Dictionnaire infernal/6e éd., 1863/Galigaï

Henri Plon (p. 291-292).
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Galigaï ( Léonora), épouse du maréchal d’Ancre Concino Concini, qui fut tué par la populace en 1617. On la crut sorcière ; et en effet elle s’occupait de sciences occultes et de charmes. On publia que par ses maléfices elle avait ensorcelé la reine ; surtout lorsqu’on eut trouvé chez elle trois volumes pleins de caractères magiques, cinq rouleaux de velours destinés à dominer les esprits des grands, des amulettes qu’elle se mettait au cou, des agnus que l’on prit pour des talismans, car elle mêlait les choses saintes aux abominations magiques, et une lettre que Léonora avait ordonné d’écrire à une sorcière nommée Isabelle. Il fut établi au procès que le maréchal et sa femme se servaient pour envoûter d’images de cire qu’ils gardaient dans de petits cercueils ; qu’ils consultaient des magiciens, des astrologues et des sorciers ; qu’ils en avaient fait venir de Nancy pour sacrifier des coqs aux démons, et que dans ces cérémonies Galigaï ne mangeait que des crêtes de coqs et des rognons de bélier qu’elle faisait charmer auparavant. Elle fut encore convaincue de s’être fait exorciser par un certain Matthieu de Montanay, charlatan sorcier. Sur ses propres aveux, dit-on, elle eut la tête tranchée, en place de Grève à Paris, et fut brûlée en 1617. Cependant le président Courtin ! lui demandant par quel charme elle avait ensorcelé la reine, elle répondit fièrement : « Mon sortilège a été le pouvoir que les âmes fortes ont sur les âmes faibles. »