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ÉVANGÉLISTES, s. m. Les quatre évangélistes, saint Luc, saint Mathieu, saint Jean et saint Marc, sont, dès les premiers siècles du moyen âge, représentés, soit sous forme de figures d’hommes drapés, tenant un livre, soit par quatre figures symboliques : Saint Luc, par le bœuf ; saint Mathieu, par l’homme ; saint Jean, par l’aigle ; saint Marc, par le lion. Quelquefois le personnage et le symbole se trouvent réunis, et même les évangélistes ont des corps d’hommes avec des têtes de bœuf, d’homme, d’aigle et de lion. Dans l’article Animaux, nous avons donné des exemples des figures symboliques appliquées aux évangélistes, et dans l’article Église personnifiée, on peut voir la Nouvelle Loi assise sur une bête à quatre têtes et à quatre pieds appartenant aux quatre symboles des évangélistes.

Les sculpteurs et les peintres du moyen âge ont aussi représenté les quatre évangélistes assis ou montés sur les épaules des quatre grands prophètes de l’Ancien Testament. Au portail du nord de la cathédrale de Bamberg, de belles sculptures du XIIe siècle nous montrent les quatre évangélistes ainsi placés (1).
À Bamberg, l’évangéliste tient un volumen ; il est monté sur les épaules du prophète, auquel l’artiste a donné la pose d’un équilibriste ; le prophète tourne son visage du côté de l’évangéliste : ce dernier est nimbé. Une colombe (l’Esprit-Saint), placée dans le chapiteau, porte un phylactère dans son bec. Le vitrail du croisillon méridional de la cathédrale de Chartres nous a conservé en peinture, le même sujet ; mais à Chartres les évangélistes sont assis sur les épaules des prophètes, jambe de-ci, jambe de-là. Dans ce vitrail, saint Jérémie porte saint Luc ; Isaïe, saint Mathieu ; Ézéchiel, saint Jean ; Daniel, saint Marc. « La place, dit M. Didron[1], que ces attributs et les évangélistes doivent occuper est celle-ci, en ligne ascendante, de bas en haut : le bœuf, le lion, l’aigle, l’ange (l’homme)[2]… Dans les angles d’un carré, comme on les met très-souvent, les attributs des évangélistes doivent être constamment placés dans cet ordre hiérarchique : en haut, l’ange est à droite et l’aigle à gauche (du Christ) ; en bas, le lion est à droite et le bœuf sous l’aigle. Quand cet ordre n’est pas suivi, il y a erreur. Cependant on n’a pas toujours été d’accord, ni sur la place à leur donner, ni sur l’application spéciale qu’on en devait faire à chacun des évangélistes… » Depuis le XIIe siècle, dans les monuments occidentaux, l’ordre que nous donnons est suivi sans exceptions, quant à l’application des symboles, à chacun des évangélistes.

  1. Manuel d’Iconograp. chrét., grecque et latine, avec une introduction et des notes, par M. Didron ; trad. du manuscrit byzantin le Guide de la peinture, par le Dr Paul Durand. Imp. roy., 1845.
  2. Ces quatre figures sont ailées. Dans l’Iconographie grecque elles ont quatre ailes ; mais dans les sculptures du moyen âge, en France, elles n’en possèdent que deux.