Dictionnaire de théologie catholique/WANGNERECK Henri

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 990-991).

WANGNERECK Henri, jésuite allemand, théologien et polémiste. — Né en 1595, à Munich, il entra à l’âge de seize ans dans la Compagnie de Jésus. A partir de 1625, il enseigna la philosophie et la théologie, surtout à l’université de Dillingen, où il remplit les fonctions de chancelier à partir de 1642. Il mourut à Dillingen en 1664. Savant et zélé, il était malheureusement d’un tempérament combattit et Intransigeant à l’excès, allant dans la polémique jusqu’il la violence et la grossièreté. Ce défaut, joint à son obstination et son indépendance, devait causer à ses supérieurs bien des désagréments.

Lors des tractations pour la paix qui devait mettre lin à la guerre de Trente ans, Wangnereck soutint violemment le parti des intransigeants qui rejetaient toute paix avec les protestants et toute concession politique. En 1646, certains de ses amis extrémistes publièrent, sous le pseudonyme Eusebius de Eusebiis et à l’insu de l’auteur, un manifeste de Wangnereck intitulé Judicium theologicum super quæslione an pax qualem desiderant Protestantes sit secundum se illicita (Ecclesiopoli, en réalité Munster). L’écrit, qui soutenait l’illégitimité de la paix avec les protestants, fit beaucoup de bruit et fut vivement attaqué, mais il fut approuvé par le nonce Chigi et le pape Innocent X, qui envoya sa bénédiction à l’auteur. Le P. Jean Vervaux, confesseur de l’électeur de Bavière, fit circuler une réfutation manuscrite sous le titre de Notse in Judicium theologicum. Wangnereck répondit par un Responsum theologicum, destiné, comme le Judicium, à circuler en manuscrit ; mais il fut, lui aussi, publié en 1648 (sans indication de lieu) par ses amis politiques, qui l’aggravèrent encore par diverses additions. À la suite de vives réclamations de l’électeur Maximilien de Bavière, particulièrement visé dans les deux écrits, le Père général Vincent Carrafa interdit sévèrement aux jésuites-d’intervenir dans les discussions au sujet de la paix et, sans se prononcer sur le fond du débat, imposa au P. Wangnereck une sévère pénitence pour la forme violente et offensante de ses manifestes ; sur l’intervention du nonce, il dut cependant retirer peu après la punition. Il réussit, non sans peine, à empêcher la publication d’un nouvel écrit du polémiste impénitent intitulé Apologeticum.

Parmi les autres ouvrages du P. Wangnereck, les plus importants sont : De creatione animée rationalis, Dillingen, 1628, contre le traducianisme. — L’ne édition des Confessions de saint Augustin annotées de réflexions ascétiques, Dillingen, 1631, plusieurs rééditions. — Vindiciee motivorum fidei catholicse, en allemand, contre le pasteur protestant Tobie Wagner, I re partie, Augsbourg, 1643 ; IIe partie, Ems, 1648 ; l’auteur établit que la foi véritable et salvifique se trouve uniquement dans le catholicisme. — SS. Angelorum prœdestinatio ex meritis, prsedestinationi gratuits ? ss. hominum opposita, ex mente S. Augustini, thèse soutenue à Dillingen, 1644 ; cet opuscule déplut à Rome ; pour éviter une condamnation, l’auteur corrigea sa doctrine dans une nouvelle thèse, Antithèses catholicse de ftde et bonis operibus arliculo IV, vi, xx Confessionis Augustanse oppositse, Dillingen, 1645. — Commentarius exegeticus ss. canonum seu expositio brevis et clara omnium pontificiarum decretalium. .., ouvrage posthume, Dillingen, 1672.

Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. viii, col. 979986 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. iv, col. 257-259 ; B. Duhr, S. J., Geschichte der Jesuiten in den Làndern deutscher Zunge, t. Il a, p. 472-490 ; L. Pastor, Geschichte der Pàpste, t. xiv a, p. 83-85 ; Steinberger, Die Jesuiten und die Friedensfrage, 1906, passim ; Wetzer und Welte, Kirchenlexikon, 2’éd., t. xii, col. 1212-1213 (N. Paulus).

J.-P. Grausem.