Dictionnaire de théologie catholique/WILMERS Guillaume

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 1007).

WILMERS Guillaume, jésuite allemand. — Né en 1817 à Buke en Westphalie, il entra dans la Compagnie de Jésus en 1834. Jusqu’en 1859, il enseigna la philosophie et la théologie successivement à Issenheim en Alsace, Louvain, Cologne, Bonn. En 1860, le cardinal Geissel l’appela au concile provincial de Cologne, où il eut une part importante dans l’élaboration des Acta et décréta. Après huit ans d’enseignement à Aix-la-Chapelle et à Maria-Laach, il se rendit à Rome pour prendre part aux travaux du concile du Vatican, en qualité de théologien de Mgr Meurin, vicaire apostolique de Bombay. Pendant le concile, il publia, en faveur de l’infaillibilité, une réponse aux objections de divers évêques allemands : Animadversiones in quatuor contra infallibilitatem editos libellos, 1870, dont on publia très rapidement trois traductions allemandes. À la suite de l’expulsion des jésuites d’Allemagne en 1872, il séjourna pendant trois ans au Danemark, où il écrivit contre l’évêque protestant Martensen une justification de la doctrine catholique sur la foi, publiée en danois, sous le nom du préfet apostolique Gruder : Det protestanske of katholske troesprincip, Copenhague, 1875. De 1876 à 1880, il enseigna à la faculté de théologie de Poitiers, puis, pendant un an, au scolasticat des jésuites français à Jersey. À partir de 1882, il travailla uniquement à ses publications, jusqu’en 1892, à Ditton-Hall en Angleterre, puis à Exœten en Hollande. Il mourut à Roermond, le 9 mai 1899.

Le P. Wilmers est connu surtout par son Lehrbuch der Religion, 4 vol., Munster, 1851. Œuvre de haute vulgarisation à l’usage des laïques cultivés, l’ouvrage se présente comme un commentaire du célèbre catéchisme du P. Deharbe, S. J. Grâce à sa solidité et sa précision, il connut un grand succès et reste toujours utile ; cinq éditions parurent du vivant de l’auteur et il avait préparé la sixième ; la septième fut publiée par le P. Hontheim, 1909-1912, et la huitième, par le P. Deneffe, 1922-1928. L’auteur le compléta par Geschichte der Religion, 2 vol., Munster, 1856, 7e édition en 1924, par le P. Pfùlf ; traduction française : Histoire de la Religion prouvant la révélation divine et sa conservation par l’Église, 2 vol., Paris, 1898. Comme le titre l’indique, il ne s’agit pas d’une histoire des religions, mais d’un exposé chronologique succinct, dense et solidement documenté, de la religion juive et de la religion chrétienne, depuis les origines jusqu’à nos temps. — Le Kurzgejasstes Handbuch der Religion, Ratisbonne, 1871, 4e édition en 1905,

est un résumé du Lehrbuch adapté à l’enseignement. Il fut traduit en plusieurs langues et adopté dans de nombreux collèges comme manuel pour les cours supérieurs de religion ; traduction française : Précis de la doctrine catholique, Tours, 1905. — Pour l’enseignement de la théologie, le P. Wilmers composa trois copieux manuels : De religione revelata, Ratisbonne, 1897 ; De Ecclesia, ibid., 1897 ; De fide, ouvrage posthume, édité par le P. Lehmkuhl, ibid., 1902. L’auteur adopte la méthode scolastique pour l’exposé des questions, mais la manie de façon assez souple dans le détail des preuves. Toujours estimés, ces manuels, les deux premiers surtout, pouvaient compter à l’époque de leur publication parmi les meilleurs pour la solidité de l’information, la pénétration et la clarté de l’exposé. Comme le P. Wilmers l’écrit lui-même, il était venu du cartésianisme à la scolastique (cité dans Buchberger). Avec son ami le P. Kleutgen, il fut un des initiateurs du renouveau de la philosophie scolastique en Allemagne.

Buchberger, Lexikon fur Theoloyie und Kirche, t. x, 1938, col. 924-925 ; Wetzer et Welte, Kirchenlexikon, 2e éd., t. xii, col. 1674-1675 ; on y trouvera les références des articles nécrologiques parus dans la presse allemande et autrichienne.

J.-P. Grausem.