Dictionnaire des proverbes (Quitard)/cornette

cornette.Porter la cornette.

On disait autrefois d’un homme qu’il portait la cornette lorsque sa femme portait la culotte ; mais aujourd’hui cette expression ne désigne plus un mari en puissance de femme, vir uxorius, comme disaient les Latins ; elle s’emploie dans le même sens que porter des cornes.

La cornette, ou le hennin, était une espèce de bonnet à deux cornes très élevées, dont l’introduction fut due à Isabeau de Bavière. Toutes les dames s’empressèrent de l’adopter, et c’était à qui aurait les hennins les plus riches, les cornes les plus élevées. De ces cornes descendaient en flottant sur les épaules des crêpes, des franges et d’autres ornements. Comme une pareille coiffure coûtait fort cher, les maris s’en plaignirent beaucoup. Les confesseurs, surtout les moines, se réunirent à eux, et la traitèrent d’invention diabolique. Un carme nommé Connéette l’anathématisa par dix-sept sermons qu’il prêcha à Lille, vers l’année 1427, et il engagea les jeunes gens à parcourir les rues avec des crochets pour abattre les hennins et les jeter dans la boue. Un autre carme, peut-être le même, fit de semblables prédications à Paris. Mais son éloquence fut impuissante contre la mode, qui ne parut s’arrêter un moment que pour reprendre de nouvelles forces. « Après son département, dit Paradin, les femmes relevèrent leurs cornes, et firent comme les limaçons, lesquels, quand ils entendent quelque bruit, retirent et resserrent tout bellement leurs cornes ; ensuite, le bruit passé, ils les relèvent plus grandes que devant. Ainsi firent les dames, car les hennins ne furent jamais plus grands, plus pompeux et plus superbes, qu’après le département du carme. »