Dictionnaire des proverbes (Quitard)/doigt

doigt.Mettre le doigt dessus.

C’est deviner, découvrir une chose. Les Latins disaient : Rem acu tangere, toucher la chose avec l’aiguille. Ce que Cicéron appliqua plaisamment à un sénateur dont le père avait été tailleur.

Savoir une chose sur le bout du doigt.

La savoir parfaitement de mémoire. C’est une variante de Savoir sur l’ongle, expression traduite de l’expression latine ad unguem qu’Erasme regarde comme une métaphore empruntée des marbriers qui tâtent à l’ongle la jointure des marbres rapportés, pour juger si elle est bien faite.

Mon petit doigt me l’a dit.

Phrase proverbiale qu’on adresse aux enfants, pour leur faire croire qu’on sait la vérité de quelque chose qu’ils refusent d’avouer. Elle a été agréablement employée par Molière dans une scène du Malade imaginaire que tout le monde connaît.

« Quelques auteurs ont estimé, dit le père Labbe, qu’il fallait expliquer Mon petit doigt me l’a dit, par mon petit dé ( pour dex, ou dieu) me l’a dit, faisant allusion au génie de Socrate, à la nymphe Égérie de Numa, et autres démons familiers ; ces démons étant présumés inspirer ceux qu’ils favorisaient, et leur parler à l’oreille. »

Il est plus probable que cette phrase est née de l’usage de porter à l’oreille le petit doigt, nommé auriculaire pour cette raison. Un père, en y portant le sien, aura feint qu’il lui révélait quelque chose, et ce trait imité par d’autres sera passé en coutume.

Lorsque le général Beurnonville fit son fameux rapport sur une victoire qui ne lui avait coûté que le petit doigt d’un tambour, un plaisant composa une chanson dont le refrain était :

Holà ! citoyen Beurnonville,
Le petit doigt n’a pas tout dit.

Il ne faut pas mettre le doigt entre l’arbre et l’écorce.

Il ne faut pas se mêler des querelles d’un mari et de sa femme, et en général des personnes qui sont naturellement unies. Une scène comique de Molière fait voir à quoi s’expose l’indiscret conciliateur. — Ce proverbe est plaisamment travesti dans le Médecin malgré lui (act. I, sc. 2), où Sganarelle l’énonce ainsi : Entre l’arbre et le doigt il ne faut pas mettre l’écorce.