Dictionnaire français de Pierre Richelet/4e éd., 1759/CÉLESTINS

Pierre Richelet
(1p. 421).

Célestins, s. m. [Cælestini.] Religieux qui ont été apellez de la sorte à cause du Pape Célestin V. qui les fonda en 1244. Ils sont réformez de l’Ordre de Saint Benoît. Ils portent une robe blanche, & un scapulaire noir avec des manches grandes & larges.

(Quoi, dit-elle, d’un ton qui fit trembler les vitres,
J’aurai pû jusqu’ici broüiller tous les chapitres,
Diviser Cordeliers, Carmes & Celestins ?
Despreaux.)

†* Voilà un plaisant Célestin. Ancien proverbe, dont j’ai apris l’origine du Pére le Comte, Célestin : Il me disoit qu’autrefois à Roüen, capitale de Normandie, les Religieux de son Ordre n’étoient exemts de païer l’entrée de leur boisson, qu’à la charge qu’un frère Célestin marcheroit à la tête de la prémiére des charrettes, sur lesquelles on conduisoit le vin, & sauteroit d’un air gai, en passant auprès de la maison du Gouverneur de la Ville : Il ajoûtoit qu’un jour un de leurs frères parut devant les charrettes plus gaillard que tous ceux qu’on avoit vus auparavant, & que le Gouverneur s’écria, voilà encore un plaisant Célestin ; c’est-à-dire, un Célestin qui en matière de sauts & de gambades l’emporte sur tous ses compagnons. On donne aujourd’hui un sens satirique à ce proverbe : car lorsqu’on dit à un homme, vous êtes un plaissant Célestin, on marque à cet homme qu’il n’a pas le sens tout-à-fait droit.

A la Célestine, adv. A la maniére des Célestins. (Faire une omelette à la célestine.)