Dictionnaire de théologie catholique/VITAL DU FOUR

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 786-793).

VITAL DU FOUR, frère mineur et cardinal (12607-1327). —
I. Vie. II. Œuvres et doctrine.

I. Vie.

Jean du Four, d’une bonne famille de Gascogne, naquit vers 1260 à Bazas, ville épiscopale de la province d’Auch. Entré jeune chez les frères mineurs de la province d’Aquitaine sous le nom de frère Vital, il fut envoyé en 1285 au Studium générale de Paris. Il y étudia les Sentences sous frère Jacques du Qucsnoy et y aurait été le condisciple de Scot. Les opinions diffèrent sur le curriculum vitiv de Vital du Pour à cette époque de sa vie ; cf. A. Callebaut, Les séjours du bx J.-D. Scot à Paris, dans Arch. franc.

hist., t. XXI, 1928, p. 357, 358 ; P. Glorieux, D’Alex, de Halès à P. Auriol. La suite des maîtres franc, de Paris au XIIIe s., ibid., t. xxvi, 1933, p. 260, 261, 263, 264, 267, 277, 278). Pour nous, nous ralliant aux travaux les plus récents, nous admettons que Vital lut les Sentences sous la régence de Jacques du Quesnoy (1291-1292), qu’il fut lui-même régent à Paris vers 1292-1294 avant d’être nommé lecteur au Studium générale de Montpellier en 1295. Dans cette ville, alors capitale de la médecine, Vital du Four s’initia à l’art d’Esculape sans pourtant avoir suivi les cours à la faculté. Pendant son séjour à Montpellier, il réédita (1295-1296) la Lectura de son maître Jacques du Quesnoy. À partir de 1298, après la mort d’Olieu, maître Vital prit, sur l’ordre des généraux Jean de Murro et Gonzalve de Valboa, une part active aux débats théologiques et aux mesures de coercition qui préludèrent à la condamnation définitive de l’olivarisme. Cf. ici t. xi, col. 984 ; S. Belmond, La défense du libre arbitre par J.-P. Olive dans France francise, t. x (1927), p. 37 ; L. Amoros, Séries condemnat. et processuum contra doctrinam et sequaces P.-J. Olivi…, dans Arch. franc, hist., t. xxiv, 1931, p. 506. En 1300, il est iecteur à Toulouse. Vers 1305, il publie son Spéculum morale tolius Sacrse Scripturse. Élu en 1307 provincial d’Aquitaine, il est en 1309 l’un des quatre maîtres en théologie chargés de répondre, dans l’affaire de la communauté et des spirituels, aux quatre questions posées à l’ordre par Clément V et de démontrer la fausseté des doctrines d’Olieu. Voir ici t. xiv, col. 2535. Mis en évidence, Vital du Four est délégué, le 28 juin 1310, par son compatriote, le pape Clément V, pour recevoir des témoignages dans le procès qui avait été intenté, à la requête de Philippe le Bel, roi de France, contre la mémoire de Boniface VIII. Ces délicates fonctions ne l’empêchent pas de collaborer, à partir du mois d’août 1311, à la réponse (Religiosi viri) faite au Rolulus d’Ubertin de Casale. Enfin avant l’ouverture du concile de Vienne (16 octobre 1311), frère Vital est désigné pour être l’un des quatorze ministres provinciaux ou maîtres en théologie de l’ordre des mineurs qui devaient prendre part aux assemblées conciliaires. En dépit de tous ces travaux Vital du Four trouve encore le temps de se livrer à la prédication. Le jour de Noël 13Il il prononce à Toulouse un sermon qui détermine la conversion d’un grand nombre « de filles folles » de la ville et pousse les auditeurs à leur assurer de leurs deniers un asile de pénitence : le prieuré des augustines de Saint-Sernin. Cf. A. du Mège, Hist. des institutions relig., polit., judic. et litt. de la ville de Toulouse, t. iv, p. 573, Toulouse-Paris, 1846. L’année suivante, mêlé après l’édit pontifical du

23 juillet 1312 (Bull, franc, t. v, p. 203) à la déposition du provincial et de onze supérieurs de Provence, chargé, en qualité de vicaire général de l’ordre, de faire exécuter par Bonagratia de Bergame la bulle fulminée contre celui-ci le 31 juillet 1312 (Bull, franc, t. v, p. 89), le reléguant au couvent de Valcabrère, près Comminges, le ministre d’Aquitaine fut, le

24 décembre 1312, promu cardinal-prêtre du titre de Saiut-Martin in montibus. Clément V lui concéda, en outre, la commende de nombreux monastères en Gascogne, en Espagne, dans le royaume de Naples, plus l’administration de l’église Sainte-Croix de Jérusalem in Urbe et une pension annuelle de 200 florins d’or. Le pape continua d’employer Vital du Four dans les affaires de l’ordre séraphique. Le 8 juillet 1313, le cardinal écrivit au chapitre général tenu à Narbonne une lettre dont nous donnerons l’analyse ci-dessous. Le 29 mars 1314, Clément V († 20 avril 1314) nomma un conservateur des privilèges apostoliques antérieurement concédés au cardinal. Pendant la

vacance du Saint-Siège, Vital, comme il appert d’une lettre envoyée le 18 avril 1315 à Jacques II le Juste, roi d’Aragon, par son représentant en Avignon, prit en main les intérêts de ce pays. Cf. H. Funke, Act. arayon., t. i, p. 355, Berlin, 1908. Le cardinal de Saint-Martin travailla, cependant, surtout à l’élection de Jean XXII (7 août 1316) ; aussi, dès le mois de septembre de la même année, le nouveau pontife le combla-t-il de faveurs lui et tous les clercs de sa maison. L’agitation continua sous Jean XXII chez les spirituels de Provence. Par une lettre en date du 22 avril 1317, le pape chargea le cardinal du Four, de concert avec les cardinaux Jacques de Via et Napoléon Orsini, de ramener les spirituels de Narbonne et de Béziers dans les voies de l’obéissance (texte dans Arch. franc hist., t. xiv, 1921, p. 432). La bulle Quorumdam exigit (7 octobre 1317, Bull, franc, t. v, p. 128) qui favorisait les mitigés fut peut-être obtenue du pape par le cardinal qui se fit accorder par Jean XXII le 25 octobre suivant la permission de tester.

La publication de la bulle Quorumdam provoqua de la part des spirituels une réplique en trois articles : 1° personne, pas même le pape, ne peut toucher à la pauvreté évangélico-minoritique ; 2° le faisant, la bulle Quorumdam n’est pas acceptable ; 3° il n’y a donc pas lieu d’obéir sur ce point au pape et aux prélats. Tels sont du moins les sentiments que Vital du Four et dix autres maîtres en théologie prêtent aux rigoristes dans leurs Vota quorumdam magistrorum theologiæ contra très articulos partis fratrum ordinis minorum, publiés avant le Il juin 1318. H. Denifle, Chart. Univ. Paris., t. ii, p. 215-218. En cette même année, lors du procès intenté aux soixante-quatre spirituels de Provence (cf. t. xiv, col. 2540), le cardinal se déchaîna surtout contre frère Bernard Délicieux, leur avocat, qui le tenait pour celui des quatre cardinaux de Curie le plus opposé à sa personne et à sa cause. Peu de temps après (entre le Il juin 1318 et le 3 septembre 1320), Vital fit partie de la commission chargée d’examiner les propositions tirées de la postille d’Olieu sur l’Apocalypse. H. Denifle, Chart. Univ. Paris., t. ii, p. 238.

En 1319, le 8 novembre, en l’église des mineurs à Marseille, Vital du Four assiste à la translation des cendres de saint Louis de Toulouse élevées du chœur sur le maître-autel (G. Letonnelier, Mandement de François I et pour la réparation du couv. des Cordeliers de Marseille, dans Rev. d’hist. francise, t. iv, 1927, p. 3) ; en décembre il commence à prendre une part active aux négociations engagées par Jean XXII avec le neveu de Clément V, Bertrand de Got, vicomte de Loumagne, accusé de conserver un dépôt de 614 000 florins que son oncle lui avait confié en vue d’une croisade. En juin 1321, peu de temps avant qu’il n’eût fait signer, le 21 juillet, une transaction entre le pape et le vicomte de Loumagne, le négociateur fut promu cardinal-évêque d’Albano.

Il était très en faveur lorsque éclata en avril 1322 la controverse sur la pauvreté du Christ et de ses Apôtres, mais il tomba en disgrâce pour s’être prononcé, contre le sentiment de Jean XXII, pour la pauvreté absolue. Vital du Four n’en écrivit pas moins, le 30 mai 1322, au chapitre général ouvert à Pérouse pour prier le ministre général, Michel de Césène, de faire examiner à nouveau la question de la pauvreté du Christ et des Apôtres par des docteurs de l’ordre et d’envoyer le résultat de cette consultation au pape. Lui-même rédigea, en 1323, sur ce sujet une longue réponse à la question posée par Jean XXII. Ce fut en vain et il dut se soumettre, Arch. franc hist., t. xxxi, 1938, p. 170. Il eut également l’occasion, en avril 1323, de donner au pape une Consultation sur la

croisade projetée par Charles le Bel, roi de France, et qui ne put avoir lieu.

Quatre ans plus tard, le cardinal Vital du Four mourut en Avignon, le 16 août 1327 et fut inhumé dans l’église des frères mineurs de cette ville. Il laissait 20 000 florins d’or, dont la majeure partie passa au prieuré des augustines de Saint-Sernin, à Toulouse, cet asile de repenties qu’il avait, pendant sa vie, comblé de dons et de bienfaits.

II. Œuvpes. — 1° Écrits authentiques. — 1. Œuvres scolastiques. — a) Reportatio de la Lectura super IV am librum Sententiarum (Rome, Bibl. Vatic., lat. 1095, fol. 1-67). Inc. : Ad evidentiam quar tilibri Sententiarum quæritur : 1° ulrum in sola ftde et lege christianorum. .. Exp. (altéra manu) : Qusere residuum in Summa Hen (n) rici ( Gendavensis). Cette reportatio n’est autre que la reproduction de la lectura que Vital du Four fit à Paris sous la régence de Jacques du Quesnoy (1291-1292) et qu’il réédita à Montpellier en 1295-1296. C’est de cet enseignement que proviennent les Conclusiones in Magistrum Sententiarum (Rome, Bibl. Angelica, n. 828 ; Bruxelles, Bibl. Royale, 1554) que frère Jean de Fonte, frère mineur, professait vers 1303 à Montpellier en qualité de lecteur en théologie, qui furent si souvent copiées au xive et au xve siècle. C’est à tort qu’on a prétendu que cette reportation était inachevée. Cf. Ch.-V. Langlois, Vital du Four, frère mineur, dans Hist. litt. de la France, t. xxxvi (1923), fasc. 1, p. 295, n. 4, p. 297 ; F. Delorme, L’Œuvre scolastique de Maître Vital du Four d’après le ms. 95 de Todi, dans France francise, t. ix (1926), p. 44 et n. ; U. Chevalier, Répert. des sources hist. du M. Age, t. ii, col. 2412.

b) Trois séries de Memoralia (aide-mémoire) que Maître Vital, pour les besoins de son enseignement, avait extraites ou résumées de ses propres questions et de celles d’autres docteurs. On en trouvera le résumé dans F. Delorme, L’œuvre scolastique de Vital du Four, dans France francise, t. ix, 1926, p. 423 sq.

Les quatre questions du dernier mémoire sont un résumé pur et simple des q. xxi, xv, xxxi et li d’Olieu ; cf. P. J. Olivi, Quest. in II am librum Sentent., édit. B. Jansen (Bibl. francise, schol. medii œvi), t. i. p. 279 sq., 508 sq. ; t. ii, p. 101 sq.. Quaracchi, 1922, 1924.

c) Quodlibets et questions disputées. — Pendant son lectorat qui, vraisemblablement, prit" fin en 1307, lorsqu’il fut nommé provincial, frère Vital a soutenu, dans des villes et à des dates diverses, entre 1289 et 1297 : a. trois quodlibets ; b. une question de production creaturarum ; c. six de anima et ejus potentiis ; d. huit de cognitione ; e. sept de rerum principio. Nous les étudierons successivement.

a. Quodlibet I. — Ms. Todi, 96, fol. 12d-l8 a. Édité par F. Delorme, Le Quodlibet I du card. Vital du Four, dans France francise, t. XVIII, 1935, p. 113142. Inc. : Tria sunt mihi difficilia… Composé de 18 questions, ce quodlibet peut se diviser en 5 sections.

1° section : De Deo in ralione objecti. quatre questions, éd. Delorme, p. 113-123. Les deux premières ont trait à l’aptitude de l’âme du Christ et de [’âme humaine en général à la jouissance et à la vision de Dieu ex puris naturalibus. Sans se prononcer. Vital rapporte les différentes opinions. Il manifeste pourtant sa pensée personnelle sur le rôle de l’habitus gratta dans l’union de l’humanité sainte au Verbe de Dieu. Cet habitué n’était pas exigé, dès lors qu’il n’est pas opéranl dans l’union hypostatique, toutefois summe decet. Dans la 3e quest., Vital expose, à l’occasion de certains faits extatiques, rapporté ! dans l’Écrittire, les conditions requises a la vision de l’essence divine. U reviendra bientôt sur ce sujet à

la q. V (sert. II).

2e section : De Deo in quantum est principium activum creaturarum, q. v, vi, vu. Delorme, op. cit., p. 123-128.

La q. v est ainsi libellée : Utrum (Deus] potest certificare nos citra visionem essentie de rébus futuris contingentibus et aliis quæ pertinent ad prophetiam. A cette question, Vital répond par l’affirmative. A signaler qu’après avoir établi que Dieu dispense aux bienheureux la lumière de gloire et aux prophètes la lumière réflexe, Vital traitant du radius fraclus revendique la nécessité de l’illumination divine pour conduire à la certitude scientifique. Cette q. v reproduit la doctrine exprimée dans le De rerum principio (t. iv, c. 1868), q. iv, n. 52-55 et dans la q. vii, De cognitione, du même Vital (voir ci-après).

Les q. vi et vu roulent sur ce thème : Dieu peut-il réduire à un seul tous les individus d’une espèce, tous les genres d’être créés ; le sujet peut-il perdre sua propria passio ? Le théologien franciscain tranche ces deux cas par la négative car, argumente-t-il, si Dieu réduisait a une seule toutes les âmes, à un seul tous les individus d’une espèce, Il ne pourrait plus créer d’autres individus dans cette espèce. Il limiterait donc sa toute puissance, ce qui implique contradiction. Quant au sujet, il ne saurait perdre sua propria passio, car la substance et l’accident ne peuvent convenir in eodem génère.

3e section : De creatura in generali. q. viii et ix. Delorme, op. cit., p. 129-133.

Vital élucide quatre problèmes : 1° D’où sortent l’individuation et 2° la multiplication des individus ? 3° avons-nous la connaissance du singulier ? 4° comment saisissons-nous la pluralité ? Pour Vital, qui attaque les partisans de la distinction entre l’essence et l’existence, l’individuation résulte du fait de la simple actualité d’une chose. Quant à la multiplication, il faut l’attribuer dans les simples à l’existence actuelle et à la gradation indéfinie qui s’aperçoit dans la nature avec, en plus, dans les composés, la matière et la forme réunies et dans les corps la quantité. A l’occasion de cette gradation indéfinie qu’il souligne, Vital émet au sujet du Christ, chef-d’œuvre de la création, cette affirmation : Summum in specie animie humanse tenet Christi benedicta anima, affirmation qu’il reprendra souvent. Le docteur franciscain se prononce pour la thèse qui affirme la connaissance directe du singulier (voir ci-après De cognitione). Quant à la q. ix, elle est faiblement traitée et Vital ne fait guère qu’exposer les opinions diverses sur la connaissance du pluriel.

4e section : De creatura pure corporali. Delorme, op. cit., p. 133-134. — Une seule question : Utrum Stella si ponerctur in aère moveretur naturaliter an quiescerel. À cette question, qui relève plutôt de la physique, Vital répond par la négative, car, dit-il. l’étoile n’a pas d’âme pour la mouvoir, clic n’est pas davantage mue par un corps, ni par sa forme propre.

5e section : De creatura partim corporali et parlim spirituali. Delorme, op. cit., p. 134-1 12. Huit questions. La q. xi traite de la distinction entre l’âme et ses facultés, et Vital nous donne son opinion personnelle : l’âme étant créée â l’image de Dieu, son essence répond à l’essence divine et ses trois facultés aux trois personnes de la Trinité, de telle façon que, distinctes entre elles, elles ne le sont point d’avec l’âme. Quant aux sept dernières questions, elles touchent des points de morale courante sans importance.

b. Quodlibet II. — Ms. Todi 96, fol. 51 />-.VS />. Il comporte Il questions, liste dans Delorme. L’œuvre scolastique…. dans France franc., t. ix, p. 138 sq. Une seule, la q. xii : l’tnun anima Christi rt Virginie glnriose prevaleanl et magis tint Dca accepte quam toi »

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alla curia celestis simul, a été éditée, ibid., p. 454-458. Fidèle à la position qu’il avait adoptée dans la q. viii du quodl. I, Vital ne met pas en doute que l’âme du Christ ne surpasse en gloire toute la cour céleste et qu’elle ne soit à elle seule plus agréable à Dieu que celles de tous les bienheureux réunis. Quant à l’âme de la Vierge, le maître franciscain conclut : Mariée anima sua gratia et gloria major omnibus aliis beatis et cujuscumque beati.

c. Quodlibel III. — Même ms.Todi 95, fol. 89 6104 d. Quinze questions, liste dans Delorme, ibid., p. 443. Seule la q. iv : Utrum sicut corpora humana difjerunt per gradus mixtionis et complexionis ita anime perficientes corpora différant per gradus nature a été éditée par Delorme, ibid., 458-471. Elle traite de l’inégalité originelle des âmes et prouve (p. 470) que les âmes sont inégales : a. sous le rapport de la substance (l’âme du Christ l’emporte à ce point de vue sur toute autre) ; b. sous le rapport des facultés. Les facultés découlant de la substance des âmes sont, elles aussi, Inégales comme les âmes elles-mêmes, l’expérience quotidienne démontre que telle âme est douée de plus d’intelligence que telle autre, etc. ; c. sous le rapport des actes produits par ces mêmes facultés ; certains de ces actes dépendent du corps, d’autres non, par conséquent il est clair que l’état de perfection ou d’imperfection des organes sensibles possède une influence sur les actes de l’âme.

Les q. v, vi, vu abordent la possibilité de la création, les raisons séminales et l’action instantanée.

d. De productione creaturarum. — Du ꝟ. 24 6 à 27 c le ms. de Todi contient une autre question de Vital qui, elle aussi, a trait au premier principe des choses et est isolée dans le ms. Inc. : Questio est utrum productione creaturarum… Cf. F. Delorme, ibid., p. 431-432.

e. De anima et ejus potentiis. — Même ms., fol. 27 c51 6. Six questions disputées sur l’âme et ses facultés, liste dans Delorme, ibid., p. 432-433. Ces six questions sont la reproduction quasi-littérale des q. vu à xii du De rerum principio, apocryphe scotiste (cf. ici t. iv, col. 1868, dont l’auteur admet à tort l’authenticité). Nous en parlerons plus loin. Les trois premières questions traitent des substances spirituelles et de leur composition substantielle. Dans la q. ii, l’auteur expose et adopte la doctrine d’Avicebron sur l’existence et l’unité de la matière dans toutes les essences corporelles et spirituelles. À noter que c’est à Vital du Four qu’il faut attribuer la phrase célèbre, si insidieusement détournée de son sens adéquat : Ego autem ad positionem Avicebroni redeo (Todi 95, fol. 430), tant exploitée contre D. Scot. Les trois dernières questions sont relatives à l’âme sensitive et à son mode d’existence dans le corps.

I. De cognitione.

Même ms., fol. 58 6-89 a, et Rome, Collège Saint-Isidore, 1 15, fol. 97 6-126 6. Huit questions disputées sur le mécanisme de la connaissance qui se rattachent aux six précédentes : De anima et ejus potentiis. Le ms. de Todi contient ces huit questions De cognitione à la file. Cf. F. Delorme, L’Œuvre scol., dans France francise, t. ix, 1926, p. 440. Le ms. de Saint-Isidore reproduit seulement les q. i, ii et iv. Ces trois questions ont paru dans le De rerum principio, sous les n. xiii, xiv, xv, cf. B..1. D. Scoti… Quæst. disput., De rerum principio, édit. M. Fernandez Garcia, Quaracchi, 1910, p. 323420. Le P. F. Delorme les a publiées, sous le nom de Vital du Four, dans les Arch. d’hist. doctr. et litt. du M. A., t. ii, 1927, p. 156-336.

Bien que Vital dans le De cognitione ait cherché à faire œuvre personnelle, il n’en est pas moins resté tributaire de sa méthode ordinaire de compilation et de plagiat, si bien que l’on entend, et parfois s’exprimant en des termes exactement semblables, la

voix de Vital et celles aussi de Jean Peckam, Mathieu d’Aquasparta, Roger Marston, Henri de Gand et Gilles de Rome, voire P.-J. Olieu. Nous nous bornerons donc à signaler certaines particularités propres à Vital dans le De cognitione.

La q. i, F. Delorme, Arch. d’hist., loc. cit., p. 156185, traite, de façon originale et personnelle, de l’intellection des singuliers matériels par l’esprit humain. En opposition avec saint Thomas, Vital du Four enseigne la connaissance directe du singulier matériel par l’intelligence. Le maître franciscain distingue entre les species universales, grâce auxquelles l’intellect humain atteint l’universel, et les species particulares qui lui donnent prise sur le singulier. D’après lui, l’intellect atteint l’existence actuelle des objets singuliers sensibles. À propos de cette saisie intuitive de l’objet par l’esprit, l’élève de Jacques du Quesnoy examine soigneusement les rapports de la connaissance qui provient des sens avec la connaissance acquise par l’intellect et il se plaît à insister sur le rôle intermédiaire joué par la connaissance sensible. « Le singulier, enseigne-t-il, est toujours le premier connu grâce à l’intuition actuelle, dont nous venons de parler, laquelle porte sur son existence. » En d’autres termes, Vital du Four, comme son confrère et prédécesseur Mathieu d’Aquasparta (De cognitione, q. iv, t. x, col. 383), admet une connaissance des singuliers matériels au moyen des species particulares, mais, de plus, il se rallie à une connaissance intellectuelle d’ordre intuitif portant sur l’existence actuelle des-objets. Une fois en possession de ces données, notre philosophe établit la possibilité pour l’intellect d’abstraire par collatio et refiexio soit l’universel s’il ne recourt pas au phantasme, soit le singulier qui est fourni par l’imagination et d’où également il est possible d’atteindre l’universel. Cf. H.-D. Simonin, La connaissance humaine des singuliers matériels d’après les maîtres franciscains de la fin du xiii* s., dans Mélanges Mandonnel, t. ii, 1930. p. 289-303.

Ces positions établies, Vital démontre, à la suite de Gilles de Rome, que, du moins pendant cette vie, l’entendement humain comprend l’universel ou le particulier au moyen des espèces impresses sans préjudice de ce qui pourra survenir après la mort. Q. ii, p. 185-211. À noter que tout en démontrant, q. iii, p. 211-232, que cette espèce impresse, qui lui est nécessaire pour connaître, l’intellect la reçoit de l’objet, mais qu’informé par elle, il n’est cependant poussé que par lui-même à l’acte d’intelligence qui lui est propre, le futur cardinal s’insurge contre la théorie de l’intellect agent, entendue au sens d’Aristote. Il va plus loin et se croit en droit de nier, par voie de conséquence, l’activité naturelle humaine : anima non habet quo actionem sibi naturaliter debitam eliciat. Q. iii, ibid., p. 212.

Après être tombé dans cette confusion regrettable. Vital établit (q. iv, p. 232-252) que l’âme se connaît intuitivement elle-même ainsi que ses facultés, au moyen d’une espèce exprimée dans l’esprit du sujet se pensant et s’entendant, puis il aborde ce problème : « Les choses qui n’ont pas d’être ou d’existence peuvent-elles, par une opération purement naturelle, nous être connues ? » Q. vi, p. 272-295. Rejetant la distinction réelle entre l’essence et l’existence et empruntant à Henri de Gand cette distinction d’intention, qui bientôt se nommera formelle, le futur cardinal répond par l’affirmative et admet que nous concevons fort bien des êtres seulement possibles, mais n’existant pas de facto actuellement et aussi d’autres êtres qui, non seulement n’existent pas présentement, mais n’existeront jamais du fait qu’ils n’ont pas en Dieu l’exemplaire qui rendrait possible leur existence. Continuant à s’inspirer du maître

gantois, Vital du Four expose (q. viii, p. 317-321) la doctrine de la double species, l’une venant de l’objet, l’autre de Dieu, et dont le concours engendre la connaissance certaine. Le maître franciscain enseigne dans cette q. vin que Dieu est l’intellect agent : divinum lumen recte et complète ha bel ralionem inletlectus agentis, p. 319 ; Et sic lux increata qwe est Deus vidctur uyens intelleclus. p. 329, et affirme que son opinion concorde avec celle d’Avicenne, p. 321. Cf. Et. Gilson, Roger Marston : Un cas d’auguslinisme avicennisant, dans Arch. d’hist. doct. litt., t. viii, 1933, p. 41 n., 42.

g. De rerum principio. — Même ms. Todi 9~i, fol. 18 a22 a. Sept questions qui, sauf la q v, concernant la Providence divine, roulent sur le suprême principe des choses. Liste dans F. Delorme, L’Œuvre scol., p. 429. Ces sept questions ne constituent qu’une infime partie d’une compilation intitulée : De rerum principio, que Wadding a éditée sous le nom de Scot et qu’on s’accorde généralement aujourd’hui à attribuer à Vital du Four. Elle comprend, non seulement les 26 questions de l’imprimé, mais en outre 28 autres encore manuscrites dans le Vatic. Borgh., n. 192, fol. 130 r-145 v.

La compilation de Vital du Four doit donc être ainsi reconstituée : D’abord 26 questions imprimées. Les questions i-xv correspondent : 1. aux questions disputées reproduites par le Todi 95 sous les n. 1, 2, 3, 4, 6 et 7 ; 2. aux six questions De anima et potentiis (Todi 95, fol. 27c-516) ; 3. aux questions i, ii, iv De cognitione, incluses dans le même ms. (58 6-89 a) et attribuables au même Vital (voir plus haut).

Les questions xvi-xxrv traitant des problèmes du nombre, de l’unité numérique, du temps, de la durée, de l’instant, figurent dans le ms. 192, fol. 16-24. Dans ces neuf questions, on retrouve la manière ordinaire à Maître Vital, plagiat et compilation.

Quant aux deux dernières questions imprimées du De rerum principio, q. xxv et xxvi, elles ont été tirées par le docteur franciscain du Quodlibet X" III de Godefroy de Fontaines ; cf. P. Glorieux, Répertoire des mail, en théol… XIIIe s., t. l, n° 198, p. 397.

Ensuite 28 questions manuscrites. Elles ont été extraites par Vital, selon sa méthode ordinaire, des quodlibcts Y, VIII, XI. XII de Godefroy de Fontaines.

Dans cette compilation à laquelle mieux que le titre De rerum principio conviendrait celui de Questiones seleclæ Viialis a Furno, seules les quinze premières de l’imprimé avec leurs répondantes manuscrites du Todi 96 sont vraiment dignes de notre auteur. Cf. F. Delorme, Autour d’un apocryphe scoliste. Le De rerum principio et Godefroy de Fontaines, dans La France francise, t. vin. 1925, p. 279-295 ; Additions et corrections, Hist. litt. de la France, t. xxxvi, 1927, p. 648-649 ; G. Théry, Le De rerum principio et ta condamnation de, 127 7, dans Revue des sciences philosophiques et théologiques, 1924, p. 173-181 ; P. Glorieux, l’our en finir avec le De rerum principio, dans Arch. franc, hisl., t. xxxi, 1938. p. 185.

2. Œuvres exégétiques. — a) Spéculum morale loti us sacrtr Scriplunr. Ms. Oxford, Bodl. Laud., n. 265 ; éditions Lyon, .1. Moylin, 1513 (avec préface de P. M. Carbonell, archiviste du roi d’Aragon) ; 1568 ; Venise, Junta, 1594, 1600, 1603. Composé vers 1305, le Spéculum est une sorte « le dictionnaire de l’Ancien et du Nouveau Testament. Les rubriques, ou mots souches, tels que Abslinenlia, Anima devota (en appendice : Mario). Astumptio, Benedictio, Confestio, Doetor. Ecclesia, Hipocrita, Luxuria, Mors, Prelatus,

l’rccatum.’l’enlalio. etc…, ne sont pas 1res nombreuses et tie se succèdent pas toujours selon l’ordre alphabétique.

L’ordre suivi n’a rien non plus de logique. Ainsi, à la rubrique Doetor l’auteur traite de la puritas mentis et de Villuminatio Sancti Spiritus. À noter qu’il place ces deux qualités fort au-dessus de la doctrina et de Veruditio secularis, suivant en cela d’ailleurs l’enseignement de saint François d’Assise ennemi de la « vaine science ».

Dans une autre circonstance, sous le titre : Assumptio, on trouve énumérés les douze privilèges de la B. V. Marie ou bien, sous le vocable : Ecclesia, il est traité des trois murs de l’Église. Grâce à un grand nombre de citations empruntées aux exégètes antérieurs, l’auteur a fait de son dictionnaire une espèce de miroir moral de l’Écriture, d’où le titre. Vital s’attache au sens mystique de l’Ancien et du Nouveau Testament. Il use, aussi, volontiers de comparaisons empruntées aux sciences naturelles et médicales qu’il semble avoir étudiées durant son séjour à Montpellier. Cf. E. du Pin, Hist. des controv. en mat. ecclésiastiques traitées dans le XIVe s., p. 214, 215, Paris, 1691 ; Richard et Giraud, Bibl. sacrée, t. i, p. 367, Paris, 1822 ; S. Bonaventure, Op. omnia, t. vi, proleg. , xiii, Quaracchi, 1893 ; Ch. Langlois, Hisl. litt. de la France, t. xxxvi, fasc. 1, p. 300-301, Paris, 1923 ; voir aussi t. xxiv, p. 337, Paris, 1896.

b) Commentarii in Apocalypsim. — Mss. : Rome, Bibl. Vatic, latin 918, fol. 83-155 ; Bibl. Angelica, S. 8-19 ; Florence, Bibl. Laurent, n. 135, fol. 83r°-146r" ; Padoue, Bibl. Ant., n. 272 ; Budapest, Bibl. Univers., sine n°, fol. 151-157 ; Bordeaux, n. 65. Inc. : Omnes qui pie volunt vivere in Christo… Prwmittitur (autem) huic libre.. Édité par Jean de la Haye, sous le nom d’Alexandre de Halès, Expositio in Apocatypsim, Paris, in-f°, 1647 ; par Benoît Bonnelli, dans Supplem. oper. omnium S. Bonaventurse, t. ii, 5, 1035 sq., Trente, 1773 ; publié, enfin, à Venise, chez B. Junta, en 1600, sous le nom de Vital du Four, cet ouvrage avait paru, dès le xve siècle, sous le nom de Bonavenventure, avec ce titre : Glossa in Apocalypsim, Michel Mait taire, Leipzig, 1481, mais cet incunable est introuvable. Aujourd’hui, on s’accorde communément à revendiquer la paternité du commentaire pour Vital du Four. Une chose est certaine, c’est qu’il existe une similitude de plan et d’expression entre les Commentarii et le Spéculum ; cf. S. Bonaventure, Opéra, Quaracchi, t. vi, prol., xiii.

L’auteur attaque certains abus ecclésiastiques, mais n’a pas, comme l’a prétendu Dôllingcr, assimilé l’Église romaine à la grande prostituée de Babylone, ni dogmatisé contre le Saint-Siège. Cf. Dr. E. Michæl, Ignaz von Dôllingcr, Inspruck, 1892, p. 537 sq. ; V. Doucel. Maîtres franciscains de Paris. Suppl. au < Répert. des maîtres en théologie de Paris au Mil’s. de P. Glorieux », dans Arch. franc, hisl., t. XXVII, 1934, p. 557 ; A. G. Little, Initia operum lalinorum quar similis itl, MV, i attribuuntur. Manchester, 1904, p. I5X.

3. Sermons.

Ms. Pour la fêle de Noël 1311, cf. Toulouse, Bibl. munie, n. 329, fol. 31 sq. Wadding (Script, ord. Min., p. 331, Home. 165(1) cite également sans autres précisions : Scrmones m diebus solemnibus habitis et concionatoris commentarios anniversaria nolalione c.r qna précipite optima concionandi ratio in Quadragesima cruiliir ad reformamlos aiilicorum mores prwserlim ministrorum C.uriic Romaine Aucun exemplaire imprimé n’en est connu et c’est regrettable. Dans la préface an S/ieculum. édil. 1513. P. M. Carbonell, archiviste d’Aragon, déclare que » jamais sermons ne furent plus utiles aux âmes et à la religion chrétienne que ceux du cardinal Vital du Four ».

4. Œuvres polémiques. Ce sont les écrits relatifs à la polémique entre la communauté et les spirituels, et à la pauvreté du Christ et des apôtres :  : u i

VITAL DU FOl’H

3112

a) De ore drachonis. — Ce traité exposant le point de vue de la communauté sur l’usage pauvre aurait été écrit en réponse au Super tribus sceleribus attribué à Ubertin de Casale. Cf. F. Ehrle, Zur Vorgeschichte des Concils von Vienne, dans A. L. K. M., t. iii, p. 43.

b) Responsiones super artic. proposit. contra ord. FF. MM. per fr. Ubertinum de Casali. — Inc. : Religiosi viri… Vital est au nombre des dignitaires de l’ordre qui travaillèrent à rédiger et qui contresignèrent ces responsiones. Cf. A. Chiapini, dans Arch. franc, hist., t. vii, 1914, p. 659.

c) De paupertate Christi et apostolorum. — Ms. : Valic. lat. 3740, fol. 3-42 et Venise Saint-Marc, Z, 142, copie du précédent. Inc. : Questio proposita est utrum asserere simpliciter quod Christus et apostoli non habuerunt aliquid in communi sit hereticum. Cette consultation tend à établir que l’opinion qui soutient la pauvreté absolue du Christ et des apôtres n’est pas hérétique.

A la suite de cette consultation figurent dans les deux mss. une Additio domini Vilalis et des Responsiones ad objecta.

La polémique s’étant envenimée, en particulier avec Jean de Naples, O. P., le champion de la pauvreté absolue du Christ publia :

d) Compendiosa resumptio dictorum Domini Vitalis, episc. Albanensis, cardin., Ms. Venise, Bibl. Saint-Marc, Z. 142, fol. 105a-1060 : puis de nouvelles Responsiones. .. ad objecta à la suite dans le même ms. Dans la chaleur de cette polémique, le cardinal du Four alla jusqu’à ébranler les fondements du droit de propriété en le représentant comme un fruit du péché, un signe de la corruption de l’homme. Ms. cité, fol. 1 1 4 a : cf. Noël Valois, Jacques Duèze (pape Jean XXII), dans Hist. litt. de la France, t. xxxiv, 1914, p. 452, n. La bulle Inter nonnullos (12 nov. 1323) qui, en condamnant l’opinion de Vital et de ses fauteurs, mit fin à la controverse, constata que le cardinal s’était soumis. Extravag. de Jean XXII, tit. xiv, c. 4 ; J. G. Sikes, Hervæus Natalis, De paupertate Christi et apostolorum, dans Arch. d’hist. doctr… du M. A., t. xiii, 1938, p. 215.

5. Consultations.

a) Consultation des treize maîtres sur les quatre articles (Avignon, août 1318). Inc. : Queritur utrum isti arliculi infra scripti et quilibet eorum sint heretici. Il s’agit des Vota quorumdam magistrorum theologiæ émis contre certains spirituels. Vital signa le premier cette consultation et exposa son opinion en ces termes : Ego frater Vitalis, tiluli Sancti Martini in Montibus presbyter cardinalis et sacre théologie doctor judico et assero omnes supradictos articulos et quemlibet eorum esse hereticos et damnatas hereses continere. Cf. Déni fie, Chartular. Univ. Parisiensis, t. ii, n. 760, p. 215-218.

b) Consultation sur la croisade. — L’occasion en fut l’arrivée en Avignon, le 22 mars 1323, du comte de Clermont et autres seigneurs français venus pour s’entendre avec Jean XXII sur le sujet depuis longtemps en projet d’une croisade eontre l’infidèle. Le pape demanda l’avis de tous les cardinaux en avril 1323. La consultation de Vital est la plus longue et il insiste pour que le pape exige du roi de France, Charles le Bel, des garanties d’ordre financier (prélèvements sur les impôts, sur la gabelle), afin d’assurer le succès de l’expédition. Cf. A. Coulon, Lettres secrètes et curiales du pape Jean XXII, t. ii, fasc. 4, n. 1693, p. 283-289.

6. Lettres.

a) Au chapitre général de Barcelone (Avignon, 8 juillet 1313). Ms. : Auch, bibl. municip., n. 49, édité dans le Firmamentum trium ord. S. Francisci, fol. lxvii v°, Paris, 1512 ; reproduite dans A. L. K. M., t. vi, 1892, p. 77 et dans Estudios francescanos, t.xii, 1914, p. 125-129. Cette lettre fut adressée aux

capitulaires franciscains par ordre de Clément V pour les engager à l’observation de la décrétale Exivi de paradiso (6 mai 1312), à la pratique de la règle, à celle des constitutions et, au besoin, à la refonte de ces dernières, à la suppression des abus (admission trop facile des novices à la profession, usage du pécule personnel, imitation et exagération de la stabilitas loci bénédictine), à la réduction des perturbateurs à l’obéissance.

b) Lettre à la Mère abbesse des Pauvres Dames du monastère de Sainte-Marie de Monte Sancto. Le cardinal expédia cette missive, datée de Carpentras (23 février 1314), pour donner à la mère abbesse, dont le monastère manquait de sujets, la permission d’en recevoir à son gré, sans avoir à recourir comme elle y était obligée jusqu’alors loties quolies au Siège apostolique. Cf. Rullar. franc., t. v, p. 92, n. 2.

Écrits douteux.

1, Scolastiques. — a) Vilalis

questio in suo principio Sententiarum. Pro leclura libri Sententiarum principio. Prague, Bibl. Univ., lat., 2297, fol. 18-24. D’après J. Truhlàr, auteur du catalogue de Prague, il s’agirait ici de (Johannis) Vitalis (a Furno), mais, d’après certains, il serait plutôt question de Juan Vidal d’Aragon, O. F. M. La controverse pourtant ne semble pas tranchée définitivement. Cf. Ch.-V. Langlois, Hist. litt., t. xxxvi, fasc. 1, p. 300.

b) Scriptum magislri Vilalis super librum sex principiorum. Inc. : Forma ut compositionis… Exp. : Explicit scriptum magistri…, puis, altéra manu et après grattage, ( Vitalis) super logicam veterem. Cet écrit philosophique conservé en Avignon (Bibl. munie, ms. 10 78, fol. 37v°-49v° ; ms. 1089, fol. 58r°-65r°) ne porte l’attribution à Vital qu’à la fin du ms. 10 89. Le Scriptum… super librum sex principiorum fait suite dans les deux ms. à un traité sur la logique de M c Guillaume Arnaldi. Cf. V. Doucet dans Arch. franc, hist., t. xxvii, 1934, p. 557.

2. Exégèse.

Postilla in Apocalypsim. Inc. : Spiritu magno vidit uldma ( ?). Au sujet de cette postille, on peut se demander si elle constitue un ouvrage distinct des Commentarii in Apocalypsim, signales plus haut et placés par nous au rang des écrits certains. L’un des éditeurs de saint Bonaventure a soutenu expressément que la Postille était distincte des Commentaires et l’a attribuée à Vital du Four. Cf. B. Bonnelli, Prodromus ad op. omn. S. Bonavent., col. 648, Bassano, 1767 ; et édition de Quaracchi, t. vi, prolog., xiiixiv. Cette opinion a prévalu chez la plupart des bibliographes ; Hurter, Nomenclator, t. ii, col. 562, va même jusqu’à placer la Postilla in Apocalypsim parmi les ouvrages certains du cardinal franciscain alors qu’il réserve la note : probabililer aux Commentarii in Apocalypsim. Toutefois, V. Doucet, op. cit., dans Arch. franc, hist., t. xxvii, p. 553, 556, 557, a démontré que la postille incluse dans les mss 50, 71, 66 de la Bibl. munie. d’Assise est la même que celle attribuée par P. Glorieux, Répert., t. ii, n. 372, 117-m et 138-n, à Jean de Galles. En réalité, la plus grande confusion règne, parmi les bibliographes, non seulement au sujet de l’attribution, mais même des incip. de cette postille en ses différents mss. Ce serait même elle qui aurait été éditée sous le titre d’Exposilio in Apocalypsim, Paris, 1647, sous le nom d’Alexandre de Halès (V. Doucet, op. c ; 7., p. 535-536), ce qui tendrait à prouver son identité avec les Commentarii.

3. Médecine.

Domini Vitalis de Furno, olim cardinalis, archiatri ut insignis ita et peritissimi pro conservanda sanitate tuendaque prospéra valetudine… liber ulilissimus, jamprimum in sludiosorum utilitateme lenebris erutus, Mayence, 1531, in-4°.

Cet ouvrage très rare est bâti, chose curieuse, sur le même plan que le Spéculum morale : dictionnaire, rubriques, mots-souches en petit nombre, ordre 1 1

alphabétique assez fantaisiste. Bien que E. O. von l.ippman, dans son étude intitulée : Das Sammelbuch des Vitalis de Furno und seine Bedeutung zur Geschichte der Chemie, dans Chemich. Zeitung, 1922, n. 3, Mitleilungen zur Geschichte der Medizin und Naturwissenchaflen de Gunther et Sudhoff, t. xxxi, 1922, p. 43, soit porté à croire que le Pro conservanda sanitate est antérieur à Vital et date d’avant l’an 1200, cependant l’inauthenticité de cet ouvrage médical n’est pas démontrée apodictiquement, alors que son authenticité a été longtemps admise et pourrait s’expliquer à la rigueur par les études scientifiques faites à Montpellier par le franciscain, à l’imitation d’ailleurs d’un certain nombre de ses confrères. Cf. Journal du trésor de Philippe le Bel, Paris, Bibl. nat. f. lat. ms. 9788, fol. 99 ; Rodolphe de Tossiniano, Hist. cit., 1. II. p. 221a ; Wadding, Script, ord. Min., édit. 1650, 331 ; Ch.-V. Langlois, dans Hist, litt. de In France, t. xxxvi, fasc. 1, p. 301 ; P. Glorieux, Répert., p. 140 ; Discours sur les Sept Arts (au XIVe s.), dans Hist. litt. de la France, t. xxiv, p. 471, Paris, 1896 ; Ch.-V. Langlois, Jean de Bassoles, F. M., dans Rev. d’hist. francise, 1924, t. i, p. 292.

Écrits inauthenliques.

1. Théologie.’— De conceptione

Virginis (Paris, Bibl. Nation., ms. 1200). P. M. Carbonell, archiviste du roi d’Aragon Ferdinand II et premier éditeur du Spéculum morale, attribue à Vital du Four, avec nonnullaque alia opuscula, le De conceptionc Virginis (cf. Spéculum morale, édit. 1513, Elogium). C’est une erreur. Le De conceptionc Virginis est d’un autre frère mineur, Juan Vidal qui florissait vers la fin du xiv c siècle en Aragon. Le ms. de la Nationale est daté de 1389. Cf. Ch.-V. Langlois, Hist. litt., p. 301, 305 ; Wadding, Script.ord. Min., éd. 1650, 331 ; Sbaralea, Suppl, 466.

2. Exégèse.

Postilla super Apocalypsim ; le ms. CXXrit (catal. 82) de la bibl. capitulaire de Novare attribue cette postille à Vital du Four. Il semble bien que ce soit une copie de celle d’Olieu. Cf. V. Dou-BCt, Arch. franc, hist., t. xxvii, p. 557.

I" Écrits perdus ou non encore identifiés. — 1. Epitome theologiir. Sbaralea (Suppl, p. 689) donne seulement ce titre sans fournir d’autre explication que celle-ci : » Peut-être ces Epitome sont-elles le même ouvrage que le lireviloquium pauperum, traité qui, d’après ce bibliographe, aurait été conservé à Murbach au monastère des bénédictins. Peut-être même >. agit-il ici du Spéculum lotius Scripturæ sacræ. »

2. Le même auteur (p. 689) attribue à Vital une Expositio super psalmos ci, i.xvii, r.iv, dont le ms. se trouverait à la bibliothèque de Bologne.

3. Commentaires sur les livres I et II des Sentences. Vital lui-même a fait plusieurs fois allusion (Todi’< ;, fol. 19c, 20c. 24d, loi d, etc., cf. F. Delorme, dans France francise., t. ix, p. 431) à ces deux ouvrages auxquels il renvoyait ses disciples. Ces deux commentaires n’ont pas encore été, sauf erreur, retrouvés et identifiés.

5° Appréciation générale. Il nous est permis de

conclure, bien que nombre d’oeuvres de Vital soient encore manuscrites ou non identifiées, que l’élève de Jacques du Quesnoy doit être intégré dans cette

École Franciscaine » dont les maîtres les plus proches de la pensée vitalienne se nomment Guillaume de la Mare, Richard de Mediavilla et. surtout. Mathieu d’Aquasparta. N’a-t-on pas été. au sujet de ce dernier, jusqu’à prétendre que certaines questions disputées de Vital dans le lie cognitione l’emporteraient en puissance et originalité sur les questions correspondantes traitées par Mathieu d’Aquasparta. Lorsque l’on parle, toutefois. a propos de Maître Vital d’École franciscaine. il importe de ne pas oublier que cette appellation doit inclure la direction augustinienne

DICT, D). i m "i CA1 HOL.

de la scolastique, sans exagérer, cependant, chez le théologien gascon, l’importance du courant augustinoavicennisant.

En fait, le cardinal franciscain tout en faisant le procès de l’aristotélisme mitigé de saint Thomas d’Aquin a surtout lutté pour la défense de la philosophie du sens commun qu’il s’est efforcé de dégager de l’apriorisme augustinien. Il a combattu également et àprement l’olivarisme. C’est lui qui a attaqué (France francise, t. ix, p. 448-450 ; t. x, p. 35) la théorie d’Olieu relative au mode d’union de la partie intellectuelle de l’âme avec le corps (t. xi, col. 985) et qui, malgré la réplique du maître provençal, a établi que, d’après Olieu, la partie rationnelle de l’âme est unie au corps, mais ne l’informe pas. J.-P. Olivi, Quest. in II lib. Sent., édit. B. Jansen, q. li, append., ii, p. 135 sq., Quaracchi, 1924 ; De rer. princ, édit. Fernandez, q. ix, 1, n° 304, p. 201 ; France francise, t. x, 36 et n., 37 et n., 161 n.

A l’originalité de Vital métaphysicien ne répond pas celle de Vital théologien. Rien à dire ni sur sa christologie, ni sur sa mariologie. Même réflexion doit être faite au sujet de son exégèse à laquelle on a pu reprocher de revêtir trop souvent le caractère d’une compilation sans intérêt.

En résumé, Vital du Four semble avoir été moins un docteur original qu’un excellent lecteur. Il tient un rang honorable, mais non pas exceptionnel, dans la chaîne des maîtres franciscains antérieurs à Duns Scot. et lorsqu’un annaliste de son ordre l’appelle sacra-theologiæ eximius doctor alque famosus, Jérémia de Bologne, Kecrologio francescano, dans Miscell. francise, 1890, t. xvii, p. 60, sans doute faut-il entendre par là qu’il avait séduit ses auditeurs par l’éclat d’un enseignement nourri des doctrines de ses prédécesseurs ou de ses contemporains, qu’ils fussent ou non franciscains, tels Jean Peckam, Jean de Muro, Guillaume de Ware, Olieu, Roger Marston, Richard de Mediavilla, Mathieu d’Aquasparta, Godefroy de Fontaines, Henri de Gand et Gilles de Rome. Ces maîtres. Vital les copiait, les plagiait, les louait, les combattait avec tant de brio que ses disciples demeuraient éblouis de sa science. Il n’en demeure pas moins certain que cette science, comme il appert des œuvres connues de Vital, n’était pas qu’adventice et qu’on risquerait d’être presque injuste en considérant le cardinal franciscain seulement comme un « compilateur un peu brouillon », Cf. Et. Gilson, Roger Marston…. dans Arch. d’hist. docl. litt., 1933, p. 41 n. Au reste Vital du Four ne pourra être jugé équitablement quc lorsque toutes ses « ’livres auront été éditées.

Rappelons les art. : Olieu, t. xi, col. 991 ; Spihituels, t. xiv, col. 2548-9 ; LIBERTIN de Casai.f., t. xv, col. 2021, où l’on trouvera une partie de la bibliographie déjà citée. Ajoutons-y seulement ici l’essentiel :

1° Biographie. 1. Généralilés. A. Aubciy. Hist.

génér. <ie.s cardinaux, Taris, 1612, t. i, p. 412-413 ; Chronol. historico-moralis… FF. MM., Naples, 1650, p. 40, 11, 13 ; f’.. Baluze, ’itir pap. Avenion., Paris, 169.3, t. i, p. 67.">, 678, 679, 680 ; t. ii, p. 396 ; (1. I". F.RRs, l’iirpiirn docla, Munich, 1711, t. i, p. 303 ;  !.. Moréri, Le grand dictionnaire, éd. 1759, t. V, p. 271 ; P. Anselme. Hist. qSnéal., Paris, 1728 et » q„ t. iv, p. 321 ; I. VI, p. 3 : ">S ; I. VII, p. 109 ; Warlhon, dans G. (lave, Scripl. eccles. hist.

nu., Oxford, 1744, t. ii, p. ii, 16 ; Othon de Pavie, L’Aquitaine séraph., Auch, 1900, t. 1. p. 1 12, 1 15, 152, 153 ; 1°. « le Sewevalle, Hist. génér. de l’ordre île s. François, Le Puy en-Yelay. P.137. t. il. p. 120.

2. Luttes contre les spirituels.

Aux références du texte, ajouter ; Actes du procès de frère Bernard Délicieux, Paris, Bibl. nation., lat. 4270 ; F. Khrlp, Zur Yorgrsrli. de* Conelli » on Vienne, Berlin, 1887, p. 19, 39, 43.

3. Controverses relatives o io pauvreté. - Dans p. Mai

haut, Fundamenta duodectm ord. FF. MM., Bruxelles.

T. — XV. — 98, 3 1 I

VITAL IMJ POUK

VIT ALI EN

.’il lii

Hi." » 7, oo trouvera Persecutio secunda contra pauperlatem l-’I-MM., 21 ; Epist. V, a F. ad cap. gêner. Perns., 23 ; l.itteræ encyd. Mich. a Ces., 23-24 ; Consult. I). l’ap. Ioh. XXII, pridie nonas iunii 1332, 27, avec publication de textes ; F. Tocco, Stud. francesc, Naples, 1909, p. 399, 100 ; Ch.-V. Langlois, notice sur Bertrand de la Tour, dans Hist. lilt. de la France, t. xxiv, p. 452.

Doctrine.

1. Sur Olieu, cf. É. Baluze, Miscellanea,

Lucqucs, 1741, t. ii, p. 258-272 ; Aegidii Romani impugnatio doctrinalis P. J. OUvi, an. 1312, édit., L. Amoro ?, dans Arch. franc, hist, t. xxvii, 1934, p. 406, 418, 420.

2. De cognitione.

M. Grabmann, Studien iiber den averroïsten Taddeo da Parma, dans Alélanges Mandonnet, t. ii, 1930, p. 331 ; Matth. ab Aquasparta, Quest. disp. de gratia, éd. V. Doueet, p. clvi, Quaracchi, 1935.

3. De rerum principio.

Sur la fausseté d’attribution du De rerum à Duns Scot, cꝟ. 1. Carreras y Artau, Ensalvo sobre et voluntarismo de J. D. Scol, Gerone, 1923, p. 7484 ; E. Longpré, Philosophie du bx D. Scot, Paris, 1924, p. 22-29, 288-291.

P. GODEFROY.