Voici (2) une armoire copiée sur un des bas-reliefs des soubassements du portail de la cathédrale de Reims, qui peut donner une idée de ces meubles fixes placés à côté des autels.
Les Précieuses reliques de la sainte-chapelle du palais à Paris étaient renfermées dans une armoire posée sur une crédence à jour, et cette crédence était elle-même montée sur la voûte de l’édicule construit derrière le maître-autel. Cette armoire s’appelait la grande châsse. « C’est, dit Jérôme Morand, une grande arche de bronze doré et ornée de quelques figures sur le devant ; elle est élevée sur une voûte gothique sise derrière le maître-autel, au rond-point de l’église, et est fermée avec dix clefs de serrures différentes, dont six ferment les deux portes extérieures, et les quatre autres un treillis intérieur à deux battants[5]… »
Il existe encore dans l’ancienne église abbatiale de Souvigny une grande armoire de pierre du commencement du XVe siècle, qui est fort riche et servait à renfermer des reliques ; elle est placée dans le transept du côté sud. Les volets sont en bois et décorés de peintures ; nous la donnons ici (3), c’est un des rares exemples de ces meubles à demeures si communs autrefois dans nos églises, et partout détruits, d’abord par les chapitres, moines ou curés du siècle dernier, puis par la révolution.Dans les habitations privées, dans les salles et tours des châteaux, on retrouve fréquemment des armoires pratiquées dans l’épaisseur des murs. Nous reproduisons (4) le figuré de l’une de celles qui existent encore dans la grosse tour carrée de Montbard, dont la construction remonte au XIIIe siècle.
Ces armoires étaient destinées à conserver des vivres ; quelquefois elles sont ventilées, divisées par des tablettes de pierre ou de bois. On remarquera avec quel soin les constructeurs ont laissé des saillies à la pierre aux points où les gonds prennent leur scellement, et ou le verrou vient s’engager (voy. Gâche, Gond, Verrou).
- ↑ Armariolum, tabernaculum in quo Christi corpus asservatur. Statuta ecclesiae Leodensis ann. 1287, apud Martenium, tom. 4, Anecdotorum col. 841: Corpus Domini in honesto loco sub altari vel in armariolo sub clave sollicite custodiatur.
Armariolus, parvum armarium. Bern. Ordo Cluniac., part. I, cap. 25: Factus est quidam armariolus ante faciem majoris altaris... in quo nihil aliud reconditur praeter illa ustensilia, quae necessaria sunt ad solemnia dumtaxat, in conventu agendarum, id est, duo calices aurei, etc. (Du Cange) - ↑ Rubric. 16 ; In dictis fenestellis bene munitis serventur olea sacra in vasculis argenteis sub sera firma, et clavi.
- ↑ Traduct. franç. de ses Avertissements aux recteurs, curés prêtres et vicaires. Bordeaux, 1613 ; Lyon, 1644.
- ↑ Traité de l’exposition du saint sacrement, par J. B. Thiers, Dr en théol., t. Ier, p. 38 et 39. Avignon, 1777.
- ↑ Hist. de la Sainte-Chapelle du Palais, par S. Jérôme Morand. Paris, 1790.