Dictionnaire historique, tome 1/AARSSEN François aîné

Dictionnaire historique, critique et bibliographique, contenant les vies des hommes illustres suivi d’un dictionnaire abrégé des mythologies et d’un tableau chronologique des événemens les plus remarquables qui ont eu lieu depuis le commencement du monde (revu) par une société de gens de lettres
Ménard et Desenne (p. 9-10).

AARSSEN (François Van), fils du précédent, naquit à La Haye en 1572, et fut mis par son père sous la direction de Duplessis-Mornai, attaché alors à la fortune du prince d’Orange, Guillaume Ier. Il aurait bien fait d’apprendre à cette école que la franchise et la loyauté doivent constamment s’allier, dans un négociateur, à la sagacité et aux lumières ; mais s’il se distingua par les dernières de ces qualités, on peut regretter qu’il n’ait pas été également doué des autres. Il se montra dangereux, autant qu’habile dans le maniement des affaires, et la part qu’il eut au meurtre judiciaire de Barnevelt, a imprimé à son nom une tache ineffaçable. Nommé en 1599 résident à la cour de France, le jeune Aarssen concourut honorablement aux longues et difficiles négociations de la trêve de 12 ans, conclue entre les États-Généraux et l’Espagne, sous la garantie de la France, en 1609. Il eut ensuite une mission à Venise, après laquelle il vint en France avec le titre d’ambassadeur. Louis XIII le créa chevalier ; il jouit de beaucoup de crédit auprès de ce monarque ; le célèbre Jeannin n’aimait pas moins à lui rendre justice. La disgrace l’atteignit cependant, et il fut rappelé en 1615. On lui attribua en Hollande quelques écrits incendiaires, qui excitèrent des réclamations de la part de la France ; et il acheva de se démasquer dans le fameux procès du grand-pensionnaire. La funeste catastrophe de Barnevelt rendit Aarssen un objet de haine et d’exécration pour tous les partisans de cette illustre victime. Cependant il remplit encore deux ambassades importantes en France et en Angleterre ; cette dernière eut pour but le mariage de Guillaume, fils du prince d’Orange, avec la fille de Charles Ier ; il mourut en 1641, laissant avec un revenu de 100,000 liv. une renommée plus qu’équivoque. Aarssen fut rampant et ambitieux. On lui reproche d’avoir vendu sa plume à Maurice. Lemière a bien saisi le caractère d’Aarssen dans sa tragédie de Barnevelt. On assure que le cardinal de Richelieu disait n’avoir connu de son temps que trois grands politiques, Oxenstiern, chancelier de Suède ; Viscardi, chancelier du Montferrat ; et François d’Aarssen. Il est auteur d’un Voyage d’Espagne, historique et politique, fait en l’an 1655, publié par de Sercy, Paris, 1666, in-4o . — Son fils Corneille Aarssen, né en 1602, commandant de Nimègue et colonel d’un régiment de cavalerie, passait pour le plus riche particulier de la Hollande, et mourut en 1662. — Son petit-fils, qui portait également le nom de Corneille, se rendit puissant à Surinam ; mais s’étant attiré la haine de ses soldats, il fut massacré par eux en 1688. Enfin son arrière-petit-fils, connu sous le nom de seigneur de Chastillon, mourut avec le rang de vice-amiral.