Dictionnaire de théologie catholique/VAUCEL (Louis-Paul du)

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 528).

VAUCEL (Louis-Paul du), écrivain janséniste, t en 1715. — Fils d’un conseiller d’Évreux, il a dû naître dans cette ville, vers 1640, et s’appliqua dans sa jeunesse aux questions de droit, mais aussi de théologie. S’étant lié avec Feydeau, il fut emmené par celui-ci dans le diocèse d’Aleth, dont était pour lors évêque le célèbre Pavillon, voir son article, t. xii, col. 77. Celui-ci, très favorable aux idées jansénistes, s’attacha du Vaucel en 1666 en qualité de chanoine et de théologal de sa cathédrale. Après la paix de Clément IX (1669), qui mettait fin provisoirement aux discussions sur le jansénisme, Pavillon se trouva engagé dans l’affaire de la Régale, 1673, et résista, tout comme son voisin Caulet, évêque de Pamiers, aux mesures prises par Louis XIV. Du Vaucel aida son évêque dans la lutte que Pavillon, appuyé par le pape, mena contre le roi, jusqu’à sa mort en 1677. Aussi une lettre de cachet relégua-t-elle du Vaucel à Saint-Pourçaln, en Auvergne (août 1677). De là, en 1681, il rejoignit en Hollande le grand Arnauld. C’était le temps où le pape Innocent XI, très irrité de l’attitude de Louis XIV, montrait quelque indulgence pour les chefs jansénistes. Du Vaucel fut envoyé à Rome par Arnauld pour défendre les intérêts du parti, il y resta plus de dix ans, sous le nom de Vallon ! ou du prieur de Saint-Louis, du sieur de la Hue. etc. Son abondante correspondance avec Arnauld montre quelles relations il s’était faites dans le monde romain et les affaires auxquelles il fut mêlé ;

cf. ici art. A.RNAULD, t. i, col. 1082. Sous les papes Innocent XI, Alexandre VIII et Innocent XII qui ne poursuivaient pas le jansénisme avec rigueur, on témoigna à du Vaucel quelque faveur dans les milieux romains. H apparaît, à ce moment, comme très lié avec Quesnel, devenu, après la mort d’Arnauld (1694), le chef du parti janséniste ; parmi les papiers saisis chez Quesnel lors de son arrestation à Bruxelles (mai 1703), il se trouvait bien des lettres de du Vaucel, de même qu’il y a de nombreuses lettres qui lui sont adressées dans la Correspondance de Quesnel. L’avènement de Clément XI (novembre 1700), très hostile au jansénisme, lui fait quitter Rome ; on suit alors assez difficilement ses traces ; après divers séjours en Italie — il est à Gênes en 1711 — on le retrouve en Hollande, où il meurt à Maëstricht, le 22 juillet 1715. Esprit intransigeant et sectaire, il contribuera à pousser le jansénisme seconde manière dans la voie où il s’est engagé au xviiie siècle.

Du Vaucel a beaucoup écrit, mais l’ensemble de son œuvre est demeuré anonyme. Une partie des lettres de Pavillon sortirent de sa plume, de même que le recueil des Statuts synodaux du diocèse d’Aleth (1640-1674) qui parut à Paris en 1678. Il a publié un Traité général de la Régale, imprimé en 1681, et qui est de Caulet, évêque de Pamiers ; l’ouvrage reparut en latin en 1689, après la mort de Caulet (1680), sous le titre, Tractatus generalis de Regalia e gallico latine redditus auctior et emendatior ; de ces deux ouvrages on rapprochera la Relation de ce qui s’est passé touchant l’affaire de la Régale dans les diocèses d’Aleth et de Pamiers jusqu’à la mort de M. l’évêque d’Aleth, in-12, 1681. Dans ces ouvrages du Vaucel soutient les droits du pape à rencontre des prétentions de Louis XIV. D’une autre inspiration sont des écrits contre Molinos : Brèves considérations in doctrinam Michælis de Molinos, 1689 ; contre les rites chinois : Causa Sinensis seu historia cultus Sinensium ; contre le cardinal Sfondrate et son Nodus prsedestinationis dissolutus, dans le recueil intitulé : Augustiniana Ecclesite Romaine doctrina a cardinalis Sfondrali nodo extricala, Cologne, 1700. Voir ici, t. xiii, col. 1487 ; t. xiv, col. 2015. Du Vaucel laissait également en manuscrit des remarques sur les Acta Constantiensis concilii de Schelstrate (cf. ici, t. xiv, col. 1278) et sur le Traité des libertés gallicanes de Charlas (cf. ici t. ii, col. 2266 ; Charlas avait été vicaire général de Caulet à Pamiers).

Moréri, Le grand dictionnaire, éd. de 1759, t. x, p. 491 ; notice résumée dans Michaud, Biographie universelle, t. si iii, p. 11.

É. Amann.