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ÉGOUT, s. m. Conduit souterrain en maçonnerie destiné à écouler les eaux pluviales et ménagères. Les Romains étaient grands constructeurs d’égouts, et lorsqu’ils bâtissaient une ville, ils pensaient d’abord à l’établissement de ces services souterrains. Quand les barbares devinrent possesseurs des villes gallo-romaines, ils ne songèrent pas à entretenir les égouts antiques, qui bientôt s’engorgèrent ou furent perdus ; les villes renfermaient alors de véritables cloaques, les eaux croupies pénétraient le sol, les rues étaient infectes et la peste décimait périodiquement les populations. On commença par faire des tranchées au milieu des voies principales, des ruisseaux profonds, encaissés, que l’on recouvrait de dalles ou que l’on laissait à l’air libre. Les orages se chargeaient de curer ces profonds caniveaux encombrés de détritus de toutes sortes. Ce ne fut guère qu’au XIIe siècle que l’on revint à la méthode antique, et que l’on construisit des égouts souterrains en maçonnerie sous les voies principales des villes. Corrozet parle d’égouts trouvés vis-à-vis le Louvre lorsqu’on reconstruisit ce palais en 1538. Il existait, sous le quartier de l’Université de Paris, des égouts (romains probablement) qui furent longtemps utilisés et refaits en 1412[1], parce qu’ils étaient hors de service. Nous avons vu souvent, en faisant des fouilles dans le voisinage d’édifices du moyen âge, des restes d’égouts construits en belles pierres de taille. Les établissements religieux et les châteaux féodaux sont déjà munis d’égouts bien disposés et construits dès la fin du XIIe siècle. Il arrive souvent même que ces égouts sont praticables pour des hommes. Lorsqu’on démolit l’hôtel de la Trémoille à Paris, en 1840, on découvrit dans le jardin un premier égout qui paraissait fort ancien et qui présentait la section indiquée fig. 1.


Cet égout était traversé par un autre plus moderne (du XIIIe siècle probablement)(2), qui se composait d’une suite d’arcs plein cintre sur lesquels reposaient des dalles très-épaisses.


Ces dalles étaient usées comme si elles eussent été longtemps exposées au passage des chariots, chevaux et piétons ; elles se raccordaient avec un pavage de petit échantillon en grès. Sous le Palais de Justice de Paris et sous les terrains de l’ancien Évêché, il existe encore des égouts qui datent de l’époque de saint Louis et de Philippe-le-Bel. Ils sont bâtis en pierre dure avec grand soin et voûtés en berceau plein cintre, dallés au fond et d’une largeur de 0m,75 environ (2 pieds et demi). Toutefois, les égoûts étaient rares dans les villes du moyen âge relativement au nombre et à l’étendue des rues ; ils n’étaient guère construits que sous les voies principales aboutissant aux rivières, avec bouches au niveau du sol pour recevoir les eaux des ruisseaux tracés dans les rues perpendiculaires à ces voies.

  1. Sauval.