Dictionnaire de théologie catholique/XIPHILIN Jean (écrivain)

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 1045-1046).

XIPHILIN Jean, écrivain byzantin (xie siècle).

— Originaire de Trébizonde, neveu du précédent, il fut moine à Constantinople dans la seconde moitié du xie siècle. Érudit et lettré, il fut sollicité par le basileus Michel Parapinakès d’abréger l’historien grec Cassius Dion, qui, dans le premier tiers du iiie siècle, avait publié une volumineuse Histoire romaine, Ῥωμαϊκὴ ἱστορία en 80 livres, depuis les origines jusqu’en 229. La première partie de cet énorme et précieux ouvrage avait déjà disparu quand Xiphilin se mit à l’œuvre et l’abréviateur n’eut en main que les livres XXXVI-LXXX, couvrant, en dépit de quelques lacunes au t. LXX, la période qui va de 68 avant Jésus-Christ à 229 après. L’érudition moderne n’a d’ailleurs plus retrouvé que les livres XXXVI-LX (de 68 av. J.-C. à 47 après). Nous ne disposons donc plus, pour connaître le dernier tiers de l’œuvre de Cassius, que de l’abrégé de Xiphilin. C’est dire l’importance de son œuvre ; là où il double le travail primitif, l. XXXVI à LX, xxviii, 5, il est un témoin important du texte ; pour le reste il a sauvé des renseignements précieux. Il avait d’ailleurs essayé de donner une forme personnelle à son travail, divisant la grande histoire de Cassius en biographies des empereurs, depuis Auguste jusqu’à Élagabale, et faisant précéder son abrégé des biographies, composées par lui-même, de César et de Pompée. On s’est d’ailleurs posé la question de savoir si le moine byzantin utilisait le Cassius primitif ou seulement un abrégé. En dépit de l’indifférence apparente avec laquelle il narre les événements, Xiphilin laisse percer, de-ci, de-là, son caractère de chrétien. C’est ainsi que racontant, l. LXXI, c. viii et ix, le célèbre miracle de la « Légion fulminante », il commence par donner la narration de son garant, puis la discute et fait remarquer l’erreur volontairement commise par Cassius, lequel ne pouvait ignorer l’origine du surnom de κεραυνοβόλος ; donné à ce corps de troupes. Il y aurait intérêt à relever dans Xiphilin d’autres exemples du même genre d’une christianisation de l’histoire profane. Ceci a d’autant plus d’importance que cette compilation est notre unique source pour certains événements de l’histoire ecclésiastique, pour la persécution de Domitien par exemple. — L’essentiel a été dit à l’art, précédent sur l’important Homiliaire compilé par Xiphilin.

Le texte de Xiphilin est d’ordinaire publié à la suite de celui de Cassius Dion, par exemple dans l’édition de Samuel Reimarus, 2 vol., Hambourg, 1750-1752, ou de Bolssevaux, Berlin, 3 vol., 1901 ; A. Gros a donné en face du texte grec une traduction française, 10 vol., Paris. Se reporter aux notices sur Cassius Dion dans les Histoires de la littérature grecque ; voir en particulier Christ-Stàhlin-Schmid, Geschichte der griechischen Literatur, t. ii, p. 629 sq., et Krumbacher, Gesch. der byzant. Lit., 2° éd., p. 369-370 ; voir aussi la bibliographie de l’art, précédent.

É. Amann.