII.

Autre Vuë de l'interieur du Pronaos, qui a déja été décrit, et deſsiné dans la planche prêcédente. A Temple Dorique anciennement dédié à Neptune

Cav. Piranesi F.

Planche IX.

Autre Vuë interieure des restes du Collège supposé des Anfictions. A Façade interieure du Collège. B Façade interieure du Pronaos. Trois Colonnes C qui sont les restes de celles qui formoient le rang qui partageoient l’édifice en deux parties. D Aſsises de Travertins, qui soutenoient le Mur actuellement ruiné, et qui anciennement se réuniſsoit avec ceux des lettres E. Chapiteau F qui se trouve ici par accident, et qui étoit un de ceux du rang qui manque, et qui continuoit jusqu’aux Colonnes C.

Cav. Piranesi F.

Planche X.

Vüe du temple de Neptune Dieu tutelaire de l’ancienne Ville de Pesto, quoi qu’on n’y voye aucune marque qui puiſse indiquer si ce temple appartenoit à cette Divinité, ou à quelqu’autre. Il est situé dans le milieu de la Ville, et il est surprenant par sa magnificence, et sa grandeur. Il est bâti de groſses pierres semblables au Travertino, mais à cause de quelques deffauts il a été enduit d’un plâtre fin, tres blanc. La largeur des entrecollonements, est d’environ un diametre, et un quart des colonnes A proportion, qui par une judicieuse simetterie donnoit aux colonnes le plus grand air de dignité, et une gravité qui s’accordoit bien avec la masse du couronnement B, qu’elles devoient porter, et particulierement avec les groſseurs des Architraves C. L’Architecte a situé les trigliphes sur les Angles D selon la coûtume des Grecs, et pour cacher la monstruosité qu’auroit pu produire l’inégalité des métopes, placées alternativement, il a rétréci les entrecolonnements E, un peu plus que les autres A et il a élargi les metopes F plus que celles G qui en sont proches il a auſsi laiſsé les trigliphes tous d’une égale largeur, en sorte que celui qui considere ces deux alterations n’en est nullement choqué. La gravité de cet ouvrage se fait sentir par la legereté des membres plus ou moins saillants, et les colliers des colonnes ne sont énoncés que par de simples lignes comme en H, et les trois autres colliers I qui sont de relief sont formés par les plus belles moulures et travailles avec le plus grand soin pour les mieux conserver dans cette pierre. Ainsi l’on peut connoitre que dans cet ouvrage, les Tailleurs de pierre ne l’ont pas cedé à ceux qui travailloient les marbres de Paros et de Carrare. L’exactitude des proportions caracterise ce batiment pour une production des plus parfaites, et des mieux éxécutées dans ce genre, et l’on peut dire que l’Architecte a tiré de son art de quoi s’attirer l’admiration de ses contemporains comme de la posterité. L’interieur de ce temple n’est pas moins beau que grandieux. L’homme de goût contemple avec plaisir l’ensemble de cet édifice, lors qu’aprés les moiſsons, il se trouve débaraſsé des herbages qui l’offusquoient. Les Peintres y trouveront également differents points de vüe fort intereſsants, soit par ses differentes ouvertures, soit par la varieté des plantes champetres, qui l’environnent de toutes parts ; ou bien par celle de plusieurs troupeaux de diverses couleurs, que les Bergers y conduisent. Neanmoins cette architecture grave n’est pas aujourd’huy intelligible pour tous ceux qui se transportent là, et qui aimeroient mieux y trouver d’autres ordres plus gracieux, comme l’Ionique, le Corinthien et le Composite, qui plaisent davantage aux yeux ; et en effet les anciens Romains lors qu’ils donnerent dans le luxe, rechercherent l’architecture fardée, et la mirent plus en usage que les autres nations, comme plus propre à employer leurs richeſses et à surpaſser la matiere par le travail. Les Grecs mêmes voulant adoucir l’ordre Dorique, le chargerent de quelques ornemens, ce qui fut imité par les Romains au point qu’ils rencherirent encore sur leurs models ; car ceux qui n’ont la vraie théorie de l’art preférent toujours une architecture chargée de guirlandes, de fleurs et d’autres ornements à celle qui n’a qu’une simple pureté. Ce temple là ne présente aucune bisarerie dans ses ornements. Dans l’autre édifice indiqué sur la planche precedente nous avons dit que les ornements des chapitaux étoient élégans, nous voyons par là que ceux qui les faisoient n’ignoroient pas que la bisarerie d’un tel aſsortiment étoit deja bien connue ; mais ils ont sçu le ménager, comme on fit à l’égard des chapiteaux des colonnes, et des pilastres du Collége des Anfictions. Pour ce qui est de ce temple, soit que ce fut la coûtume de la nation, qui tendoit au grave, et au simple, soit que ce fut sageſse dans l’Architecte, il est clair que cette entreprise fut conduite, et terminée avec dignité par la supreſsion de la plus grande partie des ornements, pour le rendre solide, et grave. En cela l’on a voulu faire voir, que ces sortes de monuments étant construits d’une matiere dure, il étoit dans les vrais principes de l’art de n’en point trop alterer la nature, et qu’un édifice tout de pierre devoit conserver un grand air de force, et de solidité. K Restes de Travertins, qui servoient de base aux dégrés, par les quels on montoit au temple a peu prés comme on le voit encore aujord’hui dans un temple d’ordre Dorique entre les ruines de Pompeia. L Restes de l’édifice, que nous appellons le Collége des Anfictions. M Vue de la Mer

Cav. Piranesi F.

Planche XI.

Temple de Neptune à Pesto, vu de côté, et deſsiné plus en grand, qu'on ne le voit dans la premiere planche.

Cav. Piranesi F.

Planche XII.

Vuë interieure du Temple de Neptune decrit dans la planche X. Il avoit deux Pronaos, ou Entrées. Les lettres A B indiquent une de ses façades. Les Antes, ou Pilastres C n’ont point de rastremation. Leurs façades D sont plus grandes que celle en E presque tout à fait ruinée et formée de stuc sur la surface F. Les Chapiteaux G ont des moulures differentes que celles des Colonnes H. Cet usage étoit aſsez généralement reçu chez les Grecs dans ce genre d’architecture, où ces grandes saillies auroient donné trop de pesanteur au Pilastre, et auroient auſsi diminué la gravité des chapiteaux des Colonnes qui forment l’objet principal. Sistéme qui n’étoit pas moins favorable aux parties qui composent cet aspect qu’a l’enceinte des colonnes du Porche, et donnoit à l’ensemble un coup d’œil surprenant. L’on pensa donc, à supprimer ces sortes des saillies, et à débaraſser les bases des colonnes en reservant tout le poid pour les chapiteaux afin de leur donner un air plus majestueux en leur conservant cependant une telle saillie rendue plus légere par la delicateſse de leur ceintures ; seuls ornements destinés à relever le grandieux des colonnes. Le pesant architrave I en augmente la majesté sans rien diminuer de la gravité de l’ensemble. L’on a pris ici quelque licence dans l’elargiſsement des Métopes K. Cet Ouvrage montre bien que l’architecte étoit maître de son art qu’il n’étoit point retenu par des Systemes imaginés capricieusement, ou même dépendants de l’imitation des ouvrages en bois ; et en plaçant les trigliphes L dans un tel lieu, il a fait voir que c’étoit un ornement capricieux qui ne dépendoit pas des Loix, ni de principes fondés en raison ; mais par les motifs qui ont été allégués dans la planche X. C’est pourquoi il jugea à propos de les introduire dans la frise, sans se croire obligé d’en rendre raison. La Corniche M posée au deſsus de l’architrave, et de la frise, qui est d’une médiocre grandeur, est propre à orner toute cette façade, comme l’a bien senti l’Artiste en donnant à cette entrée un aspect grave et majestueux, ce qui forme le second point de vue de ceux qui entroient.

N Restes des couches des Pierre, qui autres fois se joignoient avec celles du Mur ruiné, jusqu’aux Antes en O. P deux Ordres des Colonnes interieures qui soutenoient le Comble, aujourd’hui ruiné. Les Creux Q recevoient les têtes des poutres du Comble, peut-être étoient elles de bronze.

Cav. Piranesi F.

Planche XIII.

A B Vuë des restes interieurs d’un des Pronaos du Temple de Neptune qui regarde du côté de la Terre C Entrée à la Celle du Temple. Ses Murs en D sont à present ruinés. F Pilastres ou Antes d’une proportion plus svelte, et plus légere que celle que l’on voit dans les deux autres Façades G H. Les deux rangs des Colonnes I qui sont dans les ruines de la Celle soutenoient autres fois le comble K de l’édifice.

Cav. Piranesi F.

Planche XIV.

Vuë des restes du derriere du Pronaos du Temple de Neptune deſsiné dans les deux planches précédéntes. A Pilastre rendu d’une proportion plus élégante que celui B. L’on trouve à côté d’eux, les restes C des Murs internes de la Celle. D Restes de deux rangs de Colonnes qui étoient situées dans la Celle du Temple.

Cav. Piranesi F.

Planche XV.

Vuë des restes de la Celle du Temple de Neptune. A B Pierres qui formoient le Mur, et qui en partie sont restés en pied, et en partie sont tombés. C Degrés au moïen des quels l’on montoit au Pronaos. Dans la place D il y manque le degré qui étoit au deſsus. E Deux ordres de Colonnes interieures de la Celle qui soutenoient les platsfonds, et le toit. L’on ne voit au deſsus des Colonnes d’autre entablement F que les Architraves ornés de simples moulures. L’on a choisi expres une telle maniere pour conserver aux colonnes et à tout le corps du temple leur caractere de majesté, et à fin que les Corniches ne surchargeaſsent pas les colonnes et que l’emplacement n’en parut pas trop rétréci. C’est ainsi qu’en agit Vitruve dans la disposition de l’interieur de la Basilique de Fano Liv. 6. chap. 3. ces colonnes nous montrent bien comment les Anciens decoroient l’interieur de leurs principaux temples.

Cav. Piranesi F.

Planche XVI.

A B Vuë des deux restes de rangs de Colonnes qui étoient au Temple de Neptune qui lateralement formoient les Portiques dans la Celle, et soutenoient le Comble de l'édifice. Cette Vuëe ci ne presente pas les Murailles de la Celle qui sont ruinées. C D Colonnes de promenoirs du Temple. E Creux qui recevoient les Solives du toit.

Cav. Piranesi F.

Planche XVII.

Vuë des restes de la Celle du temple de Neptune. A B Pierres qui en formoient le Mur, et qui en partie sont restés en pied, et en partie sont tombés. C Deux ordres de colonnes interieures de la Celle, qui soutenoient les platsfonds, et le toit. L’on ne voit au deſsus des colonnes d’autre entablement F que les architraves ornés de simples moulures. L’on a choisi exprés, une telle maniere pour conserver aux colonnes, et à tout le corps du temple leur caractere de majesté, et afin que les corniches ne surchargeaſsent par les colonnes, et que l’emplacement n’en parut pas trop rétréci. C’est ainsi qu’en agit Vitruve dans la disposition de l’interieur de la basilique de Fano liv. 6. chap. 3. Ces colonnes, nous montrent bien comment les anciens décoroient l’interieur de leurs principaux temples.

Cav. Piranesi F.

Planche XVIII.

Vuë d’un autre temple, dans la Ville de Pesto, que l’on croit communement avoir été dédié à Junon. La façade A est celle qui regardoit la mer, et étoit la principale. Les trois socles B, qui forment tout le baſsement le démontrent. Audeſsus d’eux, étoit appuyée la montée, qui conduisoit au temple. Ces socles C continuent après dans les côtés du temple, quelque peu au dela de la moitié, où ils se changent en un baſsement, ou soustruction D pour soutenir le terrain qui regarde la façade de derriere. Les colonnes de ce temple sont moins grandes que celles de celui de Neptune. Il est bâti à la dorique, et étoit enduit d’un stuc tres fin. L’on n’auroit pas du dans un tel cas, se servir de pierres moins dures que le travertin, cependant les couches de pierres qui composent la gorge renversée marquée en E étoient d’une pierre semblable au tuf. Cette pierre, qui aujourd’huy tombe en pouſsiere, fait bien voir qu’elle n’étoit pas propre à resister aux inclémences de l’air. Cela s’étoit fait à la verité pour mettre de la varieté dans les marbres, mais cela n’en fut cependant pas moins une faute ; car l’on n’approuvera jamais que l’on substitue une pierre moins dure à une autre plus solide, d’autant plus que chaque partie devoit être enduite de stuc. Ce membre d’Architecture introduit ici, semble contrarier l’ordre Dorique, et paroit plustôt produire de l’embaras, que de la legereté L’on aimeroit mieux un Listeu, quoique d’un usage ancien, qu’une telle nouveauté. La corniche F est tellement ruinée, que l’on n’en peut prendre aucune idée Celle du fasage, ou Fronton G se découvre en partie ; elle a des saillies unies à des lambris. Ouvrage dont il n’est pas poſsible de rendre raison ; le caprice seul ayant dirigé l’Architecte dans son execution. Il est vraisemblable, que ce n’est pas le même, qui a construit le temple de Neptune, que l’on a décrit cy devant

Cav. Piranesi F.

Planche XIX.

Vuë laterale du Temple de Junon. A Colonne commune à cette partie, et à la façade du temple qui regarde la mer. B l’autre côté opposé. Les trois Socles C ne continuent pas, parce qu’ils se changent peu à peu en soubstructions vers la fin de cet édifice. D Petite maison mode.

Franciscus Piranesi fecit

Planche XX.

Vuë intérieure du Temple, que l’on croit avoir été dédié à Junon. Ce tronc de Colonne de Travertin avec sa base étoit peut être de celles, qui ornoient l’interieur du Pronaos, ou de la Celle ; et il semble plutôt appartenir à l’ordre Toscan, qu’au Dorique.

Franciscus Piranesi fecit