Dictionnaire de théologie catholique/ZWINGLI III. Période révolutionnaire

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 1099-1104).

III. PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE (1522-1531).

On a dit plus haut les licences que Zwingli avait prises, depuis son ordination sacerdotale, avec la règle du célibat. Il avait cependant fait un immense effort, en 1516, pour se corriger, avec l’aide du Nouveau Testament grec d’Érasme. Puis, 11 était retombé. Sa liaison avec la fille du barbier avait terni sa réputation et l’on a vu ses pénibles excuses à ce sujet. On ne sait rien de sa conduite dans les premiers temps de son séjour à Zurich. Seul, son cantique sur la peste fait allusion au scandale de ses mœurs. Mais, s’il avait dérobé au regard du commun ses plus graves égarements, au cours des années 1520 et 1521, les nouvelles venues de Wittenberg, où les prêtres se mariaient publiquement et en foule, n’avaient pu que l’enhardir à faire une démarche qu’il désirait et méditait depuis longtemps. Au début de 1522 — sans que l’on puisse préciser davantage — il s’était lié, par un mariage secret, à une veuve de bonne famille, Anna Reinhard. Le bruit de cette liaison était parvenu aux oreilles de Glarean, à Bâle, dès le mois de mai. Quelques-uns de ses amis, prêtres comme lui, avaient imité son exemple. Tous ensemble, le 2 juillet 1522, ils adressèrent une pétition signée à l’évêque de Constance, et, le 13, une non signée à la Diète fédérale, pour obtenir la permission de contracter mariage, alors que la plupart d’entre eux avaient hardiment devancé cette permission. Comme argument, à l’appui de leur demande, ils prouvaient, par l’Écriture, que la chasteté sans doute est un don sublime, mais qu’il n’est pas donné à tous. Ils constataient sans ambages qu’eux-mêmes ne l’avaient pas reçu et donnaient leur propre inconduite comme une preuve de la nécessité du mariage dans leur cas personnel. Opéra, t. i, p. 204. Les pétitionnaires ne reçurent aucune réponse. Faisant un pas de plus, Zwingli provoqua, le 21 juillet, une dispute officielle avec les moines, chargés de la prédication dans les couvents de femmes. Par une tactique dont il devait tirer grand parti et qui posait un principe de grande conséquence, il avait voulu que la dispute se déroulât en présence du bourgmestre et de deux dignitaires du Conseil. Ce n’était pas la première fois qu’il faisait appel au Conseil pour des questions religieuses. En ces temps, les matières civiles, politiques et religieuses étaient inextricablement mêlées. Il était de règle toutefois que le pouvoir civil n’intervînt que pour faire exécuter ou pour sanctionner les lois ecclésiastiques, tout comme les magistrats appliquent le Code, sans se permettre d’y déroger ou de le modifier. Dès 1520, le Conseil de Zurich avait, à la demande de Zwingli, prescrit à tous les

ecclésiastiques de prêcher l'Évangile et les Épîtres selon l’Esprit de Dieu et d’après l'Écriture sainte, en d’autres termes de ne faire appel qu’aux arguments bibliques. Le biblicisme, à la mode d'Érasme, avait ainsi été érigé en loi de la cité. Sur le terrain de la Bible, Zwingli se croyait imbattable, pour ainsi dire. Au cours de la dispute du 21 juillet 1522. il affirma hautement son autorité et sa responsabilité à l'égard de tous les habitants de la ville : « Je suis, proclama-t-il, dans cette cité de Zurich, évêque et curé et la charge des âmes m’est confiée. J’ai prêté serment à ce sujet et les moines ne l’ont pas fait. Ils me doivent le respect et non moi à euxl » Invité à clore les débats, le bourgmestre, Markus Rôust, donna raison à Zwingli en ces termes : « Oui, Messieurs des ordres, ceci est le sentiment du Conseil, que vous ne devez prêcher que le saint Évangile, saint Paul et les prophètes, parce que c’est la sainte Écriture, et que vous devez laisser de côté et Scot et Thomas (d’Aquin) et tout ce qui est ce cette sorte. » Opéra, t. I, 257-258, note 3. Zwingli triomphait avec éclat. Il écrivait à Rhénanus, le 30 juillet, pour déverser l’ironie sur ses adversaires : « Ces bêtes fauves trouvent la chose si peu de leur goût que le Père lecteur des dominicains nous a quittés. Nous n’en avons pas plus pleuré que si une belle-mère morose et riche était venue à mourir 1° Opéra, t. vii, p. 549. Cette victoire l’enhardit jusqu'à le dresser formellement contre son évêque. Ayant le Conseil avec lui et appuyé sur la Bible, il ne craignait plus rien. L’exemple de Luther, solidement épaulé à la fois par son prince, l'Électeur de Saxe, et par la bourgeoisie influente de Wittenberg, portait ses fruits.

L'évêque de Constance était Hugues de Landenberg. Il avait adressé, le 24 mai, une admonition au clin pitre de Zurich, pour l’inviter à mettre fin aux désordres qui lui avaient été signalés. Le 22 août, Zwingli publia audacieusement le mandement épisc.opal, en l’accompagnant d’une réfutation point par point. Jusque-là, il s'était montré à peu près respectueux envers ses supérieurs ecclésiastiques. Dans son nouvel ouvrage, intitulé Apologeticus archeleles — ce qu’on pourrait traduire : Premier et Dernier mol d’apologie — il déployait une impertinence supérieure et maniait l’ironie de la façon la plus insultante. Feignant de croire que l'évêque n'était point l’auteur du mandement, comme s’il eût été trop ignorant pour le rédiger, il disait à l’adresse de ses conseillers : « J’aurais voulu, puisque vous avez pris tant de temps pour cette fiction, que vous agissiez avec un peu plus de circonspection et que vous n’usiez pas si ridiculement tantôt des menaces, tantôt des prières, tantôt de l'Évangile, pour appuyer vos traditions humaines, tantôt, l'Évangile omis, des traditions humaines seules, afin de vous soustraire M rire public, tandis que l’on voit aujourd’hui, un peu partout, un certain évêque, tourné en dérision, à savoir celui qui gouverne les territoires soumis au r<vrrendissime seigneur de Constance. Ibid., t. i, p. 201.

C'était une véritable déclaration de guerre, une révolte en règle. Il faut rendre retle justice à Érasme qu’il n’hésita pas à blâmer sévèrement et le ton H ii-contenu de {' Archelelu. Des le H septembre, il écrivait à son ancien adorateur : Très savant Zwingli, j’ai In quelque* pages de ion Apttoge&ctu. Je te supplie, par la gloire de l’Evangile, que je sais que tu sers uniquement et que doivent servir Ions reiix qui portent le nom du Christ, si tu publics à l’avenir, de traiter sérieusement un sujet sérieux cl.1. ta ou venir de la modestie et de la prudence évangéliquc. Consulte de doctes anus avant de jeter un ouvrage dan* le. public. le crains que cette Apologie ne te

mette en grand danger et ne nuise à l'Évangile 1° Opéra Zwinglii, t. vii, p. 582. Après avoir peut-être amené la rébellion de Luther, Érasme avait senti que l’on allait trop loin. Il était résolu à freiner. Et c’est pourquoi il essayait de retenir son disciple Zwingli sur la pente de la révolution. Peine perdue. Un peu plus tard, celui-ci publiait un nouvel écrit, non moins violent que le précédent. Mais cette fois, il n’avait pas signé. Feignant d’ignorer qui était l’auteur, Érasme lui écrivit une fois encore le 9 décembre 1522 : « On vient de publier, disait-il, une indigne plaisanterie… Celui qui a écrit cela aurait fait acte de grande folie s’il avait signé son œuvre. Il a préféré ces dangereuses inepties sans titre. Si tous les luthériens sont de ce calibre, ils auront tous de moi la même estime. Je n’ai jamais rien vu de si insensé que ces sottises. Si la brume ne m’enchaînait, je fuirais n’importe où plutôt que d'être contraint d’entendre des imbécillités de cette espècel » Ibid., p. 631-632. La semonce était rude. Zwingli ne répondit pas. Mais on peut être certain que dès lors son ancienne idole perdit tout droit à sa vénération. L’humaniste était mort en lui. Le révolutionnaire était né à sa place. Pourtant la rupture définitive entre lui et Érasme n’eut lieu qu’en 1523, alors que Ulrich de Hutten, poursuivi par la haine d'Érasme, fut accueilli et hébergé à Zurich par Zwingli.

Ici se place un épisode de la vie de Zwingli qui a été passablement discuté. Le 23 janvier 1523 le pape Adrien VI adressait à celui-ci un bref laudatif, où il vantait « sa vertu éminente et son dévouement au Saint-Siège ». Là-dessus, les ennemis de la papauté se sont récriés, en disant : telle est bien la perfidie de Rome, à cette époque. Elle ne pouvait ignorer totalement la conduite publique de Zwingli. Si elle vantait son dévouement, c’est parce qu’elle comptait sur lui comme recruteur de soldats suisses pour le compte du Saint-Siège. Nous croyons que cette accusation, vraisemblable lorsque le pape se nommait Alexandre VI ou même Jules II, ne l’est plus du tout quand il s’agit d’un Adrien VI, pape vraiment zélé et animé de sentiments ardemment réformateurs. Ce qui paraît beaucoup plus explicatif, c’est le fait connu de tous les contemporains de la « circonspection » de Zwingli. Il était loin des hardiesses de Luther. Rappelons ce qui a été dit plus haut. La loi de l’abstinence avait été violée à Zurich, mais il s'était gardé de le faire lui-même. Il s'était marié, contrairement aux lois canoniques, niais il l’avait fait très secrètement et ce ne sera qu’en 1524 qu’il avouera publiquement cl affichera cette liaison. On dut lui savoir gré de n’avoir pas fait comme d’autres prêtres de ses amis, qui n’avaient pas attendu si longtemps pour étaler leur mariage. De son propre aveu, il se fait une loi de dissimuler ses propres senliments, aussi longtemps qu’il sent que le fruit n’est pas mûr. Il écrit, par exemple, en avril 1524, à Bucer, les phrases mystérieuses que voici : « Tu me fais compliment d'être de ceux qui expriment fidèlement et publiquement ce qu’ils pensent. C’est candeur de ta pari ! hst-ce prudence et vérité? À toi d’en juger ! La puissance de l’hypocrisie est si grande, à moins que je ne me trompe du tout au tout, qu’elle corrompt les sentiments, les actes, les paroles de tout le monde, sinon totalement, du moins dans toute la mesure oi"' lit eut ! » Opéra, t. viii, p. 101 sq. Une autre fois, Interrogi Capito, de Strasbourg comme Bucer, sur sa doctrine eucharistique, il répond, le 10 décembre 1521 : Ce que nous penSODi de ce pain et de ce breuvage, <h jà depuis quelques ennétê, nous ne l’avons dit qu'à un petit nombre de personnes et seulement à des amis dont la fidélité nous paraissait sûre. » ibid., p. 375 sq.

Zwingli n’avançait donc qu’avec prudence, n

cacher ses sentiments. Il estimait sans doute qu’un bon général tâche toujours de tromper l’ennemi sur ses intentions et de se ménager une ligne de retraite. Cela fait comprendre qu’il n’y ait pas de bulle de condamnation contre lui comme il y en avait eu une contre Luther. Dire que Rome le ménageait, en tant que recruteur militaire, n’est qu’une naïveté, car les mêmes historiens qui nous l’affirment sont empressés à vanter chez Zwingli le haut souci moral avec lequel il avait extirpé de Zurich le Reislauf, c’est-à-dire précisément le recrutement des Suisses pour les guerres au dehors, en sorte que toutes les pensions payées par l’étranger avaient été refusées, à Zurich, au cours de l’année 1522. Si Rome pouvait ignorer à la rigueur les positions doctrinales de Zwingli, elle ne pouvait ignorer que le canton de Zurich était isolé de tous les autres et faisait désormais bande à part, précisément pour la question du recrutement des mercenaires. Seulement, cette dissimulation de Zwingli ne permet pas de dire avec précision à quelle date il a rompu définitivement avec l’Église de son enfance, ni de le croire sur parole, lorsqu’il affirme encore, en juillet 1523, avec la dernière énergie qu’il n’est nullement luthérien. Dans Auslegung des 18. Artikels, Opéra, t. ii, p. 146 sq.

Voici comment nous croyons pouvoir nous représenter sa tactique : ne jamais marcher seul à la bataille. S’appuyer toujours sur le Conseil de la cité. Conduire les membres influents de ce Conseil par la Bible, en sorte qu’ils croient toujours obéir à la seule Parole de Dieu, quand ils n’obéiront qu’au sens personnel de Zwingli. Donc, se cacher derrière des textes bibliques. N’admettre aucun arbitre sur la véritable portée des textes bibliques invoqués par lui, en dehors des naïfs bourgeois du Conseil. Cela était, on le voit, infiniment habile. Par le Conseil on tenait toute la République zurichoise. En tenant les autorités civiles, on pouvait se permettre toutes les innovations religieuses. Luther n’avait eu qu’à gagner son prince. Il s’était servi de son ami Spalatin, chapelain de l’Électeur. Il avait louvoyé, avancé, reculé, forcé la main à son seigneur, quand il croyait pouvoir le faire sans trop de danger. Il avait fini par l’emporter. Zwingli avait affaire à des républicains. Son Église portera toujours l’empreinte républicaine. Il fera donc tout décider par des conférences contradictoires tenues en présence des conseillers. Et Calvin, avec un ton plus dogmatique, plus affinnatif, plus impérieux, fera de même à Genève.

A Zurich, le pas décisif fut fait au début de 1523, lorsque le Conseil de ville, sollicité par Zwingli, lança un mandat, en date du 3 janvier, pour convoquer tous les ecclésiastiques du canton à une dispute publique, fixée au 29 janvier. La mesure était habile. Il y avait quatre ans que Zwingli était le prédicateur en grand renom de la cité, quatre ans qu’il commentait la Bible, à sa façon, devant un auditoire passionnément attentif. Il avait ainsi lentement imbibé de ses propres idées les bourgeois du Grand et du Petit Conseil formant ensemble l’Assemblée générale du canton. Et c’était ces bourgeois, bien incapables, en toute bonne foi, de discuter les idées qui allaient leur être soumises et qui, du reste, n’étaient nulle part dans la Bible désignés pour représenter le magistère infaillible de l’Église, assisté de l’Esprit-Saint, c’était eux, disons-nous, qu’il allait ériger en juges suprêmes du sens des Écritures et du bien-fondé des Ihéories de leur prédicateur attitré, en opposition avec quinze siècles de christianisme et avec la hiérarchie de leur temps ! De fait, c’est le Conseil qui établit le règlement de la dispute du 29 janvier 1523, ce sont les conseillers qui exigent l’emploi exclusif de la Bible comme source de preuves en matière doctrinale, qui imposent

l’usage exclusif de la langue allemande dans les débats, et qui se réservent la sentence finale, à la pluralité des votes, comme s’ils formaient un concile œcuménique irréformable !

La Révolution, c’était cela : un transfert d’autorité souveraine dans l’Église ; un déplacement des valeurs ; le rejet du magistère de l’Église, formé du pape et des évêques ; le rejet du passé catholique ; l’appel à la Bible seule, c’est-à-dire à un Livre sacré entre tous, mais rédigé en des langues inconnues des bourgeois en question, formé de parties très diverses, de textes très compliqués et très profonds, de prescriptions successives et se détruisant parfois les unes les autres, incomplet du reste et muet sur beaucoup de points importants confiés par le Christ à ses apôtres et à leurs successeurs.

La suprême habileté de Zwingli avait été de poser la Bible en fondement de sa prétendue Réforme. Mais la Bible au fond, c’était lui. Devant ses bons bourgeois, il ne parlera qu’allemand sans doute, mais en faisant appel au sens hébreu ou grec des Écritures. Que pourraient-ils lui objecter ? C’est bien lui qui dirige tout. Pour la dispute du 29 janvier 1523, il a extrait arbitrairement de la Bible 67 conclusions. Pourquoi ce nombre, pourquoi pas plus ni moins ? Parce que cela lui a plu. Il soutiendra, seul, ses 67 propositions contre son ancien ami, le vicaire-général Faber. Il publiera ensuite un gros ouvrage, en allemand, pour soutenir devant le grand public ses propres opinions. Et comme il a préparé longuement le terrain, comme il a pris soin de mettre tous les atouts de son côté, il pourra mettre aux voix la théologie nouvelle. Il joue à coup sûr. Les dés sont pipés. Les juges sont gagnés à sa cause. Dans ce petit canton, c’est la cause de l’Église universelle que l’on prétend trancher ! Après la victoire, toutes les places seront pour les amis de Zwingli, puisque c’est le Conseil qui en dispose. Son intime Léo Jud devient curé de l’une des paroisses. Les deux autres sont aux mains de zwingliens avérés. Faber, complètement détrompé sur le caractère de son ancien confrère, pourra écrire à un ami de Afayence, le 3 juin 1523 : « Un second Luther a surgi à Zurich et il est d’autant plus dangereux que son peuple prend plus sérieusement parti pour lui ! » Opéra Zwinglii, t. ii, p. 3.

Il serait pourtant inexact de croire que la victoire si bien préparée qu’elle eût été, pût être assez totale pour réaliser dans la cité la complète unanimité. Il ressort au contraire des écrits du réformateur et de la suite de son histoire, qu’il y avait quatre courants différents dans la ville : en premier lieu, les » évangéliques », c’est-à-dire les partisans de Zwingli, qui ont la majorité au Conseil et dans la cité ; — en second lieu, le groupe radical, dont les chefs sont Simon Stumpf von Hôngg, Conrad Grebel, Félix Manz, et qui trouve que Zwingli ne va pas encore assez loin et considère comme l’idéal « évangélique » une sorte de communisme mystique, calqué sur la première communauté chrétienne de Jérusalem, parti qui évoluera vers la révolte paysanne et anabaptiste ; en troisième lieu, les indifférents, qui acceptent bien « l’Évangile », mais en le subordonnant à des intérêts économiques ou politiques ; enfin, le groupe des catholiques fidèles, que Zwingli stigmatise du nom « d’ennemis du Christ » et qui s’appuient principalement sur la majorité du chapitre du Grand-Mùnster. De même que Luther avait pris nettement parti contre les radicaux, à Wittenberg, c’est-à-dire contre le bas peuple, et s’était appuyé sur l’élément » confortable », c’est-à-dire bourgeois ou seigneurial, Zwingli va faire de même à Zurich. Il prend parti contre les extrémistes de gauche. Mais à la différence de Luther et de Mélanchthon. il ne craint pas de conseiller a ses

amis, les détenteurs du pouvoir républicain et de l’autorité politique et sociale, certaines améliorations en faveur des pauvres. Il trouve notamment très habile de faire attribuer les revenus de la dîme, dont profitaient jusque-là les corps ecclésiastiques, soit à des œuvres de bienfaisance, soit à des œuvres scolaires, et de faire diminuer les charges qui pesaient sur les paysans. Il fit un important sermon, qui fut publié le 30 juillet 1524, sous le titre De la justice divine et humaine, Opéra, t. ii, p. 458-468, et où il défendait l’ordre social menacé par les radicaux que dirigeaient quelques prêtres extrémistes et quelques laïques exaltés. Il publia aussi ses idées sur la formation scolaire de la jeunesse : Quo pacto ingenui adolescentes formandi sint, Opéra, t. ii, p. 536-551, et l’on reconnaissait bien, dans ce court opuscule, l’ancien humaniste et ami des lettres (1 er août 1523). Jusqu’alors, il n’avait pas touché aux usages liturgiques, mais le 29 août 1523, il publiait son De canone missse epicheresis, Opéra, t. ii, p. 556-608, qui ne tendait à rien de moins qu’à la suppression de la messe, ce qui, disait-il, devait amener la diminution du nombre des prêtres et alléger sensiblement le fardeau de l’entretien du clergé par la communauté des fidèles. En septembre, il dressait un plan de réforme de la collégiale du Grand-Munster, que le Conseil entérinait le 29, Vortrag und Gutachten betrefjend die Reformation des Stifts. Opéra, t. ii, p. 613-616. Allant plus loin même que Luther, qu’il avait rattrapé en peu de temps, il concédait, d’accord avec son ami et collaborateur Léon Jud, la suppression des images, réclamée par les radicaux, et, comme une opposition à ce sujet se manifestait jusque dans le Conseil, il parvint à faire décréter qu’il y aurait, sur la double question de la messe et des images, une seconde dispute, dans les mêmes conditions que la précédente. Elle se déroula du lundi 26 au mercredi 28 octobre 1523. Zwingli et Jud menaient le combat. Mais il s’agissait de convaincre les foules. Avec beaucoup de bon sens pratique, le Conseil décida, au terme de la dispute, de faire précéder toute innovation générale, concernant la messe et les images, de la diffusion de tracts rédigés par Zwingli et de prédications ambulantes, destinées à faire comprendre au peuple ce que l’on allait faire. Opéra, t. ii, p. 671-805.

Durant cette période, on assiste à une sorte de frénésie du réformateur et de Léon Jud pour la suppression des usages liturgiques anciens et la création de formes nouvelles, simplifiées et soi-disant plus conformes aux Écritures, tandis que le Conseil freine de tout son pouvoir, soit par routine, soit par attachement aux œuvres d’art qui ornaient les églises et les demeures privées, soit par crainte de troubles révolutionnaires dans la rue. Les radicaux au contraire, trouvaient toujours que l’on n’allait pas assez loin. À les entendre, une seule prière devait composer toute la liturgie conforme à la Bible : le Notre Pare, puisque le Christ n’en avait pas indiqué d’autre !

La soi-disant Réforme zwinglicnne suivit son cours, parmi des oppositions diverses, de droite ou de gauche, et elle s’accomplit de Noël 1523 à la Pentecôte 1524, progressivement, par pièces détachées, sous la pression des « évangéliques t. Opéra, Der Hirt, t. iii, p. 1-68 ; Ordnung von den drei Kilchhôren, t. iii, p. 95-96 ; Vorschlng wegen der Hilder und der Messe, t. iii, p. 120-131.

Les paternelles exhortations et les protestations de l’évêquc de Constance demeuraient pareillement vaines. Zwingli tenait le peuple et, par le peuple, le Conseil. La position de ce dernier est assez bien définie dans ce passage d’une adresse au pape, en date du 19 août 1524, qui avait pour but de réclamer un arriéré de solde militaire : » Nous ne pouvons

assez nous étonner de ce que Votre Sainteté nous tient pour suspects de luthéranisme, comme si nous favorisions cette secte, alors qu’Elle devrait avoir la persuasion que nous ne permettons pas que l’on prêche autre chose que la pure parole de Dieu et ce que chacun peut défendre au moyen de l’Écriture du Nouveau ou de l’Ancien Testament. Que s’il en est arrivé autrement, dès que nous pourrons être informés de notre erreur, nous voulons nous en éloigner bien volontiers : nous ne pouvons agir autrement ù cause du peuple ! » Egli, Aktensammlung zur Geschichte der Zilricher Reformalion, Zurich, 1879, n. 570. C’était donc le peuple qui menait le Conseil 1 C’était le peuple qui exigeait que tout se fît selon l’Écriture 1 Mais ce que le Conseil omettait de dire, c’est que le peuple n’aurait jamais rien su de l’Écriture, sans les prédications tendancieuses de Zwingli, et que ce que l’on prenait pour le verdict de l’Écriture n’était que l’interprétation arbitraire de Zwingli. Ce fut lui, naturellement, qui répliqua aux observations de l’évêque, dans Christliche Antwort Burgermeislers und Rats zu Zurich an Bischof Hugo, 18 août 1524, Opéra, t. iii, p. 153-229. Mais ce furent le bourgmestre et les conseillers qui signèrent seuls cette justification des innovations contre les images, les sacrements et la messe.

Ce qui est très caractéristique de la « prudence » de Zwingli, c’est qu’il se garda bien d’affronter les théologiens catholiques qu’il sentait capables de lui tenir tête et de démontrer ses erreurs devant un auditoire public. En vain, Jean Eck le défia-t-il durant deux ans, en vain accepta-t-il de venir défendre le catholicisme à Baden, du 21 mai au 8 juin 1526, sur l’invitation du canton de Berne. Il ne trouva devant lui qu’Œcolampade de Bâle, Berchtold Haller de Berne, Œschli de Schaffhouse, mais Zwingli s’était abstenu de paraître. Parmi les arbitres, il s’en trouva quatre-vingt-dix à se prononcer en faveur d’Eck, et seulement onze pour les novateurs. Zwingli qui connaissait fort bien le mécanisme des conférences contradictoires et qui savait combien il est nécessaire de préparer son terrain d’avance pour s’assurer la victoire, avait prévu l’événement. Il s’était borné à exhaler sa haine contre Eck, en lui écrivant, fin-août

1524, une lettre dont il faut citer quelques lignes, pour que l’on puisse juger de sa puissance d’injure, en comparaison avec celle de Luther, qui est connue de tous : Toute ta vie, lui disait-il, a été immonde depuis ton enfance, ta langue pétulante, ta bouche maudite, ta voix impure, tes yeux libidineux, ton front impudent… Tu es prêt à tout crime, aucun ne te fait honte t… » Opéra, t. viii, p. 217.

Mais s’il se montrait si acharné contre les catholiques, il témoignait, envers les extrémistes de gauche, dune indulgence que l’on n’avait pas rencontrée chez Luther. Du côté catholique, c’était le Conseil de Zurich qui freinait. Du côté anabaptiste, c’était Zwingli. II conseillait de laisser une certaine liberté d’allures aux exaltés. De fait, le radicalisme gagna du terrain. La secte anabaptiste serpenta en Suisse et dans le sud de l’Allemagne, en faisant partout des ravages dans les âmes. On vit même, au début de

1525, des illuminés parcourir les rues de Zurich en prononçant contre la cité de sombres malédictions au nom de cette même Bible qu’on avait si fièrement invoquée contre la tradition catholique. Zwingli fut contraint de se rebiffer. Comme Luther, quoique inoins brutalement que lui, il voulait mie Hé forme ordonnée et bourgeoise. Il lança donc, contre les anabaptistes, au cours de 1525, trois écrit ! importants : Du baptême, du rebaptême et du baptême des enfants (27 mai) ; De la fonction de prêcher (30 juin). Réplique au livre baptismal de Rallhasnr llubmayer

(5 novembre), dans Opéra, t. iv, p. 188-337 ; 369-433 ; 577-647).

Ce fut justement au cours de 1525 que se déroula la terrible Guerre des paysans, qui se termina par une si effroyable répression des anabaptistes. Balthasar Hubmayer était l’auteur, croit-on aujourd’hui, des Douze Articles qui avaient servi aux révoltés de charte de revendications. La guerre ne toucha que fort peu aux territoires suisses. La répression à Zurich se borna à l’exécution d’un meneur exalté. Zwingli conseilla une fois de plus de recourir à une grande dispute, qui eut lieu du 6 au 8 novembre 1525. Il y eut facilement le dessus. Le calme ne fut toutefois complètement rétabli que par l’interdiction de l’anabaptisme, par ordonnance du 7 mars 1526, et par l’exécution de Félix Manz, le 7 janvier 1527, qui fut jeté à l’eau, pieds et poings liés. Blaurock fut fustigé en public, puis banni, il sera brûlé à Inspruck, en 1529. Grebel était mort de la peste, dès 1526. Hubmayer se rétracta, sous la torture, à Zurich, puis finit sur l’échafaud à Vienne, en 1528. L’anabaptisme fut exécré en Suisse dans les Églises officielles, comme il l’était en Allemagne. Dès le 28 mai 1525, Zwingli avait dit son horreur pour lui, dans une lettre à Vadian : « Il n’y a pas, écrivait-il, de calamité plus redoutable pour l’Évangile que celle des rebaptisants. .. Toutes les luttes antérieures n’ont été que des jeux auprès de celle-ci 1° Opéra, t. viii, p. 331332. Il ajoutait pourtant : « Je n’ai pas voulu pousser à fond l’attaque de peur d’exaspérer le Conseil contre euxl » Il freinait donc, ainsi qu’on l’a dit, et parlait volontiers de « syncrétisme », c’est-à-dire de transactions, de concessions réciproques. Il avait le sens très net du tort que la soi-disant Réforme se faisait par ses dissensions. Le principe biblique se réfutait de lui-même par là. Il aurait voulu une alliance entre tous les adversaires de l’Église romaine. Mais ni Luther, sur sa droite, ni les anabaptistes, sur sa gauche, ne se prêtaient à cette politique, estimant sans doute qu’en matière biblique il n’y a pas de transaction possible. La parole de Dieu est ce qu’elle est, nul n’a le droit d’y rien changer. Seulement, qui définira le sens certain de cette parole, quand il y aura controverse ? L’antique Église chrétienne avait dit : « Rome et le concile œcuménique. » En s’écartant de cette formule, vraiment biblique pourtant, la soi-disant Réforme ne trouvait qu’incertitudes et contradictions. Nous ne reviendrons pas ici sur la célèbre querelle sacramentaire (voir ce mot), qui opposa si longtemps et si violemment Zwingli et Luther. Cette querelle remplit et assombrit les dernières années du réformateur suisse. Mais avant de dire quelques mots des ouvrages de Zwingli, nous essaierons de définir sa zone d’influence, et de rappeler les circonstances de sa mort tragique.

Il suffit de jeter un coup d’œil sur la volumineuse correspondance de Zwingli, telle qu’elle nous a été conservée et en dépit des lacunes que l’on y remarque, pour constater l’énorme influence qu’il a exercée, non seulement à Zurich et dans les cantons suisses gagnés à la révolution protestante, mais dans tout le sud et le sud-est de l’Allemagne. Ceux qui lui écrivent, qui réclament ses avis, qui se font gloire de suivre ses directives et ses exemples, de lire ses ouvrages et de lui soumettre leurs productions, sont tous, comme lui, des « réformateurs » de villes libres. Citons Berchtold Haller et Kolb à Berne, hommes de médiocre envergure que Zwingli dirige comme des enfants ; Erasmus Ritter et Sébastien Hofmeister de Schaffhouse ; Fridolin Brunner, curé de Claris, la première paroisse de Zwingli, et surtout Œcolampade, l’illustre théologien de Bâle. En dehors de la Suisse, l’action de Zwingli est très sensible à Strasbourg.

Les t réformateurs » de cette cité, Bucer, Capito, Hedio, sont en fréquents rapports épistolaires avec lui. Tout ce qu’il dit ou fait les intéresse. Capito surtout a constamment les yeux tournés vers le rival de Luther. Il prend parti pour lui, dans la querelle eucharistique. Leurs lettres sont dures pour le réformateur de Wittenberg. Ils l’accusent sans ambages de vouloir se faire pape, de détruire tout esprit de liberté. Capito goûtait fort, par contre, le républicanisme de Zwingli. Il n’hésitait pas à le placer « pour la cause et les talents » au-dessus d’Érasme et de Luther. Opéra, t. ix, p. 218, lettre du 24 septembre 1527.

De cette correspondance abondante, nous retiendrons seulement ici les utiles conseils que donne Zwingli à Œcolampade, le 3 janvier 1527, sur les ruses à observer contre ses adversaires catholiques, ce sont celles qu’il a pratiquées lui-même à Zurich, en sorte qu’il résume lui-même sa politique : avertir par lettre les prêtres romains que, s’ils persistent à prêcher comme ils le font, ils seront dénoncés nominativement au peuple et publiquement réfutés ; s’ils persistent, comme il est probable, s’arranger pour faire assister à leurs sermons des affidés sûrs, d’esprit calme et rassis, qui rapporteront à la lettre, leurs « mensonges et vaines déclamations », réfuter leurs dires sans les nommer encore, mais avec menace de le faire, provoquer de la sorte des incidents qui obligeront le Conseil de ville à prescrire une dispute publique. Là, on est sûr de faire triompher « l’Évangile », mais il faudra faire comprendre au Conseil que < c’est une chose capable d’engendrer des troubles que de laisser, dans la même cité, le peuple tiré en sens divers par des sermons opposés ». Opéra, t. ix, p. 8. Donc, on fera interdire l’exercice du catholicisme, au nom de la paix publique !

Parmi les admirateurs de Zwingli, il faut compter encore Conrad Sam, le « réformateur » d’Ulm, organisateur assez brouillon, qui ne réussit que passagèrement à faire prédominer le zwinglianisme dans sa patrie. La puissance conquérante de l’Église zwinglienne rencontre en fait trois sortes de limites : le luthéranisme, qui, au nord de Nuremberg, lui oppose un mur infranchissable ; l’anabaptisme, qui garde des adhérents secrets dans les bas-fonds ; le catholicisme enfin qui reste maître d’une partie importante de la Suisse, comme on va le voir.

Zurich faisait partie d’une Confédération, devant laquelle ses actes lui donnaient une responsabilité qui pouvait devenir lourde. On a vu que, sous l’influence de Zwingli, la ville avait fait bande à part dans la question du recrutement militaire, dès 1521. Cette attitude politique dut s’ajouter à la raison religieuse pour motiver des suspicions. On a vu qu’à la dispute de Baden, en 1526, une grosse majorité s’était prononcée pour le champion du catholicisme. En 1528, du 7 au 26 janvier, Zwingli prit sa revanche, après une soigneuse préparation, à la dispute de Berne, où l’on se garda bien d’inviter Jean Eck, qui avait offert de venir défendre sa foi. Les réformateurs y remportèrent de faciles succès. Les thèses de Berne, après l’affirmation obligatoire du biblicisme exclusif, contenaient la condamnation de la présence réelle, de la messe, de l’intercession des saints, du purgatoire, du culte des images, du célibat ecclésiastique. Les résultats de cette dispute furent considérables. Berne fut gagné définitivement à la « Réforme ». Bâle suivit son exemple. Glaris, Schaffhouse, Appenzell étaient déjà gagnés ou allaient l’être. Cela faisait six cantons sur treize passés au zwinglianisme. L’unité politique de la Suisse était brisée. Pour se garantir contre les catholiques, les zwingliens formèrent une Alliance défensive (25 décembre 1527), qui ne cessa de grossir au cours de 1528 et 1529. A cela, les cinq cantons dits « forestiers », Uri, Schwytz, Unterwalden, Lucerne et Zug, répliquèrent en fondant, avec Ferdinand d’Autriche, l’Union chrétienne. Une collision était inévitable. Zwingli était plein de confiance dans le triomphe de l’ « Évangile ». Il poussait à la guerre de toutes ses forces. Elle faillit éclater en juin 1529, à propos de la nomination de l’abbé de Saint-Gall. Mais un arrangement fut conclu, le 25 juin, par la première paix de Cappel, qui était un succès pour les « réformés ». Zwingli ne connut plus de bornes à sa fierté et à son arrogance. On a une lettre de lui, de 1527, à Osiander, où il disait, dévoilant l’immensité de ses espérances : « Il ne se passera pas trois ans avant que la France, les Espagnes, l’Allemagne, l’Italie ne se joignent à nous ! » Opera, t. ix, p. 130. Les pourparlers qu’il eut à Marbourg, en 1529, avec Philippe de Hesse, lui avaient encore donné de nouvelles assurances. Il se voyait en état de tenir tête et même d’humilier « la monarchie de César », c’est-à-dire celle de Charles-Quint.

Un second conflit éclata, en 1531, entre Zurich et les cinq cantons forestiers. Les montagnards descendirent dans la plaine. La déclaration de guerre n’eut lieu que dans la nuit du 9 au 10 octobre 1531. Hâtivement, on lança, au-devant des catholiques, un corps de 1.200 hommes d’armes. Le lendemain, Il octobre, Zwingli et ses coopérateurs renforçaient le premier contingent d’un second corps à peu près égal au premier. Le choc eut lieu à Cappel, non loin de Zurich. Il fut formidable de la part des montagnards, auxquels rien ne put résister. Quand la déroute commença, Zwingli fut pris dans le remous des fuyards. Il était casqué et armé d’une épée, comme un guerrier. Blessé à la cuisse, il fut jeté à terre par un ennemi et enfin frappé à mort par un capitaine d’Unterwalden. Son corps fut reconnu le soir par les vainqueurs et coupé en quartiers pour être brûlé. Vingt-cinq ecclésiastiques, un grand nombre de conseillers et de notables zurichois, parmi lesquels le beau-fils de Zwingli, Gerold Meyer von Knonau, restaient sur le champ de bataille. La paix de Cappel, le 20 novembre, rendait l’avantage aux cantons catholiques et portait un coup très rude aux « évangéliques ». Œcolampade fut tellement abattu par cette catastrophe qu’il en mourut de chagrin, le 24 novembre. A Zurich, la succession de Zwingli fut confiée à Bullinger ; celle d’Œcolampade, à Bâle, fut donnée à Oswald Myconius. C’étaient des hommes de second plan. Le zwinglianisme ne pouvait plus que végéter, après la mort de son fondateur. L’apparition de Jean Calvin, à Genève, quelques années plus tard, put seule donner aux Églises réformées, en Suisse, une nouvelle vie et un nouveau prestige.

« Telle est la fin de la gloire qu’ils cherchaient par

leurs blasphèmes contre la Cène du Christ », s’écria Luther, en apprenant la mort de son rival et la paix humiliante que ses partisans avaient dû signer. Jusqu’à la fin de sa vie, il considéra la mort de Zwingli comme « le châtiment mérité de son orgueil incommensurable ». Lettre à Amsdorf, 28 décembre 1531, dans Luthers Briefwechsel, éd. Enders, t. ix, p. 135.