Dictionnaire de théologie catholique/VORILONGUS Guillaume

P. Apollinaire
Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 971).

VORILONGUS Guillaume, frère mineur, † 1464. — Les érudits ne sont pas d’accord sur l’orthographe du surnom sous lequel ce théologien est passé à la postérité. On le trouve avec des variantes assez notables chez les divers témoins qui parlent de lui. Ces divergences elles-mêmes (Vorlion, Forleo, Vurillon) ont leur cause dans l’obscurité dont s’entoure l’origine du surnom. Enfin il est difficile de fixer avec certitude la date et le lieu précis de sa naissance. Autant dire que nous connaissons peu de chose du personnage. Il semble cependant qu’on puisse placer sa naissance aux environs de 1400 et en Bretagne (Vaurouant, dans les Côtes-du-Nord). A deux reprises, en 1429 et 1448, il vint enseigner à Paris, comme bachelier d’abord, puis comme licencié.

Il prit part à la célèbre controverse qui, sous le pontificat de Pie II, mit aux prises dominicains et franciscains, sur la question de savoir si, pendant l’intervalle entre la mort et la résurrection du Seigneur, le sang du Christ resta uni hypostatiquement à la personne du Verbe, comme le corps. Voir ici Sang du Christ, t. xiv, col. 1094. Vorilongus défendit la position de ses frères avec tant de force qu’après trois jours de discussion le pape, sans rien décider sur le fond du débat, interdit aux dominicains de traiter d’hérétiques ceux qui continueraient à nier que le sang soit demeuré hypostatiquement uni au Verbe pendant le Triduum sacré.

De Vorilongus on ne connaît que deux écrits : le Commentaire des Sentences, plusieurs fois imprimé, Lyon, 1489 et 1499, Venise, 1496 et 1502, Bâle, 1519, auquel est joint un traité des Principes et un autre livre intitulé : Vademecum ou Collectarium. commentaire critique et littéraire de l’Opus Oxoniense de Duns Scot, Padoue, 1482, 1487, Strasbourg, 1501. Quelques érudits émettent l’opinion que ce dernier ouvrage n’est pas de la main de Vorilongus, mais a été rédigé par un de ces disciples.

Le Commentaire des Sentences n’est autre chose qu’un manuel scolaire. Il ne faut donc pas y chercher un appareil scientifique et des opinions très personnelles. L’auteur n’y vise qu’à expliquer les opinions de Scot, son maître, à les défendre en leur donnant un fondement solide. Mais l’ouvrage mérite d’être signalé à l’attention de l’historien, parce que d’abord il nous reste peu de témoins de cette époque, et aussi parce que Vorilongus paraît avoir été un des types les plus représentatifs de l’enseignement de son temps. Son travail n’est pas sans défauts. Il manifeste un goût trop exclusif pour la division tripartite, tout artificielle. Mais il y a chez lui un effort très méritoire pour être concis, clair, et une tendance vers les vues d’ensemble ; ce qui marque un progrès sensible sur les productions du même genre de l’époque précédente.

Sbaralea, Scriptores ord. minorum ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. ii, col. 878 ; E. Pelster, dans Franziskanische Studien, t. viii, 1921, p. 48-66 ; du même, l’art. Wilhelm von Vorillon, dans Buchberger, Lexikon, t. x, col. 910.

P. Apollinaire.