Rosa MysticaAlphonse Lemerre, éditeur (p. 192-193).


Didon


Debout sur le bûcher de myrthe aromatique,
La reine de Lybie, un poignard dans le sein,
Hurle et vagit, déçue en son espoir malsain ;
Et sa fureur s’exhale au ciel, comme un cantique.

— Rome, éblouirais-tu toute l’histoire antique,
Si l’amour, (hypocrite et fatal assassin
Des grands cœurs où s’allume un généreux dessein,)
Eût rivé le héros au plaisir despotique ?


.....Or le fer que Didon brandit, hurlante, en main,
Est le glaive qui frappe et le sceptre qui fonde :
Elle accouche, en mourant, du grand peuple romain,

Et son beau sang royal à gros bouillons féconde
Le germe obscur où dort la gloire de demain :
Le faste des Césars et l’empire du monde !


Février 1885.