Dictionnaire de théologie catholique/ZALLINGER ZUM THURN (Jacques-Antoine von)

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 1075-1076).

ZALLINGER ZUM THURN (Jacques-Antoine von), jésuite, canoniste et philosophe. — Né à Botzen en 1735, il entra dans la Compagnie de Jésus en 1753. Il enseigna la philosophie à Munich, Dilllngen et Inspruck. Après la suppression de la Compagnie en 1773, il enseigna pendant trente ans le droit canonique à Augsbourg (1777-1807) et acquit une grande réputation comme canoniste. Pendant ces années, il passa quelques mois à Ratisbonne, comme conseiller du nonce apostolique, et plus d’un an à Rome, comme conseiller du pape pour les affaires d’Allemagne. En 1807, il se retira à Botzen, où il mourut en 1813.

Ouvrages canoniques.

Institutionum juris naturalis

et ecclesiastici libri V, Augsbourg, 1784, plusieurs fois réédité. — Institutiones juris ecclesiastici, maxime privati, ordine Decretalium, 5 vol., Augsbourg, 1792-1793, réédition en 3 vol., Rome, 1832. Dans ces ouvrages, il défend énergiquement les droits de la papauté contre le fébronianisme. — À la demande du futur cardinal Pacca, alors nonce à Cologne, il publia une réfutation des articles d’inspiration fébronienne du fameux congrès d’Ems, 1786 : Hislorische Bemerkungen ùber das sogenannte Résultat des Emser Congresses, Francfort, 1787 ; cf. Œuvres complètes du card. Pacca, t. ii, Paris, 1845, p. 246.

Ouvrages philosophiques.

Inlerpretatio natures,

seu philosophia Newtoniana methodo exposita, 3 vol., Augsbourg, 1773-1775. Sur cet ouvrage, voir B. Jansen, S. J., Die deulschen Jesuitenphilosophen des XViii. Jahrhunderts, dans Zeitschrift fur kalholische Théologie, 1933, p. 399-401, et le livre du même Die Pflege der Philosophie im Jesuitenorden ivâhrend des XVii-XViu. Jahrhunderts, Fulda, 1938. La philosophie proprement dite est traitée dans le 1 er volume ; le 2e expose la mécanique et le 3e la physique. L’auteur rejette la méthode spéculative et déductive de la scolastique et adopte, à la suite de Newton, la méthode analytique, à partir de l’observation de la nature, d’où la définition de la philosophie comme inlerpretatio naturæ. La mention ajoutée au titre academicis usibus accommodata permet de conclure qu’à cette époque cette nouvelle philosophie était en vogue dans les écoles. « Le trait de plus notable de la doctrine de Zallinger sur la nature est sans doute la fermeté avec laquelle il défend le système héliocentrique. Autant que je puis voir, il est, après le jésuite Grammatici et le bénédictin Ulrich Weiss, le premier scolastique qui abandonne si franchement la théorie de Ptolémée » (Jansen, article cité). — Disquisitiones philosophiæ kantianx libri II, 2 vol., Augsbourg, 1799. Cet ouvrage, dont on trouvera le résumé dans Werner, Geschichte der kalholischen Théologie seit dem Trienter Concil, Munich, 1886, p. 270-276, est important pour l’histoire de la philosophie, parce qu’il est une des premières réfutations catholiques publiées du vivant de Kant. Il a été récemment tiré d’un oubli injustifié par A. van der Wey, J.-A. von Zallinger zum Thurn und seine Kantschri/t von 1799, Paderborn, 1936, cf. Zeitschrift fur kath. Théologie, 1938, p. 142-143. Tout en s’accordant largement avec Kant dans des questions de méthode philosophique et dans l’admiration pour Newton, Zallinger défend fermement l’ancienne métaphysique. Son interprétation du philosophe allemand n’est cependant pas sans quelques erreurs. — Zallinger a composé également un certain nombre d’écrits de controverse et vulgarisation, publiés dans la collection Neueste Sammlung, éditée par le P. Aloys Mertz, 40 vol., Augsbourg, 1783-1788.

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ZAMBALDI

ZAMORA

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Outre les ouvrages cités, voir Sommervogel, Bibl. de la Compagnie de Jésus, t. viii, col. 1445-1448 ; Hurter, Nomenclator, 3° éd., t. v, col. 774 ; Wetzer et Welte, Kirchenlexikon, 2e éd., t.xii, col. 1865-1866 ; Buchberger, Lexikon fur Théologie viid Kirche, t. x, col. 1031.

J.-P. Grausem.